La ministre responsable des Aînés et ministre déléguée à la Santé, Sonia Bélanger, est actuellement à élaborer une nouvelle politique nationale de soutien à domicile (SAD). Tout indique qu’elle s’apprête à accroître le recours à la sous-traitance et à la tarification des services.
Nous, auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS) du réseau public, souhaitons dénoncer cette situation et nous adresser à l’ensemble de la population.
Notre rôle est méconnu du public. Notre voix est trop souvent absente des débats. Nous sommes en grande majorité des femmes et notre apport est essentiel au bon fonctionnement du système de santé tout entier.
Chaque jour, nous sommes déployées sur le terrain partout au Québec. Nous sommes qualifiées et formées spécifiquement pour dispenser des soins aux gens directement à leur domicile, et ce, dans des contextes variés et souvent complexes.
Les personnes à qui nous prodiguons des soins sont souvent en situation de vulnérabilité. Elles sont aux prises avec des incapacités psychologiques, physiques ou sociales, parfois sévères et complexes. Elles doivent pouvoir recevoir des soins sécuritaires et de qualité, là où elles vivent, dans le respect de leur dignité. C’est l’ADN même de notre profession. Pour le système de santé, cette approche est également la moins onéreuse. Le SAD permet de réduire significativement les visites aux urgences, l’hospitalisation et l’hébergement. Le recours au SAD public permet de rendre le système de santé plus efficace1, comme le souhaite d’ailleurs le gouvernement de la Coalition avenir Québec. Notre contribution au virage que le Québec doit prendre en SAD est stratégiquement indispensable.
Sous-traitance et tarification
Or, la sous-traitance de notre travail, comme le propose la ministre, est une avenue à laquelle il faut renoncer, tout comme la tarification. La sous-traitance à des entreprises privées est déjà largement répandue. Chaque jour, nous en constatons les conséquences néfastes sur le terrain. Les soins sont discontinus, les intervenantes isolées et mal payées. Elles n’ont pas accès aux équipes multidisciplinaires du réseau public où se trouvent l’expertise et le soutien nécessaire à la prise en charge de problèmes de santé complexes.
De plus, leur formation est déficiente. Pour la personne qui reçoit des soins, cette situation implique des changements incessants d’intervenants, des atteintes à sa sécurité et à sa dignité. En somme, la sous-traitance s’avère totalement inefficace.
Alors même que le gouvernement tente de se sevrer des agences privées dans le reste du réseau de la santé et des services sociaux en raison de l’explosion des coûts, comment expliquer que la ministre Bélanger y voit une réelle solution ?
Cette idée n’est sûrement pas étrangère à son intention de tarifer les usagers, des gens parmi les plus vulnérables de notre société.
Dans le but de résoudre ces problématiques, nous proposons de faire des ASSS du réseau le fondement d’un virage majeur vers le SAD public, universel et gratuit. Notre profession d’ASSS doit être valorisée. Nous devons aussi obtenir le soutien nécessaire. Nous pourrons ainsi améliorer l’efficacité du SAD et en faire le pilier de notre système de santé.
De cette façon, la population bénéficierait d’une plus grande stabilité des intervenants, de soins humains offerts avec dignité, d’une meilleure détection des besoins et de soins mieux adaptés aux personnes qui les reçoivent, ce que la sous-traitance ne permet pas.
Nous, ASSS du secteur public, croyons fermement que nous faisons partie de la solution.