En lutte pour l’équité et la justice

Les 530 travailleuses et travailleurs de Rolls- Royce Canada, à Montréal, ont été mis en lockout le 15 mars dernier. L’entreprise a choisi de les jeter à la rue au moment précis où ils étaient réunis en assemblée générale ! Ces membres de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) se spécialisent dans l’entretien des moteurs d’avion. Après trois mois de conflit, ils ont besoin d’encore plus d’appui, particulièrement financier, pour pouvoir tenir la minute de plus. Il est en effet nécessaire qu’ils gagnent leur lutte, et ce, pour l’ensemble du mouvement ouvrier.

Les demandes de Rolls-Royce en cette période de pénurie de main-d’oeuvre et de très forte inflation sont complètement déconnectées. Notons entre autres la volonté de l’employeur de geler les salaires pour deux ans et de mettre fin au régime de retraite à prestations déterminées ! Rolls-Royce, comme tous les employeurs, doit comprendre que le contexte exige qu’ils répondent aux aspirations de leurs salarié-es !

Les objectifs de négociation du syndicat sont non seulement légitimes, mais également fortement teintés de justice intergénérationnelle. En effet, au sommet de leurs priorités, on trouve la volonté de mettre fin aux clauses de disparité de traitement (dites clauses « orphelin ») relatives aux régimes de retraite et d’assurances. Elles pénalisent actuellement une soixantaine de membres ainsi que toutes les personnes qui seront embauchées dans le futur. Les clauses « orphelin » sont inéquitables et injustes. Rien ne justifie que les plus jeunes ne puissent avoir accès aux mêmes conditions dont bénéficient les plus anciens. Pour Rolls- Royce Canada, évidemment, c’est un moyen, encore une fois, d’engranger plus de profits sur le dos des travailleuses et des travailleurs.

En fermant la porte au rétablissement de l’équité dans la convention collective, l’entreprise a peut-être voulu miser sur la division, calculant que seule une petite minorité des salarié-es est discriminée. C’est bien mal connaître le Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Rolls-Royce Canada (CSN) et c’est bien mal connaître la CSN. Il est vrai que c’est une première négociation CSN pour les employé-es de Rolls-Royce, après des décennies passées au sein d’une autre organisation syndicale !

Appuyons financièrement dès aujourd’hui les travailleuses et les travailleurs de Rolls-Royce Canada : https://www.csn.qc.ca/solidarite/rolls-royce

Soyons solidaires !

Démontrons à Rolls-Royce Canada qu’en attaquant ses 530 salarié-es, c’est à un mouvement fort de ses 1 600 syndicats regroupant 325 000 membres qu’elle s’en prend ! Les syndicats sont invités à contribuer par l’entremise de leur conseil central. Les personnes qui le souhaitent peuvent également faire un don en ligne qui sera utilisé exclusivement pour soutenir la lutte des travailleuses et des travailleurs de Rolls-Royce Canada.

Rolls-Royce Canada – Les salarié-es se prononceront sur un mandat de grève

Ce jeudi, les travailleuses et les travailleurs de Rolls-Royce Canada tiennent un rassemblement de solidarité devant leur usine du Chemin de la Côte-de-Liesse, spécialisée dans l’entretien de moteurs d’avion.

Sans convention collective depuis mars 2020, ces 530 travailleuses et travailleurs demandent un contrat de travail de cinq ans. Ils veulent notamment éliminer les clauses « orphelin » des régimes de retraite et d’assurances collectives, améliorer les salaires et les horaires de travail ainsi que bonifier les congés.

C’est une première négociation pour ces salarié-es depuis qu’ils ont joint la CSN en juin 2021. Ils étaient membres d’une autre organisation syndicale au cours des 66 années précédentes. L’établissement d’une nouvelle manière de mener les relations de travail dans l’usine n’est pas de tout repos. Le syndicat a mis en place un processus de négociation démocratique et transparent auprès de tous ses membres. Pour la partie patronale, cette nouvelle culture syndicale dans le milieu de travail semble déranger. L’employeur a multiplié les gestes de provocation à l’égard du syndicat et de ses représentants au cours des derniers mois. Mais pour le syndicat, Rolls-Royce devra s’y faire : la CSN est là pour de bon !

Vote de grève

Étant donné le peu de progrès réalisé jusqu’à maintenant en négociation et à peine quelques dates de négociation au calendrier des prochains mois, le syndicat demandera à ses membres de lui confier un mandat de grève lors d’une assemblée générale qui se tiendra le 15 mars prochain.

« Si l’usine de Rolls-Royce Canada à Lachine est le centre d’excellence en Amérique du Nord, c’est grâce à nous, les travailleuses et travailleurs, et à notre savoir-faire, explique le président du syndicat Frédéric Labelle. Nous sommes le cœur de cette entreprise. Sans notre travail, reconnu dans l’industrie comme étant de qualité exceptionnelle, Rolls-Royce ne pourrait aspirer être parmi les grands du secteur. Depuis quelques années, le manque de respect et de reconnaissance de notre employeur a grandement contribué à une dégradation importante de l’atmosphère de travail sur le plancher. La fierté de faire partie de Rolls-Royce Canada s’est beaucoup effritée au cours des dernières années. Nous voulons retrouver cette fierté et cette reconnaissance. Retrouver le respect qui nous revient. Voilà pourquoi nous avons inscrit ce slogan sur le panneau publicitaire devant l’usine : “Exigeons le respect chez Rolls-Royce Canada”. »

« Les travailleuses et les travailleurs de Rolls-Royce peuvent compter sur l’appui de toute la CSN, a rappelé la vice-présidente de la CSN, Katia Lelièvre, lors du rassemblement. Rolls-Royce n’est pas le premier employeur à tenter de briser la solidarité des membres de la CSN. Mais il ne réussira pas. Il va vraiment falloir qu’il se mette en mode négociation pour trouver un règlement à la hauteur de ce que recherchent ses employé-es. Il n’y a pas d’autre issue possible. »

À la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN), on souligne que le secteur de l’aéronautique est en pleine effervescence. L’attraction et la rétention de la main-d’œuvre seront capitales pour les entreprises dans un contexte de pénurie. « Les travailleuses et les travailleurs ont toute la légitimité de réclamer leur juste part, poursuit le vice-président de la FIM–CSN, Serge Berthiaume. Il faut que Rolls-Royce entende ce message. N’attendez pas le 15 mars pour vous mettre au travail ! »

« Ce sont les travailleuses et les travailleurs de Rolls-Royce qui auront le dernier mot, enchaîne, la vice-présidente du Conseil central du Montréal métropolitain, Chantal Ide. Le véritable pouvoir est dans leurs mains. L’employeur se comporte comme si le comité de négociation syndical avait pour mission de faire avaler n’importe quoi aux membres dans le but d’éviter un conflit. Avec l’appui de la CSN, les salarié-es de Rolls-Royce sont déterminés à faire face à toutes les éventualités. Évidemment, notre objectif à toutes et à tous demeure de conclure une entente satisfaisante dans les meilleurs délais. Mais pour y parvenir, il faudra un changement de cap important de la part de la direction de Rolls-Royce ! »