Depuis plusieurs mois déjà, le gouvernement de François Legault multiplie les attaques à l’endroit des travailleuses et des travailleurs : projet de loi 89, devenu la Loi 14, projet de loi 101, toujours à l’étude, et d’autres belles surprises à venir au menu législatif des prochains mois. Sous couvert d’une prétendue « modernisation du régime syndical », il prépare le terrain pour affaiblir les organisations qui, depuis des décennies, portent la voix des travailleuses et des travailleurs du Québec. Ses nouvelles cibles de prédilection : l’utilisation des cotisations syndicales et les règles démocratiques entourant le vote de grève. Cette obsession de vouloir limiter l’autonomie syndicale n’est rien d’autre qu’une tentative d’affaiblir le contre-pouvoir.
Or, au lieu de s’attaquer aux véritables enjeux qui préoccupent la population – la crise du logement, l’effritement des services publics, la précarisation des emplois, l’urgence climatique –, le premier ministre choisit la confrontation idéologique. Il dresse les syndicats en boucs émissaires, tout comme les personnes issues de l’immigration, dans l’espoir de détourner l’attention quant à ses propres échecs.
À droite toute !
Le remaniement ministériel effectué le 10 septembre dernier n’a fait que confirmer cette tendance. Ce coup de théâtre politique s’est avéré un véritable coup d’épée dans l’eau, en plus de démontrer un virage nettement plus marqué à droite sur l’échiquier politique.
La nomination à la présidence du Conseil du trésor de France-Élaine Duranceau, rebaptisée « Cruella » par le premier ministre lui-même, en dit d’ailleurs assez long sur ce « nouvel élan » que tente de donner M. Legault à son gouvernement en déroute. Ainsi, le mandat confié à Mme Duranceau sera d’opérer un « traitement choc » pour « faire le ménage » qui s’impose dans la fonction publique. En d’autres mots, c’est le retour à l’austérité dans tous les ministères.
À consulter
Quant aux autres priorités édictées par M. Legault, elles révèlent un gouvernement complètement déconnecté de la réalité des travailleuses et des travailleurs, tout autant que de la population en général. Alors que les familles peinent à se loger, que les hôpitaux débordent, que le coût de la vie explose et que les changements climatiques frappent de plein fouet nos communautés, voilà que le premier ministre brandit à nouveau les épouvantails de la laïcité et de la sécurité publique en tentant de faire porter l’odieux de son piètre bilan politique sur les plus vulnérables et les personnes issues de l’immigration. Pitoyable !
Dans ce contexte pour le moins préoccupant, la CSN ne restera pas les bras croisés. Cet automne, nous lançons une vaste campagne sous le thème « Faire front ». Parce que oui, il faudra faire front contre les attaques répétées envers les droits des travailleurs, contre l’inaction gouvernementale en matière d’environnement, mais il faudra aussi faire front pour préserver notre État social.
L’objectif de cette campagne est clair : amplifier l’influence de la CSN comme agent de changement social au Québec, en portant nos revendications dans l’espace public et dans l’arène politique. Nous voulons rappeler que les syndicats ne défendent pas seulement leurs membres : ils défendent un modèle de société plus juste et plus solidaire qui bénéficie à l’ensemble de la population.
Un premier grand rassemblement est déjà prévu le 29 novembre à Montréal, à la veille de l’entrée en vigueur de la Loi 14 qui vient brimer le droit de grève. C’est un rendez-vous incontournable auquel toutes les forces vives de notre société sont conviées pour manifester haut et fort notre ras-le-bol devant l’attitude méprisante et combien déconcertante du gouvernement actuel. Ce ras-le-bol, il nous faut le transformer en mouvement social puissant, porteur d’espoir et de changement.
Les prochains mois seront donc cruciaux en matière de mobilisation si nous souhaitons que notre message porte. Nous comptons donc sur le plus grand nombre à joindre le mouvement pour faire front, parce qu’on doit faire mieux pour le Québec !