Alors que l’efficacité de l’acupuncture est reconnue scientifiquement et que cette médecine traditionnelle est intégrée dans plusieurs systèmes de santé à travers le monde, il subsiste plusieurs préjugés à son sujet au Québec. En pratiquant l’acupuncture sociale, Charlotte Astier s’efforce de déconstruire ces mythes et de rendre à l’acupuncture ses lettres de noblesse, une oreille à la fois.
« Mon objectif est de faire reconnaître l’acupuncture comme outil d’intervention sociale. C’est plus qu’une activité relaxante, ça a du potentiel pour la réadaptation en santé mentale et le traitement des dépendances », explique celle qui coordonne maintenant des cliniques d’acupuncture gratuites pour des organismes communautaires et pour l’unité psychiatrique des toxicomanies du CHUM.
L’acupuncture sociale ou solidaire signifie essentiellement de rendre la pratique plus accessible, notamment en traitant un groupe de bénéficiaires simultanément. Cette pratique, acceptée au Québec depuis 2021 à la suite de pressions de la part de l’Association des acupuncteurs du Québec (AAQ), a l’avantage de pouvoir se pratiquer n’importe où et de permettre de répartir le coût d’une heure d’acupuncture entre quelques personnes.
Évidemment, cette approche ne permet pas de traitements individualisés comme la consultation en cabinet privé. On utilise plutôt un protocole nommé NADA, qui consiste à insérer cinq aiguilles fines à des points spécifiques sur le pavillon de chaque oreille.
« C’est un protocole qui a fait ses preuves pour réguler le système nerveux, donc ça va aider à diminuer le stress, l’anxiété, la dépression et les dépendances. C’est le protocole idéal pour le traitement en groupe, puisque ça ne touche que les oreilles. Les gens peuvent être assis et on n’a pas besoin d’aménagement particulier. »
Pour la présidente de l’AAQ, Michèle Joannette, le travail de Charlotte illustre bien la contribution que l’acupuncture pourrait apporter au système de santé québécois.
« Ce n’est pas une question de croyance. Ç’a été démontré que l’acupuncture peut aider dans plusieurs champs : en santé mentale, en obstétrique, et en traitement d’enjeux musculosquelettiques. Il y a des acupunctrices et des acupuncteurs prêts à venir agir pour soulager le réseau de la santé. On attend juste qu’on nous ouvre la porte. »
Les membres de l’AAQ ont décidé de passer à l’offensive pour la reconnaissance et la valorisation de leur profession en s’affiliant à la FP–CSN en novembre 2024.