Quand la raison fout le camp

La ronde de négociation 2023 du secteur public est lancée. Pour cette ronde, la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS unissent leur force et travaillent en Front commun pour défendre les travailleuses et les travailleurs. Apprenez-en plus.

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Pôle doc

Quand la raison fout le camp

« Le monde est devenu tellement individualiste ! » Expression si répandue qu’on peut la qualifier de lieu commun. Si nous parlions il n’y a pas si longtemps de la montée de l’individualisme, convenons que celui-ci est dorénavant bien intégré à notre mode de vie contemporain. Un des phénomènes découlant de cette fracturation des liens sociaux (la solitude en est un autre) serait l’omniprésence du recours à l’émotion comme rempart ou comme seule réponse possible à la dureté de la vie. Ainsi, la raison ne serait plus le ciment servant de base à la réflexion pour appréhender le monde dans lequel nous vivons.

Dans un essai remarquable titré La stratégie de l’émotion, Anne-Cécile Robert nous propose une réflexion sur le contrôle social qu’exercent les émotions, allant jusqu’à dire que « l’empire des affects met la démocratie en péril [car] il fait régresser la société sous nos yeux en transformant des humains broyés par les inégalités en bourreaux d’eux-mêmes, les incitant à pleurer plutôt qu’à agir ». En quelques chapitres, l’auteure expose la stratégie et la manière dont son arsenal se déploie dans la sphère sociale et politique, entre autres : l’extension du domaine de la larme à travers les manifestations collectives ; la course au fait divers et sa surutilisation dans le monde des médias (il faut bien huiler cette « mécanique de l’empathie » nécessaire à l’apitoiement collectif) ; la « mise en scène de l’impuissance » par nos responsables politiques (en effet, pourquoi chercher à s’activer devant ce fatalisme ambiant). Au final, on en vient à déclasser la raison au profit de l’émotion, à l’impossibilité d’un dialogue civique.

C’est dans la conclusion de cette excellente analyse que l’on peut soupirer d’espoir lorsque l’auteure nous dit que « la domination des affects n’est peut-être pas sans limites » ; ou lorsqu’elle se demande : « … l’émotion ainsi exprimée [dans l’espace collectif] ne traduit-elle pas une recherche confuse visant à […] retisser le lien social ? » Le phénomène serait donc transitoire… Une lecture pour nous ramener sur la voie de la raison.


Pour commander votre exemplaire : poledoc@csn.qc.ca

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