29 décembre 2004 – Bilan et perspectives de la CSN

Bilan et perspectives de la CSN

2004 : Une année d’ébullition – 2005 : Une année de défis

« 2004 aura été encore une fois une année de bouillonnement intensif : deuxième année du mandat du gouvernement Charest, deuxième bâillon pour faire adopter des lois controversées, grandes contestations sociales, retour en force du Bloc québécois et chute de Paul Martin sur la scène fédérale, réélection de George W. Bush et menace à la paix dans le monde. Trois cent soixante-cinq jours d’ébullition ». C’est ainsi que la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, fait le point à l’aube de la nouvelle année.

Rejet massif des politiques néolibérales

Dressant le bilan de l’année qui se termine, la présidente de la CSN n’a pas manqué de souligner la vaste mobilisationqui s’est déployée au cours de l’année 2004. « En dépit d’un rejet massif de ses politiques, le premier ministre Jean Charest a dressé un bilan de fin d’année fort positif qui est en parfaite dichotomie avec les plus récents sondages sur le taux de popularité du gouvernement. Le premier ministre Charest et son équipe nagent toujours en eau trouble, avec 60 % de la population insatisfaite. La grogne est toujours là et elle reste généralisée », constate Claudette Carbonneau.

Pour la présidente de la Confédération des syndicats nationaux, la mobilisation et la cohésion des forces CSN ont certainement contribué à ralentir la course folle de ce gouvernement. « Si le style a changé, le fond reste le même. Le gouvernement Charest garde le cap. Et cela se traduit par moins d’État social, fiscal et économique et plus de tarifications. La lutte annoncée contre le déséquilibre fiscal tourne en rond. Pendant ce temps, les Québécoises et les Québécois paient plus cher l’électricité, le transport en commun, les services de garde, l’assurance-médicaments et bientôt ce sera au tour de la Société de l’assurance-automobile et des municipalités d’entrer dans la ronde. Et le premier ministre Jean Charest appelle cela défendre la classe moyenne ! », de dénoncer Claudette Carbonneau.

Une machine à fabriquer des PPP

Au nombre des événements marquants, la présidente de la CSN constate que l’année 2004, aura laissé derrière elle une machine à fabriquer des PPP. « Le gouvernement a encore une fois bâillonné l’opinion publique. Se soustrayant du nécessaire débat sur la pertinence des partenariats public-privé, le gouvernement Charest a adopté sous le bâillon le projet de loi no 61 créant une Agence sur les PPP. Plusieurs projets sont dans la mire de Partenariats-Québecen santé et en services sociaux, dans les soins à domicile, pour la rénovation ou le remplacement de places dans le réseau des CHSLD et en éducation. Que ce soit dans les domaines des services de garde en milieu scolaire, de l’eau, des infrastructures routières, du transport en commun ou du milieu carcéral, les PPP menacent. La CSN entend mener une lutte de tous les instants et suivre à la trace tous les projets de partenariats public-privé que le gouvernement ou les administrations publiques tenteront de mettre en place. Nous ne laisserons pas le gouvernement transformer les emplois des salarié-es du secteur public en cheap labouret amoindrir la qualité des services offerts à la population ! », avertit la présidente de la CSN.

Contrer les effets de lois adoptées en 2003

L’année qui se termine aura aussi été la première année d’application des lois adoptées sous le premier bâillon du gouvernement en décembre 2003. « Il s’agit de lois qu’on ne peut enterrer puisque c’est maintenant qu’on en subit les effets », note la présidente de la CSN. « En matière de sous-traitance, l’éveil des troupes syndicales et leur détermination à barrer le chemin par la voie des conventions collectives a permis d’éviter bien des hécatombes. Malheureusement, la majorité des conflits à la CSN ont porté sur la question de la sous-traitance en 2004, et ce n’est que la pointe de l’iceberg. Des gens risquent en ce moment, en cette période des fêtes, de perdre leurs emplois en raison des modifications de l’article 45du Code du travail. C’est le cas, entre autres, chez Plastiques Simport de Saint-Mathieu-de-Belœil, alors que l’employeur veut réduire de 55 à 12 le nombre des emplois pour favoriser la sous-traitance », explique Claudette Carbonneau.

La loi no 30qui transfigure la carte syndicale dans le réseau de la santé et des services sociaux a également créé son lot de chambardement. La Commission des relations du travail doit d’ailleurs trancher sur la constitutionnalité de cette loi d’ici février prochain. La Cour supérieure doit en faire autant. « Force est de constater que le ministre de la Santé et des Services sociaux s’est davantage attaqué aux questions de structures et qu’il y a bien peu de résultats concrets quant à l’amélioration des soins. Au lieu de nier les problèmes, comme il l’a fait dans le cas de la bactérie C. difficile, qui est directement liée à la carence des effectifs, le ministre aurait tout intérêt à regarder la réalité en face. Aucun des objectifs sociaux fixés par la Politique de la santé et du bien-être au Québec n’a été atteint. Dans le domaine des soins préhospitaliers d’urgence, le ministre veut épargner de l’argent plutôt que de sauver des vies et refuse le droit de pratique aux 18 paramédicsde soins avancés, formés récemment au Québec, poursuit la présidente de la CSN. Et c’est cela que le gouvernement appelle la modernité ! ».

La négociation du secteur public enlisée dans le bourbier de la loi 30

« Le gouvernement a tout fait pour ralentir la négociation du secteur public. 2005 sera encore une fois une année chaude, en raison des nombreux votes d’allégeances syndicales forcés par les fusions d’accréditations, imposées par la loi no 30. Nous ne tolérerons pas que les salariés-es du secteur public qui accusent un retard salarial de 12,1 % par rapport aux autres salarié-es québécois vivent une deuxième année sans augmentation de salaire. Et ce n’est certainement pas l’offre odieuse de 12,6 % sur six ans, incluant l’équité salariale, de la présidente du Conseil du trésor, qui constituera un terrain de règlement », affirme Claudette Carbonneau. Rappelons que les conventions collectives dans le secteur public sont échues depuis juin 2003. D’autres grandes négociations prendront également place dans le secteur privé en 2005, dont celle de l’hôtellerie.

D’autres défis pour 2005

Sur la scène provinciale, plusieurs autres défis attendent le monde syndical au cours de l’année 2005. Débat sur les PPP, la politique énergétique et de développement durable, la réforme de l’aide sociale, la politique du médicament, la réforme du mode de scrutin, le financement du transport en commun, la réforme dans les cégeps, le financement des universités ; les occasions de dénoncer les choix du gouvernement Charest seront nombreuses. « Nous verrons si le supposé virage vert du gouvernement tient la route avec le débat énergétique et les mesures qui seront prises à la suite du dépôt du rapport Colombe sur la forêt. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement », d’indiquer Claudette Carbonneau. La CSN exigera, quant à elle, la rationalisation d’Hydro-Québec, qui est devenue une multinationale, une machine à sous, dont le but n’est plus de fournir de l’électricité à bon prix mais de faire des profits.

Sur la scène fédérale, le gouvernement minoritaire de Paul Martin nous offre des opportunités qu’il nous faudra saisir. Nous exigerons la création d’une nouvelle Commission de l’assurance-emploientièrement autonome et indépendante, telle qu’elle a été recommandée par le Comité permanent du développement des ressources humaines. Les dossiers des congés parentaux, du déséquilibre fiscalet d’une loi anti-briseur de grève constituent toujours des priorités.

Une année de congrès pour la CSN

2005 sera marquée par le 61e Congrès de la CSN qui se tiendra au Palais des congrès de Montréal, du 9 au 14 mai prochain. Vie syndicale, négociations collectives, sous-traitance, syndicalisation, productivité, mondialisation, conciliation famille-travail, vieillissement de la population et environnement : des thèmes d’actualité qui seront au cœur des débats. Les politiques de redistribution des richesses, les services publics, le développement économique ainsi que le rôle régulateur de l’État auprès des marchés seront également au centre des préoccupations.

La présidente de la CSN conclut en adressant ses meilleurs voeux pour la nouvelle année à toutes les travailleuses et à tous les travailleurs de même qu’aux Québécoises et aux Québécois.

La Confédération des syndicats nationaux regroupe 2800 syndicats qui représentent 280 000 membres œuvrant dans la plupart des secteurs d’activité.


Source : CSN – 29-12-2004

Pour renseignements : Michelle Filteau, directrice du Service des communications de la CSN, tél. (514) 598-2155

   


Partager cette page sur Facebook Twitter LinkedIn Reddit Pinterest

Articles récents

Caroline Senneville sur la syndicalisation d'un entrepôt AMAZON à Laval
Partager cette nouvelle

Le Point syndical  automne 2023