Point tournant

Aide juridique : tenir le coup en mobilisant son monde

Comment on dit, déjà ? C’est avec la CSN qu’on gagne.

Par François L'Écuyer

Juin 2022 : on peut difficilement imaginer pire queue de poisson à la fin d’un blitz de négociation. Une organisation indépendante regroupant des syndicats de l’aide juridique ayant quitté la CSN à la fin des années 1980 entérine une entente de principe avec Québec.

Les syndicats CSN représentant l’autre moitié des avocats et avocates de l’aide juridique du Québec la rejettent fortement. Avec raison : la question salariale – et celle de la parité avec les procureur-es de la Couronne enchâssée dans les conventions collectives depuis 1987 – est renvoyée à un comité de travail n’ayant aucun pouvoir décisionnel. Pire : les avocates et les avocats de l’aide juridique n’allaient même pas y siéger.

« On s’est fait répéter ad nauseam par la partie patronale : « Il n’y aura pas deux conventions ». À chaque rencontre de négociation. Jusqu’en février dernier où le début d’une démarche exploratoire a coïncidé avec l’arrivée de deux groupes à la CSN », indique la présidente du syndicat de Montréal et de Laval, Justine Lambert-Boulianne.

Car il y a aussi de la grogne au sein de la fédération indépendante qui accepte, en juin, de remettre la parité aux calendes grecques. La Montérégie rejette l’entente de principe et se désaffilie peu après – les membres allaient pouvoir se prononcer sur une affiliation à la CSN peu après. Des maraudages sont également effectués avec succès pour rallier la Mauricie–Centre-du-Québec et le Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Ces nouveaux syndicats rejoignent donc la table de négociation. « Quand on a commencé à entendre la porte-parole patronale parler de la nécessité de s’entendre “avec la grosse gang”, on a su que le vent avait tourné ».

Mais les mandats des vis-à-vis sont d’une rigidité extrême : jamais le conseil du Trésor ne va s’engager à consigner le principe de parité noir sur blanc dans une convention. Exercées une à la fois, les quelques journées de grève utilisées ne changent pas la donne.

Les syndicats se dotent donc, à l’automne, d’une banque supplémentaire de 10 jours de grève. « On est allés chercher la confiance des membres », insiste Justine Lambert-Boulianne. « On leur a demandé de nous donner un gros mandat, on leur a dit qu’on allait utiliser les journées de grève à bon escient ».

En mars, alors que ça bouge tranquillement à la table, les syndicats donnent le grand coup. Le 6 avril, les avocates et avocats de l’aide juridique sortent pour une dernière séquence de 10 jours de grève. À partir de là, la négociation s’accélère pour se conclure sur une entente de principe maintenant la parité avec la Couronne et leur accordant toute la reconnaissance de la spécificité de leur travail. Comment on dit, déjà ? C’est avec la CSN qu’on gagne.

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