Avec ses 2800 km de voies publiques à entretenir et une superficie de 1 136 km2, soit deux fois celle de Montréal, ce n’est pas le travail qui manque. Pour le groupe des quelque 550 travailleuses et travailleurs, le printemps est synonyme de grand ménage.
Nous devons nettoyer les déchets camouflés par la neige tout l’hiver, mais surtout, retirer le sable et le sel des trottoirs et des rues. C’est un enjeu de propreté, mais surtout de pollution. Lorsque le calcium utilisé pour faire fondre la glace en hiver pénètre les nappes phréatiques, il finit dans les lacs et contribue à générer les algues bleues, endommage les arbres sur les bords de route et favorise la prolifération de plantes envahissantes qui résistent mieux au sel. À la grandeur du Québec, 1,5 million de tonnes de sels de voirie sont épandues annuellement.
Le printemps, c’est le moment d’entretenir les parcs, les arbres et les espaces verts. C’est aussi le temps de prendre soin des nids de poule.
Pendant une opération qui s’étend sur 10 à 12 semaines, les cols bleus parcourent la ville pour d’abord arroser le trottoir et ainsi éviter la poussière, puis pousser le mélange de sel, de gravier et de sable du trottoir à la rue. Ensuite, dans une chorégraphie qui rappelle celle du déneigement, le tout est aspiré et déposé dans un camion qui se dirige vers le dépôt à neige ou un centre de décontamination.
« On commence le nettoyage dès que possible. D’abord par le ménage des boulevards parce qu’ils sont déjà déblayés, après viennent les routes collectrices », explique M. Blanchette. Son travail est parfois ralenti par celui de la population qui, croyant bien faire, entasse le mixte (terme savant qui réfère au mélange de granulaire et de sel) en petites piles. « Les balais mécaniques ne sont pas conçus pour ramasser ça », ajoute-t-il.
Le printemps, c’est aussi le moment d’entretenir les parcs, les arbres et les espaces verts, et c’est le temps de prendre soin des nids de poule, cachés pendant l’hiver et dont la condition est empirée par les gels et dégels du printemps.
Du côté de la Ville de Mont-Tremblant, le printemps laisse de côté la saison du ski et ouvre la porte à la villégiature estivale. Depuis la fusion, la taille de la localité a explosé et le profil des citoyennes et citoyens a changé. Les exigences de productivité envers les cols bleus sont plus élevées, explique Kuang Selao, président du syndicat des employé-es municipaux de la ville et représentant du secteur municipal à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.
« Si des Tremblantois voyageaient dans le temps et retournaient en l’an 2000, ils ne reconnaitraient pas leur ville », ajoute le président qui est inspecteur de bâtiment de formation. La région, qui connaissait une certaine dévitalisation économique dans les années 1990, s’est transformée autour du tourisme. Mont-Tremblant s’est densifiée et les commerces se sont installés un peu partout. Les terrains plats non-exploités se font désormais très rares.
La croissance de la ville a fait grimper ses revenus, mais a aussi fait augmenter la charge de travail, notamment pour les cols bleus spécialisés dans l’entretien de la voirie. En haute saison touristique, c’est l’hiver qui génère le plus d’heures supplémentaires aux membres du syndicat. « Dès qu’il neige, on va nettoyer les rues. Si on attend qu’il y ait une accumulation, c’est sûr qu’on recevra des messages de la population », explique M. Selao.
Près de 600 kilomètres séparent Mont-Tremblant et Saguenay, mais dans les deux cas, le printemps amène son lot de travail pour les cols bleus qui prennent soin de nos routes. Souvent dans l’ombre, ces travailleuses et travailleurs jouent un rôle essentiel dans l’entretien de nos villes.