Le Point syndical s’est entretenu avec Sabrina Tremblay, qui nous plonge au cœur d’une journée typique pour le personnel du centre de prévention.
Il est 7 h 45 quand Sabrina arrive au Centre de prévention du suicide de Québec. En parcourant Limoilou, elle a resserré son manteau autour d’elle, l’air frais de l’automne se fait de plus en plus sentir.
Certains de ses collègues s’occupent du service de clavardage en ligne. De l’autre côté du clavier, beaucoup d’hommes en haut de quarante ans. « Une tranche de la population qui parle moins facilement de ses émotions », explique l’intervenante.
Ceci expliquant peut-être cela, les hommes de 50 à 64 ans présentent le taux de suicide le plus élevé au Québec. De façon générale, les hommes se suicident trois fois plus que les femmes. Sabrina, elle, travaille au centre d’appels. Elle en recevra entre 10 et 20 dans la journée, mais heureusement, ils ne viendront pas tous d’un individu en crise. Souvent, au bout du fil se trouve une personne inquiète pour un membre de son entourage, quelqu’un qui vit un deuil ou encore des intervenants en quête de ressources.
Mais ce matin-là, pas le temps d’arriver tranquillement au bureau. Le premier appel de Sabrina est celui d’une personne avec des idées noires. Dans ces cas, le protocole est clair : d’abord, accueillir la crise, puis évaluer les besoins de la personne. « L’objectif est de la guider vers un retour à la normale, explique Sabrina. Ce n’est donc pas le moment de creuser les bobos de jeunesse. On n’ouvre pas de portes qu’on ne peut fermer. »
En pleine crise, quiconque peut être enclin à tout voir en noir. L’objectif principal de l’intervenante ou de l’intervenant est de démontrer que certaines choses ont encore du sens. On souligne alors les forces de la personne en détresse, sans toutefois invalider ses difficultés.
Le travail d’équipe est très courant dans la journée de Sabrina. Comme le cas qu’elle traite est lourd, elle a l’obligation de consulter son équipe et d’établir le plan de match avec elle. Si le personnel du centre n’est pas à l’abri de trauma par procuration ou de la fatigue de compassion, les interventions lourdes ne sont toutefois pas monnaie courante.
Le syndicat du Centre de prévention du suicide de Québec et sa vingtaine de membres a récemment grossi ses rangs avec les salarié-es de la fondation du même nom. Œuvrant davantage dans la formation du personnel du réseau public ou communautaire, ils se sont joints à leurs camarades pour contrer les décisions arbitraires de leur employeur.