Ce n’est pas parce qu’on est en grève qu’on ne soulignera pas le 40e anniversaire de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), dont les lettres patentes avaient été émises le 9 avril 1969. Quarante ans plus tard, les professeur-es, les maîtres de langue, les étudiantes et les étudiants en grève de l’université ainsi que leurs camarades chargé-es de cours et employé-es ont célébré l’anniversaire de la naissance de cette institution unique, aujourd’hui. Pour l’occasion, la communauté uquamienne et de nombreux et prestigieux invités s’étaient rassemblés, à Montréal, à l’agora du pavillon Judith-Jasmin, rue Sainte-Catherine Est et devant le pavillon Athanase-David, rue Saint-Denis. Témoignage émouvant À quelques jours de célébrer son 85e anniversaire, l’éminent sociologue Guy Rocher, qui est aussi professeur titulaire à l’Université de Montréal et un des membres fondateurs de l’UQAM, a joint sa parole à d’autres pour souhaiter bon anniversaire à l’UQAM et au Québec aussi ! « Bon anniversaire à l’UQAM et bon anniversaire au Québec, parce que l’UQAM représente le nouveau Québec qui a voulu se faire et continue de se faire, a lancé Guy Rocher. À l’époque, nous avions un retard au regard des Québécois francophones qui accédaient aux études supérieures. L’UQAM a donc permis la démocratisation de l’enseignement supérieur, c’est-à-dire qu’elle a permis l’égalité des chances d’accéder aux études supérieures selon ses goûts et ses aptitudes. » « Aujourd’hui, a insisté Guy Rocher, nous fêtons l’anniversaire de l’UQAM, une université francophone, laïque, d’État, non confessionnelle, populaire. » Qui plus est, on créait ainsi une université en plein centre-ville de Montréal, proche des quartiers populaires, proche du monde ordinaire. Car, faut-il le rappeler, la seule université francophone existante à Montréal à l’époque, l’Université de Montréal, était sur le mont Royal, loin des quartiers populaires. L’UQAM était donc une université proche du monde. Selon Guy Rocher, l’UQAM a aussi permis aux jeunes femmes d’accéder aux études supérieures. Ce qui était rare à l’époque. « Les filles ont certainement été les grandes gagnantes de la Révolution tranquille et de la démocratisation de l’enseignement supérieur », a-t-il déclaré devant la foule. Une grève pour l’avenir de l’enseignement « Ce projet unique que représente l’UQAM, de dire Guy Rocher, il ne faut pas le gaspiller. Il faut le continuer. Il serait catastrophique que le ministère de l’Éducation traite l’UQAM de façon tatillonne. Le message de la grève envoyé aux étudiants, c’est qu’on se bat pour eux, pour leur avenir ! » Après l’allocution de Guy Rocher, les porte-parole des associations constituantes de l’UQAM ont profité du 40e anniversaire pour bonifier la charte de l’UQAM afin d’assurer son caractère francophone, laïque, public et populaire. Le 14 avril Le 14 avril, les professeur-es et les maîtres de langue se réuniront en assemblée générale pour faire le point sur les négociations et décider s’ils poursuivront la grève. Ce qu’ils ont dit « M. Charest, rangez sur les tablettes le projet de gouvernance. Qui d’autres que les artisans de l’UQAM savent ce qui est bon pour l’université. Certainement pas le privé ou le partenariat public-privé ! » Françoise David, porte-parole de Québec Solidaire « C’était émouvant d’entendre Guy Rocher nous donner l’historique de cette institution exceptionnelle. » Thomas Muclair, député NPD d’Outremont à la Chambre des communes « Le gouvernement Charest ne doit pas faire payer le prix à la communauté de l’UQAM à cause de son laxisme dans l’Îlot Voyageur. » Louise Harel, ex-députée péquiste d’Hochelaga-Maisonneuve et vice-présidente de l’Union générale des étudiants du Québec (UGEQ) en 1968