Des briseurs de grève pour tenter de casser le syndicat

L’Hôtel Regency Hyatt contrevient sans gêne aux lois du travail

Pour une deuxième fois depuis le déclenchement du lock-out au Regency Hyatt, des enquêteurs du ministère du Travail constatent que l’hôtel a massivement recours à des briseurs de grève (scabs) pour faire exécuter le travail normalement effectué par ses quelque 300 employé-es qu’il a jetés en lock-out le 25 juillet 2012.

Lors de leurs dernières visites de l’hôtel, notamment le samedi 3 août 2012, à la demande du syndicat CSN, les enquêteurs du ministère ont constaté la présence d’au moins 13 «scabs», c’est-à-dire des personnes embauchées par l’employeur dans l’unique but de remplacer ses salarié-es réguliers mis en lock-out pour faire pression sur eux et tenter de leur imposer des reculs inacceptables à leurs conditions de travail. C’est illégal parce qu’en agissant ainsi, l’employeur tente d’éviter les conséquences économiques du conflit de travail qu’il a lui-même déclenché alors que les salarié-es, eux, n’ont pas cette possibilité. Rappelons que le Regency Hyatt s’était déjà fait prendre la main dans le sac, le 25 juillet, au début du lock-out ; l’enquêteur du ministère du Travail y avait croisé pas moins de 25 autres briseurs de grève !

Vigilance La CSN est bien consciente que certains employeurs de l’hôtellerie se moquent de nos lois du travail et ont largement recours à des briseurs de grève pour tenter de ramener le rapport de forces en leur faveur. La centrale syndicale sera extrêmement vigilante sur la question. La CSN entend demander de telles inspections chaque fois qu’elle soupçonnera l’utilisation de «scabs» au Regency Hyatt ainsi qu’au Holiday Inn Select Sinomonde, en lock-out depuis le 5 août 2012 ou encore à l’hôtel Espresso, qui a déclenché un lock-out à son tour, ce matin.

« Nous ne laisserons rien passer à cet égard, assure le porte-parole du secteur de l’hôtellerie à la Fédération du commerce CSN, Michel Valiquette. Si les hôteliers s’imaginent qu’ils pourront bafouer l’esprit de la loi impunément, ils se trompent. Nous dénoncerons sans relâche tout recours à des «scabs» parce que cela va à l’encontre des principes de négociations de bonne foi. Les hôteliers peuvent facilement éviter une crise dans l’industrie et cela se fera en s’assoyant avec les représentants du syndicat local pour conclure un règlement satisfaisant. »

Pour Michel Valiquette, seuls les employeurs qui choisiront la voie de la négociation avec leurs salarié-es sortiront gagnants de l’actuelle ronde de négociations coordonnées dans 35 hôtels québécois syndiqués CSN : « Par exemple, au Château-Cartier de Gatineau, le syndicat CSN a pu conclure une entente satisfaisante qui rejoint nos objectifs communs en seulement trois séances de négociation et avant même l’échéance de la convention collective. Ainsi, nous sommes convaincus qu’on peut aussi arriver rapidement à des ententes satisfaisantes dans tous les autres hôtels, y compris les trois qui sont actuellement en lock-out », réitère-t-il.

Demandes patronales La direction du Hyatt Regency souhaite que ses 300 employé-es acceptent de nombreux reculs dans leurs conditions de travail. Par exemple, l’hôtel voudrait également abolir certains quarts de travail avec seulement 24 heures de préavis. En outre, la direction du Hyatt voudrait réduire de 8 à 4 heures la garantie pour un quart de travail.

À l’instar de leurs collègues de 34 autres hôtels québécois, ces salarié-es réclament une meilleure protection des emplois, la protection de leur pouvoir d’achat ainsi qu’une bonification de la participation de leur employeur à leur régime de retraite. Une entente est intervenue la semaine dernière à l’hôtel Château Cartier de Gatineau sur la base de ces revendications communes. Les négociations progressent dans plusieurs hôtels.

La présente ronde de négociations coordonnées regroupe 35 syndicats représentant 5500 travailleuses et travailleurs du secteur de l’hôtellerie dans les régions du Grand Montréal, de Québec, de l’Estrie, de la Montérégie et de l’Outaouais. Fondée en 1921, la CSN rassemble 300 000 membres, et ce, tant dans les secteurs public que privé.

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