Réaction préliminaire de la CSN au livre vert du ministre Corbeil

Il faudra plus de vision pour consolider la filière bioalimentaire québécoise

Réagissant au dépôt, hier, du livre vert pour une politique bioalimentaire, par le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Pierre Corbeil, la CSN espère qu’il pavera enfin la voie à la consolidation et au développement du secteur agroalimentaire québécois, après plus de cinq ans de tergiversations. Y voyant des pistes intéressantes, la CSN aurait souhaité que le rôle des travailleuses et des travailleurs de cette industrie, absolument central, soit davantage pris en compte et que le gouvernement montre plus de leadership en précisant davantage ses propositions.

Pour le secrétaire général de la CSN, Jean Lortie, la future politique du bioalimentaire doit reposer sur l’objectif d’assurer le droit de chaque citoyenne et citoyen à une alimentation suffisante, de qualité, équilibrée, à prix abordable et sans danger pour la population et l’environnement. « Le défi auquel nous faisons face, et il commence à être urgent de le relever, c’est d’assurer notre souveraineté alimentaire en consolidant nos atouts et en développant de nouvelles approches. Normalement, on attend du gouvernement qu’il joue un rôle de leadership beaucoup plus fort dans une telle stratégie. Or ce livre vert en dit bien peu sur ce que l’État peut améliorer, renouveler dans ses pratiques. ».

Afin de mettre en place une véritable politique intégrée, la CSN est d’avis qu’il faut renforcer l’ensemble de la filière bioalimentaire en intégrant tous les maillons de la chaîne, y compris les travailleuses et les travailleurs, qui sont aux premières loges, dans la recherche de solutions pour le bien commun. C’est ce qu’elle continuera de faire valoir lors des consultations, cet automne.

Les travailleurs dans l’angle mort « Malheureusement, il n’y a à peu près rien dans ce livre vert sur le rôle des travailleuses et des travailleurs dans l’industrie bioalimentaire, un des plus importants créateurs de richesse au Québec. Les travailleurs migrants, les employé-es de la transformation, du transport, de la distribution se trouvent encore une fois dans l’angle mort de l’industrie et c’est décevant » déplore pour sa part le vice-président de la Fédération du commerce – CSN, David Bergeron-Cyr. Il souligne que l’amélioration des conditions de travail et la formation de la main d’œuvre sont des enjeux qui doivent être pris en compte pour consolider véritablement ce secteur économique.

La CSN a montré lors des consultations publiques précédentes que les travailleuses et les travailleurs peuvent jouer un rôle beaucoup plus grand. Ils sont les mieux placés pour intervenir puisque ce sont eux qui manipulent les aliments, de la ferme ou l’océan, à l’assiette. Par exemple, en ce qui a trait à la salubrité des aliments, la CSN a formulé des propositions novatrices et audacieuses sur le droit et le devoir d’alerte des travailleuses et des travailleurs qui permettraient de renforcer davantage la sécurité alimentaire.

Achats locaux Autre oubli de taille, le livre vert ne contient pas de proposition favorisant l’achat de produits locaux par les institutions publiques, ce qui constituerait un levier de développement majeur. « L’État devrait prêcher par l’exemple en se dotant d’une politique institutionnelle d’achat de produits récoltés et transformés au Québec, d’autant plus qu’il ferait d’une pierre deux coups : il consoliderait le secteur bioalimentaire en utilisant le grand pouvoir d’achat de ces institutions publiques, au profit des productions locales, tout en contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre en diminuant les distances de transport », estime la secrétaire générale de la FEESP-CSN, Nathalie Arguin.

Or, le ministre Corbeil semble vouloir adopter une politique tournée presque exclusivement vers le libre-marché et le choix des consommateurs alors que l’État dispose de leviers déterminants. La CSN souligne, en outre, qu’elle sera vigilante pour s’assurer que le Québec conserve ses outils de mise en marché collective qui forment la pierre d’assise de notre souveraineté alimentaire en assurant aux producteurs des revenus décents.

La Fédération du commerce-CSN, qui représente près de 10 000 travailleuses et travailleurs de l’agroalimentaire et la Fédération des employé-es et employés de services publics, qui réunit plusieurs employé-es de l’Union des producteurs agricoles (UPA), participeront aux travaux de la Commission parlementaire cet automne et y défendront des orientations porteuses pour l’avenir de le secteur.

La FC-CSN compte plus de 30 000 salarié-es, dont près du tiers œuvrent dans le secteur agroalimentaire. La FEESP-CSN regroupe 55 000 travailleuses et travailleurs. Fondée en 1921, la CSN compte aujourd’hui 300 000 membres répartis dans tous les secteurs d’activité.

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