19 janvier 2004 – Les travailleuses de CPE votent cinq journées de débrayage

Les travailleuses de CPE votent cinq journées de débrayage

Les travailleuses des centres de la petite enfance, réunies à Québec le 16 janvier, ont voté à 87 % en faveur d’un plan d’action comportant cinq journées de débrayage à utiliser au moment jugé opportun.

Cette décision a été prise dans le cadre d’une journée d’étude à laquelle ont participé près de 6500 travailleuses, membres de syndicats affiliés à la FSSS-CSN.

Les résultats du vote sont éloquents pour le président de la Fédération de la santé et des services sociaux, Pierre Lamy, « C’est un pourcentage qui indique le niveau de frustration de nos membres », a exprimé M. Lamy.

Les travailleuses et travailleurs de 350 centres de la petite enfance affiliés à la FSSS- CSN ont décidé d’augmenter la pression sur le gouvernement du Québec pour réclamer la mise en place d’une réelle table de négociation pour le renouvellement des conventions collectives ainsi que l’application de la Loi sur l’équité salariale. « On ne réclame pas un règlement rapide, mais un processus formel et clair et une date butoir pour l’application des dispositifs de la loi », a résumé la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, citée par le journal Le Soleil.

La ministre de la Famille, Carole Théberge, s’était engagée à ouvrir les pourparlers avec les syndicats avant la fin de l’automne 2003 sur les négociations portant sur les questions pécuniaires et sur la date d’application de l’équité salariale pour les travailleuses en garderie. Depuis 1999, les gouvernements ont laissé ces dossiers en plan.

Les échanges de correspondance entre le vice-président de la FSSS-CSN responsable du secteur des CPE, Jeff Begley, et la ministre indiquent assez clairement où se situe la bonne foi. Jeff Begley faisait parvenir à la ministre Théberge, les 12 et 26 septembre, deux lettres enjoignant cette dernière d’appliquer une lettre d’intention signée par les représentants du gouvernement en mars 2003.

Le 25 octobre, il recevait enfin la réponse de la ministre. En voici quelques extraits : « Le ministère réalise actuellement des travaux d’analyse sur ces deux aspects (la classification des emplois et la structure de rémunération).Une fois ces analyses complétées, nous initierons la collaboration convenue avec les représentants syndicaux et patronaux, et ce, à l’intérieur de l’échéancier prévu par la lettre d’intention, soit au cours de l’automne 2003.(…) Comme vous le savez, les résultats obtenus par le Comité sectoriel et déposés lors d’une rencontre au cours du mois d’avril ont identifié l’existence d’un emploi à prédominance masculine dans un certain nombre de centres de la petite enfance (…) Le contexte et le déroulement des événements (…) justifient qu’à ce jour la date d’application pour les ajustements monétaires ne soit pas encore connue. »

Deux jours après la réception de cette lettre, le vice-président de la FSSS-CSN, répondait que nous étions impatients que soit mise en place la table de négociation sur les classifications et la structure salariale parce que le temps presse si l’on veut conclure ces importants travaux à la date prévue du 1er avril 2004. Malgré l’expression de ces bonnes intentions, nous n’avons reçu, en date du 6 janvier, aucune convocation à cette table de négociation.

Concernant la question de la date d’application de l’équité, le vice-président Begley répondait : « Malgré votre affirmation, pas plus aujourd’hui qu’en avril 2003, le comité sur l’équité salariale n’a pu identifier un titre d’emploi à prédominance masculine dans les CPE. D’autre part, il n’y a pas de lien en soi entre la présence potentielle d’un titre d’emploi masculin dans un centre de la petite enfance et la nécessité de fixer une date d’application pour l’équité salariale dans les CPE.

« Par contre, si vous vouliez dire, Madame la Ministre, que dans l’éventualité où il y aurait un titre d’emploi à prédominance masculine dans un CPE au Québec, vous seriez prête à retenir le 21 novembre 2001 comme date d’application pour tous les CPE, nous serions alors en mesure de nous entendre dès une première rencontre. Je vous rappelle que nous avons déjà soumis cette date au Conseil du trésor. Nous avons donc le mandat de signer dans ce sens immédiatement. Je vous dirais plus, c’est-à-dire qu’indépendamment de l’existence ou non d’un titre d’emploi à prédominance masculine, la date du 21 novembre 2001 demeure logique et valable si on veut être équitable en regard des autres secteurs majoritairement féminins qui ont déjà bénéficié de correctifs en matière d’équité.

« En terminant, il me paraît évident qu’il y a urgence de discuter ensemble afin de dissiper toute incompréhension sur notre entente du 28 mars dernier. Depuis cinq mois, nous n’avons pas eu de rencontre avec des gens de votre ministère concernant les suites à donner à la lettre d’intention. Notre comité de négociation a pour sa part une grande disponibilité durant tout le mois de novembre. Il serait possible de régler les questions en suspens lors d’une ou deux rencontres pour éviter le durcissement des positions. Si vous partagez ce même objectif, nous pensons qu’en nous rencontrant bientôt, nous pourrions y arriver ».

La représentante du secteur des CPE à la FSSS, Ginette Lavoie appelle aussi à l’ouverture des pourparlers : « Depuis 1999, nous tentons d’obtenir un règlement sur l’équité salariale. Nous avions averti le gouvernement, le printemps dernier, que de nouveaux délais seraient inacceptables et que nous entreprendrions des moyens de pression pour faire valoir nos droits. Au mois de juin, les travailleuses nous donnaient un mandat de quatre jours de grève. Nous en avons retardé l’application pour permettre un dialogue avec le nouveau gouvernement. Puis en septembre, nous tenions une première journée de grève pour accélérer les pourparlers. Malgré les promesses de la ministre, rien n’a bougé. Nous demandons maintenant que notre dossier soit transféré au ministre Béchard et nous espérons qu’il saura faire avancer les choses ».

« Nous voulons continuer à travailler au bien-être des enfants dans des conditions acceptables sachant que ces conditions sont essentielles au maintien d’un service de qualité », conclut Ginette Lavoie.


Source : FSSS– CSN – 19-01-2004

   


Partager cette page sur Facebook Twitter LinkedIn Reddit Pinterest

Articles récents

Caroline Senneville sur la syndicalisation d'un entrepôt AMAZON à Laval
Partager cette nouvelle

Le Point syndical  automne 2023