Les travailleuses de la santé ont dû attendre plus de 14 ans avant que le gouvernement leur verse les sommes qu’il leur devait pour le maintien de l’équité salariale. Retour sur une lutte où nos efforts ont fini par payer.
Début 2024. La CSN annonce une entente majeure pour le personnel de bureau et de l’administration. Cette entente concerne 11 titres d’emploi regroupant près de 40 000 travailleuses et travailleurs et contient à la fois des gains sur le maintien de l’équité salariale et sur la rémunération.
Une mob, des milliers de dollars
Chacune des travailleuses a obtenu entre 5000 $ et 30 000 $ grâce à cette entente, si l’on tient compte à la fois de ce règlement et des nouvelles augmentations salariales à la suite de la négociation du secteur public.
« Nos efforts ont fini par payer. La CSN a travaillé sans relâche pendant plus de 10 ans pour que le gouvernement passe à l’action et reconnaisse enfin le travail des femmes. La force de nos arguments et de notre mobilisation aura forcé le gouvernement à bouger. Mais nous devons rester vigilantes pour faire respecter notre droit », explique Carole Duperré, vice-présidente du secteur public de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).
Des retards inacceptables, un réseau ingérable
Une ombre se dresse vite au tableau. L’entente prévoit des délais de versement des sommes. Après de nombreuses relances, le gouvernement indique qu’il n’arrivera pas à payer les travailleuses à temps. Les systèmes de paie, entièrement confiés à des entreprises privées, ne parviennent pas à effectuer les paiements comme prévu, argue-t-il. Le privé, pourtant présenté comme la grande solution pour l’avenir du réseau de santé et de services sociaux, n’arrive même pas à rembourser les importantes sommes à des milliers de travailleuses et de travailleurs.

Signée le 23 février 2024, l’entente prévoyait que des intérêts de 5 % s’appliqueraient en cas de retards de paiement. Elle laissait d’ailleurs un délai raisonnable au gouvernement pour procéder. Les montants dus en lien avec le maintien de l’équité salariale devaient être versés au plus tard sur la paie du 31 octobre 2024, alors que d’autres montants devaient l’être au plus tard le 23 mai 2024.
Englué dans une centralisation abusive, le réseau a bien du mal à remplir les promesses faites à ses propres employé-es. La création de Santé Québec et la centralisation toujours plus grande à venir annoncent une situation plus chaotique encore. « Le réseau est de plus en plus ingérable. Le gouvernement n’arrive même pas à mettre en application ses propres priorités de négociation. Les nouvelles primes de la convention collective, l’autogestion des horaires et le processus de reconnaissance de l’ancienneté connaissent tous des retards. La centralisation est allée bien trop loin », poursuit Carole Duperré.
Face aux retards se met alors en branle une nouvelle campagne de mobilisation. La FSSS–CSN lance une pétition en ligne exigeant que les paiements se fassent sans délai et que le gouvernement mette en place des mécanismes permanents permettant l’application rapide des ententes sur la rémunération des salarié-es. À cela s’ajoutent plusieurs actions pour faire pression sur le gouvernement, notamment avec les différentes organisations syndicales concernées.
« Le gouvernement ne respectait pas son engagement et malgré nos interpellations, il n’arrivait pas à fixer une date de paiement. Il a donc fallu nous mobiliser pour le forcer à se commettre et pour que les travailleuses touchent enfin leur argent », explique Katie Chamberland-Langlois, représentante du personnel de bureau et de l’administration à la FSSS–CSN.
C’est finalement sur la paie du début d’avril 2025, soit plus d’un an après la signature de l’entente, que les 40 000 travailleuses ont enfin commencé à recevoir les montants tant attendus.