Au-delà des coups de sonde qui ne font que confirmer la déconnexion de plus en plus marquée du gouvernement Legault par rapport aux besoins de la population, voilà que l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) vient d’abaisser la cote de crédit du Québec, ce qui pourrait coûter aux contribuables des centaines de millions de dollars. Du jamais vu en 30 ans !
À en croire le premier ministre, cette décote n’est pas la conséquence des baisses d’impôt qu’il a lui-même octroyées il y a deux ans, ni des investissements de plusieurs centaines de millions de dollars dans des projets économiques risqués, comme une usine de batteries dont la maison mère est maintenant en faillite, ni même de la planification d’un 3e lien qui ne verra jamais le jour à Québec ou encore d’un dépassement de coûts d’un demi-milliard de dollars dans le dossier SAAQclic.
Non, mesdames et messieurs ! Cette décote, aux dires de notre cher premier ministre, serait la conséquence du rattrapage salarial des employé-es du secteur public obtenu lors de la dernière ronde de négociation.
Or, tout récemment, une des membres du comité chargé de l’étude du dossier du Québec chez S&P a confirmé publiquement1 que c’est principalement la réduction d’impôt décrétée par M. Legault il y a deux ans, ainsi que la lourdeur des investissements requis en immobilisations, qui ont pesé dans la balance.
Pour un gouvernement qui se voulait le champion de l’économie, on repassera !
Pendant ce temps, on apprend que plus d’une trentaine de projets d’infrastructures en santé ont été mis sur la glace par le gouvernement… pour des raisons budgétaires (!), alors qu’on doit fermer les salles d’opération de l’hôpital Maisonneuve Rosemont… pour cause d’orage !
Comme si ça ne suffisait pas, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry – dont nous venons de réclamer la démission – vient d’annoncer des compressions budgétaires historiques de l’ordre de 151 millions de dollars dans le réseau collégial, ce qui affectera les services directs aux élèves, comme du soutien pédagogique, du mentorat ou encore de l’aide psychosociale. C’est la goutte qui fait déborder le vase
Rouleau compresseur antisyndical
Pour compléter le portrait : le ministre du Travail, Jean Boulet, poursuit son œuvre antisyndicale en déposant, en plus du projet de loi 89, une autre pièce législative d’envergure qui vient modifier plusieurs lois du travail et qui comporte de nombreux éléments préjudiciables pour les organisations syndicales, mais surtout, pour les travailleuses et travailleurs, notamment en matière de santé et sécurité.
Si Jean Boulet et François Legault pensent faire mal uniquement aux syndicats avec ces projets de loi, ils se trompent royalement, parce qu’en s’attaquant au rapport de force et aux droits des travailleuses et des travailleurs, c’est à toute la population du Québec qu’il s’attaque.
Heureusement, l’échéance électorale de 2026 arrive à grands pas. Ce sera le temps collectivement d’honorer notre devise nationale Je me souviens !
Faux départ à Ottawa
Parlant d’élections, on connaît désormais les résultats du scrutin sur la scène fédérale.
Si on peut maintenant pousser un léger soupir de soulagement à savoir que la menace d’un gouvernement conservateur mené par Pierre Poilievre est temporairement écartée, il ne faudrait pas se réjouir trop vite de la victoire minoritaire de l’ex-banquier, Mark Carney, qui a repris à son compte certaines idées de M. Poilievre, comme l’abolition de la taxe carbone et l’abandon de la hausse de la part imposable des gains en capital.
Sur l’échiquier gauche-droite, on assiste clairement à un recentrage du Parti libéral du Canada par rapport aux années Trudeau, donc à un virage plus marqué vers la droite.
Le dicton nous dit de donner la chance au coureur. Soit. En espérant qu’il ne trébuche pas trop souvent en s’inspirant des arbitrages budgétaires douteux qui ont conduit, sur la scène provinciale, à la décote caquiste.