Le personnel de tous les cégeps du Québec doit être entendu!

Les porte-parole des organisations syndicales membres du Front commun représentant la quasi-totalité du personnel enseignant, de soutien et professionnel du réseau collégial public ainsi que des travailleuses et des travailleurs du réseau collégial se rassemblent ce matin devant les bureaux du ministère de l’Enseignement supérieur, à Montréal, afin de rappeler que le gouvernement doit appuyer sur la pédale d’accélération dans les négociations sectorielles les concernant.

Des attaques patronales injustifiées
Alors que les problèmes d’attraction et de rétention du personnel s’accentuent dans les cégeps, il est pour le moins renversant de constater que la partie patronale souhaite imposer des reculs aux tables de négociation du réseau collégial.Alors que des solutions existent, il est urgent que la partie patronale s’engage à réellement négocier. « Nos membres sont déterminés à ne pas s’appauvrir et à obtenir des conditions de travail modernes qui reconnaissent la valeur de leurs compétences professionnelles. De son côté, la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ) demeure tout aussi déterminée dans sa recherche de solutions et encourage la partie patronale à s’engager dans un blitz de négociations d’ici le congé des fêtes pour améliorer l’attractivité des emplois et, donc, la qualité des services professionnels offerts au collégial », affirme Matthieu St-Pierre-Poulin, vice-président de la FPPC-CSQ.« En restreignant l’accès au congé sans solde et au programme de réduction volontaire du temps de travail, le gouvernement s’attaque aux rares avantages qu’il restait de travailler dans le réseau public. Cette négociation ne peut pas être celle des reculs ou du statu quo. Si l’on n’améliore pas les conditions de travail, les départs massifs de professionnelles et de professionnels vers d’autres secteurs vont se poursuivre. Il en va de la survie des cégeps comme service public essentiel », souligne Kathrin Peter, deuxième vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).
Où est la ministre de l’Enseignement supérieur?
Ce matin, les travailleuses et les travailleurs du réseau collégial aimeraient bien mieux être au chaud, dans les cégeps, à offrir des services aux étudiantes et aux étudiants plutôt que d’être encore obligés de faire la grève et de se rassembler devant le ministère de l’Enseignement supérieur!« Mais ce gouvernement ne nous donne pas d’autres choix. Notre négociation n’avance pas, malgré tout ce que les ministres du gouvernement Legault peuvent dire, à l’exception de la ministre responsable du réseau collégial, qu’on ne voit nulle part. À la veille du congé des fêtes, la partie patronale n’a toujours pas de mandats nous permettant d’avancer sur les demandes syndicales prioritaires : les assurances collectives, les congés rémunérés, les primes, les libérations syndicales, le télétravail et, enfin, le travail du personnel de soutien en cas de suspension des cours. Le Conseil du trésor doit donner les mandats nécessaires aux équipes de négociation pour négocier réellement avec nous, au plus vite. Pas demain, pas dans deux jours, maintenant! », enchaîne Riccardo Pavoni, président du Secteur soutien cégeps de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).Encore une fois, le réseau collégial semble être complètement ignoré par le gouvernement Legault dans cette négociation pourtant cruciale pour les services publics.« Le personnel de soutien collégial est complètement invisible présentement. Personne n’est là, au ministère, pour soulever les enjeux de notre réseau. La ministre Déry représente-t-elle vraiment l’enseignement supérieur à l’Assemblée nationale? Pourtant, on vit les mêmes choses que les autres réseaux. Malgré ça, on veut toujours nous imposer des reculs qui vont complètement à l’encontre de l’attraction et de la rétention du personnel. Après un an de discussion, il est plus que temps que la partie patronale ait les mandats en poche pour régler cette négociation. C’est assez! », s’insurge Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ).« Le gouvernement n’a pas de stratégies de négociation viables. Ces différents reculs et le refus obstiné depuis un an de parler des solutions syndicales ne peuvent plus durer. Mettons l’épaule à la roue et réglons pour le bien de tous les jeunes, qui méritent un système collégial efficace et florissant », ajoute Éric Gascon, président du Conseil provincial des collèges du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ).

Les enseignantes et les enseignants grandement préoccupés
À l’instar des réseaux scolaire et de la santé, plusieurs enjeux sectoriels se négocient actuellement aux tables de négociation du réseau collégial. En ce qui concerne la profession enseignante, « si les cégeps constituaient un des réseaux “gérés par les syndicats”, comme l’a déclaré le premier ministre, nous n’aurions pas besoin de négocier. La réalité, c’est plutôt que, depuis 2010, le nombre de cadres a explosé, un phénomène rendu tangible par l’augmentation de 22 % de leur poids dans la masse salariale, alors que le poids des profs n’a crû que de 2 %. Afin de rétablir l’équilibre, il est grand temps que le gouvernement attribue de véritables mandats de négociation, car, en ce qui nous concerne, il s’avère clair qu’il n’y aura pas d’entente sans gains sectoriels significatifs », terminent Yves de Repentigny et Youri Blanchet, respectivement vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) et président de la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ), organisations qui ont joint leurs forces dans le cadre de cette négociation au sein de l’Alliance des syndicats de professeures et professeurs de cégep (ASPPC).
À propos
Regroupés en Front commun, la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ), la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ), la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ), la Fédération des professionnèles (FP–CSN) et le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ) représentent la quasi-totalité du personnel des cégeps du Québec.

L’Université Laval recourt à la conciliation pour cacher son refus de négocier

Déception et colère. Tels sont les sentiments qui animent les membres du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL–CSN) à la suite du recours à la conciliation par l’employeur. Le 28 novembre dernier, le syndicat a pourtant déposé un projet de règlement juste et raisonnable susceptible de faire débloquer les négociations qui s’étirent depuis un an. En réponse, l’Université Laval a plutôt choisi de camoufler son obstination à ne pas négocier. « L’Université cherche à gagner du temps au lieu de négocier de bonne foi avec les personnes chargées de cours. Nous ne sommes pas dupes, c’est littéralement un refus de négocier. Le même stratagème a d’ailleurs été utilisé en 2012 et 2018 par l’Université », s’insurge Louis Emond, président du SCCCUL–CSN.

En effet, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale doit désormais trouver et nommer un conciliateur. Cette personne devra prendre connaissance du dossier avant d’entreprendre le processus formel de conciliation. La poursuite de la négociation sera donc inévitablement retardée à l’hiver 2024. « L’employeur se montre une fois de plus incapable de répondre au comité de négociation syndical et souligne à grand trait son incapacité de proposer des solutions aux problèmes qui sont connus de tous, et que lui-même reconnaît », déplore Louis Emond.

Hiver chaud et grève à venir ?  

Le 22 novembre dernier, lors d’une assemblée à la participation historique, 93 % des membres ont voté pour une banque de dix jours de grève à déclencher au moment jugé opportun. La conciliation n’a pas pour effet de suspendre l’exercice démocratique du droit de grève, toujours possible.

« La FNEEQ–CSN partage l’indignation des membres du SCCCUL–CSN qui, rappelons-le, donnent environ la moitié des cours au premier cycle. L’Université préfère maintenir dans la précarité ses piliers de l’enseignement alors que son succès dépend pourtant de leur contribution inestimable auprès de la population étudiante », rappelle Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), responsable du regroupement université. La Fédération représente douze syndicats universitaires au Québec et près de 11 000 personnes chargées de cours, toutes solidaires du combat de leurs collègues de l’Université Laval.

« Les personnes chargées de cours tentent de négocier depuis décembre 2022 avec l’employeur alors que celui-ci se défile et reporte les rencontres de négo. C’est honteux pour une université qui doit prôner les valeurs de démocratie et de collégialité en plus d’être une institution cruciale pour la vitalité de la région de la Capitale nationale », regrette Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN).

Deux principales demandes des chargé-es de cours de l’Université Laval

  • Diminuer la précarité (l’Université veut cesser d’attribuer l’ensemble des tâches liées à l’enseignement en fonction de l’ancienneté et de la compétence).
  • Protéger le pouvoir d’achat (l’Université offre moins que ce qui a été offert aux travailleuses et aux travailleurs du secteur public).

 

À propos  

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec-CSN parle au nom de 80 % des chargées et chargés de cours des universités québécoises (11 000 membres). Elle regroupe quelque 35 000 membres dans 46 cégeps, 43 établissements privés et 12 universités.

Le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN) regroupe quelque 240 syndicats et 45 000 membres dans les secteurs public et privé.

Fondé en 1987, le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL–CSN) représente 1700 membres.

Adoption de la réforme Drainville : la CSN attend toujours de vraies solutions

Pour la CSN, l’adoption prochaine du projet de loi 23, la réforme Drainville, ne règlera pas la situation précaire dans laquelle se retrouve le réseau de l’éducation. Un énorme travail reste à faire.

Par son caractère centralisateur, cette réforme nous apparaît non seulement improductive à bien des égards, mais elle comporte aussi d’importantes attaques contre l’enseignement, les services éducatifs et l’autonomie du personnel en éducation.

 La CSN déplore par ailleurs la fin du mandat du Conseil supérieur de l’éducation pour les niveaux primaire et secondaire. C’est une perte colossale pour le milieu de l’éducation, de la maternelle à l’université.

La centrale syndicale s’inquiète aussi du risque de microgestion de la part du ministre de l’Éducation qui pourra choisir les directions générales, annuler des décisions prises par les centres de services scolaires et leur imposer des ententes de gestion et d’imputabilité.

 CITATIONS 

 « On ne doit pas en rester là après l’adoption du projet de loi 23. La CSN continuera de surveiller les effets de la réforme Drainville et de défendre la nécessité de s’attaquer aux vrais problèmes, notamment au manque de personnel, en se basant sur les solutions qui proviennent des syndicats. »

 Caroline Senneville, présidente de la CSN 

Pour consulter la plateforme de la CSN en éducation et en enseignement supérieur : https ://bit.ly/3EAf0PY 

 

« Cette énième réforme, conçue sans consulter le personnel en éducation, ne règlera aucun des problèmes criants vécus actuellement dans le réseau. Ce rebrassage de structures, qui entraînera une importante centralisation des opérations, ne fera que complexifier davantage la mise en place de solutions concrètes pour répondre aux enjeux prioritaires, notamment toute la question préoccupante de la hausse de la violence à l’école. »

– Frédéric Brun, président par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) 

 

 « Nous constatons qu’une fois de plus, le gouvernement Legault n’est pas à l’écoute du milieu. Les modifications législatives adoptées avec le PL 23 affecteront négativement non seulement le réseau de l’éducation, mais aussi celui de l’enseignement supérieur. Nous déplorons la création de l’Institut national d’excellence en éducation et surtout, le démantèlement du Conseil supérieur de l’éducation. Cette perte sera irréparable. »

 – CAROLINE QUESNEL, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) 

 

 « Les conséquences du PL 23 sur le milieu de l’enseignement supérieur sont graves. Non seulement le projet de loi brime la liberté académique et l’autonomie des professeurs d’université, mais il rend aussi possible une ingérence du ministre dans la recherche en éducation et dans le choix des contenus des programmes universitaires. L’adoption de ce projet de loi constitue une sombre journée pour l’éducation et l’enseignement supérieur au Québec. »

DANNY ROY, président de la Fédération des professionnèles (FP–CSN) 

 

À propos 

 Fondée en 1921, la CSN est la première grande centrale syndicale québécoise et elle compte près de 80 000 membres dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur qui sont répartis dans trois fédérations. 

La FEESP–CSN représente près de 40 000 employé-es de soutien dans le réseau de l’éducation et de l’enseignement supérieur.

 La FNEEQ–CSN regroupe quelque 35 000 professeurs, chargé-es de cours ainsi que tutrices et tuteurs, principalement en enseignement supérieur.

 La FP–CSN représente plus de 700 professionnel-les du réseau collégial et universitaire et près de 1500 professeur-es d’université. 

Maîtriser l’inflation sans nuire à celles et ceux qui travaillent

Jusqu’à maintenant, nos gouvernements réagissent au problème de l’augmentation du coût de la vie à la pièce. On envoie un chèque et l’on se contente de laisser aller la Banque du Canada avec sa hausse accélérée des taux d’intérêt. Le problème est si sérieux et si pernicieux qu’il faudrait une stratégie globale beaucoup plus élaborée.

Ça ne va plus. Ça fait mal à des millions de Québécoises et de Québécois. Des travailleuses et des travailleurs se retrouvent de plus en plus à la banque alimentaire. Un récent sondage montre que cette épreuve est le lot de 12 % du personnel de soutien scolaire ! Les loyers ou les hypothèques sont extrêmement difficiles à trouver et à payer et rognent le budget pour l’alimentation.

La dernière offre du gouvernement aux travailleuses et travailleurs du Front commun, à 10,3 % d’augmentation sur cinq ans, ne leur permettrait même pas de conserver la tête hors de l’eau. C’est encore un appauvrissement, puisque ce salaire ne suivrait pas l’inflation.

Il faut que les grandes entreprises comme les épiceries ou les pétrolières cessent d’engranger des profits records sur le dos du monde ordinaire. Quand on sait que les personnes à la tête de ces entreprises gagnent 243 fois le salaire moyen de leurs employé-es, on comprend qu’ils sont déconnectés des vrais problèmes actuels.

La CSN a fait plusieurs recommandations pertinentes en consultation prébudgétaire au fédéral pour casser ce cercle vicieux et faire en sorte que la vie soit enfin plus abordable. En voici quelques-unes :

  • Le gouvernement doit mettre en place des politiques complémentaires à celle de la Banque du Canada pour lutter contre l’inflation : mieux contrôler le prix des loyers et des habitations, investir dans la construction de logements hors marché, réduire le prix des services gouvernementaux ou les offrir gratuitement et augmenter les transferts financiers aux ménages à faibles revenus.
  • Instaurer un régime universel d’assurance médicaments.
  • Permettre aux travailleurs étrangers temporaires de changer d’employeur.
  • Bonifier le financement du transport en commun.

Salaire minimum

Rappelons par ailleurs qu’il est impératif d’augmenter le salaire minimum, lequel n’a jamais suivi l’inflation. Les personnes qui gagnent le salaire minimum, environ 60 % étant des femmes, ont beaucoup moins de marge de manœuvre que les autres quand la facture d’épicerie et le loyer augmentent. Nous le disons et le redirons tant qu’il le faudra, on doit hausser le salaire minimum de façon très importante. Ces travailleuses et ces travailleurs ont souvent montré leur très grande utilité sociale pendant la pandémie, cette augmentation est nécessaire et méritée.

Un toit avant tout

La question du logement en particulier devient centrale. La hausse du coût de la vie engendre de l’itinérance ou des gens qui sont mal logés et qui utilisent une beaucoup trop grande part de leurs revenus pour le faire.

À Montréal en particulier, les mises en chantier sont à un creux historique. Ça n’a aucun sens ! Démarrer plus de chantiers, ça va demander des bras, il n’y a pas de miracle. Il faudra donc une stratégie pour attirer et conserver encore plus de travailleuses et de travailleurs de la construction.

Nous demandons aux deux gouvernements de faire leur part pour nous sortir de cette impasse qui ne se règlera clairement pas en laissant le secteur privé mener le bal. Si ça marchait, on le saurait ! La débandade des services publics au profit du privé ne fait qu’accentuer l’appauvrissement des ménages et compromettre l’accès au logement.

En cette période d’inflation élevée, nous devons, plus que jamais, rester solidaires avec tous les salarié-es qui luttent pour continuer à améliorer leur sort, à commencer par celles et ceux du secteur public qui font Front commun.

 

Autopsie d’une grève imminente

Voilà un peu plus d’un an déjà, le Front commun et ses organisations membres déposaient leurs demandes aux différentes tables de négociation en vue du renouvellement des conventions collectives du secteur public. Devant l’inflexibilité du gouvernement depuis ce dépôt, la grève se pointe maintenant le bout du nez.

Des demandes qui sont souvent des solutions à des problèmes vécus depuis longtemps sur le terrain, dans les établissements de santé et de services sociaux, dans les écoles et dans les collèges. Les solutions n’ont aucun impact si elles sont proposées à un gouvernement qui, dans ses meilleures semaines, se contente d’observer la chute de nos réseaux publics. « On fait quoi avec un gouvernement qui nous prend de haut comme ça, qui refuse d’écouter ? ». Une question lancée par François Enault, 1er vice-président de la CSN et responsable de la négociation du secteur public, à laquelle il s’empresse de répondre : « On l’oblige à bouger, on lui montre toute l’ampleur de la force de frappe des 420 000 travailleuses et travailleurs du secteur public ».

Celles et ceux qui aident ont besoin d’aide

À compter de mars 2020, les services publics ont été propulsés malgré eux au-devant d’une crise sanitaire sans précédent. « Au cœur de la crise, le Québec a réalisé toute l’importance qu’ont nos services publics. Des “ anges gardiens”, voilà ce qu’on a dit des femmes et des hommes qui ont tenu le Québec à bout de bras », rappelle François Enault. « Si la population s’en souvient et en est encore reconnaissante, M. Legault et la CAQ ont rapidement oublié tout le travail accompli quand est venu le temps de discuter des améliorations à apporter aux conditions de travail et au salaire de ces centaines de milliers de personnes », poursuit-il.

Des solutions sur la table depuis un an déjà

Le 28 octobre 2022, plus de 2000 membres étaient venus accompagner les porte-paroles du Front commun au dépôt des demandes syndicales. « Dès cet instant, on sentait déjà la grogne », indique François Enault. « Deux mille personnes à l’étape du dépôt, c’est un signe clair, mais le gouvernement ne l’a pas entendu et, un an plus tard, il ne l’entend toujours pas ».

Alors que la crise sanitaire a exacerbé les enjeux et les défis qui touchent les salarié-es des réseaux publics, il aurait été normal de s’attendre à ce qu’au moins quelques-unes des solutions proposées soient accueillies avec bienveillance, sinon avec un peu d’écoute. « C’est insultant ! La partie patronale est au courant des problèmes, tout le monde connaît les problèmes, on en parle dans les médias chaque semaine », s’insurge François Enault, « mais quand les gens sur le terrain proposent des solutions, les patrons font la sourde oreille ».

Des dépôts patronaux qui frisent le ridicule

À la fin de décembre 2022, la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel, et les comités patronaux de négociations présentaient leurs « offres » aux syndicats. Alors que les salarié-es réclament des augmentations importantes et justifiées, ainsi qu’un mécanisme pour les protéger face à une inflation hors de contrôle, le gouvernement répond maintenant par une offre de 10,3 % sur cinq ans, sous ses propres prévisions d’inflation et des attaques au régime de retraite. Là où les employé-es réclament des améliorations à leurs conditions de travail comme des outils pour contrer la surcharge et l’épuisement professionnel, et des améliorations à la conciliation famille-travail-études-vie personnelle, les employeurs répondent par des demandes de « souplesse », la possibilité de refuser plus facilement les congés, des horaires de travail plus longs, etc. François Enault est clair « c’était injurieux au moment du dépôt. Après un an sans mouvement significatif, je ne pense pas trouver de mots assez polis pour décrire la situation. Il ne reste qu’une solution pour faire comprendre au gouvernement le sérieux de nos demandes. »

L’IA en éducation : l’ère du soupçon

Alors que la rentrée est déjà bien entamée, certains syndicats et différents intervenants et intervenantes de l’enseignement supérieur réclament des balises claires pour encadrer le recours à l’intelligence artificielle (IA) dans les salles de classe. Les acteurs de l’éducation doivent s’adapter ultra-rapidement à cette nouvelle ère pédagogique.

Ça ne fait plus aucun doute, l’IA a gagné tous les établissements d’enseignement pour y rester. Des enseignantes et enseignants craignent l’utilisation de cet outil alors que d’autres voient ce dispositif d’un bon œil, tout en demeurant critiques. Tous s’entendent et réclament des jalons clairs pour l’encadrer.

Pour Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec–CSN (FNEEQ–CSN), il est question d’une réévaluation du système d’enseignement : « la capacité énorme de substitution de la pensée qu’offre ChatGPT est une fragilisation de la relation pédagogique ». Cette menace à l’intégrité de cette relation introduit les pédagogues dans ce qu’elle qualifie « d’ère du soupçon ».

Pour Simon Collin, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur l’équité numérique en éducation à l’UQAM, « les professeur-es à eux seuls ne peuvent évaluer la pertinence pédagogique des outils technologiques. L’anticipation des enjeux reliés à leur utilisation doit se faire dans une réflexion collective avec les conceptrices et concepteurs, les administratrices et administrateurs, et finalement, les enseignantes et les enseignants. »

Même son de cloche pour Marianne Théberge-Guyon, chargée de cours à l’UQAM. « Avant d’établir un encadrement officiel de l’IA en éducation, il faudra qu’il y ait une discussion centralisée. Les professeur-es et les expertes et experts en IA devront établir les balises, mais ils devront surtout être appuyés par le gouvernement, car ils auront besoin de moyens financiers pour l’implantation de repères ».

Pour Sébastien Mussi et Éric Martin, professeurs de philosophie au cégep, la résistance à l’implantation de l’IA en éducation devrait être plus radicale. « Il faudrait bloquer l’entrée de ces technologies qui risquent de détruire notre profession. Il s’agit d’une mainmise des entreprises sur le marché de l’éducation. L’application d’un cadre sera insuffisante pour contrer la dématérialisation de l’enseignement. »

Les syndicats de la FNEEQ–CSN ont adopté la recommandation du Comité école et société sur l’IA : dans le cadre des négociations collectives, qu’aucune technologie faisant appel à l’IA ne soit implantée sans l’accord des syndicats et que son utilisation soit supervisée par un comité paritaire auquel participeraient des enseignantes et des enseignants.

Plusieurs intervenantes et intervenants du secteur de l’éducation réclament un moratoire sur l’informatisation de l’école. La CSN et la FNEEQ–CSN revendiquent la création d’un comité permanent dont les syndicats feraient partie, afin d’établir un guide des meilleures pratiques pour les enseignantes et les enseignants.

L’enseignement est un métier relationnel. « Quand on y ajoute des intermédiaires technologiques, ça peut être pour le mieux s’ils soutiennent cette relation-là, mais pour le pire quand ils réduisent sa richesse », conclut sagement Simon Collin.

Le Front commun sera en grève les 21, 22 et 23 novembre prochains

Alors que 420 000 travailleuses et travailleurs sont en grève partout au Québec depuis minuit, le Front commun annonce ce matin que la prochaine séquence de grève se déroulera du 21 au 23 novembre prochains, à moins de parvenir à une entente d’ici là.

« Nous annonçons aujourd’hui le moment de la deuxième séquence de grève qui se tiendra sur trois journées complètes. Notre message ce matin est clair : nos équipes de négociation sont entièrement disponibles pour les deux prochaines semaines. L’objectif, c’est d’arriver à un règlement qui sera gagnant-gagnant, pour les travailleuses et les travailleurs, ainsi que pour les services à la population. Personne ne souhaite une autre séquence de grève, mais nous serons prêts s’il le faut », ont lancé les porte-paroles du Front commun, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ et Robert Comeau, président de l’APTS.

« Cela dit, il faut bien comprendre que ce mouvement est une démonstration de la détermination de nos membres, qui ont voté à 95 % en faveur de la grève et qui sont prêts à aller jusqu’au bout, jusqu’à la grève générale illimitée, si le gouvernement ne comprend pas le message », ont tenu à préciser les porte-paroles.  

Rappelons que le 29 octobre dernier, le Conseil du trésor a déposé une offre contenant une bonification dérisoire de seulement 1,3 %. L’offre salariale, qui est passée de 9 % sur cinq ans à 10,3 % pour la même période, ne réglerait en rien les problèmes causés par l’immense retard que subissent les 420 000 travailleuses et travailleurs regroupés en Front commun. Au contraire, elle les appauvrirait.

« Après que 100 000 personnes soient venues appuyer le Front commun dans les rues le 23 septembre, après un mandat de grève générale illimitée adopté à 95 % après un dépôt insultant dimanche dernier, le gouvernement nous pousse aujourd’hui à exercer la grève. Il récolte ce qu’il a semé, rien de moins. À l’heure actuelle, nous avons élagué nos demandes à l’ensemble des tables sectorielles. Mais une chose est certaine, les attentes des travailleuses et des travailleurs sont grandes. Laisser notre monde s’appauvrir, c’est non négociable ! », ont tonné les porte-paroles. 

Rappelons aussi que le gouvernement a choisi de donner aux parlementaires 30 % d’enrichissement et de rattrapage, auxquels viendront s’additionner d’autres augmentations annuelles, et qu’il a offert 21 % sur cinq ans aux policiers de la Sûreté du Québec, offre qui a été refusée. L’entente salariale à convenir avec le Front commun devra obtenir le même niveau de considération.

Un dépôt insultant, une fois de plus

« Beaucoup de bruit pour rien : une bonification pitoyable de seulement 1,3 % sur une durée de cinq ans. » C’est avec une vive déception, mais peu d’étonnement, que les porte-paroles du Front commun ont pris connaissance du dépôt effectué ce matin par le Conseil du trésor, lequel est reçu comme un affront. Encore une fois, le gouvernement démontre son incapacité à comprendre les difficultés vécues dans les services publics et à réaliser l’urgence de sauver le bateau qui est en train de couler. Il prouve de plus sa déconnexion complète face à la colère des travailleuses et des travailleurs qui, épuisés, portent sur leurs épaules des services publics plus que jamais fragilisés.

« Ce dépôt est une nouvelle claque au visage des 420 000 travailleuses et travailleurs du Front commun. C’est une insulte. C’est trop peu trop tard. Pour nos gens, tendre l’autre joue, c’est terminé », ont tonné d’une seule voix les porte-paroles du Front commun, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ, et Robert Comeau, président de l’APTS.

Malgré le fait que 100 000 personnes sont venues appuyer le Front commun dans les rues le 23 septembre, malgré un mandat de grève générale illimitée adopté à 95 % et l’annonce d’une première journée de grève, l’éléphant a encore accouché d’une souris. Le gouvernement continue de vouloir tout décider seul, de tout imposer, habitué à manœuvrer ainsi depuis sa première élection, en 2018.

« Nous ne voyons rien dans ce dépôt qui permettrait de lever la grève. Nous devons nous rendre à l’évidence. La grève est la seule solution pour que le gouvernement comprenne. Puisqu’il le souhaite, on va l’exercer haut et fort le 6 novembre prochain », ont renchéri les porte-paroles. Ces derniers ont aussi précisé qu’ils prendront le temps d’analyser le dépôt en détail et en feront la présentation à leurs instances respectives, mais il ne fait déjà aucun doute qu’il n’est pas à la hauteur des attentes de leurs membres.

Offre salariale

L’offre salariale, qui est passée de 9 % sur cinq ans à 10,3 % pour la même période, ne réglera en rien l’immense retard que subissent les 420 000 travailleuses et travailleurs regroupés en Front commun par rapport aux autres Québécoises et Québécois.

« La nouvelle offre salariale ne réussira pas à nous sortir de l’appauvrissement proposé par le gouvernement. Nous jouons toujours dans le même mauvais film, un film catastrophe. »

Rappelons que le gouvernement a choisi de donner aux parlementaires 30 % d’enrichissement et de rattrapage auxquels viendront s’additionner d’autres augmentations annuelles et qu’il a offert 21 % aux policiers de la Sûreté du Québec. L’entente salariale à convenir avec le Front commun devra le considérer.

« Nous constatons que ces offres substantielles ont été offertes à des emplois à majorité masculine, alors que les services publics, composés à 78 % de femmes, ne se font offrir que des miettes. On est encore devant une discrimination inacceptable envers les femmes. »

Primes

En reconduisant certaines primes jusqu’au renouvellement de la convention collective, la ministre LeBel a posé le seul geste sensé dans le contexte, mais il ne s’agit pas d’un gain, c’était déjà acquis. S’attaquer aux conditions de travail et de pratique des travailleuses et des travailleurs œuvrant dans des secteurs en difficulté, de la part d’un gouvernement qui prétend vouloir être un employeur de choix, aurait été une grave erreur. Cependant, en mettant fin à des mesures administratives prévues dans le cadre de la COVID-19, le gouvernement met le feu aux poudres.

Retraite

Le recul du gouvernement sur une mesure de « détention » qu’il voulait imposer au Régime de retraite du personnel employé du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) – soit le fait de faire passer la retraite sans pénalité de 55 à 57 ans pour les personnes ayant 35 ans de service – constitue une bonne nouvelle, certes, mais l’attaque majeure demeure alors que le régime est pourtant en excellente santé financière, dont la réduction des rentes exigées sous prétexte d’une bonification du régime de rentes du Québec (RRQ).

Tables sectorielles

Le règlement de cette négociation passe certes par une entente à la table centrale, mais également aux tables sectorielles. « Malgré tous les signaux envoyés à ces tables, dont l’élagage mené récemment, nos vis-à-vis patronaux répondent qu’ils n’ont aucun mandat pour parler même de leurs propres demandes. Nous sommes rendus à nous questionner sur la volonté et la capacité du gouvernement à convenir d’ententes satisfaisantes prochainement. »

Comme toujours, le Front commun sera disponible pour négocier afin de faire avancer cette négociation rapidement, à la satisfaction de ses membres.

Le Front commun sera en grève le 6 novembre

Le 6 novembre prochain, les 420 000 travailleuses et travailleurs représentés par le Front commun exerceront une première séquence de grève, d’une journée. En éducation, dans la santé et les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur, partout au Québec et d’une seule voix, ils enverront un premier coup de semonce pour forcer le gouvernement à faire une offre substantielle au Front commun.

C’est par les médias sociaux que le Front commun a appris cette semaine l’intention du gouvernement de déposer une nouvelle offre ce dimanche, 29 octobre. « Nous attendrons de prendre connaissance du dépôt gouvernemental avant de commenter. Mais nous dirons tout de même ceci : pour se sortir du pétrin dans lequel il s’est lui-même placé, le gouvernement n’a qu’une chose à faire : revenir avec une offre substantielle et cesser ses attaques, notamment sur la question de la retraite. Une nouvelle offre insuffisante accompagnée d’une énième opération médiatique serait reçue comme une claque en plein visage par les femmes et les hommes qui font fonctionner les services publics. La hauteur des mandats de grève octroyés par les membres témoigne de la hauteur des attentes dans nos réseaux quant à l’issue de cette négociation », ont déclaré les représentants du Front commun, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ, et Robert Comeau, président de l’APTS, en conférence de presse, ce matin, à Montréal.

« Nous avions été clairs sur notre intention d’exercer le mandat et la stratégie de grève votés par les travailleuses et les travailleurs que nous représentons pour arriver à une entente satisfaisante. Au-delà des échanges croisés sur l’élagage aux tables sectorielles, la réalité, c’est que rien ne bouge à la table centrale et sur les questions salariales ».

Depuis de nombreux mois, le Front commun est sur toutes les tribunes pour rappeler au gouvernement que ses offres ne passent pas et que de proposer aux travailleuses et aux travailleurs de maintenir le statu quo constitue la recette parfaite pour mettre le feu aux poudres. Compte tenu de l’état dans lequel se trouvent nos réseaux publics, maintenir une offre salariale insultante, des attaques au régime de retraite et réclamer à tout vent plus de flexibilité relève de l’aberration. Si le gouvernement veut être un employeur de choix, il faut que ça se traduise aux tables de négociation.

« Après un an de négociations, des dizaines de rencontres aux tables, beaucoup d’échanges à travers les médias, des actions de mobilisation et de visibilité partout au Québec, une manifestation monstre qui a rassemblé 100 000 personnes dans les rues de Montréal, et maintenant des mandats à 95 % en faveur d’une grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée, il faut croire que le gouvernement attend une première journée de grève pour bouger, si désolant cela soit-il. Mais que ce soit clair : il est responsable de l’annonce que nous faisons aujourd’hui », ont ajouté les leaders syndicaux.

« Nous sommes conscients des impacts considérables qu’une grève engendre sur le quotidien des Québécoises et des Québécois. Mais nous savons que la population n’a plus envie de vivre avec des services publics carencés et continuellement en pénurie de main-d’œuvre. Nous espérons donc sincèrement que ce sera assez pour faire bouger le gouvernement de manière sérieuse et limiter les désagréments. Mais si le message n’était pas entendu, une deuxième séquence pourrait être exercée, laquelle constituerait le plus grand mouvement de grève qu’ait connu le secteur public depuis 50 ans. »

Dans l’éventualité du déclenchement d’une grève le 6 novembre prochain, le Front commun précise que les services essentiels seront assurés.

Les sept syndicats du secteur public affiliés à la CSN envoient un message clair au gouvernement Legault !

Au cours des dernières semaines, les sept syndicats CSN du secteur public en Estrie se sont dotés d’un mandat de grève. Ce sont plus de 6500 personnes syndiquées issues des milieux de la santé, des services sociaux et de l’éducation qui envoient un message on ne peut plus clair au gouvernement Legault : les offres actuellement sur la table des négociations sont inacceptables et méprisantes !

En effet, ce que le gouvernement Legault propose aux travailleuses et travailleurs de l’État, c’est un appauvrissement. Alors que les prévisions gouvernementales prévoient un taux d’inflation de plus de 16 % pour les cinq prochaines années, François Legault et Sonia Lebel offrent un maigre 9 % à celles et ceux qui sont responsables de la santé, de l’éducation et des services à la population. Face à une pénurie de main-d’oeuvre sans précédent, le gouvernement Legault refuse d’améliorer les conditions de travail des milliers de travailleuses et travailleurs de l’État. Il fragilise ainsi les services publics et ouvre la porte au secteur privé. Est-ce vraiment ce que la population désire ? Non ! Des sondages récents le démontrent : la population québécoise veut des services de qualité et elle appuie les revendications des personnes qui travaillent dans le secteur public.

Pour Denis Beaudin, président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN, on est en présence d’une mobilisation historique. « En moyenne, les syndicats CSN en Estrie ont voté en faveur de la grève à plus de 93 %. Les gens sont gonflés à bloc ! En se dotant d’un mandat pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée, les travailleuses et travailleurs disent au gouvernement Legault qu’ils sont prêts à aller jusqu’au bout pour obtenir les conditions de travail qu’ils méritent », indique-t-il.

Les personnes syndiquées à la CSN en Estrie font partie du Front commun qui compte plus de 420 000 travailleuses et travailleurs syndiqués. Selon Denis Beaudin, « la balle est dans le camp de François Legault et Sonia Lebel. Pour éviter les moyens de pression, ils doivent se présenter aux tables avec des offres bonifiées qui sont à la hauteur de la compétence et de l’engagement des travailleuses et des travailleurs du secteur public. »

– Syndicat du personnel administratif du CIUSSS de l’Estrie-CHUS–CSN

– Syndicat du personnel enseignant du Cégep de Sherbrooke–CSN

– Syndicat du personnel de soutien des Hauts-Cantons–CSN

– Syndicat du personnel de soutien de la Commission scolaire des Sommets–CSN

– Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep de Granby–CSN

– Syndicat du personnel du Val-des-Cerfs–CSN

– Syndicat du personnel technique, administratif et éducatif du Val-des-Cerfs–CSN

Collège Regina Assumpta : les profs en grève pour la première fois de leur histoire

Pour une première fois en près de soixante-dix ans d’existence de l’établissement, la centaine de profs du Collège Regina Assumpta se voit obligée de déclencher la grève pour dénoncer la fermeture de la part de la direction et la détérioration déplorable des relations de travail. Le syndicat souhaite limiter le plus possible l’impact de ces moyens de pression sur les élèves et leurs parents.

« Nous aimons notre établissement et avons à cœur la réussite de nos élèves. C’est ultimement pour eux que nous piquetons aujourd’hui, pour une amélioration des conditions d’enseignement au collège et pour obtenir une convention collective à l’image des défis de 2023. Qu’attend la direction générale pour mandater ses négociatrices et ces négociateurs ? », se demande Patrick Lupien, président du Syndicat des enseignantes et enseignants du Collège Regina Assumpta (SEECRA–CSN). Après une quinzaine de séances de négociation, dont trois en conciliation, la partie patronale se braque et ne suggère aucune solution.

Quatre principales revendications des profs :

  • Augmentation du nombre de congés de maladie afin de prévenir l’épuisement professionnel et favoriser la rétention du personnel ;
  • Fixation de règles d’encadrement de l’enseignement à distance et des changements technologiques, conjointement et par une entente avec le syndicat, puisque cela a une incidence considérable sur la préparation des cours ;
  • Ouverture d’un local dédié aux élèves à besoins particuliers en constante augmentation, nécessitant du temps additionnel pour compléter leurs évaluations (tiers-temps) ;
  • Réduction du nombre maximal d’élèves par classe au premier cycle pour leur offrir un meilleur suivi.

« Nos membres, qui participent à une négociation coordonnée de l’enseignement privé, savent que d’autres collèges consentent à ces demandes constructives et logiques pour la réussite éducative. Faire la grève est une action forte, jamais prise à la légère. Nous les appuyons sans réserve dans leurs revendications, pour le bien des jeunes », précise Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN).

« En ces temps de pénurie, alors que l’éducation doit être une priorité nationale, il faut tout mettre en œuvre pour valoriser et retenir celles et ceux qui déploient énergie et cœur afin de bien former les élèves. Ça passe forcément par de meilleures conditions de travail, dans les classes », ajoute Katia Lelièvre, troisième vice-présidente de la CSN.

« La direction du Collège Regina Assumpta a la responsabilité d’offrir des conditions qui soient favorables au bien-être de son personnel. Celles-ci sont garantes des conditions d’études et de la qualité de l’enseignement offertes aux jeunes. Nous saluons le courage et la détermination des membres du SEECRA–CSN et serons à leurs côtés aussi longtemps qu’il le faudra. », note solidairement Bertrand Guibord, secrétaire général du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN)

Forts d’une banque de trois jours de grève votée à 97 % le 19 septembre dernier, les membres pourraient donc ajouter d’autres journées de débrayage. La convention collective est échue depuis le 30 juin 2022.

Réforme Drainville : jamais trop tard pour bien faire

Alors que l’étude du projet de loi 23 du ministre Drainville continue aujourd’hui à l’Assemblée nationale, la CSN réitère que, sous sa forme actuelle, il va détériorer une situation déjà précaire à plusieurs égards dans le réseau de l’éducation. En clair, cette énième réforme est vouée à l’échec et rate sa cible.   

 

Au sortir de la pandémie, le Québec s’est retrouvé avec un réseau de l’éducation fragilisé : des élèves accumulant des retards scolaires et ayant de plus en plus de besoins particuliers, des inégalités sociales et scolaires qui s’accentuent, un personnel en nombre insuffisant et à bout de souffle ainsi qu’un accroissement de la détresse psychologique et de la violence. 

 

Par son caractère centralisateur, cette réforme nous apparaît non seulement improductive à bien des égards, mais elle comporte aussi d’importantes attaques contre l’enseignement et les services éducatifs, l’autonomie des enseignantes et des enseignants et le Conseil supérieur de l’éducation. C’est pourquoi nous demandons au ministre d’abandonner son projet de loi, à l’exception de la question de la collecte de données sur le réseau. 

 

CITATIONS 

– KATIA LELIÈVRE, vice-présidente de la CSN 

 

« Le projet de loi 23 ne fait pas le travail. Nous devons travailler ensemble pour faire de l’éducation une vraie priorité nationale. Le ministre Drainville doit prendre plus de mesures concrètes pour venir à bout du manque de personnel. Il faudra continuer à parler aux syndicats pour trouver des solutions pérennes et globales afin d’assurer un meilleur avenir à nos enfants. Pour cela, il faut notamment améliorer de façon notable les conditions de travail et l’organisation du travail pour faire en sorte d’attirer et de retenir le personnel. » 

 

Pour consulter la plateforme de la CSN en éducation et en enseignement supérieur : https ://bit.ly/3EAf0PY 

 

– FRÉDÉRIC BRUN, président par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) 

 

Il n’y a absolument rien dans le projet de loi 23 qui améliorera les conditions d’apprentissage des élèves. Et ça, les employé-es de soutien le savent parce qu’ils sont les yeux, les oreilles et les bras du réseau scolaire. Ils sont partout, tout le temps. Ils connaissent mieux que quiconque les problèmes actuels et sont en mesure d’identifier des solutions concrètes. Il est encore temps pour le ministre de les consulter réellement avant d’adopter une autre réforme vouée à l’échec. 

 

– CAROLINE QUESNEL, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN). 

 

« Ce n’est pas en concentrant les pouvoirs entre les mains d’un ministre tout-puissant ou en créant un Institut d’excellence en éducation – calqué sur l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) dont les mantras sont la performance et la rentabilité – que le gouvernement va régler les problèmes des réseaux de l’éducation. L’approche centralisatrice de la CAQ mine dangereusement la recherche, ses retombées et la diversité de ses points de vue. Elle impose également des œillères à la profession enseignante, en démantelant le Conseil supérieur de l’éducation qui offre un regard critique et pertinent, de la maternelle à l’université. »  

 

DANNY ROY, président de la Fédération des professionnèles (FP–CSN) 

 

« Le projet de loi 23, dans sa mouture actuelle, brime l’autonomie universitaire et la liberté académique des professeur-es, deux conditions pourtant essentielles à l’accomplissement de la mission des établissements d’enseignement supérieur. Pire encore, ce projet de loi vient ouvrir la porte à diverses formes d’ingérence de la part du ministre et du gouvernement au niveau du contenu des programmes universitaires et de la recherche en éducation. Le ministre doit impérativement refaire ses devoirs en consultant et en impliquant concrètement les acteurs du milieu de l’enseignement supérieur. » 

 

À propos 

 

Fondée en 1921, la CSN est la première grande centrale syndicale québécoise et elle compte près de 80 000 membres dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur qui sont répartis dans trois fédérations. 

 

La FEESP–CSN représente près de 40 000 employé-es de soutien dans le réseau de l’éducation et de l’enseignement supérieur.

 

La FNEEQ–CSN regroupe quelque 35 000 professeurs, chargé-es de cours ainsi que tutrices et tuteurs, principalement en enseignement supérieur.

 

La FP–CSN représente plus de 700 professionnel-les du réseau collégial et universitaire et près de 1500 professeur-es d’université. 

Les membres du Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep régional de Lanaudière à Joliette (FNEEQ–CSN) rejettent les offres du gouvernement

Réunis pour une activité conjointe de visibilité au Cégep de Joliette, les enseignantes et enseignants ainsi que le personnel de soutien ont tenu à sensibiliser la communauté collégiale sur la pénurie de personnel actuelle et à venir dans leur établissement. Ils ont installé symboliquement des chaises vides dans le hall d’entrée avec des affiches décrivant la conséquence pour les étudiantes et les étudiants, et de l’absence de travailleuses et travailleurs dans les différents services ou disciplines enseignés. Que ce soient des techniciennes ou techniciens en travaux pratiques, des apparitrices et appariteurs ou des enseignantes et enseignants, les conditions de travail et de rémunérations actuelles nuisent grandement à l’attraction et à la rétention des employé-es. Pour Claude Majeau, trésorier du Syndicat du personnel de soutien du Cégep régional de Lanaudière–CSN, « le manque de main-d’œuvre exacerbé par la faiblesse des conditions de travail offertes par le réseau collégial prive de plus en plus, que ce soit directement ou indirectement, les étudiantes et les étudiants de nombreux services auxquels ils ont droit. » Ce problème touche aussi de plus en plus les enseignantes et enseignants. « Lors du départ à la retraite d’enseignants ou lors de congés maladie, il devient très difficile d’attirer de jeunes diplômés dans l’enseignement collégial. Les salaires ne sont vraiment plus compétitifs, surtout en début de carrière. La possibilité de télétravail à domicile, comme la correction et la préparation de cours, était un atout avant la pandémie lors de l’embauche. Maintenant, une majorité d’employeurs privés acceptent ce mode en offrant aussi un meilleur salaire et des avantages sociaux intéressants », souligne Marco Legrand, président du syndicat.

Réunis le même jour en assemblée générale, les membres du syndicat ont symboliquement adopté une proposition leur attribuant automatiquement une augmentation salariale de 30 %, comme l’ont fait les député-es provinciaux. « Nous voulions faire un clin d’œil ironique à l’augmentation que les député-es caquistes et libéraux se sont eux-mêmes voté. Comment défendre l’argument de la capacité de payer des contribuables alors que nos représentantes et représentants à l’Assemblée nationale peuvent s’octroyer 30 % d’augmentation en juin dernier et aussi consentir 21 % aux policières et aux policiers, tout en disant que 9 % suffisent pour les autres employé-es de l’État? C’est un non-sens », souligne M. Legrand.

Dans les prochaines semaines, l’ensemble des syndicats membres du Front commun (CSN, CSQ, FTQ et APTS) sont appelés à se prononcer en assemblée générale sur une proposition de mandat de grève à exercer au moment jugé opportun. Rappelons que les enjeux relatifs à l’attractivité et à la qualité des emplois dans les services publics sont au cœur des négociations.

À propos
Le Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep régional de Lanaudière à Joliette (FNEEQ–CSN) représente plus de 275 enseignants et enseignantes. Il est affilié à la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ–CSN). Cette dernière compte actuellement 101 syndicats et représente près de 34 000 membres dans 45 syndicats de cégeps (collèges d’enseignement général et professionnel), dans 43 syndicats d’établissements d’enseignement privés et dans 13 syndicats d’établissements universitaires. Le syndicat est également affilié au Conseil central de Lanaudière–CSN qui représente près de 14 000 membres répartis en plus de 81 syndicats sur son territoire.

Sommes-nous en train de sacrifier une génération ?

Au moment où la rentrée scolaire s’amorce de la maternelle à l’université, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) met le gouvernement en garde contre le fort risque de sacrifier plusieurs milliers d’élèves, d’étudiantes et d’étudiants qui sont victimes du manque chronique de personnel qualifié, des retards académiques très significatifs à tous les niveaux liés à la COVID et d’un laisser-aller dangereux concernant l’intelligence artificielle (IA). Le risque de dérapage est immense, des cohortes complètes pourraient soit décrocher étant données les nombreuses offres d’emploi alléchantes ou ne pas acquérir les compétences nécessaires à leur futur emploi.

« Il faut que les ministres Drainville et Déry se réveillent avant qu’il ne soit trop tard pour plusieurs milliers de jeunes au Québec qui subissent les contrecoups du manque flagrant de planification de la main-d’œuvre, de mesures insuffisantes pour rattraper les retards liés à la pandémie et d’un manque d’encadrement de l’IA », insiste Caroline Senneville, présidente de la CSN. Notons que cette rentrée est la deuxième où des élèves ayant subi les contrecoups de la COVID arrivent au cégep et les universités devront accueillir cette même cohorte très bientôt. Tous les niveaux d’enseignement sont donc aux prises avec cette problématique.

Vraie intelligence, vrai enseignement

 Une autre inquiétude, maintes fois exprimée par les membres depuis l’accélération effrénée et non balisée du recours à l’intelligence artificielle, concerne son impact sur la valeur même des diplômes décernés par les établissements. « Les nouveaux robots conversationnels peuvent altérer la capacité d’apprendre et de réfléchir comme le GPS a affaibli le sens de l’orientation. Les risques de plagiat mettent en doute l’authenticité des évaluations, tout en minant les fondements de l’enseignement. À l’instar d’une foule d’experts internationaux, le gouvernement doit mesurer la dangerosité de l’IA et en baliser le développement en consultant de manière prioritaire celles et ceux qui enseignent au quotidien afin d’endiguer cette menace à la qualité des diplômes québécois », revendique Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN).

Des moyens à la hauteur des besoins

Avec un manque flagrant de personnel de soutien en éducation, c’est une autre rentrée qui s’annonce difficile dans les écoles, les centres de formation, les cégeps et les universités. « Ce n’est pas rose pour les employé-es de soutien qui se dévouent au quotidien pour assurer aux élèves et aux étudiantes et étudiants un environnement sain et stimulant qui favorise les apprentissages. Nous sommes actuellement en négociation avec le gouvernement ; c’est le moment de trouver des solutions concrètes aux nombreux problèmes vécus par le personnel de soutien, notamment la violence à laquelle il est confronté et la surcharge de travail constante qui l’afflige. Il faut aussi améliorer significativement les salaires de ces dizaines de milliers de femmes et d’hommes qui sont parmi les moins bien rémunérés du secteur public. Sans un sérieux coup de barre, on va frapper le mur et c’est tout le réseau qui en paiera le prix », affirme Frédéric Brun, vice-président de la FEESP-CSN.

Financement étatique, stable et équitable

Il faut à tout prix éviter de sacrifier des cohortes complètes d’étudiant-es préuniversitaires et universitaires qui sont la clé du développement économique et humain du Québec de demain.

« Le financement doit absolument être assuré par l’état plutôt que par des frais individuels, l’investissement philanthropique ou le soutien direct des entreprises », insiste Jessica Goldschleger, vice-présidente de la FP-CSN. Cette dernière précise que sans un soutien public suffisant et stable, les intérêts commerciaux vont prendre le dessus sur ceux du Québec et des étudiant-es. La FP-CSN rappelle que la pénurie de main-d’œuvre actuelle détourne des jeunes des études préuniversitaires et universitaires qui préfèrent travailler que s’endetter. « La donne a changé, il faut prendre les moyens de rendre l’université plus attrayante, avec un environnement d’apprentissage optimal, c’est stratégique pour notre économie », ajoute la vice-présidente.

Il faut un coup de barre immédiat

« Le gouvernement et le premier ministre à sa tête doivent avoir un plan de match à la hauteur de cette crise. Notre avenir dépend de la vigueur et de l’intelligence que nous aurons à régler ces problèmes majeurs qui touchent des milliers de jeunes dans toutes les régions. L’improvisation n’a pas sa place », conclut la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Cette dernière insiste fortement pour dire que le gouvernement doit absolument consulter tous les acteurs du réseau s’il veut trouver des solutions qui fonctionnent.

À propos

Fondée en 1921, la CSN est la première grande centrale syndicale québécoise. Composée de près de 1600 syndicats, elle compte près de 80 000 membres dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur qui sont répartis dans trois fédérations.

Universités – Pas de liberté académique sans autonomie financière

Les universités doivent cesser de dépendre des dons privés ou des contributions des entreprises. C’est l’un des messages cruciaux portés par la CSN à l’occasion de la consultation gouvernementale afin de revoir la Politique québécoise de financement des universités. La CSN estime qu’une hausse du financement public des universités et une révision des conditions s’y rattachant sont impératives pour assurer la mission de ces organisations essentielles au bien commun. « Pour la CSN, un financement stable et une réelle autonomie financière sont incontournables si le gouvernement tient véritablement au principe de liberté académique », rappelle Caroline Senneville, présidente de la CSN.

La CSN estime que trop de financement conditionnel est calculé à partir de la population étudiante à temps plein (alors qu’un tiers de la population étudiante est à temps partiel) ou sur des partenariats avec le privé. La fluctuation annuelle des budgets empêche les universités de prévoir et d’engager les meilleures ressources.

La CSN souligne par ailleurs l’iniquité envers les universités francophones au Québec. Les universités anglophones obtiennent 47 % des dons philanthropiques et accueillent 43 % des étudiantes et des étudiants étrangers, alors qu’elles représentent seulement 25 % de la population étudiante au Québec. « Le gouvernement doit en faire plus pour l’ensemble du réseau universitaire en portant une attention particulière aux universités francophones, nommément au réseau de l’Université du Québec qui est essentiel pour l’accès aux études supérieures de plusieurs Québécoises et Québécois, notamment en région », ajoute la présidente de la CSN.

Les universités ne sont pas au service des entreprises

La CSN et ses fédérations s’inquiètent également des attentes formulées par le gouvernement à l’égard des universités pour répondre aux besoins des entreprises.

Selon le gouvernement, la politique vise notamment à « améliorer la contribution des établissements universitaires aux enjeux de main-d’œuvre dans les secteurs stratégiques pour l’économie québécoise » et « à renforcer la capacité des établissements de valoriser, sur le plan économique, la recherche et l’innovation. »

« Les universités ne sont pas des usines à fabriquer des travailleuses et des travailleurs pour combler la pénurie de main-d’œuvre. Détourner les missions fondamentales de ces institutions du savoir en les assujettissant aux besoins du marché du travail ne fait que nous appauvrir collectivement, à long terme », met en garde Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec-CSN et responsable du regroupement université.

L’enseignement supérieur est un service public reposant sur les principes d’accessibilité, d’autonomie et d’indépendance propres à la création et à la transmission du savoir ainsi qu’au développement de l’esprit critique.

Gratuité scolaire

Le Québec doit se doter d’une politique sur les droits de scolarité fondée sur le principe de la gratuité scolaire, et ce, à tous les ordres d’enseignement. Cela diminuerait d’autant la trop grande dépendance financière des universités avec le nombre d’inscrits à temps plein chaque année.

« Alors que de plus en plus d’étudiantes et d’étudiants choisissent de délaisser leurs études pour aller sur le marché du travail, il faut plus que jamais assurer une plus grande accessibilité aux études supérieures, notamment à l’université. Un des leviers les plus puissants pour y parvenir demeure la gratuité scolaire, insiste Danny Roy, président de la Fédération des professionnèles-CSN. Contrairement à certaines idées souvent véhiculées, la gratuité de l’enseignement universitaire n’est ni marginale ni utopique, comme en témoigne son application dans les pays scandinaves. De plus, la gratuité permettrait de répondre aux objectifs que s’est fixés la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, comme celui d’augmenter le taux de diplomation et surtout, le nombre d’inscriptions qui est en chute libre, notamment dans le réseau UQ. »

Les moyens de nos ambitions

« Avec un financement insuffisant et instable d’une année à l’autre, les universités sont incapables de conserver leur personnel de soutien qui joue pourtant un rôle essentiel. Dans les universités comme dans l’ensemble du réseau de l’enseignement supérieur, les défis de recrutement et de rétention du personnel de soutien sont importants. Afin d’être en mesure de répondre adéquatement à cet enjeu, il faut offrir des conditions de travail et des conditions salariales attractives. Pour y arriver, il faut s’assurer que les universités obtiennent enfin un financement public, stable, prévisible et à la hauteur des besoins », martèle Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics-CSN.

Des solutions novatrices

Dans son mémoire, la CSN fournit à la ministre de nombreuses solutions pour rajuster le tir, pour soutenir un réinvestissement public et pérenne des universités et pour accroître l’accessibilité aux études.

Le mémoire contient 20 recommandations, dont la fin de la déréglementation des frais pour les personnes étudiantes étrangères, l’ajustement à la hausse du financement global et des sommes reliées à celles qui s’inscrivent à temps partiel ou encore la hausse du financement pour la recherche et la création, notamment pour la recherche en français.

Mémoire disponible sur demande.

À propos

Fondée en 1921, la CSN est la première grande centrale syndicale québécoise. Composée de près de 1 600 syndicats, elle compte près de 80 000 membres dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur qui sont répartis dans trois fédérations.

Secteur public : en mode mob active

« Comme travailleur dans les services publics depuis plusieurs années, j’ai la conviction que notre cause est juste. » C’est ainsi qu’un délégué amorce son intervention lors des instances conjointes du secteur public de la CSN qui se sont déroulées le 31 mars 2023 et qui traitaient principalement de mobilisation dans l’actuelle négociation avec le gouvernement.

Ce sentiment habite la totalité des personnes qui militent pour l’amélioration des conditions salariales et de travail dans ce milieu difficile que sont devenus les services publics. Toutefois, devant le gouvernement actuel de la CAQ, la raison et le discernement ne pourront être les seuls outils stratégiques.

Gonflés à bloc
Marcel Pepin, ancien grand président de la CSN, disait, à la suite du premier Front commun en 1972, qu’« en négociation, il ne s’agit pas d’avoir raison, il faut la force requise pour obtenir que la raison triomphe ». Cela est d’autant plus vrai lorsque l’employeur est également le faiseur de lois et qu’il représente plus de 70 % des député-es élus depuis la dernière élection. C’est dans ce contexte que les organisations syndicales qui composent le Front commun de 2023, soit la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS, tiennent une tournée de consultation jusqu’à la mi-mai afin de se doter d’un mandat pour intensifier les moyens de pression et préparer la grève dans tous les syndicats du secteur public.

Un événement impressionnant par son envergure et par la solidarité qui s’y faisait sentir a été organisé par le Front commun le 30 mars dernier pour lancer cette consultation. Plus de 2 000 militantes et militants étaient rassemblés à Québec pour préparer ensemble la suite de leur négociation. En soi, ce moment était une démonstration de force : la suite du plan d’action est déjà prise en charge par des milliers de personnes de toutes les régions du Québec qui partagent le but commun de se servir de leur négociation pour relever les services publics.

La CAQ forte, oui mais…
La force que représentent les résultats de la CAQ aux élections de 2022 reste toutefois au centre de l’analyse que les syndicats font de leur rapport de force. Une vague qui donne au gouvernement 90 des 125 sièges confère une force à ce dernier selon plusieurs observateurs. Les organisations syndicales rappellent, cependant, que ce n’est pas la majorité de la population qui a appuyé ce parti qui détient 100 % du pouvoir, mais plutôt un maigre 27 %. Les travailleuses et les travailleurs auront à miser en partie sur cette réalité qui pourrait bien leur servir.

« Peu importe le nombre de candidatures caquistes portées au pouvoir, nous faisons face à un caucus très réactif aux mouvements sociaux, considère François Enault, 1er vice-président de la CSN et responsable de la négociation du secteur public. Le recul face au troisième lien ne sera pas leur seul. »

Le Front commun, qui rassemble 420 000 personnes de presque tous les titres d’emploi du secteur public au Québec, est un des plus gros depuis 1972, l’année qui a vu naître la première alliance de ce type. Pour les syndicats, cette stratégie est justement l’occasion de réagir plus fortement à l’État employeur.

« Des actions, les membres vont en faire et ça va mettre de la pression. Pour moi, le nombre plus élevé de député-es de la CAQ doit être vu comme un nombre d’occasions plus grand pour organiser nos actions, pour se faire voir et pour montrer que nos revendications sont des solutions nécessaires afin de répondre à la crise qui se poursuit dans nos réseaux », ajoute le 1er vice-président.

Action-réaction
Déjà, le terrain s’active et plusieurs actions sont organisées en réaction aux offres du gouvernement, qui demeurent bien en dessous de ce que les membres revendiquent. Des dizaines de milliers de salarié-es portent, depuis quelques semaines, un chandail ou un foulard aux couleurs du Front commun tous les jeudis, en appui à leur négociation. Des visites de bureaux de député-es ou lors de réunions de conseils d’administration sont entamées et se répéteront jusqu’à ce qu’une entente intervienne. Dans les milieux de travail, des membres font preuve d’imagination : marche des anges gardiens déchus, thermomètre géant pour montrer que la pression monte, chaises vides pour bloquer les bureaux administratifs, à l’image de l’exode du personnel qui persiste. Une action a aussi rassemblé des centaines de travailleuses et de travailleurs à Sherbrooke lors du congrès de la CAQ. Une occasion pour exprimer directement aux dirigeants le mécontentement ambiant.

Automne chaud en perspective
Au cœur de ces actions, une tactique détonne, soit la décentralisation dans l’escalade des moyens de pression. Les comités de mobilisation et leur syndicat ont en main des ressources pour s’organiser et un espace de créativité afin de donner lieu à des initiatives qui doivent avoir pour effet de susciter chaque fois une plus grande participation. La démarche va se poursuive en gradation tant que la négociation l’exigera et jusqu’à un possible exercice de la grève.

« À l’automne, si les boss ne nous écoutent pas, nous consulterons les membres sur la grève, tranche François Enault. Il faut la préparer [la grève], il va y avoir des moyens d’action qui vont progresser et qui vont devoir être faits par tout le monde ensemble. C’est cela qui va faire mal ; aussi longtemps que le gouvernement va voir que les 420 000 membres font les moyens de pression étape par étape, c’est là que nous allons le faire shaker ! »

La CSN réclame l’abandon du projet de loi 23

La CSN, qui sera en commission parlementaire tard ce soir, afin d’expliquer pourquoi le projet de loi 23 du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, rate la cible en ce qui concerne les enjeux actuels en éducation, comme les retards scolaires postpandémiques, le personnel insuffisant et à bout de souffle, la limitation nécessaire de l’enseignement à distance ainsi que l’accroissement de la détresse psychologique et de la violence.

« Le ministre ne fixe pas ses priorités à la bonne place si l’éducation est censée être une priorité nationale. La centralisation contenue dans le projet de loi ne règle aucun des problèmes de l’heure », insiste Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Malgré cela, la CSN pense qu’un projet de loi ou un projet de règlement portant uniquement sur la collecte de données et l’accès à l’information concernant le réseau de l’éducation serait pertinent, si on s’assure d’une diffusion de l’information auprès des partenaires.

La nécessité de préserver l’intégralité du Conseil supérieur de l’éducation

La fin annoncée du mandat du Conseil supérieur de l’éducation pour les niveaux primaire et secondaire est dénoncée par la CSN et s’avérerait une perte colossale pour le milieu de l’éducation, de la maternelle à l’université. « Le Conseil supérieur de l’éducation a été fondé en 1964, en même temps que le ministère de l’Éducation. Il a fait ses preuves, son expertise est reconnue et son indépendance est un élément indispensable », affirme Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

Le nouvel institut national d’excellence en éducation ne répondrait pas à un réel besoin alors qu’il existe déjà des organismes de recherche et d’innovation en éducation. Segmenter l’analyse ne ferait qu’encourager une vision en silo, nocive pour l’enseignement de façon générale. Les réseaux ont besoin de cohésion, pas de division.

Centralisation des pouvoirs à Québec et entrave à l’autonomie

La possibilité d’intervenir sur les services aux élèves en fonction de l’information qui sera recueillie est ce qui fait le plus sourciller la CSN. « Il ne faut pas qu’on se fasse dire comment ça va se passer dans nos classes et que des services soient décidés en fonction du tableau de bord à Québec sans tenir compte des réalités régionales et du type de clientèle. Les personnes qui sont proches des élèves sont celles qui savent le mieux comment intervenir auprès des jeunes. » insiste Frédéric Brun, vice-président de la FEESP–CSN.

La CSN s’inquiète aussi de la possibilité prévue au projet de loi, que le ministre de l’Éducation puisse choisir les directions générales, annuler des décisions prises par les centres de services scolaires et de leur imposer des ententes de gestion et d’imputabilité. « Les risques de microgestion de la part du ministre, notamment lors des sorties médiatiques, sont énormes », ajoute Caroline Senneville.

Enfin, la possibilité de limiter par règlement les choix de formation par les employé-es eux-mêmes est, selon la CSN, une entrave à l’autonomie professionnelle.

Le nouveau Conseil de l’enseignement supérieur perdrait une vision globale indispensable

Depuis 1964, dans la foulée du Rapport Parent, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) veille au développement de l’éducation au Québec, avec une vision globale et indépendante des enjeux, de la maternelle à l’université. Le projet de loi 23, dévoilé jeudi matin, circonscrit le mandat du nouveau Conseil de l’enseignement supérieur, appelé à le remplacer, uniquement aux questions relatives aux cégeps et aux universités.

« Tantôt critique et tantôt en accord avec les avis fournis aux ministres par le CSE, notre fédération n’a jamais remis en question la pertinence d’un regard étendu et interordres sur les défis rencontrés par l’ensemble de notre profession. Segmenter l’analyse ne ferait qu’encourager une vision en silo, nocive pour l’enseignement de façon générale. C’est insensé », tranche Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN).

Par exemple, comment adopter une stratégie éclairée sur la problématique de la réussite en enseignement supérieur si les analyses ne peuvent porter sur tout le bagage transmis aux personnes étudiantes en amont, c’est-à-dire au primaire et au secondaire ? « Faut-il voir dans cette pièce législative une autre stratégie du gouvernement Legault pour donner plus de pouvoir aux ministres tout en s’assurant de réduire la portée des avis indépendants en provenance du milieu de l’éducation ? », se questionne Caroline Quesnel.

Par ailleurs, la FNEEQ–CSN s’oppose à la création d’un Institut d’excellence en éducation calqué sur l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) où, malheureusement, la performance et la rentabilité sont les leitmotivs.

Tout en poursuivant son analyse du PL-23, la FNEEQ–CSN veut s’assurer d’être entendue en commission parlementaire afin d’expliquer l’importance de la cohérence en éducation et en enseignement supérieur au moment où le Québec fait face à des défis importants en matière de diplomation et de formation.

Pour consulter le mémoire que la CSN a présenté en 2017 au Groupe de travail sur la création d’un institut national d’excellence en éducation mis sur pied par le gouvernement libéral :

https://bit.ly/3HHZHWh

 

Les chargé-es de cours de l’UQAR adoptent leur entente de principe

Réunis en assemblée générale, mardi soir denier, les membres du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQAR (SCCCUQAR–CSN) à Baie-Comeau, Lévis et Rimouski ont adopté l’entente de principe à 89,7 %.

Les principaux gains obtenus sont entre autres :

  • 10,5 % d’augmentations salariales sur quatre ans de 2021 à 2025. Possibilité de plus de % d’augmentation avec une clause remorque sur l’augmentation salariale des professionnel-les du gouvernement du Québec;
  • L’UQAR ne peut plus demander dans les exigences de qualifications une expérience récente dans un domaine d’expertise;
  • Une ou un chargé de cours peut demander d’être reconnu compétent pour un ensemble de cours au lieu d’un par un;
  • L’UQAR rembourse maintenant le quart des cotisations à un ordre professionnel au lieu du un sixième;
  • Remboursement de 100 $ au lieu de 80 $ pour les dépenses associés à chaque charge de cours ou contrat ainsi qu’à la médiatisation équivalent à une charge de cours;
  • Une plus grande flexibilité pour l’octroi de bourses de perfectionnement;
  • Le droit à la déconnexion;
  • Avant de recruter quelqu’un à l’extérieur du bassin qui n’a pas les équivalences de qualifications à l’emploi (EQE), le département de l’université devra s’assurer qu’aucune personne en lien d’emploi ne soit en mesure de donner le cours même si elle ne remplit pas entièrement les conditions de l’EQE;
  • Pour les cours de tutorat, lorsqu’il y a dix étudiantes ou étudiants ou plus, le cours de tutorat est transformé en charge de cours normale;
  • Un point majeur : l’appréciation de l’enseignement sera surveillée. Après une campagne de la part des chargées et des chargés de cours de l’UQAR, l’anonymat des étudiantes et étudiants n’est plus assuré si un commentaire injurieux est dénoncé et qu’un processus de plainte officielle est entamé.

Les personnes salariées se disent satisfaites de cette entente de principe.