Charcutage de la fonction publique, énième régime minceur imposé aux réseaux de santé et d’éducation, ingérence dans la démocratie syndicale, réduction des mesures environnementales afin d’accélérer les projets économiques, réduction « inévitable » du filet social en raison de « l’explosion de l’immigration » : visiblement, le premier ministre Legault entend revenir aux origines idéologiques de l’ADQ pour sa dernière année de mandat, déterminé à jouer le tout pour le tout afin de renverser la chute libre constatée dans les intentions de vote.
L’ambiance était à la riposte et à la combativité cette semaine à Laval, alors que près de 250 délégué-es et salarié-es prenaient part au conseil confédéral de la CSN. Les délégué-es n’ont certes pas oublié les reculs majeurs envisagés depuis l’adoption du projet de loi 89, qui entrera en vigueur le 30 novembre prochain.
« On n’était pas paranos : on le sait très bien que les employeurs vont s’assoir sur leurs mains aux tables de négociation, sachant que le ministre pourra en tout temps interrompre une grève pour imposer l’arbitrage », a affirmé Caroline Senneville dans son discours d’ouverture.
« Ce qui se passe présentement à la STM nous le prouve : l’employeur reste campé sur ses positions », attendant que le climat social se dégrade pour forcer Québec à agir.
Malheureusement, le gouvernement n’entend pas en rester là. Alors qu’une nouvelle session parlementaire s’ouvrait à Québec mardi, le gouvernement a annoncé son intention de rappeler le projet de loi 101 (qui vise à soustraire les secteurs de l’éducation et de la santé et des services sociaux des mécanismes de prévention pourtant prévus à la réforme Boulet en santé et sécurité du travail) et de déposer au cours des prochaines semaines un nouveau projet de loi visant à forcer les organisations syndicales à dévoiler leurs états financiers vérifiés – ce que la CSN fait depuis des lustres – et à rendre « facultatives » le paiement de cotisations syndicales destinées à autre chose que le strict champ de la négociation des conditions de travail.
« Quand la CSN se rend en Cour suprême pour obtenir justice en matière d’équité salariale, ce n’est pas en lien avec nos conditions de travail ? Quand la CSN appuie le Centre des travailleuses et travailleurs immigrants ou l’Union des travailleurs accidentés ou malades, quand on appuie des groupes communautaires qui viennent en aide aux travailleurs non syndiqués, on n’intervient pas pour les conditions de travail du monde ? », a illustré Caroline Senneville pour pourfendre l’intention du ministre Boulet d’ainsi compartimenter l’action syndicale.
En agissant ainsi, le gouvernement use d’un discours qui « crée le cynisme, le désabusement et… la recherche de solutions radicales », a renchéri la présidente de la CSN, non sans faire un lien avec le populisme dévastateur qui sévit au sud de la frontière.
Faire front
Devant de telles attaques, qui s’ajoutent aux politiques d’austérité mises en œuvre par ce gouvernement, la CSN ne peut rester les bras croisés. C’est pourquoi la campagne Faire front se déploiera au cours des prochains mois.
Le plan d’action adopté par les délégué-es du conseil confédéral sera articulé sur trois axes : protéger nos droits syndicaux de la charge menée par le gouvernement de la CAQ ; préserver nos acquis sociaux en défendant la mission de l’État, notamment en matière d’éducation, de santé et de services sociaux ; s’attaquer aux défis de la crise climatique en rendant possible une transition juste pour créer des emplois d’avenir.
Un grand rendez-vous a été lancé pour le 29 novembre prochain : à la veille de l’entrée en vigueur des restrictions au droit de grève imposées par le gouvernement de la CAQ, une grande manifestation aura lieu dans les rues de Montréal, en alliance avec l’ensemble des autres organisations syndicales, pour envoyer un message clair à ce gouvernement. Ce n’est pas vrai que les travailleuses et les travailleurs laisseront leur rapport de force s’amenuiser et leurs conditions de travail reculer en raison d’un parti politique qui, sans appui de la population, a perdu toute crédibilité pour entreprendre de tels changements dans l’équilibre des relations de travail au Québec.