Manifestation devant la résidence de PKP à Outremont

119 croix pour autant de pertes d’emplois appréhendées au Journal de Montréal

Voyant que le PDG de Quebecor Media, Pierre Karl Péladeau, refuse toujours de renouer avec la négociation, les 253 lock-outés du Journal de Montréal sont allés à sa rencontre. Tôt ce matin, ils ont manifesté à Outremont devant la résidence cossue de celui dont on estime la rémunération à plus de 7 millions en 2008. Depuis le début du processus de négociation, le 22 octobre, PKP maintient toujours le plan d’affaires qu’il tente d’imposer aux travailleuses et travailleurs qui ont directement contribué au succès de l’entreprise créée par son père. Pour souligner l’une des demandes patronales, soit de permettre l’élimination de 119 postes en favorisant la sous-traitance, les syndiqué-es ont planté devant la résidence autant de croix au nom de chacune des personnes qui perdraient ainsi leur emploi, en majorité des femmes dont plusieurs œuvrent au Journal depuis plus de 30 ans. Au son de la Missa solemnis en ré majeur, Opus 123, de Beethoven, le compositeur préféré de Pierre Péladeau père, ces dernières ont symboliquement posé ce geste en rappelant à l’héritier qu’elles se tiendraient debout aussi longtemps qu’il le faudra pour rentrer au travail avec dignité. Selon ruefrontenac.com, la résidence a été acquise au coût de 2 575 000 $ en juillet 2007, par Pierre Karl Péladeau et Julie Edith Nathalie Snyder. « La taxe de bienvenue à elle seule avait atteint les 37 125 $, une somme supérieure au salaire à l’embauche d’une employée des petites annonces ou des archives du Journal », peut-on y lire sous la plume du journaliste en lock-out Vincent Larouche. La manifestation s’est terminée dans l’allégresse, au son des trompettes et des sifflets, pendant que les haut-parleurs laissaient échapper When the Saints Go Marching In, un hymne de circonstance pour enterrer le projet patronal de Quebecor Media visant à sabrer dans les emplois, les conditions de travail et les clauses professionnelles qui assurent notamment au public le respect de règles éthiques au plan journalistique et une diversité des sources. Quebecor Media cherche ainsi à allonger la semaine de travail sans compensation, à diminuer les avantages sociaux de 20 %, à imposer une convergence illimitée qui lui permettrait d’utiliser tout le contenu généré par l’ensemble de ses publications ou sites Web. Selon le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (CSN), la situation au quotidien de la rue Frontenac, qui a affiché des profits de plus de 50 millions de dollars, sur un chiffre d’affaires de 200 millions en 2007, ne justifie aucunement un tel programme. Les lock-outés du Journal de Montréal continueront à manifester partout où ce sera nécessaire et à solliciter l’appui de la population et des annonceurs pour exercer la pression qui ramènera l’employeur à la table de négociation. Hier, ils ont envahi la salle de cours de Joseph Facal, à HEC Montréal, l’un des chroniqueurs qui est visé par la plainte déposée à la Commission des relations du travail contre le Journal pour utilisation des scabs. La première audition devant la CRT est le 15 avril.

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