Scientifique, militant, musicien et parolier des Cowboys Fringants, membre de la CSN et fier lanaudois, Jérôme Dupras était l’invité du congrès ce jeudi matin pour parler d’environnement.
Sa relation avec l’environnement qui remonte à son enfance à L’Assomption. Il l’a transposé dans ses chansons – plusieurs hymnes des Cowboys Fringants sont des brulôts environnementaux – puis dans ses études. « J’ai vu que la terre que je travaillais quand j’étais jeune était devenue une rue de banlieue. J’ai compris que je devais faire quelque chose.»
Dans les années 70 il y a eu des transformations partout sur Terre. C’est à ce moment que nous avons vu la première photo de la Terre prise dans l’espace. Ça a suscité une prise de conscience : Nous partageons la même planète et ses ressources. En même temps l’industrialisation se généralisait notamment dans l’agriculture. Il y a eu des bénéfices, ça a amélioré les rendements mais ça s’est accompagné d’enjeux sociaux et environnementaux.
Le souci de la protection de l’environnement remonte à la fin du 19e siècle. Ça s’incarnait surtout dans la création de parcs, de milieux de conservation. Puis il y eu de plus en plus d’organisations collectives. Le premier Jour de la Terre se tient en 1970, la création de Greenpeace, en 1971. Sont également apparus, les ministères de l’environnement dans les gouvernements.
Mais la situation globale continue de se détériorer. C’est devenu une crise. On en prend conscience sur trois axes :
La crise climatique, dérèglement induit par les émissions croissantes de carbone. Ce phénomène de réchauffement climatique continue malgré certains efforts.
La crise du plastique. Un continent de déchets de plastique trois fois grand comme la France flotte désormais dans l’océan Pacifique.
La crise de la biodiversité. Les activités humaines, la pollution et le dérèglement climatique engendre une perte de la diversité dans la nature.
La planète a ses limites et présentement l’humanité les dépasse amplement.
La transition écologique est malgré tout en cours, bien que trop lente.
De nombreux pays ne respectent pas leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour atteindre l’objectif de limiter le réchauffement climatique, il faudra stabiliser le plus rapidement possible le taux d’émission de CO2 sur la planète. Cela nous permettra de travailler à une baisse des émissions pour atteindre le zéro émission en 2050. Si nous y parvenons, le défi de la génération suivante sera ensuite de retirer du carbone de l’atmosphère.
Au Québec, nous sommes présentement à 8 % sous les émissions de 1990 Cette trajectoire nous amène à une réduction de 20 % à l’horizon 2050, donc encore très loin de l’objectif carbone zéro. D’où l’importance de redoubler d’efforts ! Cependant, ajoute Jérôme Dupras, il faut comprendre que plus nous avancerons dans la décarbonation, plus les solutions seront complexes et coûteuses. En ce sens l’électrification des transports est une voie à suivre. Mais, ajoute-t-il, la technologie n’est qu’un aspect, il doit y avoir des incitatifs pour amener la population à changer ses habitudes.
Retirer du carbone de l’atmosphère
Des technologies porteuses font leur apparition pour capter du carbone et en retirer de l’atmosphère. Ce n’est pas une alternative au changement de nos habitudes prévient Jérôme Dupras car ces technologies coûtent cher et ne peuvent être déployées à grande échelle pour le moment. Il favorise que nous travaillons avec la nature. Non seulement cela renforce les capacités naturelles de la Terre à recycler le carbone et l’enfouir naturellement mais en plus on assure une plus robuste protection de la biodiversité.
Ce sont la température et la disponibilté d’eau qui déterminent la composition d’un écosystème. On voit clairement l’impact des changements climatiques : selon certaines études dans 100 ans, 80 % des espèces végétales qu’on connaît actuellement au Québec auront disparues. Voilà pourquoi la protection du territoire, et des écosystèmes, est si importante !
La protection des écosystèmes exige aussi de repenser le développement des villes pour favoriser un développement soutenable, protéger la biodiversité ainsi que des corridors verts permettant à ces êtres vivants de circuler entre les différentes zones.
« Investir dans la nature, c’est payant ! » En 2022 à Montréal, les États se sont dotés d’un nouveau cadre mondial sur la biodiversité dans l’objectif de renverser la courbe et de mieux protéger le vivant. Jérôme Dupras salue ces orientations.
Celui qui a fondé les Cowboys fringants avec ses ami-es lorsqu’il était en secondaire 5 enchaîne avec un tour d’horizons de quelques initiatives qu’ils ont mis de l’avant pour faire leur part.
À chaque concert 1 dollar par billet était investi dans des initiatives environnementales en plus de quelques concerts bénéfice. Cela a permis , avec des organisations alliées, de planter 410 000 arbres !
Il promeut une autre initiative : demain la forêt, visant à restaurer des écosystèmes. Ce sont des pompes naturelles de CO2, on évite des déversements dans les cours d’eau et les animaux et les insectes reviennent s’installer ! Son objectif est de créer des autoroutes de la biodiversité.
« Au fond, notre responsabilité est de nous mobiliser pour créer des solutions. On l’a fait dans le passé, pensons à Hydro-Québec, le réseau des universités du Québec… On est capable de le faire et c’est urgent !»