Bernard Landry s’engage à faire pression sur la compagnie
Manifestation des travailleurs de Cargill au Rendez-vous des régions
Accompagnés de membres de leur famille et de militants syndicaux de la région, quelque 40 travailleurs de la compagnie Cargill, à Baie-Comeau, ont manifesté aujourd’hui aux portes du Rendez-vous national des régions, à Québec, pour dénoncer la mauvaise foi de leur employeur qui les maintient en lock-out depuis le 28 mars 2000, soit 32 mois. Interpellé par les travailleurs à son arrivée à l’Expo-Cité, le premier ministre Bernard Landry s’est engagé à faire pression sur la direction de l’entreprise pour qu’elle reprenne les négociations de bonne foi. Également sur place, le maire de Baie-Comeau, M. Ivo Di Piazza, a pris le même engagement.
Membres d’un syndicat affilié à la CSN, les employé-es de Cargill se butent à une entreprise qui a déposé un projet de convention collective menaçant leurs emplois. En effet, l’entreprise américaine spécialisée dans le marchandage du grain veut réduire le nombre d’employé-es syndiqués en confiant des tâches qu’ils accomplissent au personnel cadre, ou en sous-traitance, ou encore en utilisant des salarié-es temporaires. Des emplois syndiqués à la maintenance, aux tours marines, et de peseur sont en péril. L’introduction des changements technologiques inquiète aussi les travailleurs.
En dépit de concessions faites par le syndicat lors de la dernière séance de négociation, en octobre dernier, Cargill manifeste peu d’empressement pour en arriver à une entente négociée. Malgré les efforts du syndicat, la compagnie Cargill n’est pas encline à trouver une solution puisque, en dépit du conflit, elle peut poursuivre ses activités avec ” du personnel de remplacement “, des briseurs de grève. Rappelons que les activités portuaires relevant du gouvernement fédéral, les relations de travail de ce secteur sont assujetties au Code canadien du travail. Le conflit à la compagnie Cargill s’éternise donc parce que cette législation ne comprend pas de véritables dispositions anti-briseurs de grève, comme on en retrouve dans le Code du travail du Québec.
Dans un effort pour dénouer l’impasse, le syndicat avait d’ailleurs annoncé à l’employeur, en octobre, qu’il n’exigerait pas le maintien des neuf postes de travailleurs syndiqués qui doivent accéder à la retraite prochainement. De plus, le syndicat a aussi ramené à la baisse des demandes concernant le régime de retraite et la rémunération des heures supplémentaires. Depuis le début du conflit, les efforts du conciliateur n’ont pas donné de résultats. Le président du Conseil central CSN du Nord-est, Gilles Belzile, lance un appel aux intervenants régionaux réunis à l’occasion du Rendez-vous des régions pour qu’ils se solidarisent derrière la cause des lock-outés de Cargill pour obtenir une reprise des pourparlers en vue d’un règlement négocié.
La ministre Bradshaw interpellée
Les familles des syndiqués ont aussi écrit à la ministre du Travail du Canada, Mme Claudette Bradshaw, pour lui demander d’intervenir afin de faciliter un règlement chez Cargill. La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, tente actuellement d’obtenir une rencontre avec la ministre.
Négociations de mauvaise foi et outrage au tribunal
Le Conseil canadien des relations industrielles a aussi tenu, hier, des auditions, à Baie-Comeau, pour entendre une nouvelle plainte de négociation de mauvaise foi de l’employeur déposée par le syndicat. Ces auditions doivent se poursuivre pendant encore quelques jours.
Le syndicat a également déposé une plainte d’outrage au tribunal devant la Cour supérieure pour forcer la compagnie à respecter l’ordonnance du Conseil canadien des relations industrielles rendue en juin 2000. Cette ordonnance force Cargill à se conformer aux articles 94 (2.1) et 87.7 du Code canadien du travail qui stipulent notamment que pendant une grève ou un lock-out, l’employeur, ses employés et leur agent négociateur sont tenus de maintenir leurs activités liées à l’amarrage, l’appareillage et le chargement des navires céréaliers. Cargill soutient que la juridiction canadienne ne s’applique pas parce qu’elle exporte du blé américain. Pour la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, ” non seulement le Code canadien du travail est-il affaibli par l’absence de dispositions anti-briseurs de grève, il faudrait maintenant, aux dires de la compagnie, consentir à ce qu’il serve davantage à protéger le blé plutôt que les travailleuses et les travailleurs qui se retrouvent dans une situation financière catastrophique après plus de deux ans et demi de lock-out”.
Le syndicat compte 43 travailleurs. Il est affilié à la CSN depuis 1965. Entreprise américaine oeuvrant dans le marchandage du grain et implantée au Canada depuis environ 70 années, la compagnie Cargill est un joueur majeur, un véritable leader dans le transport et la manutention des céréales au Canada.
(Source: CSN 14-11-2002– Pour renseignements : Michelle Filteau, cel.: (514) 894-1326, téléavertisseur : (514) 306-0790)