Une drôle de bibitte ?

L’analyse différenciée selon les sexes (ADS) est sans doute un terme que vous avez déjà entendu, mais qui demeure assez nébuleux et semble complexe. Pourtant, elle est essentielle !

Depuis la 4e Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes de 1995 à Beijing, plusieurs pays ont accepté de mettre en place différentes mesures pour l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes. Les pressions des organisations féministes sur les décideurs visant à obtenir autre chose que de vaines déclarations avaient sans doute porté leurs fruits! Le Canada et le Québec se sont dès lors engagés à utiliser des outils d’analyse différenciée ou comparative selon les sexes. Pourquoi ?

« Parce que l’ADS a pour objet de discerner de façon préventive les effets distincts sur les femmes et les hommes que pourra avoir l’adoption d’un projet à l’intention des citoyennes et citoyens, et ce, en tenant compte des réalités et des besoins différents de ces femmes et de ces hommes. Elle s’effectue au cours de l’élaboration, de la mise en œuvre, de l’évaluation et du suivi d’un projet. Dans certaines situations, l’ADS mènera à l’offre de mesures différentes aux femmes et aux hommes en vue de réduire les inégalités. »

Nous n’avons qu’à observer les effets de l’austérité sexiste du gouvernement libéral actuel, qui s’avèrent plus pernicieux pour les femmes : les coupes et les compressions dans les secteurs de la santé et des services sociaux ont particulièrement touché les femmes comme travailleuses et utilisatrices de ces services.

Application dans nos organisations et nos syndicats

Prenons la peine de nous interroger sur les répercussions différentes sur les travailleuses et sur les travailleurs que pourraient avoir nos demandes de négociation, nos horaires de piquetage, nos mesures mises en place en santé-sécurité au travail, etc. Il faut s’assurer de la présence de travailleuses à toutes les étapes d’élaboration de nos projets, même s’ils sont d’apparence neutre et asexuée. Les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes vécus et ne se butent pas aux mêmes obstacles, que ce soit sur le marché du travail ou dans la vie de tous les jours. Encore aujourd’hui au Québec, il existe des écarts salariaux importants entre les femmes et les hommes. Les emplois occupés majoritairement par les femmes sont moins bien payés et l’accès aux emplois mieux rémunérés dans les milieux majoritairement masculins est plus difficile pour elles. De plus, ce sont elles qui assument la majorité des tâches domestiques et des soins aux enfants tout en travaillant, souvent à temps plein, comme leur conjoint.

Assurons-nous d’avoir un portrait précis du groupe que nous représentons, de connaître ses caractéris­ti­ques et ses besoins généraux et spécifiques et d’obtenir les données sexuées pour réaliser cette analyse. Il est essentiel d’utiliser l’ADS, qui se veut une mesure préventive, afin de nous assurer de ne pas reproduire les inégalités de genre et la discrimination systémique envers les travailleuses membres de nos organisations et de nos syndicats. Cessons de considérer l’ADS comme une bibitte complexe et difficile d’utilisation.

Travaillons ensemble afin que l’égalité de fait devienne une réalité !

Un prix trop cher payé pour les femmes

Le Grand Prix de Montréal est sans doute l’un des événements les plus glamour et les plus jet set qui se déroule dans la métropole et, pourtant, l’exploitation sexuelle de femmes et de jeunes filles continue à s’y pratiquer presque au grand jour.

Après les innombrables débats sur la question, les études diverses et le dépôt de projets de loi pour tenter de contrer le phénomène, après le tapage médiatique et les dénonciations publiques, on banalise toujours autant la prostitution à Montréal. Même des ouvrages ou des sites connus et réputés présentent une définition édulcorée de la prostitution en omettant de parler d’exploitation. Le Larousse en ligne définit la prostitution comme un « acte par lequel une personne consent habituellement à pratiquer des rapports sexuels avec un nombre indéterminé d’autres personnes moyennant rémunération ; Wikipédia parle plutôt « d’une forme d’échange économico-sexuel ponctuelle, explicite et préalablement négociée ».

La définition adoptée par la CSN et présentée dans la publication La prostitution : une exploitation à dénoncer, une pratique à combattre est plus réaliste :

« La prostitution est d’abord l’organisation lucrative, nationale et internationale de l’exploitation sexuelle d’autrui. Les acteurs impliqués dans le système prostitutionnel sont multiples : prostituteurs, proxénètes, États, ensemble des hommes et des femmes. »

Lorsqu’une personne est exploitée sexuellement au bénéfice d’un système à but lucratif d’envergure nationale ou internationale, on peut difficilement parler de « consentement ». Plus de 80 % des personnes adultes prostituées au Canada (majoritairement des femmes) ont commencé à être exploitées alors qu’elles étaient mineures. Ces femmes avaient en moyenne entre 14 et 15 ans lorsqu’elles sont tombées dans ce piège.  De plus, la proportion d’Autochtones parmi les jeunes prostituées au Canada varie entre 14 % et 85 %, selon le lieu géographique. Une telle proportion est nettement déséquilibrée par rapport à leur poids démographique. Ces données démontrent bien que la pauvreté, le racisme, l’exclusion sociale et les diverses formes de violences faites aux femmes sont les grandes portes d’entrée de la prostitution.

Combattre la prostitution

Notre société se dit égalitaire et, pourtant, on constate une résistance passive à admettre que la prostitution est un fléau auquel il faut s’attaquer. Le mythe du plus vieux métier du monde reste profondément ancré dans les mentalités, avec tous les préjugés qui l’accompagnent concernant la moralité des femmes qui sont exploitées.

Le lucratif système de l’esclavage a existé durant des milliers d’années et ses effets désastreux sur ses victimes étaient banalisés et tolérés. Nous avons pourtant réussi à le bannir. Le même défi social doit être relevé en ce qui concerne l’exploitation sexuelle, et les orientations de la CSN peuvent aider à le relever : décriminalisation des prostituées, criminalisation des proxénètes, criminalisation des prostituteurs (clients).

Nous avons toutes et tous une responsabilité envers la prostitution qui se pratique au Québec. L’indifférence et la tolérance collectives devant les diverses manifestations de sexisme ainsi que dans la publicité et la vie de tous les jours encouragent l’inertie et le fatalisme. Il faut aborder la situation avec un angle nouveau. Plutôt que de ne chercher qu’à augmenter la sécurité dans les centres jeunesse à l’approche du Grand Prix, ou d’autres périodes de « forte demande », condamnons la demande ! Lorsque des femmes sont utilisées comme des objets pour jouer les hôtesses d’événements, dénonçons ! Lorsque nous entendons des propos dégradants, réagissons !

Ensemble, il est temps de se mettre à l’ouvrage.

Pour plus de femmes à la CSN

La CSN travaille depuis des lustres à construire une société plus juste et égalitaire entre les femmes et les hommes. Les gains réalisés pour améliorer le quotidien des femmes — congé parental, équité salariale ou création des CPE — constituent une avancée certaine et contribuent également à une meilleure qualité de vie pour les hommes.

En 1995, la CSN a voulu aller plus loin pour notamment faire en sorte que les femmes soient mieux représentées dans nos structures démocratiques. Les femmes sont encore trop peu représentées en politique, pour différentes raisons : manque d’efforts pour recruter des candidates, parachutage de candidats masculins dans les circonscriptions aptes à l’emporter, etc. L’élection de Valérie Plante à la tête de Projet Montréal est certes un pas dans la bonne direction, mais bien du travail reste à faire.

À la CSN, un programme d’accès à l’égalité (PAE) a été adopté, puis actualisé en 2011 pour devenir un programme pour l’accès à une représentation équitable des femmes (PAREF). Bien que les organisations et les syndicats affiliés à la CSN aient été invités à concrétiser les mesures proposées par le PAREF pour atteindre une meilleure représentativité, force est de constater que nous sommes encore loin d’avoir atteint nos objectifs.

À la CSN, les femmes représentent un peu plus de 50 % des membres. Or, leur représentation à des postes électifs n’est pas toujours le reflet de la composition de notre effectif. Les femmes actives dans notre mouvement sont nombreuses, mais malgré leur engagement, les postes électifs des plus hauts niveaux décisionnels sont encore trop souvent occupés par des hommes.

Le triple agenda réparti entre les tâches domestiques, la vie militante et la vie au travail, la précarité qui guette davantage de femmes que d’hommes, la réalité du travail à temps partiel et une rémunération moindre, pèsent lourd sur les capacités de beaucoup de femmes à soutenir un engagement syndical ou politique.

Des obstacles surmontables

Avant d’être élues, toutes les militantes ont attrapé la piqûre de vouloir changer les choses. Quelques-unes d’entre elles ont accepté de nous donner quelques conseils pour réussir sa vie syndicale.

« Apprenez à bien connaître la CSN, ses réalisations, ses valeurs, vous constaterez qu’on y adhère facilement. Assistez aux assemblées générales de votre syndicat et prenez part aux débats, comme vous serez en terrain connu, cela vous donnera de l’assurance. Participez aux événements, à différents comités ou à des manifestations, cela vous permettra de rencontrer des gens impliqués et de découvrir les enjeux que vous avez en commun, de voir que vous n’êtes pas seules à mener les mêmes combats. Apprenez à connaître les différentes fonctions syndicales, de nouvelles possibilités s’ouvriront alors à vous. Informez-vous directement auprès de votre conseiller syndical, d’une personne élue, ou ayant déjà assumé des fonctions, cela favorisera une interaction plus personnelle et vous donnera une meilleure idée du travail qui vous attend. Une élection, ça se planifie ! Être candidate et ne pas être élue n’est jamais un échec, c’est une expérience enrichissante. »

Enfin, vous constaterez que de prendre part aux décisions, c’est améliorer de facto les conditions de vie et de travail des femmes, et des hommes, dans leur milieu de travail et dans la société. Soyez audacieuse et faites une différence ! Votre engagement ne vous décevra jamais.

Chercher à atteindre une représentation équitable des femmes, c’est reconnaître les enjeux spécifiques aux femmes dans le monde du travail, et ça, c’est l’affaire de toutes et de tous. Ensemble, mettons tout en place pour que les femmes fassent entendre leur voix, cela permettra l’émergence d’une vision nouvelle, une CSN plus forte et encore plus diversifiée.

La vitalité des enjeux féministes

À l’instar de la polémique causée par la ministre Lise Thériault qui a marqué le 8 mars cette année, et à la suite des analyses de la CSN et de l’IRIS sur l’austérité sexiste, les congrès des conseils centraux de ce printemps ont donné lieu à des débats et des discussions sur de nombreux enjeux féministes, ouvrant la voie à des réflexions stimulantes sur les perspectives de luttes pour les prochaines années.

Au cours de ces instances, les activités, les propositions et les débats ont ultimement fait la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes et ont démontré, une fois de plus, que les militantes de la CSN sont prêtes et déterminées à poursuivre la lutte dans cette voie égalitaire. Tout ce foisonnement d’idées a aussi permis de confirmer que nous ne sommes pas isolées en tant que féministes dans cette lutte pour l’égalité, la justice et la solidarité. En effet, le soutien exprimé lors des congrès par les hommes en témoigne.

À l’image du mouvement féministe d’aujourd’hui qui est diversifié et engagé dans une multitude de voies, soit récurrentes ou émergentes, les diverses problématiques abordées ont permis de mieux comprendre les enjeux de société auxquels les femmes sont confrontées et de dégager des pistes de solution intéressantes.

Pour nous faire entendre, la parité

La parité femmes-hommes dans les lieux et les postes décisionnels a été inscrite à l’ordre du jour de plusieurs congrès. « Cette question a ressurgi dans l’actualité, ce qui est une bonne nouvelle en soi, souligne Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN, responsable de la condition féminine. Dans plusieurs milieux, y compris dans le mouvement syndical, de nombreuses difficultés se dressent devant les femmes qui désirent s’impliquer. Malgré un nombre de militantes en augmentation, la participation des femmes aux directions syndicales de certains secteurs économiques progresse lentement. Il y a quelques années, la CSN a adopté le Programme pour l’accès à une représentation équitable des femmes (PAREF) et elle s’est positionnée tout récemment en faveur de la déclaration pour la parité femmes-hommes du groupe Femmes, politique et démocratie. De plus, au cours des prochains mois, la CSN mettra en place des outils pour amorcer l’analyse différenciée selon les sexes (ADS). Somme toute, il reste beaucoup de travail à faire. »

Les membres ont abordé plusieurs autres sujets à caractère féministe comme les conséquences de l’austérité sexiste, les pièges de la banalisation de la marchandisation du corps des femmes, la participation aux tables et aux activités régionales des groupes de femmes dont ceux qui œuvrent en employabilité, la problématique de la violence et de la disparition de nombreuses femmes autochtones, pour n’en nommer que quelques-uns.

Les congrès des conseils centraux nous ont donc permis de découvrir qu’il existe une multitude d’activités et de propositions concrètes sur la recherche d’égalité entre les femmes et les hommes. Nous ne pouvons qu’être fières du dynamisme des militantes de la CSN et, à ce titre, nous devons conclure que ces congrès ont été fertiles en solidarités féministes !

Abitibi-Témiscamingue-Nord-du-Québec

Activités Adoption de propositions
  • Un questionnaire distribué chaque jour du congrès sur l’histoire des droits des femmes, l’égalité financière, les effets néfastes de l’austérité sur les femmes et la discrimination au travail relativement à la grossesse; possibilité de gagner un prix.
  • Que le conseil central poursuive la lutte pour contrer la violence faite aux femmes en faisant connaître les ressources disponibles en région à nos syndicats affiliés.
  • Que le conseil central dénonce les mesures d’austérité qui s’attaquent aux plus pauvres et aux plus démunis de la région, dont les femmes sont majoritairement victimes.
  • Que le conseil central envisage la possibilité d’envisager ou de s’impliquer dans une campagne avec un organisme de la région venant en aide aux plus démunis.

Bas-Saint-Laurent

Activités Adoption de propositions
  • Présentation d’un portrait de la prostitution dans la région.
  • Déjeuner animé à l’aide de questions sur l’histoire des luttes des femmes.
  • Appel d’une maison pour femmes violentées de collecter des objets utilitaires pour les aider à emménager dans un nouveau logis.
  • Dénoncer les attaques faites aux femmes par différents moyens, dont une présence accrue sur la scène médiatique ainsi que le resserrement des liens avec les organismes qui viennent en aide aux femmes.
  • Remettre de l’avant dans nos syndicats la conciliation famille-travail-études.

Cœur-du-Québec

Activités Adoption de propositions
  • Kiosque de la condition féminine (distribution de différentes brochures CSN et autres) et tirage.
  • Conférence sur l’hypersexualisation et l’image corporelle, les publicités sexistes, la prostitution et la traite des femmes.
  • 5 à 7 animé par une humoriste.
  • Organiser deux colloques dans le cadre du 8 mars, l’un portant sur les proches aidants au féminin et l’autre sur les multiples visages de la violence envers les femmes.
  • Organiser un colloque sur la santé mentale conjointement avec les responsables de la santé-sécurité du travail.

Côte-Nord

Activités Adoption de propositions
  • Présentation du bilan des activités de la condition féminine et des collaborations avec les organismes de défense des droits des femmes.
  • Hommage à la fondatrice de la corporation de l’environnement de Sept-Îles, madame Claudette Villeneuve, dont le témoignage a démontré les défis qu’elle a eu à surmonter en tant que femme.
  • Que le Conseil central Côte-Nord poursuive la lutte contre les violences faites aux femmes en faisant connaître les services offerts pour éliminer la violence conjugale, les agressions sexuelles et les abus de toutes sortes envers les femmes.
  • Que le Conseil central Côte-Nord – CSN fasse ressortir toutes les conséquences que les mesures d’austérité du gouvernement Couillard ont sur les conditions de vie des femmes et s’associe aux groupes de femmes de la région afin de les dénoncer.

Estrie

Activités Adoption de propositions
  • Présentation, par le biais du rapport d’activités du comité exécutif, des effets des mesures d’austérité sur les femmes.
  • Présentation d’Aurélie Lanctôt, auteure de Les libéraux n’aiment pas les femmes.
  • Que le comité exécutif du CCSNE applique l’analyse différenciée selon les sexes (ADS) dans toutes ses orientations et actions.
  • Que le comité exécutif du CCSNE s’implique dans les diverses activités de la table régionale de groupes de femmes, qu’il diffuse largement toutes les initiatives et actions pertinentes liées au mouvement des femmes régional et national et qu’il invite les membres de ses syndicats affiliés à participer activement aux actions du mouvement des femmes.
  • Que le comité exécutif du CCSNE, par le biais de son comité de condition féminine, mette en place des activités concrètes liées au mouvement des femmes.

Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

Activités Adoption de propositions
  • Deux membres du comité national de la condition féminine CSN, Nathalie Arguin et Pauline Bélanger, ont présenté l’importance des enjeux de la condition féminine et de s’impliquer à différents niveaux.
  • Modification des statuts et règlements pour se prémunir de deux comités statutaires, dont un de la condition féminine. Il sera composé de trois membres, dont deux qui représenteront respectivement la Gaspésie et les Îles; l’autre membre proviendra de l’exécutif.

Lanaudière

Activités Adoption de propositions
  • Présentation théâtrale interactive « Eva en quatre temps » sur les différentes luttes féministes, suivie d’une discussion autour des stratégies à développer pour contrer les attaques qui perdurent encore contre les femmes.
  • Que le Conseil Central de Lanaudière invite ses syndicats à définir des objectifs en ce qui concerne la conciliation-famille-travail et que ceux-ci prennent les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs.
  • Que le Conseil central de Lanaudière-CSN développe un outil dans le but de promouvoir la condition féminine dans ses syndicats locaux.

Laurentides

Activités Adoption de propositions
  • Points soulevés autour des effets de l’austérité sur les femmes, notamment lors d’une présentation sur le démantèlement du réseau de service de garde au Québec.
  • Que le conseil central et ses syndicats affiliés poursuivent la lutte contre les mesures d’austérité qui touchent notamment les femmes, avec pour objectif l’atteinte de l’égalité entre les hommes et les femmes. Élaborer un plan d’action pouvant amener à une grève sociale.
  • Poursuivre la lutte pour favoriser l’accès aux femmes dans les métiers traditionnellement masculins.

Montérégie

Activités Adoption de propositions
  • Présentation du bilan des activités de la condition féminine.
  • Tenue d’un kiosque.
  • Hommage à Fernande Lévesque, militante de tous les combats pour faire avancer la place des femmes, à l’occasion de son départ à la retraite.

Montréal métropolitain

Activités Adoption de propositions
  • Kiosque où se faisaient photographier les gens qui exprimaient qu’« Acheter du sexe n’est pas un sport » (le congrès se déroulait juste avant le Grand Prix de la Formule 1).
  • Présentation du comité de condition féminine sous forme de déclamations sur les raisons d’être féministe en 2016.

Outaouais

Activités Adoption de propositions
  • Dîner discussion sur l’austérité sexiste animé par Diane Dwyer, conseillère syndicale à la condition féminine–CSN
  • Que les syndicats affiliés au CCSNO attachent une grande importance aux luttes contre l’austérité et à leurs principales victimes, les femmes./li>
  • Que les syndicats redoublent d’efforts afin d’avoir une responsable de la condition féminine au sein de son syndicat et que cette responsable puisse participer aux activités du CCSNO dans le cadre de la lutte contre l’austérité./li>

Québec Chaudière-Appalaches

Activités Adoption de propositions
  • Présentation dynamique du rapport d’activités du comité des femmes.
  • Hommage à Solange Gobeil, une militante qui laisse le comité des femmes après plus de 20 ans d’implication.
  • Que le Conseil central et les syndicats affiliés s’engagent :
    1. à poursuivre la lutte pour la sauvegarde, le développement, l’accessibilité et la valorisation du réseau des CPE, des RSG et des services de garde scolaires;
    2. à faire connaître la qualité supérieure des services offerts par les CPE et les RSG en comparaison avec ceux des garderies commerciales.
  • Que le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN et les syndicats affiliés s’engagent à faire reconnaître les revendications prioritaires de la coalition pour la conciliation famille-travail par la diffusion de la plateforme politique de la coalition.

Saguenay–Lac-Saint-Jean

Activités Adoption de propositions
  • Présentation de Diane Dwyer, conseillère syndicale à la condition féminine–CSN, sur les effets de l’austérité sur la réalité des femmes, et plus spécifiquement dans la région.
  • Que le conseil central soutienne les actions des groupes qui luttent contre la pauvreté et l’exclusion sociale dans la région, qu’il dénonce les préjugés envers les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables et qu’il sensibilise les membres des syndicats affiliés sur les impacts des récentes orientations du gouvernement concernant les coupes dans les programmes spécialisés pour faciliter l’employabilité des femmes.

Femmes et changements climatiques

De nombreuses études ont été entreprises pour recenser les impacts particuliers des changements climatiques sur les femmes, surtout dans des régions moins développées industriellement et déjà aux prises avec les effets dévastateurs de ces changements. Au Québec, les travaux négligent trop souvent cette dimension. Pourtant cette problématique nous concerne toutes et tous. C’est dans cette optique que le comité national de la condition féminine s’est penché sur la problématique « femmes et environnement ».

Pour mieux évaluer les impacts spécifiques sur les femmes, le Réseau des femmes en environnement a soumis un mémoire à l’Office de consultation publique de Montréal en mars 2016. Nous vous en présentons et commentons ici quelques conclusions.

L’importance d’une analyse différenciée selon le sexe (ADS) trouve sa justification dans le fait que les femmes, même au Québec, sont plus nombreuses dans les catégories vulnérables aux changements climatiques, et cela, en raison des rôles sociaux spécifiques qui leur sont assignés par nos sociétés et des discriminations auxquelles elles doivent faire face.

De plus, en raison de la division sexuée du travail domestique, les femmes risquent de porter le plus gros du poids des problèmes de santé reliés aux changements climatiques (augmentation des cas de maladies de Lyme et du virus du Nil) et des conséquences des catastrophes naturelles dans leur rôle d’aidantes naturelles.

« Une étude réalisée en 2000 sur les impacts des inondations au Saguenay de 1996 démontre que les séquelles physiques et psychologiques étaient plus importantes pour les femmes que pour les hommes. En effet, les femmes doivent à la fois se rétablir de ces catastrophes naturelles et continuer à assumer leurs obligations familiales et extérieures. Elles vivent aussi des stress plus importants que ceux des hommes pendant et après un évènement météorologique extrême puisqu’elles sont les principales dispensatrices de soins (Duncan 2008). Les catastrophes naturelles sont aussi souvent accompagnées d’un accroissement de la violence envers les femmes (Duncan 2008). »

En outre, comme travailleuses à temps partiel, travailleuses « atypiques » et travailleuses ayant un taux d’emploi et des revenus inférieurs aux hommes, les femmes sont, dès aujourd’hui, plus vulnérables aux conséquences négatives qu’ont ces bouleversements sur leurs conditions économiques (augmentations des tarifs d’électricité, des coûts des aliments, etc.). Ces différences doivent être prises en compte lors de l’adoption de politiques dans la lutte aux changements climatiques afin d’éviter d’exacerber les inégalités qui existent déjà entre les femmes et les hommes.

Collectivement comme travailleuses et travailleurs, nous devons nous informer non seulement sur les volets économiques et scientifiques de la problématique, mais aussi sur les effets quotidiens qu’auront ces changements sur notre tissu social et plus particulièrement sur les femmes. Comme pour les mesures d’austérité, engageons nos réflexions en ce sens.

Un espace de parole et de débats ouverts

Que des hommes et des femmes ne comprennent pas le besoin de se réunir entre femmes démontre bien l’intégration du discours patriarcal. Certaines personnes banalisent ce besoin et revendiquent la transformation des comités de condition féminine en comités de « relations humaines » ou autre appellation du genre. D’autres réagissent en critiquant le manque de reconnaissance des féministes envers la solidarité de plusieurs hommes et les problèmes qu’ils vivent eux aussi (violence, harcèlement, monoparentalité, etc.). Pourtant, bien que les femmes n’aient pas le monopole de la discrimination, elles la subissent plus souvent que les hommes.

On entend souvent dire que l’égalité est acquise et que sa concrétisation ne relève que du bon vouloir des femmes. Un exemple patent est leur sous-représentativité dans les postes politiques. Les femmes autant que les hommes peuvent poser leur candidature à la tête d’institutions politiques ou syndicales, etc. Pour les tenants de cette vision, le manque de volonté des femmes ou leur désintérêt pour la chose politique expliquent un tel déséquilibre.

Certes, les femmes doivent prendre leur place. Mais cette façon stéréotypée d’analyser la situation est issue de centaines d’années passées à entretenir un modèle de société patriarcale bien ancré en nous. Les façons de faire en politique, notamment le recrutement et l’organisation des réunions, ont longtemps été appliquées par des hommes, pour des hommes. Les premières femmes à avoir réussi à se tailler une place dans ce milieu d’hommes devaient se conformer aux pratiques établies, et la critique était prompte et vive envers celles qui ne rentraient pas dans les rangs.

Il est possible de faire les choses autrement et des améliorations notables ont été apportées grâce aux revendications des femmes. L’égalité de droit, du moins au Québec et au Canada, est en grande partie atteinte : la discrimination basée sur le sexe n’est plus acceptable. Mais dans les faits, beaucoup de chemin reste à parcourir, les nombreuses statistiques disponibles sur les écarts salariaux, l’accès aux postes de pouvoir, les responsabilités familiales, la pauvreté, la violence, etc., le démontrent bien.

Les stéréotypes sont encore bien présents dans nos sociétés dites égalitaires. Ils sont insidieux et difficiles à combattre, car ils sont banalisés et font partie d’un mode « normal » de fonctionnement. Cette passivité, cette force d’inertie, met un frein aux revendications féministes. C’est « l’antiféminisme ordinaire ». Il faut que le réflexe de briser les stéréotypes s’acquière. Il faut que cesse la pression sociale qui veut faire entrer les gens dans un moule.

Un espace de discussion entre femmes permet les débats ouverts sur le féminisme qui sont difficiles à faire en groupes mixtes. Les femmes ont besoin de cet espace pour pouvoir faire naître des idées et les porter haut et fort, et s’exprimer sans cette pression intangible, mais bien présente. Tant que l’égalité ne sera pas atteinte, ces espaces « pour femmes seulement » seront nécessaires.

Il faut combattre cette réserve à ne pas se dire féministe, comme l’a fait de façon bien maladroite la ministre Thériault. À la question « Êtes-vous féministe? » plusieurs hommes et femmes répondent « Oui. Mais… ». La crainte d’un féminisme extrémiste n’est jamais bien loin.

Une fois cette prise de conscience effectuée, levons-nous et applaudissons les espaces « pour femmes seulement ». Ils contribuent à briser les mythes, à secouer l’inertie et à ouvrir le chemin à une véritable société égalitaire.

Penser, créer et agir

Le 7e Congrès international des recherches féministes dans la francophonie s’est tenu à Montréal du 24 au 28 août 2015. Francine Descarries, professeure titulaire de sociologie à l’UQAM et directrice scientifique du RéQEF, en était l’une des principales organisatrices.

« Cette année, le thème “Penser, créer, agir les féminismes” a été choisi afin de refléter les particularités des études féministes et de prendre en compte les perspectives récurrentes et émergentes du mouvement tout en accordant une place importante à la création et à l’art », explique Francine Descarries.

Ce congrès triennal, qui a réuni plus de 1200 participantes et déléguées de divers milieux de la recherche féministe francophone mondiale, a aussi été rendu possible grâce à l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF), le Service aux collectivités de l’UQAM et le Réseau québécois en études féministes (RéQEF). Cette participation exceptionnelle est illustrée par la présence de congressistes provenant de 41 États. Cinquante d’entre elles poursuivent leurs recherches dans les pays du Sud.

Le congrès offrait la possibilité d’assister à de multiples activités : ateliers de création, projections, lancements de livres ou de revues, caucus sur des thématiques spécifiques, etc. Des chercheuses ont présenté des analyses pertinentes sur le genre, les rapports sociaux de sexe, les effets de l’antiféminisme, les transformations du travail, l’absence des enjeux de santé au travail pour les femmes, la laïcité, l’identité sexuelle, la pédagogie féministe, la maternité, etc.

« Nous avons été touchées, bouleversées et parfois même étonnées par les nombreuses présentations faites au congrès. La multiplicité des approches face au changement social et la volonté d’établir des ponts entre les divers courants et tendances nous permettent d’être optimistes pour l’avenir », affirme Mme Descarries.

Pour la professeure, ce congrès va contribuer à alimenter les travaux de recherche en cours tout en améliorant les liens entre les divers groupes de recherche. Cette rencontre de Montréal renforce la place et le rôle des féministes francophones d’ici et d’ailleurs.

L’événement international a aussi voulu célébrer, de façon particulière, le 40e anniversaire de Femmes Autochtones du Québec (FAQ). Des présentations passionnantes ont aidé l’auditoire à mieux comprendre les discriminations vécues par les femmes autochtones et les luttes qu’elles poursuivent avec courage et détermination. Viviane Michel, présidente de la FAQ, a soumis à l’assemblée un historique de cette organisation et de ses principales revendications. Joanne Ottereyes, du même organisme, a analysé la Loi sur les indiens, source d’injustices et de violence particulièrement pour les femmes autochtones. Suzie Basile, une doctorante en sciences environnementales de l’UQAT, a livré un guide de recherche élaboré avec les communautés autochtones et Carole Lévesque, professeure titulaire à l’INRS, a su faire ressortir l’importance de développer des recherches sur une base égalitaire avec les communautés autochtones.

Le congrès fut un succès. Il aura été l’occasion de remettre en question les pratiques de recherche, d’approfondir de nouvelles théories féministes, de consolider des analyses et des perspectives récurrentes, mais toujours d’actualité tout en prenant en compte l’influence de ces théories dans le domaine de l’art.

Changer le monde pas à pas

L’année 1995 a vu naître au Québec la Marche du pain et des roses avec ses 200 kilomètres parcourus en dix jours et la mobilisation de centaines de femmes de tous horizons contre la pauvreté. Dans la foulée de cet événement, l’idée d’organiser une marche mondiale pour l’an 2000 commence à germer.

S’engager dans le nouveau siècle avec un projet aussi monumental allait placer à la une des médias la lutte des femmes, notamment contre la pauvreté. La tenue de la 4e Conférence mondiale sur les femmes à Beijing en 1995 permet également de sonder les cœurs sur l’idée d’organiser cette marche à l’échelle internationale. Pour mettre en place cet événement, diverses organisations de défense des droits des femmes s’associent pour fonder un mouvement mondial d’actions féministes.

Les 189 pays participant à la conférence adoptent une déclaration et un programme d’action qui sont des plaidoyers contre les inégalités hommes-femmes et pour l’accès des femmes et des filles aux services de santé, d’éducation et de développement économique. On connaît la suite : la marche rassembla plus de 10 000 femmes de tous les continents dans les rues de New York le 17 octobre 2000.

Cette conférence quinquennale amène les États à rendre compte des actions réalisées pour l’atteinte des objectifs. Un rapport parallèle, produit en novembre 2014 par un réseau d’ONG, de syndicats et d’expertes indépendantes, a livré un examen détaillé de la mise en œuvre, par le Canada, de politiques découlant des recommandations de Beijing. Toutefois, les récentes mesures d’austérité ont fait des ravages : un taux d’emploi réduit de 8 % dans le secteur public, un taux de pauvreté inchangé durant les dernières années, l’absence de services de garde de qualité, un taux très élevé de pauvreté chez les femmes et les familles autochtones, l’absence d’un plan d’action canadien de lutte contre les violences faites aux femmes, etc.

La 59e Commission ONU Femmes de mars 2015 démontre le long chemin à par­courir pour concrétiser les promesses du Programme d’action de Beijing. Aujourd’hui encore, « 70 % des pauvres dans le monde sont des femmes. Elles sont surreprésentées dans des emplois à faible statut professionnel, peu rémunérés, informels, à temps partiel, moins sûrs et précaires ». Un récent rapport ONU Femmes confirme que « les politiques d’austérité nuisent à la promotion et à la place des femmes dans le monde du travail » et déplore que « des millions de femmes soient reléguées à des emplois peu rémunérés et de qualité médiocre ».

Cette commission de New York a donné lieu à la participation d’une centaine de syndicalistes, dont la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève, à la conférence officielle et aux activités des ONG.

Finalement, ces militantes ont collaboré à l’écriture d’une déclaration syndicale sur l’accès des femmes à des emplois décents et mieux rémunérés et à la protection sociale.

La marche continue

Tous les cinq ans, à l’échelle internationale, des femmes d’un peu partout participent à la Marche mondiale des femmes (MMF). Cette année, elle se déroule sur le thème « Libérons nos corps, notre Terre, nos territoires ». Rendez-vous à la 4e action internationale pour participer avec les militantes de la CSN aux différentes actions organisées dans les régions du Québec et au rassemblement du 17 octobre à Trois-Rivières. Marchons pour celles qui ne le peuvent pas.