Texte tirée d'une présentation faite à l'hôpital Sacré-Cœur

Quelques réflexions sur les enjeux pour les femmes dans le débat actuel sur le système de santé

par Lucie Dagenais

Ce document est inspiré du Mémoire du Conseil du statut de la femme à la Commission des affaires sociales, avril 2006, de la lecture des conclusions du rapport du Groupe de travail sur le financement du système de santé En avoir pour son argent, ainsi que des propos de Castonguay lors de sa présentation, février 2008

Depuis l’affaire Chaoulli, qui a levé l’interdiction de l’assurance privée pour les services déjà couverts par le régime public, de très nombreux groupes se sont exprimés, mais personne, sauf le Conseil du statut de la femme, n’a évoqué ses répercussions particulièrement négatives pour les femmes. Ni la décision de la Cour suprême, ni les politiques avancées par le Québec, encore moins le groupe Castonguay, n’ont tenu compte des iniquités fondées sur le sexe : pire, elles ouvrent plutôt la porte à un système susceptible de les accentuer.

Pourtant, les femmes ont en moyenne un revenu plus faible que celui des hommes et, à cause de cela, elles ont moins les moyens de se payer des assurances privées. De plus, plusieurs mesures proposées par le Groupe Castonguay, comme des frais reliés au nombre de services utilisés par chacun et chacune ainsi que la réduction du panier de services les toucheraient en particulier.

C’est à la fois comme usagères des soins de santé, comme aidantes et comme travailleuses salariées dans le domaine qu’elles risquent davantage de pâtir des réformes proposées.

Comme usagères, leur fonction reproductive détermine un ensemble de besoins spécifiques en soins de santé, et elles utilisent plus longtemps le système en raison de leur longévité, parfois accompagnée de maladies chroniques ou d’incapacités.

Comme aidantes, elles assument des responsabilités dans la famille qui les mettent en contact plus fréquent avec le réseau, pour elles-mêmes ou pour leurs proches,

Comme travailleuses, elles occupent la majorité des postes du secteur. Le transfert au privé d’une partie de la prestation des services, déjà largement amorcé dans les ressources intermédiaires et les soins à domicile, signifie un recul des conditions de travail chèrement conquises depuis des décennies, la désyndicalisation ou des difficultés accrues de syndicalisation ainsi que le fait de devoir se soumettre à une forme de marchandisation des services, très éloignée de l’idéal du service public.

Pour toutes ces raisons, les femmes ont tout avantage à voir le régime public d’assurance maladie s’améliorer, plutôt que d’être réduit.

Je vous invite collectivement à suivre de près les projets qui sont devant nous, à étudier les conclusions du rapport du Groupe Castonguay et les projets de nouvelle gouvernance envisagés par le gouvernement, malgré les résultats décevants de ces approches en France et en Angleterre.

Une cinquième réforme du système est-elle vraiment utile ? N’est-il pas plus important de faire connaître les solutions publiques en place ou en marche, de valoriser le travail dans le milieu plutôt que de ne monter en épingle que ce qui ne marche pas.


Source : Lucie Dagenais – 7 mars 2008

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