Les paramédics d’Urgences-Santé en moyens de pression dès lundi

(Montréal, le 9 juillet 2022) Aux prises avec un manque de main-d’œuvre insoutenable, une situation qui n’a fait que s’aggraver ces dernières années, Urgences-Santé refuse catégoriquement les pistes de solution considérées comme les plus efficaces par le Syndicat du préhospitalier (SP–CSN). Ce vendredi, les représentants syndicaux et patronaux se rencontraient en comité paritaire pour discuter de l’un des irritants majeurs pour les paramédics, soit l’incapacité de prendre leur pause repas au moment convenu à cause de ce manque de personnel qui engendre une surcharge de travail.

Malheureusement, le SP–CSN constate qu’Urgences-Santé n’entend pas s’attaquer sérieusement à ce problème. Face à cette fermeture de l’employeur, le syndicat appelle tous les paramédics à prendre leur pause repas au moment prévu, en respect de la convention collective, à compter du lundi 11 juillet. Si ce moyen de pression entraîne un casse-tête administratif certain pour l’employeur, il n’aura pas d’impact sur la santé et la sécurité de la population.

Le problème du manque de main-d’œuvre n’est certes pas nouveau chez Urgences-Santé, mais la période estivale est venue empirer la situation. Le syndicat réclame des mesures particulières à mettre en place cet été, des mesures qui ont par ailleurs déjà fait leurs preuves en 2008 et en 2009, alors qu’Urgences-Santé traversait une période similaire de pénurie de personnel. Par exemple, le syndicat propose que les heures supplémentaires effectuées volontairement soient rémunérées à taux double. Rappelons que les mesures mises en place durant la crise de la COVID ne sont plus en vigueur, bien que la pénurie de personnel ait empiré et que le volume d’appels soit en augmentation.

Pas de vision
« Nous déplorons qu’on en soit rendu là pour un problème qu’on voyait venir depuis longtemps, rappelle le président par intérim du SP–CSN, Claude Lamarche. Au lieu de mettre en place des solutions à long terme, respectueuses de nos droits et de notre santé, on assiste à un abus intolérable du droit de gérance de l’employeur qui bafoue nos conditions de travail négociées et qui exige systématiquement des heures supplémentaires obligatoires (TSO) de la part des paramédics. Le TSO est devenu la solution facile pour Urgences-Santé, un outil de gestion comme les autres alors que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, répète ouvertement que le TSO ne devrait jamais être vu autrement que comme un dernier recours. »

Le MSSS interpellé
Selon le syndicat, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et le gouvernement n’ont peut-être pas mesuré l’ampleur du problème créé par la mauvaise gestion d’Urgences-Santé. « Nous savons bien qu’Urgences-Santé, une société d’État, ne peut pas prendre de décisions financières sans l’aval du gouvernement, poursuit-il. C’est tout un problème, considérant que les autres entreprises privées ou les coopératives du secteur peuvent, elles, offrir des incitatifs financiers aux paramédics en puisant à même leurs profits. »

Pour le syndicat, il y a urgence d’agir, car on voit plus que jamais des paramédics quitter leur emploi pour réorienter leur carrière ailleurs ou dans un autre domaine, ce qui met encore plus de pression sur les effectifs.

« Nous savons tous, syndicat comme l’employeur, que des paramédics surchargés, cela veut dire des délais plus longs pour répondre aux appels. Cela veut dire aussi une accumulation de risques pour la santé et la sécurité des paramédics eux-mêmes. Ça ne peut plus durer. C’est pourquoi, après avoir tendu la main à plusieurs reprises à l’employeur pour trouver des solutions à long terme, nous avons décidé d’agir unilatéralement afin que tous les paramédics puissent prendre leur pause repas comme prévu à compter de lundi prochain », conclut le représentant des 1200 paramédics de Montréal et de Laval.

 

Des jours cruciaux de négociation pour les paramédics

Le 20 avril les représentants des paramédics rencontrent de nouveau les négociateurs du gouvernement pour trouver une entente afin de renouveler les conventions collectives échues depuis plus de deux ans. Il est prévu que les enjeux majeurs des négociations seront abordés. Les paramédics espèrent, qu’enfin, les représentants patronaux auront les mandats.

Pour rappeler que leurs revendications visent directement la pérennité et l’amélioration des services à la population, les paramédics de la Montérégie appuyés de leur collègues d’Urgence Santé ont tenu une activité de visibilité aujourd’hui aux abords du pont et sur le pont Champlain à Brossard

Rappelons que les paramédics réclament un rattrapage immédiat pour amener les salaires à un niveau équitable par rapport à ceux offerts dans les autres emplois des services d’urgence et les hôpitaux. Ils veulent des moyens pour assurer aux paramédics qu’ils pourront généralement terminer leur quart de travail à l’heure prévue ainsi que prendre leur pause-repas. Parmi leurs autres revendications, notons l’élimination des horaires dits de faction, des horaires de travail désuets en vertu desquels les paramédics sont sur appel 24 h sur 24 durant sept jours consécutifs, ce qui entraîne des délais supplémentaires aux intervention ainsi qu’une attention aux enjeux de santé psychologique.

À cause des mauvaises conditions de travail, de nombreux paramédics quittent la profession ou songent à le faire alors que trop peu de jeunes choisissent de joindre le secteur préhospitalier. Résultat : il manque de main-d’œuvre partout, les délais d’intervention explosent et on observe de plus en plus d’épisodes de découverture ambulancière.

« Nous sommes choqués par le manque de respect du gouvernement à notre égard, dénonce le président du syndicat représentant les paramédics de la région, Gaétan Dutil. Nous pensons que ça doit préoccuper l’ensemble de la population parce que l’inaction du gouvernement actuellement remet en cause l’intégrité des services que nous offrons à la population. Bref, ce n’est pas qu’une question d’argent, c’est aussi une question d’arriver à temps pour sauver une vie ou limiter des complications pouvant diminuer considérablement la qualité de vie ».

Les paramédics déclenchent une grève plus perturbatrice

Dès 6 h, en ce matin du 16 mars, les 3500 paramédics membres de la FSSS–CSN ont déclenché la grève légale la plus perturbatrice de l’histoire du secteur préhospitalier au Québec. En plus de tous les autres moyens de pression qu’ils appliquent depuis l’été dernier, dont la grève de nombreuses tâches, les paramédics exerceront une pression supplémentaire. Notamment, une partie du personnel-cadre sera tenu de contribuer au maintien des services essentiels en prenant la route, au moins 4 h par semaine, afin de remplacer des grévistes. Une telle grève, d’ampleur provinciale, est inédite. Le Tribunal administratif du travail (TAT) a rendu lundi sa décision concernant la liste des services essentiels.

Les travailleuses et les travailleurs du secteur préhospitalier sont sans convention collective depuis le 31 mars 2020. Ils réclament un redressement salarial permettant d’assurer l’équité avec les autres emplois des secteurs de la sécurité publique et hospitalier. Ils veulent trouver des solutions pour permettre aux paramédics de terminer leur quart de travail à l’heure et de manger à l’heure prévue. De plus, ils réclament l’élimination des horaires dits de faction, des horaires de travail désuets en vertu desquels les paramédics sont sur appel 24 h sur 24 durant sept jours consécutifs.

« Ce n’était pas notre premier choix de déclencher cette grève, rappelle le représentant du secteur préhospitalier à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Jean Gagnon. Près de deux ans après l’échéance des conventions collectives, presque rien n’a bougé. C’est pour ça qu’aujourd’hui on y met tout ce qu’on peut. Nous savons que ce sera difficile. Les représentants patronaux ont tout tenté pour convaincre le TAT de ne pas nous accorder ce moyen de pression concernant le travail des cadres. Mais il y a une façon de faire lever la pression très rapidement : c’est de négocier à la table de négociation. Nous avons deux journées de rencontres en conciliation dans les prochains jours. Nous ne pouvons qu’espérer que la partie patronale ait enfin les mandats ! »

« C’est bien parce que notre travail est essentiel pour la population que le tribunal limite les moyens de pression que nous pouvons exercer, enchaîne Jean Gagnon. Il serait grand temps que le gouvernement fasse preuve de plus de respect et qu’il fasse de notre négociation un dossier prioritaire. »

Il est temps d’en finir avec les horaires de faction !

À l’instar des paramédics de l’ensemble du Québec, ceux de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, membres de la CSN, s’apprêtent à déclencher une nouvelle grève à compter du 16 mars 2022. Les listes de services essentiels ont été revues dans l’objectif de mettre encore plus de pression sur les employeurs et sur le gouvernement du Québec. Sans convention collective depuis le 31 mars 2020, ces 120 paramédics entendent redoubler d’ardeur afin d’obtenir, notamment, l’élimination des horaires de faction qui sont toujours en vigueur en région, dont les secteurs de Malartic, d’Amos et de Ville-Marie.

Les horaires de faction sont des horaires de travail désuets en vertu desquels les paramédics doivent demeurer disponibles 24 h sur 24 durant 7 jours consécutifs pour répondre à des appels d’urgence. Par conséquent, ils n’attendent pas l’appel dans l’ambulance, prêts à partir, mais plutôt de leur domicile. On estime que cela peut ajouter jusqu’à 10 minutes au délai d’intervention des paramédics dans les régions couvertes par de tels horaires. Ce délai supplémentaire peut faire une différence importante lorsqu’il s’agit de sauver une vie ou de limiter les complications pour préserver la qualité de vie des usagères et des usagers.

« Ce qu’on veut, c’est être respecté, souligne le représentant du Syndicat des paramédics de l’Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec–CSN, Harold Lavoie. Chaque jour, nous répondons présents pour servir la population. En intervenant rapidement, nous pouvons éviter des complications qui mineraient la qualité de vie des citoyennes et des citoyens, voire dans certains cas, leur sauver la vie. On s’attendrait à ce que le gouvernement entende nos besoins. Après tout, nos demandes n’ont rien d’extravagant. Malheureusement, le gouvernement nous tient pour acquis et nous pousse, par son immobilisme, à mettre en œuvre des moyens de pression plus costauds. Il est entièrement responsable de la situation ! »

Les paramédics négocient leurs conventions collectives de manière regroupée, au niveau national avec le Conseil du trésor, puisque l’État québécois fixe les conditions salariales de tout le secteur préhospitalier, même là où les services sont assurés par une entreprise privée, telle que Dessercom, en Abitibi. En plus de l’élimination des horaires de faction, ils réclament notamment un niveau de salaire compétitif par rapport aux salaires versés dans les autres services de sécurité publique ou encore dans les urgences des hôpitaux.

De son côté, le gouvernement offre des augmentations de seulement 6 % sur trois ans, ce qui aurait pour effet d’accroître encore davantage le fossé de rémunération entre les paramédics et tous les autres salarié-es qu’ils côtoient au quotidien. De plus, les syndicats réclament des moyens assurant que le personnel puisse manger et terminer leur quart de travail aux heures prévues.

« Personne ne peut prétendre que tout va pour le mieux actuellement dans le secteur préhospitalier, enchaîne le président du Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue–Nord-du- Québec, Félix-Antoine Lafleur. On a assisté récemment à Senneterre à une situation déplorable directement liée au manque de ressources sur le territoire. Et d’autres situations semblables se sont produites un peu partout au Québec ces derniers mois. Nous nous expliquons bien mal que nous, les syndicats, soyons les seuls à travailler activement à la recherche de solutions alors qu’il en va du bien commun de toute notre région. »

Le syndicat et la CSN mènent d’ailleurs une vaste campagne de visibilité dans la région pour sensibiliser la population à l’urgence d’éliminer les horaires de faction des paramédics pour instaurer à la place des horaires à l’heure.

La vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Roxanne Brassard, rappelle que le gouvernement a pu conclure des règlements avec la quasi-totalité des salarié-es de l’État. Il n’y a aucune raison pour que les négociations du préhospitalier s’enlisent.

« Sans conteste, les paramédics font partie de ces anges gardiens dont le gouvernement hésite à reconnaître concrètement le travail. Il faut comprendre à quel point cela peut être frustrant pour ces hommes et ces femmes qui se donnent corps et âme chaque jour sans aucune reconnaissance. C’est scandaleux qu’en 2022, les services préhospitaliers d’urgence du Québec reposent encore sur le dévouement de paramédics sous-payés, régulièrement forcés à faire des heures supplémentaires alors qu’ils n’ont même pas eu de pause repas durant leur journée. Ça doit changer ! »

La CSN plaide pour le dégel des négociations du secteur préhospitalier

Les travailleuses et les travailleurs du secteur préhospitalier sont exaspérés devant la lenteur des négociations pour renouveler les conventions collectives échues depuis le 31 mars 2020. C’est pourquoi les syndicats du secteur préhospitalier CSN annoncent qu’ils déclencheront une nouvelle grève légale, plus perturbatrice, à compter du 16 mars prochain. Ce matin, ils ont livré un énorme bloc de glace à l’entrée du Conseil du trésor, à Québec, symbolisant l’urgence de « dégeler la négociation ».

« C’est malheureux, mais le gouvernement ne prend pas nos besoins au sérieux, déplore le représentant du secteur préhospitalier FSSS–CSN, Jean Gagnon. Nous, les paramédics, les répondantes et répondants médicaux d’urgence (RMU) et le personnel de soutien du préhospitalier, nous nous donnons corps et âme depuis des années pour remplir notre mission, sauver des vies et prendre soin de la population, souvent dans les pires conditions. Le gouvernement nous traite comme si nous n’étions que des pions. Nos salaires sont à la traîne par rapport à tous les comparables. En pleine pandémie, durant laquelle les heures supplémentaires sont plus que jamais une norme, les paramédics sont à bout de souffle, comme tant d’autres professionnel-les du réseau. Mais le gouvernement ignore complètement nos demandes qui nous permettraient d’améliorer notre quotidien et de nous aider à traverser la crise. Il n’a que lui à blâmer si nous en sommes maintenant rendus à exercer des moyens de pression ultimes après deux ans de surplace. »

Grève maximale, le 16 mars
En annonçant 28 jours d’avance le déclenchement de la nouvelle grève, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) donne l’occasion au gouvernement d’en arriver à un règlement et d’éviter la grève.

« Par exemple, du côté des paramédics, les enjeux qui demeurent sur la table de négociation peuvent se régler rapidement. Qu’il s’agisse du redressement salarial, de l’abolition des horaires de faction ou encore d’assurer aux paramédics qu’ils peuvent manger et terminer leur quart de travail à l’heure prévue, les solutions sont connues. Tout ce qui nous manque, c’est de la volonté politique du côté du gouvernement. Nous avons compris que le gouvernement souhaitait régler la négociation avec l’ensemble du secteur public, de même que les CPE, avant de s’entendre avec le secteur préhospitalier. Maintenant que cela est fait, il est temps que ça bouge à la table de négociation du préhospitalier », poursuit la vice-présidente de la FSSS–CSN, Lucie Longchamps.

Déterminés, les paramédics sont prêts à augmenter la pression

Sur le tapis rouge, les paramédics : des personnes parmi les plus essentielles pour les Québécoises et les Québécois. Toute la population sait que leur travail est précieux. Leurs conditions de travail devraient être prioritaires aussi aux yeux du gouvernement… Or après des mois de négociations, les 3500 paramédics membres de la FSSS–CSN sont forcés de constater que le gouvernement les oublie, encore une fois.

Les paramédics lancent aujourd’hui une vaste campagne sur les médias sociaux pour sensibiliser l’ensemble de la population aux problèmes qu’ils vivent au quotidien et pour lesquels ils doivent trouver un terrain d’entente dans la présente négociation. Leur contrat de travail est arrivé à terme depuis le 31 mars 2020. Dans une vidéo choc, deux paramédics s’adressent à Christian Dubé et à François Legault afin que ces derniers donnent les mandats nécessaires à la conclusion d’une entente négociée.

Transport ambulancier gratuit pour tout le monde
À défaut d’un compromis satisfaisant d’ici les prochaines semaines, les paramédics membres de syndicats CSN sont prêts à augmenter la pression dès le début de l’année 2022. À l’issue d’une tournée d’assemblée générale, les syndicats ont obtenu le mandat de durcir la grève en cours en y ajoutant de nouveaux moyens de pression. Par exemple, les paramédics cesseront toutes les tâches entourant la facturation des transports en ambulance. Ils entendent demander au Tribunal administratif du travail de leur permettre de déployer, dans la prochaine grève, d’autres moyens afin de mettre la pression tant sur les employeurs et le ministère de la Santé et des Services sociaux que sur le Conseil du trésor dans le but de parvenir à un accord.

«  Notre thème de négociation : Un appel au respect, ce n’est pas pour rien. Ce gouvernement nous a oubliés trop souvent », dénonce le représentant du secteur préhospitalier à la FSSS–CSN, Jean Gagnon. «  Nous avons été au front tout au long de la crise COVID même si nous étions déjà exténués en raison des conditions d’exercice déficientes. Pourtant, à chaque occasion, ce gouvernement nous a oubliés. Et il ne le reconnaît toujours pas. Après des mois de négociation, il n’a pas bougé de son offre salariale de 2 % par année ».

« Les  paramédics sont sans conteste un groupe prioritaire pour l’État et ça ne paraît pas du tout dans les propositions du gouvernement. Leur travail est absolument indispensable et il doit être mieux reconnu. La CSN les soutiendra jusqu’à ce qu’ils obtiennent gain de cause » enchaîne la vice-présidente de la FSSS–CSN, Lucie Longchamp.

Revendications
En négociation, les paramédics revendiquent la revalorisation de leur salaire afin qu’il soit comparable avec les salaires versés à d’autres catégories d’emploi qu’ils côtoient au quotidien, que ce soit dans les services d’urgence ou dans le réseau de la santé et des services sociaux.

Ils souhaitent également s’attaquer aux surcharges de travail des horaires à l’heure et aux horaires de travail désuets – les horaires de faction – encore en vigueur dans plusieurs régions du Québec.

Les paramédics veulent renforcer la santé et la sécurité au travail, notamment la prévention contre l’épuisement professionnel.

De plus, les paramédics désirent baliser l’élargissement de leur rôle au sein du réseau de la santé. La FSSS–CSN réclame depuis des années qu’on fasse davantage appel aux compétences et à l’expertise des paramédics dans le réseau. Elle a bien accueilli l’ouverture du gouvernement à cet égard, mais les conditions de ces déploiements, par exemple dans certaines urgences, doivent être négociées.

Le Dr Barrette est le premier responsable du blocage

Pour le représentant du secteur préhospitalier de la FSSS–CSN, Jean Gagnon, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, est le premier responsable du blocage des négociations du secteur préhospitalier. « Quand il déclare que c’est à cause de nos négociations que le MSSS n’avance pas de solutions sur la couverture ambulancière, c’est tout simplement odieux. Au contraire, les enjeux de charge de travail et des horaires de travail sont au cœur de nos revendications depuis le début et à l’heure où on se parle. Quant à nous, ce sont les seuls enjeux qui demeurent à régler ! », souligne-t-il.

Les propos du ministre Barrette, rapportés par l’Agence QMI, choquent d’autant plus les syndicats que le ministre leur demande lui-même de s’adresser aux différents établissements pour régler ces problèmes, semblant se dégager de sa propre responsabilité à cet égard. Or, personne n’est mieux en mesure que le ministre Barrette de prendre les décisions qui s’imposent afin d’assurer à toute la population des services de qualité. C’est bien parce que le MSSS n’a pas su régler ces problèmes dans le passé que le personnel du préhospitalier en fait aujourd’hui une priorité de négociation.

Rappelons que les syndicats représentant les paramédics dénoncent depuis des années les problèmes de couverture ambulancière, partout au Québec. Ceux-ci s’aggravent de mois en mois, la situation étant aujourd’hui tout simplement intenable. L’évolution du nombre de ressources sur le terrain ne suit pas la courbe de la croissance démographique et des besoins. Sans convention collective depuis le 31 mars 2015, en grève depuis bientôt neuf mois, les paramédics en ont fait une priorité des actuelles négociations. Toutefois, le ministre Barrette a d’abord choisi de se retirer complètement des négociations en avril 2016, alors qu’il est le seul bailleur de fonds du réseau. Puis, il a imposé des paramètres aux entreprises ambulancières qui sont les employeurs des paramédics. Ces paramètres ne tenaient même pas compte des augmentations de salaire consenties au secteur public.

« Après une rude bataille, nous avons finalement réussi à convenir, avec le MSSS, des grands paramètres d’un règlement provincial par la conclusion d’une entente de principe chez Urgences-santé, en juillet dernier », rappelle Jean Gagnon qui siège au comité national de négociation. « Toutefois, près de quatre mois plus tard, cette entente ne peut même pas être présentée à nos membres pour adoption, car elle est encore incomplète… Le ministère s’est montré incapable jusqu’ici de conclure la négociation, notamment sur l’enjeu du régime de retraite provincial ainsi que sur la question de la charge de travail et des horaires de faction. »

À propos
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) regroupe quelque 3600 paramédics, répartitrices, répartiteurs et employé-es de soutien du préhospitalier, dont environ 550 paramédics en Montérégie. Elle compte plus de 120 000 membres dans les services de santé, les services sociaux et les services de garde. Elle est affiliée à la CSN qui compte 300 000 adhérents de tous les secteurs d’activité.

La CTAQ détient les clés d’un règlement

Ce midi, des paramédics de Québec et de Charlevoix à l’emploi de la Coopérative des techniciens ambulanciers de Québec, ont manifesté pour dénoncer le refus de la coopérative d’introduire à la convention collective un mécanisme permettant de combattre la surcharge de travail. Dans la région de la Capitale nationale le manque de ressources se fait de plus en plus criant avec pour conséquence une augmentation sensible des délais d’intervention des paramédics.

Ce refus de la CTAQ, après huit mois de grève, est d’autant plus surprenant que les négociations ont grandement progressé sur les autres enjeux et que la demande syndicale ne coûte pratiquement rien à l’employeur. Pourtant, la CTAQ assure aux paramédics que l’enjeu de la surcharge de travail lui tient à cœur. Cette question est l’une des seules qui empêchent désormais les parties de convenir d’un règlement satisfaisant.

« Les paramédics de Québec, nous sommes constamment à la course, explique le président de l’Association des travailleurs du préhospitalier de Québec (ATPH–CSN), Frédéric Maheux. On se bat contre la montre pour pouvoir intervenir dans des délais raisonnables. On le fait parfois même au détriment de notre propre santé, de notre propre bien-être. On a beaucoup étiré l’élastique au cours des dernières années, ce qui fait qu’aujourd’hui, on est rendu près du point de rupture, c’est intenable. Les dirigeants de notre coop le savent fort bien. On en revient donc pas de constater que c’est sur la question de la charge de travail qu’ils se braquent et qu’ils empêchent un règlement ! »

« On attend plus de celles et ceux qui dirigent notre coop, enchaîne le président du Syndicat des paramédics de Charlevoix–CSN, Emmanuel Deschênes. Pourquoi ne saisissent-ils pas l’occasion pour régler ce conflit et travailler avec nous pour consolider les services ? Même si la décision ne relève pas de la CTAQ, nous aimerions qu’elle nous aide plus qu’elle ne le fait actuellement, par exemple, à convaincre le gouvernement qu’il faut se débarrasser des horaires de faction dans Charlevoix. À cause de ces horaires de travail désuets, nos délais d’intervention sont trop longs. »

Pour la présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN), Ann Gingras, il n’est pas question de baisser les bras. « Les enjeux qui demeurent à régler, la charge de travail et l’abolition des horaires de faction sont directement liés à la qualité des services à la population. On doit donner aux paramédics les moyens nécessaires pour accomplir leur mission. Cela ne peut pas reposer que sur leur dévouement. La CSN mettra tout en œuvre pour les soutenir jusqu’à ce qu’ils obtiennent une entente satisfaisante sur leurs priorités ».

Règlement possible
« Advenant un changement de position de la part des coopératives quant aux surcharges de travail, la perspective d’un règlement global de ce conflit pourrait se matérialiser, souligne le représentant du secteur préhospitalier à la FSSS–CSN et membre du comité national de négociation, Jean Gagnon, car il s’agit d’un des seuls sujets sur lesquels nous ne nous sommes pas entendus. En ce qui a trait aux horaires de travail désuets (horaires de faction), nos échanges se poursuivent avec le gouvernement ». Les conventions collectives du secteur préhospitalier sont échues depuis le 31 mars 2015.

À propos
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) regroupe quelque 3600 paramédics, répartitrices, répartiteurs et employé-es de soutien du préhospitalier. Elle compte plus de 120 000 membres dans les services de santé, les services sociaux et les services de garde. Elle est affiliée à la CSN qui compte 300 000 adhérents de tous les secteurs d’activité.

La grève du préhospitalier entraînera une diminution des services

Devant le refus des employeurs de reconduire le cadre de la grève telle qu’exercée en 2012, les syndicats du secteur préhospitalier de la CSN se préparent à une grève qui aura pour conséquence de diminuer le niveau des services.

« Notre première intention était de convenir d’une entente avec les employeurs pour arrêter certaines tâches précises tout en maintenant un niveau d’effectifs à 100 %, remplacés à 100 %, explique le vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Dany Lacasse. C’est ce que nous avions fait en 2012, une grève exemplaire qui n’a pas touché aux services à la population. En refusant de reconduire ce modèle, les employeurs ne nous donnent pas d’autre choix que de recourir à une véritable grève, comme on l’entend traditionnellement, avec une diminution des services. »

« D’un côté, les employeurs nous disent avoir besoin de mandats clairs de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux et de l’autre, ils nous mettent des bâtons dans les roues et refusent de convenir d’une entente sur les services essentiels alors que nous voulons nous déployer stratégiquement, sans toucher aux services, pour forcer le gouvernement à se commettre. Ils parlent des deux côtés de la bouche », poursuit Dany Lacasse.

Dans cette optique, l’ensemble des syndicats représentant quelque 3600 salarié-es du secteur –paramédics, répartitrices, répartiteurs et employé-es de soutien – tiendront une nouvelle consultation auprès de leurs membres afin d’obtenir un mandat en ce sens, au cours des prochaines semaines. Si les travailleuses et les travailleurs octroient ces mandats au comité provincial de négociation, de premières réductions de services pourraient intervenir dès les premières semaines de 2017.

Blocage

« Nous faisons face à un véritable blocage aux tables de négociation, enchaîne le représentant du secteur préhospitalier de la FSSS–CSN, Jean Gagnon. En refusant de dégager des mandats véritables, en refusant de discuter directement avec nous, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, voudrait nous entraîner dans un cul-de-sac. Il n’est pas question que nous renoncions à notre droit à une véritable négociation, c’est une question de respect. Nous sommes sans contrat de travail depuis mars 2015, assez, c’est assez ! Nous sommes conscients qu’une vraie grève générale dans le secteur sera inconfortable pour tout le monde mais si on doit se rendre là, le ministre en sera le seul responsable ».

À ce jour, les employeurs n’ont même pas été en mesure d’offrir les augmentations salariales négociées avec le Front commun l’an dernier. Ils demandent de conclure un contrat de travail d’une durée de cinq ans sans toutefois s’engager à quelque augmentation que ce soit pour les années 2017, 2018 et 2019.

Outre les augmentations salariales, les membres des syndicats CSN du secteur préhospitalier revendiquent notamment des mesures en santé et sécurité du travail et l’accès à la retraite progressive. Par ailleurs, au sommet de leurs préoccupations, se retrouve l’enjeu des conditions d’exercice de leur profession. Pour la FSSS–CSN, cette négociation devra impérativement mener à des solutions quant à la surcharge de travail et les horaires de travail désuets, comme les horaires de faction (7 jours de travail en continu sur une période de 14 jours).