Réplique au président du Conseil du patronat du Québec

La CSN ne se laissera pas museler

Dans sa plus récente sortie contre les organisations syndicales, le président du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, s’en prend à la campagne publicitaire de la CSN marquant notre opposition au projet de loi 78. M. Dorval a le droit de ne pas adhérer à son contenu. Il ne peut toutefois pas profiter de l’occasion pour attaquer notre légitimité. Il ne lui appartient pas de décider sur quoi et comment la CSN entend intervenir publiquement. Cette décision relève de nos membres.

Fondamentalement, c’est au droit à la liberté d’expression des organisations syndicales que M. Dorval s’attaque. Selon lui, la CSN « détourne » les cotisations syndicales de ses membres « pour financer une campagne strictement politique ». Non seulement la Cour suprême a-t-elle reconnu en 1991 notre droit à participer aux grands débats sociaux, économiques et politiques, mais il en va de la volonté même de nos membres – qui sont aussi, faut-il lui rappeler, des citoyens à part entière. Les lois et les politiques adoptées par les gouvernements ont des impacts sur leurs conditions de vie. Un silence de notre part aurait été pour le moins surprenant. Il est plutôt ironique que M. Dorval veuille restreindre notre droit à intervenir publiquement le jour même où il publiait le premier d’une série de textes d’opinion « à l’occasion du déclenchement probable d’une campagne électorale au Québec ». En démocratie, il est tout à fait légitime que le président du Conseil du patronat intervienne au nom des membres qu’il représente sur toute question qu’il juge à propos. Mais il faudrait restreindre ce même droit aux organisations de travailleurs? Avec une telle position, nous n’avons aucune leçon de démocratie à recevoir de lui.

Pour M. Dorval, les cotisations syndicales devraient être utilisées strictement à des fins de relations de travail. Il ne semble pas avoir compris qu’en forçant une rentrée scolaire dans les établissements touchés par la grève étudiante, où les professeurs et le personnel de soutien pourraient être obligés de devoir travailler en présence d’escouades antiémeutes (quel climat serein pour l’enseignement!), la loi spéciale intervient directement sur le plan des relations de travail de milliers de membres que nous représentons.

Encore une fois, nous tenons à rappeler à M. Dorval que les budgets de la CSN sont adoptés démocratiquement à chacun de nos congrès par les représentants de nos 2000 syndicats. Nos états financiers sont accessibles au grand public sur notre site Internet. Le budget de notre campagne a également reçu l’approbation des organisations membres de la CSN et s’inscrit en droite ligne avec les orientations adoptées par les syndicats lors de notre congrès l’an dernier.

Nous attendons impatiemment le jour où nos vis-à-vis patronaux auront la même ouverture aux tables de négociation lorsqu’ils évoquent leurs « situations financières catastrophiques » pour exiger des concessions de leurs salarié-es. D’ici là, nous n’avons aucune leçon de transparence à recevoir du Conseil du patronat.

Le Conseil du patronat préfèrerait sûrement faire taire toute forme de contestation sociale afin que des gouvernements puissent adopter les mesures législatives qui lui conviennent. La CSN ne l’entend pas ainsi et ne se laissera pas museler.

Pierre Patry Trésorier de la CSN

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