La FP devant le Groupe Castonguay

Améliorer la qualité de vie au travail pour diminuer les coûts du réseau

Les problèmes de santé psychologique liés au travail augmentent les coûts d’absentéisme : une facture de plus de 250 millions de dollars par année

Rejetant une plus grande contribution du secteur privé dans les soins de santé et les services sociaux comme solution aux problèmes que traverse le réseau public québécois, la Fédération des professionnèles (FP-CSN) plaide plutôt pour s’attaquer aux causes de l’absentéisme découlant notamment des problèmes de santé psychologique liés au travail, une facture s’élevant à plus de 1,5 milliard de dollars pour la durée de la convention collective.

Devant le groupe de travail sur le financement du système de santé, cet après-midi, le président de la FP CSN, Michel Tremblay, fera valoir l’urgence d’impliquer les travailleuses et les travailleurs dans des démarches d’organisation du travail au niveau local de façon à améliorer le climat et les conditions de travail du personnel, principales sources de l’absentéisme dans le réseau.

« Une partie de la solution à l’augmentation des coûts du réseau public est dans la cour du ministère de la Santé et des Services sociaux, a indiqué le porte-parole syndical. Les données provenant de différents groupes de travail du ministère sont éloquentes : l’absentéisme lié aux problèmes de santé psychologique, découlant entre autres des surcharges de travail, de la démotivation et d’une mauvaise gestion, prive le réseau public de plus de 10 000 travailleuses et travailleurs par année. La facture d’indemnisation des absences s’élève à plus de 250 millions de dollars annuellement, un non-sens qui ajoute à la spirale de la dégradation des conditions de travail et qui prolonge les listes d’attente. »

Cette réalité n’est pas sans avoir un impact significatif sur la pénurie de main-d’œuvre qui frappe en particulier les professionnèles et les techniciennes. Le Conseil interprofessionnel du Québec a fait état de 34 professions, sur 51, en situation de pénurie. L’organisme note que plus de 5200 postes de travailleurs sociaux, 1377 d’orthophonistes, 3200 de technologistes médicaux, 3292 d’ergothérapeutes, pour ne citer que ces professions, devront être comblés au cours des prochaines années.

« En outre, poursuit Michel Tremblay, le gouvernement n’a rien fait, bien au contraire, pour s’attaquer aux causes de l’absentéisme, refusant d’inciter de façon concrète les administrations locales pour qu’elles impliquent les syndicats dans une révision de l’organisation du travail. Après avoir obtenu une lettre d’entente dans la convention collective au cours des années 90, nous avons lancé en 2001 une large opération pour inviter les employeurs à amorcer un processus local, mais rares furent les directions d’établissement qui ont cru bon d’entreprendre une démarche sérieuse. Conséquemment, la boucle est bouclée : la facture continue de s’alourdir, l’absentéisme grimpe toujours, les surcharges de travail croissent et les conditions de travail se dégradent davantage, tous des facteurs qui augmentent la pénurie dénoncée. Les pressions sur le système public n’en sont que plus fortes. »

Intervenant devant le groupe de travail présidé par M. Claude Castonguay, la FP-CSN démontrera, en citant les études du ministère, que des changements dans l’organisation du travail qui impliquent les travailleuses et les travailleurs, notamment au niveau de l’utilisation de leurs compétences, peuvent affecter positivement la santé du personnel et réduire les absences au travail.

Non au privé

La FP rejette toute idée de recourir davantage au secteur privé, un moyen qui ferait encore grimper la facture des soins de santé et des services sociaux. Selon la fédération affiliée à la CSN, l’exemple des soins de réadaptation physique est probant. Depuis plus d’une quinzaine d’années, les deux tiers du financement des traitements de physiothérapie et d’ergothérapie dans les centres de réadaptation proviennent principalement de la CSST et de la SAAQ qui privilégient des services privés.

Ce mode de financement a contribué à créer une iniquité dans l’accessibilité selon qu’il y ait ou non un agent payeur autre que le ministère. Si le réseau des cliniques privées prend une place de plus en plus importante dans les soins de réadaptation physique, il ne rend pas les services plus accessibles aux personnes qui ne sont pas indemnisées par la SAAQ ou la CSST et qui ne possèdent aucune assurance privée. Ces dernières deviennent les victimes d’un régime à deux vitesses causé par le financement privé des services de réadaptation.

Ce qui est encore plus éloquent, c’est qu’au lieu de favoriser l’accès aux services publics aux populations dans le besoin, ce transfert au privé a allongé considérablement les listes d’attente. Il semble qu’il soit préférable, en 2007, de se blesser au travail ou dans un accident d’auto, plutôt qu’à la maison, pour être soigné plus rapidement.

Cette façon de faire a entraîné au Québec la plus importante hausse des coûts, en comparaison avec les autres provinces canadiennes. De sorte que la facture québécoise de physiothérapie et d’ergothérapie dépasse celle de toutes les autres provinces.

De plus, le recours au secteur privé en ce domaine a accru les problèmes de pénurie au sein même du secteur public en opérant un exode des professionnels concernés.

Selon la FP-CSN, une meilleure contribution des médecines alternatives au réseau public réduirait également les coûts du système. L’impact d’une surmédicamentation est considérable et une utilisation adéquate de soins prodigués par les professionnèles des médecines alternatives intégrées au réseau public, aurait des effets bénéfiques sur les coûts des médicaments et les coûts totaux du système de santé actuel.

La Fédération des professionnèles de la CSN représente plus de 8000 professionnèles, techniciennes et techniciens regroupés dans une quarantaine de syndicats partout au Québec.


Source : FP-CSN – 16 octobre 2007

Pour renseignements : Louis-Serge Houle, Service de l’information de la CSN, 514 792-0795

   

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