Les actes de violence envers le personnel de soutien, dans les écoles québécoises, atteignent des niveaux inacceptables. Selon les chiffres rapportés par Le Journal de Montréal ce matin, entre 2022 et 2024, les réclamations à la CNESST pour violence au travail ont bondi de 77 %, passant de 650 à 1 149 cas. Pour le personnel de soutien qui intervient auprès des élèves en crise, ces chiffres grimpent de 359 à 703 réclamations (+96 %). « Et ces chiffres ne sont que la pointe de l’iceberg puisque les chiffres compilés par la CNESST sont les incidents qui sont documentés » s’inquiète Annie Charland, présidente du Secteur soutien scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics de la CSN. Une situation dramatique qui jette un froid sur l’ouverture de la semaine de la garde scolaire qui, du 12 au 16 mai, vise à mettre en lumière les éducatrices, les éducateurs, les techniciennes et les techniciens qui accompagnent les élèves.
« On a des témoignages de travailleuses qui se font frapper, qui se font lancer des objets, qui se font mordre ou cracher dessus. On n’est pas toutes et tous formés pour travailler avec des jeunes qui vivent des difficultés particulières et pourtant ce qui était l’exception est en train de devenir la norme, indique Annie Charland, va-t-on devoir attendre que quelqu’un frôle la mort comme lors de la panne à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont pour que le gouvernement bouge? »
Pour le Secteur soutien scolaire de la FEESP-CSN, des solutions relativement simples sont pourtant à portée. « Pour une meilleure gestion des crises, une solution très efficace à court terme serait de pourvoir rapidement les postes vacants pour réduire la surcharge et la fatigue du personnel » souligne Annie Charland. Parmi les autres avenues possibles, elle poursuit en expliquant que « plus de formation, de la formation ciblée sur la violence et la gestion des risques psychosociaux, de meilleurs protocoles d’urgence, une uniformisation des pratiques en santé et sécurité du travail et un meilleur suivi des incidents sont autant de solutions que le gouvernement pourrait mettre en place facilement et rapidement. »
Pourtant, le gouvernement avance à reculons dans le dossier de la santé et sécurité du travail, alors qu’il déposait le 24 avril dernier le projet de loi 101 (PL-101), Loi visant l’amélioration de certaines lois du travail. Dans ce projet de loi, le ministre du Travail, Jean Boulet, revient sur un engagement qu’il avait pris en 2021 à l’effet de mettre en œuvre des mécanismes de prévention en milieu de travail afin de protéger les travailleuses et les travailleurs. Par le PL-101, le ministre recule d’un an l’application des mesures permanentes. Pire encore, il exclut le secteur de l’éducation et celui de la santé et des services sociaux de ces mesures permanentes, alors qu’ils sont majoritairement composés de femmes et connus pour leurs risques professionnels.
À propos
La Fédération des employées et employés de services publics représente environ 69 000 membres dans près de 425 syndicats, dont 36 000 travailleuses et travailleurs de soutien dans le réseau scolaire dans 37 syndicats regroupés au sein de notre Secteur soutien scolaire, ce qui fait de la FEESP-CSN l’organisation représentant la vaste majorité du personnel de soutien au Québec.