Après des années de sous-investissement, plusieurs infrastructures publiques de la province tombent en ruine. L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et le Cégep Saint-Laurent en sont deux exemples bien documentés. Mais que signifie travailler comme salarié-e dans de telles conditions ?
Lamia Salhi, agente de griefs au Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, est affirmative : « On n’arrive pas à servir la population comme il le faut et c’est très frustrant ! Je vous le confirme, c’est déprimant de travailler dans un taudis. »
Pour les préposé-es aux bénéficiaires, le risque de blessures augmente en raison des chambres qui ne sont plus du tout adaptées. « Ils doivent faire de la gymnastique pour parvenir à manier une civière, jusqu’à devoir sortir les meubles et les bureaux », précise l’agente de griefs.
« Je ne peux pas dire que nos membres ne réalisent plus certaines manœuvres, puisqu’ils ont l’obligation de donner les soins, mais c’est devenu très difficile, mentionne Lamia Salhi. Ils s’efforcent de ne pas baisser la qualité des soins, mais ce sont eux qui en paient les frais. »
On apprenait en 2023 que l’établissement desservait 27 % de la population de Montréal alors qu’elle ne comptait que 19 % des civières et 16 % des lits.
Cégep Saint-Laurent : à la recherche des clés
Au Cégep Saint-Laurent, un pavillon complet a été fermé à la fin 2023, en raison de la déficience de la structure interne du bâtiment.
Deux ans plus tard, la vie étudiante suit son cours, dans un campus éclaté, mais certains problèmes demeurent.
« En ce moment, le nouveau personnel enseignant qui entre en poste n’a malheureusement pas de clés, explique le président du Syndicat des professeur-es du Cégep de Saint-Laurent, Dimitri Zuchowski. La machine qui fait les clés est hors service dans le bâtiment condamné. La seule autre machine équivalente qui existe se trouve en Suisse. »
Refaire les clés est impossible à moins de changer toutes les serrures, ce qui est peu probable, faute de budgets. Pendant ce temps, les nouveaux professeur-es qui ont besoin d’ouvrir une porte doivent en faire la demande au personnel de sécurité.
« En ce moment, on se résigne et on accepte la situation. Mais l’ensemble des procédures s’est considérablement allongé. Ça nous affecte sur tellement d’aspects de notre travail », déplore Dimitri Zuchowski.