02 – 2007 – Un budget qui n’est pas à la hauteur des défis

Un budget qui n’est pas à la hauteur des défis

« Le budget que nous a présenté aujourd’hui le ministre des Finances, Michel Audet, n’est pas à la hauteur des défis ni économiques, ni sociaux, ni environnementaux qui se présentent à notre société. Comme il le dit lui-même, son budget s’inscrit dans la continuité. De plus, il s’est abstenu de faire une analyse fine de la conjoncture et il continue d’accentuer un phénomène inquiétant en consacrant une large part de son budget à la santé et à l’éducation, négligeant carrément ses autres missions. L’ensemble des dépenses de programmes augmentent de deux milliards de dollars. De cette augmentation, 64, 8 % va à la santé et services sociaux et 27,3 % à l’éducation. Plus que jamais, les sommes réservées aux autres missions de l’État sont dérisoires, ce qui n’est pas sans nous inquiéter quant au rôle que ce gouvernement réserve à l’État dans notre société », d’affirmer Claudette Carbonneau.

En outre, dans un contexte où plusieurs secteurs économiques connaissent des difficultés, le soutien apporté par ce budget semble bien déficient, et ce, tant en termes de mesures économiques que politiques. Malgré un ajout financier de près de 60 millions de dollars pour soutenir les missions économiques régionales, nous sommes encore loin de ce que l’ancien gouvernement péquiste accordait en matière de soutien économique. En 2002-2003, il y avait 890 millions de dollars de consacrer au développement économique. Malgré les réinvestissements, le gouvernement libéral investit moins aujourd’hui qu’à l’époque avec 696 millions de dollars en 2006-2007. Pourtant, l’économie ne va pas aussi bien que le gouvernement le prétend. Pour 2007, le gouvernement a dû réviser ses prévisions de croissance économique de 2,4 % à 1,8 %. « Alors que nos économies sont confrontées à la mondialisation et aux économies en émergence nous croyons que les stratégies régionales de développement économique doivent être soutenues par une planification stratégique sectorielle et ciblée que le gouvernement doit chapeauter avec l’ensemble des intervenants. Ce n’est qu’à ces conditions que le développement économique régional deviendra vraiment structurant. Si les taux de chômage ont diminué, dans certains cas ils demeurent néanmoins fort élevés et ce n’est pas un saupoudrage tous azimuts qui viendra contrer les effets néfastes qu’ont connus les régions avec de nombreuses fermetures d’usines », affirme Claudette Carbonneau, présidente de la CSN.

Par ailleurs, à ce chapitre la présidente de la CSN a salué la mesure favorisant l’augmentation de 5 à 10 % du crédit de taxe sur le capital sur les nouveaux investissements dans le matériel de fabrication et de transformation, souhaitant qu’il aura un effet bénéfique sur les investissements dans le secteur manufacturier qui en ont bien besoin. « Le gouvernement a ciblé un vrai problème. Souhaitons que cette fois-ci les entreprises répondent bien, ce qu’elles n’ont pas fait la première fois. Peut-être que là ce sera le bon signal », souligne la présidente de la CSN.

Baisses d’impôt

Quant aux baisses d’impôt, sondage après sondage, la population du Québec a toujours réitéré son choix à l’égard plutôt d’un réinvestissement dans les services. « Les baisses actuelles proposées par le gouvernement sont insignifiantes. On peut parler approximativement de 0,53 $ par jour par contribuable. Par ailleurs, l’État se prive de montant dont il ne peut se passer. On le voit bien lorsqu’il nous dit qu’il consacre, outre la santé et l’éducation, en moyenne 1 % de sa marge de manœuvre aux autres missions de l’État. Le Québec n’est pas assez prospère contrairement à ce que dit le gouvernement libéral pour se payer des baisses d’impôt. Depuis cinq ans, le gouvernement prétend avoir réduit ses entrées fiscales de 3,8 milliards, se privant ainsi d’énormes ressources. Il est d’autant plus odieux de constater aujourd’hui l’absence de politiques sociales », de déclarer Claudette Carbonneau.

Éducation

L’introduction par le gouvernement du crédit d’impôt remboursable pour épargne-études est à mettre en rapport directement avec la volonté du gouvernement libéral d’augmenter les frais de scolarité si jamais il est réélu. Le programme des libéraux prévoit une hausse des frais de scolarité universitaire de 500 $ en cinq ans. Ce faisant, l’accessibilité des étudiants les moins nantis sera réduite puisque seuls les étudiants ayants des parents avec de bons revenus pourront profiter de cette mesure.

Il est illusoire de penser que des parents ayant un revenu familial de 37 178 $ ou moins pourront cotiser 2000 $ à un régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour obtenir un crédit remboursable de 250 $.

Environnement

Au plan environnemental, trop peu de ressources sont encore accordées au transport en commun comparativement aux investissements effectués dans le réseau routier. Par exemple, dans son premier mandat, le gouvernement a augmenté de 1 milliard de dollars ses infrastructures routières, ce qui est largement supérieur à ses récents investissements dans le transport public qui ont été de l’ordre de 130 millions en 2006.

Déséquilibre fiscal

Le choix de déposer un budget au Québec avant celui du fédéral banalise notamment toute la question du déséquilibre fiscal entre le Québec et le fédéral. Quant à nous, nous suivrons de près le prochain dépôt d’un budget fédéral pour s’assurer que l’équilibre fiscal est restauré entre le Québec et Ottawa.

Source : CSN – 20 février 2007

Pour renseignements : Jacqueline Rodrigue, Service des communications de la CSN, cellulaire : 514 773-0060

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