Dans les écoles du Québec, le personnel de l’éducation fait déjà face à une pression constante : budgets restreints, violence, conditions de travail pénibles. Pourtant, plutôt que de les soutenir, le gouvernement Legault alourdit encore leur quotidien.
Présenté le 20 mars 2025 par le ministre Bernard Drainville, le projet de loi 94 interdirait le port de signes religieux à tout le personnel scolaire, forçant ainsi des milliers de personnes à choisir entre leur emploi et leur foi.
Derrière l’homélie caquiste sur la neutralité de l’État, la réalité est brutale. Des éducatrices en service de garde, des surveillantes de dîner, des techniciennes en éducation spécialisée, déjà sous-payées et débordées, devront se conformer à des règles stigmatisantes. Pour certaines, cette réforme pourrait signifier la fin de leur carrière. Pour d’autres, un frein au recrutement dans un secteur déjà en crise.
Même la clause de droits acquis ne dissipe pas l’angoisse. « En uniformisant l’apparence du personnel, la CAQ envoie un message d’exclusion aux communautés culturelles et aggrave la pénurie des employé-es de soutien, notamment dans les grandes villes », explique Annie Charland, présidente du Secteur soutien scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.
Au-delà de l’atteinte aux libertés individuelles, cette réforme brise un équilibre fragile. Les accommodements pour les congés religieux, jusque-là reconnus par la Commission des droits de la personne, ne sont pas un privilège, mais une nécessité. Les remettre en question met en péril des années d’efforts pour bâtir des milieux inclusifs.
Le gouvernement justifie ces restrictions par des incidents survenus dans 17 écoles, notamment à Bedford. Pourtant, ces événements ont eu lieu alors que des règles strictes de laïcité s’appliquaient déjà aux travailleuses et travailleurs visés par ces incidents.
« Plutôt que d’élargir la laïcité sans raison, le gouvernement devrait faire respecter les lois existantes et agir concrètement pour répondre rapidement aux véritables débordements, comme ceux de l’école Bedford », poursuit Annie Charland.
Cette réforme injuste détourne l’attention des besoins réels. Alors que les écoles manquent de ressources, il est urgent d’abolir le gel d’effectifs et d’améliorer les conditions de travail, au lieu d’imposer des règles vestimentaires punitives et inutiles.