D’un côté, l’intransigeance de la STM qui veut à tout prix ouvrir la porte à la sous-traitance doit être dénoncée. De l’autre, le sous-financement gouvernemental mêlé à un grand désintérêt de la CAQ mène le transport en commun dans un cul-de-sac. Au cœur des négociations, ce qui se joue, c’est la protection du transport collectif réellement public.
D’entrée de jeu, le syndicat savait que la négociation serait difficile. Le manque d’intérêt de la CAQ pour le transport collectif se sent à des milles à la ronde, alors que les préposé-es d’entretien vivent des moments tendus face à une vague de violence sans précédent dans le métro et les autobus.
La mobilisation devient un passage obligé pour faire avancer la négociation, mais rien n’est gagné d’avance. Des injonctions tombent et limitent la capacité des membres à se faire entendre sur les lieux de travail. Le syndicat ne reste pas les bras croisés et prépare la suite. En mai 2025, il organisait un grand rassemblement populaire pour exiger un transport public bien financé.
Devant le peu de mouvement à la table de négo, une première séquence de grève, qui marquera les esprits dans la métropole, s’est tenue du 9 au 17 juin 2025. Face à l’inflexibilité de la STM, une deuxième séquence de grève a débuté le 22 septembre suivant.
« Nous étions rendus à exercer la grève. Après plus d’un an de pourparlers et face à des reculs majeurs exigés par la STM, il fallait répliquer. Nous devions nous faire entendre et montrer à l’employeur à quel point les employé-es tiennent à avoir de bonnes conditions de travail pour continuer d’offrir des services de qualité », indique le président du syndicat, Bruno Jeannotte.
S’en prendre à la grève
Le débrayage est fortement critiqué : les médias et plusieurs élu-es s’en donnent à cœur joie. Pourtant, la grève est encadrée par les services essentiels et le niveau de services est entériné par le tribunal. Si le conflit de travail est un désagrément évident, il ne met pas en danger la santé ni la sécurité de la population.
« L’administration municipale et le gouvernement ont directement attaqué ce recours à la grève. Quand une négociation tourne en rond, quelle est l’alternative à la grève ? Quand ton employeur veut envoyer ta job au privé, c’est normal de débrayer. Ça dérange, c’est certain. Mais le rapport de force est nécessaire pour améliorer les conditions de travail. Le seul moment où l’on a entendu les caquistes se préoccuper du transport collectif, c’est lors des récentes grèves. Le reste du temps, il vit très bien avec le sous-financement qu’il impose », explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville.
Sous-traitance, quand tu nous tiens
La STM veut transférer des emplois vers le privé. Pris dans un contexte budgétaire serré en raison du sous-financement gouvernemental, la société de transport veut économiser. Elle avait une belle occasion de donner l’exemple, mais elle a préféré augmenter de 6,5 % le salaire de sa PDG. À 474 000 $ par année, elle gagne plus que François Legault.
La STM se tourne donc vers la sous-traitance pour sauver des coûts. Pourtant, transférer des emplois vers le privé vient avec une facture plus élevée. Sans compter les risques de collusion et de corruption.
« Pour offrir à la population des services de qualité supérieure et relever le défi climatique, il est impératif de miser sur un personnel formé et stable. Notre mobilisation est le reflet de cette conviction profonde : nous nous battons pour l’avenir du transport collectif et pour de bonnes conditions de travail », explique le président du secteur transport à la FEESP–CSN, Kevin McLean.