Le fléau du recours aux briseurs de grève

La CSN réclame une rencontre urgente avec le ministre du Travail

Devant la volonté de plus en plus flagrante des employeurs à contourner les dispositions du Code du travail du Québec interdisant l’utilisation des briseurs de grève, la CSN a, aujourd’hui, demandé une rencontre urgente avec le ministre du Travail, David Whissell.

« Certains employeurs adoptent toutes sortes de stratagèmes et d’astuces afin d’échapper à cette partie centrale de notre Code du travail », a commenté la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, en s’adressant aux grévistes du Sheraton Four Points Centre-ville et aux lock-outés du Journal de Montréal, réuni lors d’une manifestation devant l’hôtel de la rue Sherbrooke, aujourd’hui.

Ces deux conflits de travail se distinguent par la détermination des parties patronales d’esquiver des dispositions anti-scab. « Nous voulons sensibiliser le ministre sur ce sujet avant que la situation ne dégénère d’avantage », a expliqué Claudette Carbonneau.

Le Code du travail a rendu illégale, dans les cas de grève ou lock-out, l’utilisation des travailleurs de remplacement au Québec, afin d’établir un équilibre entre l’employer et ses employé-es. Cette disposition est reconnue pour avoir grandement contribué à l’importante réduction du nombre et de la durée des conflits de travail au Québec, depuis son adoption en 1977.

« Cependant, il y a, aujourd’hui, une tendance vers l’allongement des conflits de travail et une multiplication des lock-outs, et c’est en partie dû au fait que des employeurs ont recours aux briseurs de grève, a insisté Madame Carbonneau.

Du « bénévolat », aux agences de placement

Le président de la Fédération du commerce (FC–CSN), Jean Lortie, a observé que le propriétaire du Sheraton Four Points, le Northampton Group de Toronto, fait fit des lois du travail au Québec. Depuis le début de la grève des 67 membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs du Four Points Sheraton Centre-Ville, le 25 août 2008, l’employeur a été condamné à trois reprises déjà pour avoir utilisé des travailleurs de remplacement, qu’il qualifiait de « bénévoles. »

La FC – CSN déposera, cette semaine, une nouvelle plainte à la Commission des relations du travail, preuves vidéo à l’appui, alléguant que l’employeur a engagé une agence de placement afin de faire le travail des grévistes de l’hôtel.

« Or, il a fallu qu’on mène notre propre enquête au Sheraton Four Points », a ajouté Jean Lortie en dénonçant la pratique courant des inspecteurs du ministère du Travail d’annoncer leurs visites à l’avance aux entreprises. « Il est inacceptable que les inspecteurs du ministère avertissent ainsi les employeurs, qui peuvent alors facilement cacher leurs briseurs de grève.»

Il rappelle également que la bataille menée au Sheraton vise à obtenir les mêmes conditions de travail que celles des autres syndicats CSN de ce secteur.

Des scabs de l’information

Le secrétaire général de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN), Pierre Roger, a, lui aussi, annoncé le dépôt prochain d’une plainte contre le Journal de Montréal pour l’utilisation illégale des scabs dans le lock-out des 253 membres du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (STIJM–CSN), que Quebecor a décrété le 24 janvier.

« Déjà, nous sommes privés des professionnel-les de l’information au Journal, a noté Pierre Roger. Quebecor nous offre, en remplacement, des reportages bidon rédigés par des gens embauchés comme cadres dans les semaines précédant immédiatement ce lock-out. »

Il n’y a eu aucune séance de négociation depuis le lock-out et plusieurs craignent que le conflit au Journal de Montréal ne perdure. « Il faut que le ministère agisse afin de limiter le recours aux briseurs de grève au Journal, a déclaré Pierre Roger. Quebecor doit respecter notre Code du travail. »

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