Se donner les moyens de défendre nos laboratoires médicaux

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La CSN est la seule organisation à intégrer les préoccupations de l’ensemble du personnel des laboratoires médicaux dans ses interventions et ainsi développer une vision englobante de l’avenir de nos laboratoires médicaux.

Sous le thème Mon labo, j’y tiens, la CSN a organisé une tournée de manifestations partout au Québec et poursuit les actions pour faire reculer le ministre Barrette sur le projet Optilab, qui vise la fusion des laboratoires médicaux en 11 grappes formées de laboratoires serveurs et associés.

Le projet Optilab représente trop de risques pour être poursuivi dans sa forme actuelle. Comment le ministre peut-il accepter de voir un plus grand nombre d’échantillons perdus et ainsi réduire la qualité des soins à la population ? Comment les régions se relèveraient de la perte d’emplois de qualité ? Comment accepter de voir les temps d’attente augmenter pour la population ? Autant de questions qui trouvent bien peu de réponses du ministre et des directions des établissements.

Pour porter les revendications des technologistes médicales et de l’ensemble du personnel des laboratoires, la CSN met les moyens nécessaires.

Lancement des travaux du comité prévu à la convention collective CSN

Le 10 novembre dernier, se tenait la première rencontre du comité de la lettre d’entente numéro 7 prévu à la convention collective pour discuter des enjeux des laboratoires médicaux. La CSN est la seule organisation syndicale qui a obtenu un endroit privilégié pour discuter avec le comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux (CPNSSS) des questions reliées notamment aux impacts des réorganisations dans les laboratoires et pour convenir de recommandations.

Le comité ad hoc de la CSN, qui a le mandat d’appuyer les travaux en lien avec la convention collective, est composé de : Mélissa Gaouette, vice-présidente responsable des techniciennes, techniciens et professionnel-les à la FSSS-CSN, Hugo Dion, conseiller syndical, Yasmine Leclerc du CHU Sainte- Justine, Martin Bordua de l’Hôpital Santa Cabrini, Lesly Meunier du CSSS Memphrémagog et Josette Drouin du CSSS de Bécancour-Nicolet-Yamaska. Le comité de la lettre d’entente numéro 7 est pour sa part composé de 5 représentant-es de la CSN et de 5 représentant-es du CPNSSS.

Lors de cette première rencontre, nous avons demandé à être tenus informés du développement des orientations ministérielles sur l’enjeu des laboratoires médicaux. Nous avons d’ailleurs profité de cette rencontre pour mettre de l’avant notre vision globale des laboratoires médicaux, en souhaitant que nos travaux nous permettent non seulement de couvrir les préoccupations des technologistes médicales, mais aussi celles des autres membres du personnel touché par ce projet de fusion des laboratoires médicaux. Ce lieu d’échanges nous a permis de mettre de l’avant les recommandations issues d’un groupe de travail de la CSN composé de technologistes médicales.

Il est important d’expliquer que la fusion des laboratoires préoccupe plusieurs salarié-es du réseau, des technologistes médicales, infirmières, infirmières auxiliaires, en passant par les préposé-es, agentes administratives, les techniciens en génie biomédical et les techniciens en électronique et informatique. En effet, des membres du personnel de bureau et de l’administration (catégorie 3) et des techniciennes, techniciens et professionnel-les (catégorie 4) sont touchés par le projet Optilab, notamment en ce qui concerne les transferts.

Il est notamment important de discuter des questions liées au système informatique utilisé dans le projet Optilab. Nous avons des préoccupations sur la question de la traçabilité des échantillons qui seront analysés dans les laboratoires serveurs. Nous avons de plus fait valoir que cette fusion ne devait pas entraîner une nouvelle forme de privatisation, notamment en ce qui concerne le transport des échantillons. À ce titre, nous sommes d’avis que le personnel du secteur public doit être privilégié.

Nous pensons aussi que ce comité sera un lieu privilégié pour faire état des impacts particuliers de l’application du projet Optilab dans les différentes régions du Québec.

La prochaine rencontre de ce comité aura lieu au mois de décembre. Nous vous tiendrons informés des développements.

Un comité de travail CSN où la voix du personnel des laboratoires compte vraiment !

À la CSN, le personnel des laboratoires médicaux bénéficie d’un espace pour influencer les travaux que nous menons.

En effet, la CSN a mis en place un comité large regroupant des salarié-es de plusieurs régions et de plusieurs titres d’emploi, aussi bien de la catégorie 4 que de la catégorie 3, pour développer l’argumentaire le mieux à même de défendre nos laboratoires médicaux. Prennent part à ce comité des personnes provenant de plusieurs régions du Québec.

Pour la CSN, il n’est pas seulement question d’écouter vos préoccupations, mais bien de vous donner tout l’espace nécessaire pour que votre réalité soit au coeur des travaux que nous menons avec le CPNSSS.

La CSN entend poursuivre les actions pour mieux faire connaître le projet Optilab auprès de la population et pour permettre aux technologistes médicales et à l’ensemble du personnel des laboratoires de passer à l’action.

C’est pourquoi vous êtes invités à vous afficher ! En effet, des brassards Mon labo, j’y tiens sont disponibles partout au Québec pour poursuivre la mobilisation contre le projet Optilab.

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Concernant les mesures pouvant être prises au niveau local, que ce soit par exemple en proposant des alternatives aux employeurs afin de réduire l’impact des réorganisations sur les personnes salariées, un document sous forme de questions/ réponses sera acheminé prochainement aux syndicats locaux afin de vous outiller dans vos démarches et recours, le cas échéant.

La CSN Laurentides dénonce le projet Optilab

Le syndicat des employé-es du Centre de santé et de services sociaux de Saint-Jérôme tenait une manifestation ce midi devant l’Hôpital de Saint-Jérôme afin de dénoncer le projet Optilab. Le syndicat estime que ce projet de fusion des laboratoires médicaux comporte des risques importants pour les patients ainsi que pour le personnel.

Plusieurs membres du personnel de l’Hôpital de Saint-Jérôme ainsi que plusieurs alliés syndicaux de la région étaient également sur place pour dénoncer le projet de fusion des laboratoires médicaux mis de l’avant par le ministre Barrette. Rappelons que ce projet touche directement l’ensemble du personnel de l’établissement – technologistes médicaux, infirmières, préposé-es et agentes administratives – et prévoit de centraliser la plupart des prélèvements dans un laboratoire-serveur situé à Laval.

« Le projet Optilab comporte énormément de risques dans sa forme actuelle et provoquera la perte d’une expertise incontournable dans les laboratoires médicaux actuellement au Québec. Pourquoi vouloir encore tout centraliser ? À l’Hôpital de Saint-Jérôme, le personnel du laboratoire est au rendez-vous pour répondre aux besoins des patients et patientes et pour assister le personnel soignant. La lubie centralisatrice du ministre Barrette va faire diminuer la qualité des services à la population et leur accès », déplore Mélissa Gaouette, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux.

« Les technologistes médicales de partout au Québec ont de nombreuses raisons de s’inquiéter du projet Optilab, qu’elles soient en milieu urbain ou rural. Combien d’échantillons seront perdus ou endommagés en raison de cette centralisation et de toutes les embûches qui peuvent se présenter lors du transport, comme les fermetures de routes, les travaux, le trafic ou les mauvaises conditions climatiques ? Combien de prélèvements devrons-nous reprendre parce qu’un trop long délai se sera écoulé entre le moment où il aura été pris et son analyse ? Ce projet ne fera que restreindre et dégrader les soins à la population », poursuit Frédéric Brun, vice-président du Conseil central des syndicats nationaux des Laurentides – CSN.

« La CSN poursuit ses interventions pour dénoncer cette fusion des laboratoires médicaux. Nous avons débuté les travaux d’un comité national pour faire état des préoccupations du personnel des laboratoires. Il faut absolument cesser les projets de centralisation qui éloignent les services de la population et ralentissent l’offre de services. Parce que Mon labo, j’y tiens, la CSN continuera d’appuyer le personnel des laboratoires », a-t-il conclu.

Une perte énorme pour Thetford Mines

Les travailleuses et les travailleurs du CSSS de la région de Thetford Mines sont inquiets face aux répercussions qu’aura sur la région le projet Optilab visant à centraliser les laboratoires médicaux du Québec. Malgré l’annonce de transferts de personnel dès avril 2017, le gouvernement se montre incapable actuellement de répondre à des questions pressantes, ce qui jette un doute sur la viabilité d’Optilab. La CSN demande qu’un moratoire soit décrété sur cette réorganisation majeure le temps d’en évaluer correctement les conséquences.

Optilab prévoit que toutes les analyses médicales non urgentes de produits sanguins ou de tissus humains, par exemple pour le dépistage du cancer, prélevés dans la région, seront désormais traitées à l’Hôtel-Dieu de Lévis. À terme, près de 50 emplois de technologistes médicales seront perdus aux laboratoires de Thetford Mines, de la Beauce et de Montmagny, ce qui toucherait 57 personnes. Environ 25 emplois seront créés à Lévis. Si les technologistes médicales sont en première ligne, la réorganisation touche également d’autres travailleurs et travailleuses, dont le personnel administratif et les techniciennes et techniciens en génie biomédical.

Des risques pour la population
« Nous sommes inquiets pour les citoyennes et les citoyens de la région », explique la présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses du Centre de santé et des services sociaux de la région de Thetford–CSN, Lina Marois. « Inévitablement, le traitement des échantillons à 100 kilomètres d’ici veut dire des délais supplémentaires en raison du transport et de la manipulation accrus, des risques plus importants de perdre des échantillons ou de les endommager et une perte d’expertise dans les établissements de la région. Ce qui va arriver, c’est que des gens vont devoir parfois reprendre leur test. Leur médecin traitant obtiendra les résultats quelques jours plus tard qu’actuellement. Et les risques d’erreur sont décuplés. Pour nos membres qui travaillent au quotidien dans les laboratoires médicaux de la région, ces risques sont bien réels, mais ils n’ont pas le sentiment d’être entendus. »

Aperçu des conséquences à Thetford Mines
Avant même l’implantation complète d’Optilab, les travailleuses et travailleurs constatent déjà des défaillances sur le terrain dans le transport d’échantillons entre les établissements. En une seule journée, fin septembre, on a dû reprendre les prélèvements sur 28 patients parce que des échantillons ont été perdus par le transporteur privé qui fait la navette entre les établissements de la région. Le 26 octobre, neuf prélèvements ont été reçus à Lévis sans l’information nécessaire à leur analyse. C’est la même entreprise qui serait chargée de transporter les échantillons dans le cadre d’Optilab.

La durée de vie de tels échantillons est en moyenne de 4 heures. À terme, Optilab nécessitera environ six transports par jour entre l’hôpital de Thetford Mines et Lévis. On peut certainement craindre que de telles erreurs se multiplient et qu’il sera encore plus difficile de les corriger lorsque toutes les analyses seront concentrées au même endroit. C’est sans parler des tempêtes, des accidents ou de tout autre imprévu qui pourraient perturber le transport.

Pour la vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Nancy Corriveau, le projet Optilab est bien mal engagé. « Le ministère de la Santé et des Services sociaux a beau clamer qu’il réalisera des économies, dans nos rencontres avec eux, ses représentants nous ont avoué qu’ils ne savent même pas combien cela coûte actuellement. En plus de l’ajout d’équipements et de l’agrandissement des installations dans les laboratoires « serveurs » comme celui de Lévis, il faut compter les coûts de transport et de manipulation accrus, ainsi que le coût de toutes les analyses qui devront être reprises en cas de défaillance du système. »

« En général, les gens n’ont aucune idée de ces coûts et des risques que cela implique », poursuit le vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Denis Bertrand. « Nous allons continuer toutes nos interventions au niveau national ainsi que dans les communautés, comme ici, à Thetford où nous nous déploierons dans les prochaines semaines à la rencontre de la population qui doit savoir de quoi il retourne  ».

Enjeu économique
Le Conseil central de Québec­Chaudière-Appalaches (CSN) soutient la lutte contre la perte des laboratoires médicaux des hôpitaux plus éloignés et des emplois qui s’y rattachent. « Pour Thetford Mines, Optilab, c’est une catastrophe économique », dénonce la présidente de CCQCA–CSN, Ann Gingras. « L’économie régionale est déjà durement frappée par la perte de bons emplois qualifiés, bien rémunérés. C’est renversant de constater à quel point le gouvernement ignore les dommages irréparables qu’il impose au tissu social de la région. On est en train de dire aux citoyennes et aux citoyens de la région qu’il faut déménager à Lévis si on veut de bons emplois et une meilleure qualité de services publics. Le ministre Barrette, de par ses gestes, contribue à vider les régions. C’est inacceptable. Les élus municipaux de la région se sont déjà prononcés dans ce dossier. Nous n’attendons rien de moins du député de la région Laurent Lessard, car les enjeux sont énormes pour tout le monde ».

Comité syndical–patronal
Le 10 novembre, un comité composé de technologistes médicales membres de la CSN a rencontré des représentants patronaux des établissements. Plusieurs autres rencontres se tiendront au fil des prochaines semaines. Ce comité de travail, prévu aux conventions collectives de la CSN, doit permettre de formuler des recommandations au ministère, notamment sur Optilab. Pour la CSN, on devrait instaurer un moratoire immédiat sur le déploiement d’Optilab, le temps d’en évaluer tous les impacts et de trouver des solutions.

Campagne

La demande de moratoire sur le déploiement d’Optilab s’inscrit au cœur du plan d’action de la CSN dans le cadre de la campagne Ma place en santé, j’y tiens. Plus d’information au : www.maplaceensante.com

Un rôle accru pour le secteur privé maintenant consacré

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a procédé ce matin au dépôt du projet de loi 118 visant à encadrer les laboratoires médicaux, les centres de services orthopédiques et les centres de physiologie respiratoire du secteur privé. La CSN y voit, encore une fois, un transfert de ressources publiques vers le secteur privé.

La loi vient élargir la portée des activités des laboratoires privés en autorisant les examens et les analyses réalisés à des fins de recherche ou de développement, ainsi que ceux effectués en vue d’un dépistage ou d’un suivi de la condition physique. Tout indique que ce projet de loi vise à transférer de plus en plus d’examens d’imagerie médicale aux cliniques privées, le tout aux frais de la Régie de l’assurance-maladie du Québec. En juillet dernier, le ministre annonçait en effet la gratuité des services d’échographie en clinique médicale privée, ajoutant que le scan et l’IRM suivraient sous peu.

« Si on doit se réjouir du fait que des patientes et des patients n’auront plus à payer pour de nombreux examens médicaux et de laboratoires nécessaires à leur santé, il est déplorable que le gouvernement mise une fois de plus sur le privé pour rendre les services à même les fonds publics, dénonce le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

« Nous craignons qu’on draine encore les ressources publiques vers des entreprises privées. La responsabilité du gouvernement ne se limite pas à payer des services. Il doit aussi les organiser de façon à renforcer la santé publique, l’efficience et le continuum des services et en assurer la maîtrise. Alors qu’on s’apprête à vider des laboratoires de leur main-d’œuvre partout au Québec, avec le projet Optilab, comment se fait-il qu’on ne se soit même pas demandé s’il n’y avait pas moyen de rapatrier au moins une partie de ces activités dans le secteur public ? Veut-on confier toute l’imagerie médicale au privé ? »

La CSN mène campagne depuis plusieurs années contre la privatisation du réseau de la santé et des services sociaux et l’effritement du système public. Sous le coup des politiques d’austérité menées par le gouvernement Couillard et des réformes engagées par le ministre Barrette, le caractère public de nos services de santé et de nos services sociaux est menacé plus que jamais.

Échantillons médicaux en péril

Quelle distance sépare Sept-Îles de Chicoutimi ? 551 km, précisément. Plus de six heures de route par temps sec et quand l’hiver décide de collaborer, ce qui n’est pas toujours le cas, vous confirmeront les Nord-Côtiers. Le trajet entre Matagami (au sud de la Baie-James) et Chicoutimi ? 703 km.

Ce sont autant de kilomètres que devront parcourir la grande majorité des échantillons médicaux en provenance de ces régions à la suite du projet de fusion des laboratoires médicaux imposé par le ministre Barrette, projet mieux connu sous le nom d’Optilab. Partout au Québec, sous le couvert de l’optimisation, le gouvernement Couillard projette de centraliser les laboratoires, mandatant des transporteurs privés pour manipuler et livrer plusieurs échantillons prélevés en milieux plus éloignés.

Les exemples de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec rendent encore plus manifeste l’aberration proposée par le ministre Barrette qui frappe toutes les régions. Au terme des changements annoncés, un seul laboratoire, soit celui de Chicoutimi, devra analyser une bonne partie des échantillons prélevés non seulement dans la région immédiate, mais aussi à Dolbeau-Roberval-Alma, sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec, incluant la Baie-James.

Dégradation et retards
« Il est évident que la qualité des services va se détériorer, et que nous devrons faire face à de nouveaux enjeux de santé publique. La perte ou la dégradation des échantillons pourrait provoquer des retards dans le traitement des analyses, la transmission des résultats, le suivi diagnostique et même dans l’amorce d’un traitement. Des patients pourraient, par exemple, être obligés de se soumettre à une nouvelle biopsie ou à une autre intervention nécessitant une chirur­gie », affirme Nancy Poulin, porte-parole du Syndicat des technicien-nes et profession­nel-les de la santé et des services sociaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean (FSSS–CSN).

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Photo : Stéphane Dufour

Actuellement au Québec, chaque éta­blissement de santé ou presque bénéficie des services d’un laboratoire qui permet au personnel soignant d’obtenir rapidement des analyses sanguines ou autres. Des tech­niciens de laboratoire sont donc stratégique­ment déployés sur l’ensemble du territoire pour assurer des résultats de qualité, dans toutes les régions. Avec la centralisation, surgissent également des préoccupations régionales importantes. « Sur la Côte-Nord, le trou de service engendrera aussi une perte d’expertise. Pis encore, comment assurer l’attractivité des postes qui seront main­tenus dans les laboratoires locaux loin des centres, alors qu’une majorité d’échantillons seront analysés dans les grands centres ? », se questionne Yvon Payeur, président du Syndicat des technicien-nes et professionnel-les de la santé et des services sociaux de la Côte-Nord–CSN. Sa collègue Suzie Potvin, présidente du STT du Centre régional de la santé et des services sociaux de la Baie-James–CSN, exprime la même inquiétude. « Il est déjà ardu d’assurer les besoins en main-d’oeuvre dans le Nord-du-Québec, le projet Optilab ne va sûrement pas améliorer la situation. » Pour obtenir un portrait plus précis des impacts de la fusion des labo­ratoires médicaux, la CSN a obtenu des représentants patronaux la mise en place d’un comité national paritaire afin d’échanger de l’information et surtout d’aborder différents enjeux posés par Optilab.

Rappelons que la CSN mène actuellement une campagne pour la défense du réseau public de santé et de services sociaux sous le thème, « Ma place en santé, j’y tiens ». Le maintien de laboratoires médicaux dans les communautés comme la Côte-Nord et le Nord-du-Québec fait partie des enjeux de cette campagne.

Les pertes d’emplois, d’expertise et de qualité des services à la population confirmées

Les inquiétudes de la CSN se confirment : le projet d’implantation d’Optilab aura pour conséquence de nombreuses pertes d’emplois partout au Québec ainsi qu’une diminution dans l’expertise et dans la qualité des services à la population.

« C’est catastrophique, a laissé tomber le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Comme on le craignait, le ministre est en train de se prêter à une supercentralisation des prélèvements en créant des laboratoires centraux (serveurs) et en conservant des laboratoires-dépanneurs périphériques qui ne s’occuperont que des cas très urgents. De l’improvisation mur à mur qui aura de graves répercussions sur la vie des gens. »

Horizon dans les régions
Les coupes touchent toutes les catégories d’emplois et tournent autour de réductions de 20 % des heures travaillées. Au Saguenay, 44 postes de techniciennes et techniciens seront coupés, pour un réaffichage de 8 postes au laboratoire serveur de Chicoutimi. Au Bas-Saint-Laurent, une diminution de 20 % des heures travaillées a été annoncée sur cinq ans. Dans les Laurentides, dans Lanaudière et à Laval, des coupes de 10 à 15 % ont été annoncées, ce qui fera passer de 540 à 412 postes. Sur la Côte-Nord, on dit qu’il est impossible de dresser le portrait des besoins en matière de ressources humaines. Encore une fois, de l’improvisation pure et simple.

Photo : Clément Allard
Photo : Clément Allard

« La tendance est la même partout au Québec : le gouvernement est en train de se prêter à des coupes de postes, soit par des suppressions de postes occasionnels, des compressions d’heures directes ou encore par de l’attrition. Son plan est d’y parvenir sur une période d’au plus cinq ans. C’est odieux. Il est évident que les services à la population seront affectés », enchaîne la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux, Mélissa Gaouette.

« Le gouvernement n’est même pas en mesure de dire combien coûtera son système de mégalaboratoires, comment peut-il prétendre réaliser des économies ? De toute façon, on ne peut pas couper des heures pour tenter de sauver des millions et penser qu’il n’y aura pas d’impacts sur la qualité des services et l’expertise de la main-d’œuvre », enchaîne la vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Nancy Corriveau.

« On a déjà dénoncé à plusieurs reprises les distances considérables qu’auront à parcourir les échantillons prélevés, sans compter le trafic sur les routes, les travaux de construction, les intempéries. Le réseau a déjà été considérablement affaibli et désorganisé par la loi 10. La CSN est la seule à avoir un comité sur la main-d’œuvre en technologie médicale. Nous demandons au gouvernement d’imposer un moratoire sur Optilab, d’appliquer la lettre d’entente et de rencontrer la CSN pour discuter de cette réorganisation », conclut le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

Une autre lubie centralisatrice du Dr Barrette

La CSN craint que la réorganisation des laboratoires médicaux en Montérégie entraîne plus d’erreurs et de délais et qu’elle nuise à l’économie de la région. En ce qui a trait à la défense des droits et de la pratique professionnelle des technologistes médicales qui seraient touchées, la CSN veillera au grain, notamment par l’entremise d’un comité patronal–syndical prévu à la convention collective, portant sur les enjeux de main-d’œuvre en technologies médicales.

 Le projet « Optilab » reconfigure la carte des laboratoires médicaux au Québec en centralisant la plupart des analyses dans quelques laboratoires des grandes villes. Ainsi, les huit laboratoires médicaux publics de la Montérégie, dont celui de l’Hôpital Honoré-Mercier, verraient la majeure partie de leurs activités être transférées vers celui de l’Hôpital Charles-Lemoyne, à Longueuil. Le transport des échantillons prélevés à l’hôpital, dans les CLSC, les cliniques, les centres d’hébergement et les pharmacies de Saint-Hyacinthe et des alentours, serait assuré par le secteur privé.

« Conserver notre laboratoire médical à Honoré-Mercier est vital pour toute la population, explique la présidente du Syndicat des technicien-nes et des professionnel-les du CSSS Richelieu–Yamaska (FSSS–CSN), Lucy Mousseau, à l’occasion d’une manifestation tenue aujourd’hui devant l’hôpital. Ce sont nos patients de la région qui subiront des délais plus longs, ce sont tous les résidents de Saint-Hyacinthe et des environs qui seront perdants si on concentre toute l’expertise à 50 kilomètres d’ici. »

Craintes                  

La CSN craint qu’en multipliant les transports et la manutention, on assiste à un nombre accru de pertes et de dégradations des échantillons. Par conséquent, les délais quant au traitement des analyses, à la transmission des résultats, au suivi diagnostique et à l’amorce du traitement d’un patient seront plus longs. En cas de perte ou de détérioration de spécimens, des patients pourraient, par exemple, être obligés de se soumettre à une nouvelle biopsie ou autre intervention nécessitant une chirurgie. Pour les premières années du projet, les systèmes informatiques et de communication entre les intervenants ne seront prêts pour une telle centralisation. Par ailleurs, cette perte de services de proximité pourrait amener des technologistes médicales ainsi que des médecins et des cliniques spécialisées à déménager vers les centres où l’expertise sera concentrée.

« Pour nous, un laboratoire médical, c’est essentiel pour un centre de santé, ça fait partie intégrante de sa mission, renchérit la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Mélissa Gaouette. Cette réforme est précipitée et nous pensons que toutes les conséquences n’ont pas été analysées adéquatement. Le CISSS forme un tout : un tel changement dans les laboratoires peut avoir des conséquences importantes sur les autres secteurs ou sur la population » La CSN revendique un moratoire sur le déploiement d’« Optilab » afin de mieux étudier le projet et d’associer les travailleuses et les travailleurs dans la recherche d’une alternative. « On nous dit que ça va permettre des économies mais nous sommes sceptiques car s’il y a plus d’erreurs, il faudra reprendre plus de tests et il y a tous les coûts de transport et de manutention qui doivent être pris en compte, et ce, sans compter l’allongement des périodes d’hospitalisations pour les patients qui en découlera. »

Coup dur pour l’économie

La réduction des activités au laboratoire médical de l’Hôpital de Saint-Hyacinthe signifie la perte de bons emplois pour l’agglomération. Seuls les tests jugés urgents continueront d’y être effectués, soit environ 30 % du volume actuel. « Le secteur public a toujours joué un rôle structurant et stabilisateur dans l’économie régionale, rappelle la présidente du Conseil central de la Montérégie CSN, Annette Herbeuval. Avec la fusion des établissements, et maintenant la centralisation des laboratoires, plusieurs emplois disparaîtront ou migreront vers Longueuil. C’est une perte nette pour la région et personne ne peut prétendre que les citoyennes et les citoyens de Saint-Hyacinthe en retireront de meilleurs services, au contraire. »

Un comité national patronal–syndical

Les transferts d’activités vers les laboratoires « serveurs », comme celui de Charles-Lemoyne, s’effectueront d’ici le printemps 2017. Il est difficile pour les syndicats d’avoir un portrait précis des changements qui s’opèrent ainsi que des travailleuses qui seront touchées. Il faudra notamment s’assurer que les techniciennes en laboratoire de Saint-Hyacinthe pourront joindre l’équipe de Longueuil et qu’elles pourront recevoir toute la formation nécessaire à l’utilisation des nouveaux appareils. C’est en partie pour pallier ce manque d’information que la CSN a obtenu des représentants patronaux la mise en place d’un comité national paritaire afin d’échanger de l’information et surtout d’aborder différents enjeux posés par « Optilab ».

Rappelons que la CSN mène campagne actuellement pour la défense du réseau public de santé et de services sociaux sous le thème, Ma place en santé, j’y tiens. Le maintien de laboratoires médicaux dans les communautés fait partie des enjeux de cette campagne.