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Sages-Femmes

Photo : Annik de Carufel
Photo : Annik de Carufel

Une vie des plus surprenante

Les sages-femmes ne savent jamais de quoi leur journée sera faite. De garde 24 heures sur 24, elles peuvent à tout moment être obligées d’interrompre leurs activités pour répondre à une urgence ou pour accompagner une femme lors d’un accouchement. Les sages-femmes veillent sur leurs clientes à toute heure du jour ou de la nuit, pendant les périodes prénatale et postnatale et, bien sûr, durant les accouchements. Regard sur une profession vieille comme le monde qui continue de fasciner.

Josyane Giroux a complété un baccalauréat en géomatique appliquée à l’environnement avant de pratiquer comme sage-femme. Bien que cette discipline l’ait stimulée intellectuellement, son travail actuel la comble davantage. « Devenir sage-femme, c’est bien sûr acquérir l’ensemble des connaissances et des compétences pour pouvoir donner tout le soutien clinique nécessaire aux femmes et aux familles, mais c’est beaucoup plus que ça. Je me sens comblée par l’aspect humain et relationnel de mon travail », souligne-t-elle. Josyane et ses consœurs de pratique sont représentées par la Fédération des professionnèles–CSN.

Une vie trépidante

27 novembre 2016, 2 h 30. Josyane est appelée par une cliente pour des saignements anormaux. Elle craint une hémorragie post-partum tardive et prend une quarantaine de minutes pour évaluer la situation. Elle décide de garder un contact étroit avec sa cliente. 5 h 30, le téléphone sonne à nouveau pour un accouchement, cette fois-ci. Josyane se rend chez la future mère. Le bébé naît à 12 h. Elle revient chez elle à 16 h.

Photo : Louise Leblanc

17 h, une cliente en panique l’appelle : elle vomit sans arrêt. Après consultation et analyse de la situation, Josyane conclut qu’il s’agit d’une gastro sévère. À 20 h, Josyane fait un suivi avec la mère qui l’a appelée la nuit précédente et détermine avec elle le plan à suivre si les saignements recommencent. 1 h du matin, une autre femme appelle, elle éprouve de sérieuses douleurs au bas du ventre. Celles-ci viennent de la compression des intestins. « Ce n’est pas toujours comme ça, des fois le rythme est plus intense ! », lance Josyane en riant.

La garde constitue la pierre angulaire de la profession de sage-femme. Elle est nécessaire pour permettre la continuité relationnelle des soins et des services à toutes les phases du suivi de grossesse, jusqu’à six semaines après l’accouchement. Le fait de ne pouvoir prévoir l’horaire exact et la nature des tâches de la journée fait donc partie intégrante de la réalité des sages-femmes. À ce sujet, Josyane raconte. « Le mois dernier, j’ai été appelée par un papa à 23 h 30, alors que j’étais couchée. Sa conjointe avait des contractions très intenses depuis 15 minutes. Cinq minutes plus tard, elle a commencé à pousser. Je finissais de mettre mes bottes. Merci à mon GPS qui m’a conduite au bon endroit ! Quand j’ai mis le pied dans la chambre, la tête du bébé était déjà sortie ; je suis tout de même arrivée à temps pour assister à sa naissance. Imaginez ! 32 minutes plus tôt, je dormais. C’est aussi ça, la vie de sage-femme. »

Comme à l’habitude, Josyane avait ce soir-là accroché des vêtements derrière la porte de la salle de bain. Elle en place toujours à cet endroit pour éviter de réveiller la famille, car son travail l’appelle à se lever la nuit régulièrement. Bien sûr, une trousse contenant tous ses instruments, prête à être utilisée, l’attendait aussi. « Il faut développer des trucs pour mieux s’adapter aux éléments stressants de la profession et pour composer plus efficacement avec les urgences », explique-t-elle.

La cohésion et l’entraide au sein de l’équipe d’une maison de naissance font toute la différence pour permettre aux sages-femmes de soutenir le rythme exigeant de la profession. « Parfois, on est capable de travailler 24 heures en ligne, alors qu’à d’autres moments, on est exténuée après 12 heures et il faut absolument dormir un peu. Je peux toujours compter sur mes collègues pour me permettre d’aller me coucher. À moins qu’elles soient, elles aussi, en train d’assister un accouchement… Alors on se relaie pour aller se reposer quelques heures », poursuit Josyane.

Différents modèles

Certaines maisons de naissance ont décidé de nommer une sage-femme de remplacement, communément appelée sage-femme volante, pour aider l’équipe à suppléer aux congés de maladie, aux grossesses et aux conflits d’horaires des sages-femmes régulières. « Notre présence permet à l’équipe de souffler un peu, souligne Marie-France Beaudoin, sage-femme de remplacement à la Maison du Haut-Richelieu–Rouville. On permet aussi d’atténuer les bouleversements pour les clientes, qui n’apprécient pas, à juste titre, de voir se succéder les sages-femmes au cours de leur grossesse. »

Bien sûr, le suivi d’une sage-femme de remplacement est différent. « Il faut vite comprendre le dossier et espérer qu’il a été bien rempli. Il est primordial de pouvoir entrer rapidement en relation avec les clientes. Le rapport diffère, puisqu’on ne réalise pas l’accompagnement en continu, mais le rôle de remplaçante est par contre très apprécié au sein de la maison de naissance ».

Photo : Annik de Carufel

Des femmes-orchestres

Beaucoup de femmes ont recours aux services d’une sage-femme pour leur deuxième grossesse, car elles ont l’impression de ne pas avoir été bien informées la première fois. « Elles déplorent souvent le côté un peu inhumain du processus médical », relate encore Josyane Giroux. L’accouchement avec une sage-femme est bien différent de celui pratiqué à l’hôpital et prend la forme que le couple veut lui donner. « Nous sommes là pour accompagner les femmes et leur famille dans leur choix. Si elles veulent écouter de la musique métal, je ne suis pas là pour les en empêcher. »

Bien sûr, toutes les mesures de sécurité sont prises pour assurer le bon déroulement de l’accouchement. D’ailleurs, elles doivent toujours être deux professionnelles pour assister la femme au moment de la naissance du bébé. Cela dit, l’un des principes importants de la pratique sage-femme est basé sur le choix éclairé, contrairement au choix dirigé du milieu hospitalier. « Il n’y a pas de protocole dans notre pratique, ce qui occasionne encore beaucoup de tensions avec les médecins qui ne comprennent pas pourquoi des couples choisissent de ne pas subir certains tests. Pour une sage-femme, le respect du choix des femmes est très important. Lorsque tous les renseignements nécessaires ont été donnés, elles peuvent décider de ne pas recevoir un geste clinique, c’est leur droit », renchérit Josyane Giroux.

À l’hôpital, une infirmière de l’équipe médicale se trouve à tout moment dans la chambre avec la femme sur le point d’accoucher. Pour donner tout le soutien et la disponibilité requise, les sages-femmes, pour leur part, doivent écouter leurs propres besoins tout en veillant au bien-être de la cliente : « Ça peut paraître évident, mais quand on a faim, il faut manger. Si les contractions commencent et qu’elles ne sont pas très intensives, il m’arrive d’aller m’étendre quelques minutes, entre l’écoute des deux cœurs. Mais je ne suis pas loin, seulement à la porte d’à côté. » Ces temps d’arrêt permettent également au couple de profiter d’une intimité qui n’existe pas avec l’équipe médicale.

Le rôle de soutien psychologique de la sage-femme auprès des femmes et des familles prend également toute son importance, surtout lorsque l’accouchement se déroule dans un contexte difficile comme une perte d’emploi, un déménagement, une rupture ou le décès du conjoint. « La transformation au cours de la grossesse est majeure à tous les points de vue. Le corps change, les hormones s’activent et les impacts sont énormes sur la vie de la femme et du couple. On est amenées à parler de communication, de sexualité, et de façon plus concrète, des ressources existantes, comme le CLSC ou les groupes communautaires. Ce travail avec les autres professionnel-les de la santé est primordial. Je ne suis pas psychologue, mais je peux être une intermédiaire déterminante lorsque le besoin se présente. »

Les sages-femmes agissent en somme comme des femmes-orchestres dans les moments les plus importants de la vie. Et leurs œuvres magistrales ont de quoi marquer chaque fois les familles qu’elles accompagnent.

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