À l’occasion de la Journée internationale des femmes, la conférencière Louise Dionne, du Comité d’action contre la traite humaine interne et internationale (CATHII), a participé à un midi-conférence qui s’est déroulé à la CSN sur le thème : La traite des femmes, ça se passe aussi chez nous.
Dans le monde, 27 millions de personnes, dont 75 % sont des femmes et des jeunes filles, seraient victimes de traite humaine. Selon les Nations Unies, la traite rapporte au crime organisé, comme troisième source de revenus, près de 30 milliards par année. L’exploitation sexuelle, le travail ou les mariages forcés, ainsi que le trafic d’organes constituent les principales formes de traite. Précisons que les travailleuses domestiques sont particulièrement vulnérables.
Qui sont les exploitants ? Le crime organisé international n’est pas le seul à bénéficier de la traite humaine: les proxénètes peuvent obtenir entre 70 000 $ et 100 000 $ par année pour une jeune fille qui se prostitue. Des agences de placement, des passeurs ainsi que des proches ou des membres de la famille élargie peuvent aussi tirer profit du travail forcé. Les victimes sont recrutées dans des lieux ou des contextes où l’on peut s’adresser à elles seul à seul, comme les autobus, les centres jeunesse, les abribus, les écoles, sur Internet, les fêtes, ou par les agences de placement, les agences matrimoniales, ou encore les annonces dans les journaux.
« Il ne faut pas jouer à l’autruche, ce phénomène existe au Canada, même si le Code criminel l’interdit, souligne la vice-présidente de la CSN, Denise Boucher. Ici, de nombreuses femmes et jeunes filles autochtones sont victimes de la traite. Lors du Grand Prix de Montréal, par ailleurs, des femmes sont exploitées sexuellement dans les hôtels. Certains établissements hôteliers ont même adopté des politiques anti-traites. »
Il faut agir Denise Boucher rappelle qu’un débat majeur autour de la légalisation du commerce de la prostitution est en cours au Canada. Lors de son dernier conseil confédéral, la CSN a d’ailleurs pris position selon laquelle la prostitution est une forme de violence et d’exploitation. « Nous estimons qu’il faut sévir contre les proxénètes et les clients, plutôt que d’exercer de la répression envers les prostituées. Il s’avère aussi nécessaire de mettre fin à la pénalisation de ces femmes, qui sont les victimes d’une industrie mise en place pour satisfaire les plaisirs des hommes », déplore-t-elle.
Les victimes de la traite ont besoin d’aide, ajoute la vice-présidente de la CSN. « Le Québec peut également prendre des mesures pour contrer le phénomène, par exemple, en encadrant les activités des agences de placement et en bonifiant les programmes de travail migrant temporaire pour protéger entre autres les travailleuses domestiques. Les partis qui se présentent aux élections doivent prendre position en ce sens. »