Dans cette pizzéria de la rue Jarry comme dans bien d’autres restaurants montréalais, la distribution des pourboires et la gestion des horaires étaient souvent décidées de manière arbitraire.
« Depuis que je suis rentré au resto, je parlais du syndicat, mais toujours un peu à la blague… Un bon jour, je suis passé à l’action et j’ai amené des cartes à signer », raconte Guillaume Gagné, serveur et étudiant en science politique de 28 ans qui est à l’origine de la nouvelle section montréalaise du Syndicat des employé-es de la restauration–CSN.
Le Point syndical s’est entretenu avec lui dans un petit café situé en face de la pizzéria. Les trois propriétaires, dont un chef très médiatisé, ont refusé que l’on puisse photographier les nouveaux syndiqué-es dans leur milieu de travail.
Guillaume Gagné a eu « la bonne idée » en lisant un article sur une pizzéria de Brooklyn qui s’était syndiquée en 2023. « S’ils sont capables, on l’est aussi, a-t-il alors pensé. Le restaurant new-yorkais a été une inspiration pour moi. Je veux que notre processus de syndicalisation soit une histoire réussie », insiste toutefois Guillaume, en racontant qu’il vient d’une famille ouvrière de Rimouski.
La dizaine d’employé-es ont finalement suivi celui qui est le plus âgé du groupe. « J’étais fier de la gang. En restauration, c’est souvent chacun pour soi, chacun pour son pot, mais les mentalités changent », fait valoir Guillaume.
Déjà, la nouvelle convention des pourboires a été soulevée entre les parties et elle est maintenant beaucoup plus claire. Elle prévoit enfin un pourcentage également pour le personnel de cuisine. Les employé-es ont maintenant accès aux chiffres et peuvent vérifier si tout le pourboire leur revient bel et bien.
La négociation d’une première convention est lancée. Le nouveau syndicat demandera une hausse des salaires, des horaires selon l’ancienneté, mais aussi davantage de respect de la part des patrons. ● Thierry Larivière