La parole aux militantes

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Négociation coordonnée dans l'hôtellerie

Photo : Louise Leblanc
Photo : Louise Leblanc

La parole aux militantes

Jusqu’à maintenant, quatorze syndicats participant à la négociation coordonnée de l’hôtellerie ont obtenu une entente de principe avec leur employeur. Six militantes qui ont pris part à cette neuvième ronde de négociations nous parlent de l’expérience qu’elles viennent tout juste de vivre.


Une quinzaine de syndiqué-es inébranlables

Préposée aux chambres depuis 30 ans au Lord Berri, Laura Carrillo Calmet est présidente du STT de l’Hôtel Lord Berri–CSN depuis deux ans et s’implique dans son syndicat depuis environ sept ans.

Photo : Michel Giroux

« En plus d’avoir obtenu les éléments de la plateforme de la négociation coordonnée, nous allons également recevoir une rétroactivité de 1 %, ce qui a porté nos augmentations à 4 %, 3 %, 3 % et 4 % pour les quatre années de notre contrat de travail.

Nous avons aussi récupéré les jours fériés que nous avions perdus à cause d’une manœuvre volontaire de l’employeur. Notre ancienne convention prévoyait qu’il nous fallait travailler la veille et le lendemain de ces congés afin de toucher l’indemnité des fériés, clause qui a été retirée. Plusieurs autres demandes de reculs de l’employeur ont également été retirées grâce à notre mobilisation et à celle des autres hôtels. Nous avons porté les étoiles — symbole de la négociation coordonnée —, le foulard et le t-shirt, puis nous avons participé à la première grève du secteur le 9 septembre. Par la suite, face à notre mobilisation et juste avant l’adoption des cinq jours de grève, l’employeur a décidé de contacter son patron à Toronto pour obtenir le mandat de finaliser ce qu’il restait à régler.

La force de notre secteur nous a donné l’énergie et la détermination de mener notre négociation jusqu’au bout. »


Des moments solidaires forts

Julie Touchette est réceptionniste au Hilton Laval depuis près de 20 ans.

Photo : Michel Giroux
« Ça fait environ 12 ans que je m’implique dans mon syndicat. Au départ, j’étais délé­guée, puis j’ai occupé le poste de tréso­rière et celui de secrétaire, avant de revenir à la trésorerie.

Je suis une passionnée et j’ai toujours voulu aider les gens, défendre leurs droits, particulièrement dans leur milieu de travail. Plusieurs préposées aux chambres viennent tout juste d’arriver au pays et ce n’est pas toujours évident pour elles de revendiquer leur dû, de se faire respecter dans leur travail. Bien connaître les lois et nos droits, c’est l’essence même du travail que nous faisons avec elles. Ce travail nous a permis de bâtir une relation de confiance qui incite nos membres à venir nous voir dès qu’elles ou ils ont des questions ou des doutes.
Au début de la ronde de négociations qui a débuté en 2016, les échanges étaient plutôt tranquilles et lents, mais tout juste après le débrayage massif du 9 septembre, les événements se sont précipités jusqu’à l’obtention de notre entente de principe, le 14 septembre dernier. Les relations étaient bonnes, mais il nous a tout de même fallu exercer des moyens de pression pour que les pourparlers débloquent.

Le point le plus positif de cette négociation pour moi, c’est vraiment la solidarité. Nous avons vécu des moments forts avec nos collègues du Holiday Inn Laval qui travaillent tout juste de l’autre côté de l’autoroute 15. Notre mobilisation était au rendez-vous, nous avons pleinement atteint nos objectifs et tout le monde est vraiment content. »


Une militante convaincue

Louise Jobin est préposée aux chambres depuis 1985 et présidente du STT de Hilton Québec (CSN) depuis 2014.

Photo : Michel Giroux
« Dès ma première implication syndicale, je me suis fait élire sur le comité de négociation. À la première rencontre de négociation, j’ai vu le vrai visage de l’employeur et j’ai compris pourquoi il fallait que je m’implique. En 2005, j’ai été élue secrétaire de mon syndicat et j’ai remplacé la vice-présidence par intérim, juste avant de devenir présidente.

Même si j’en étais à ma quatrième négociation coordonnée, ce fut la première à titre de présidente. Elle m’a permis de saisir toutes les subtilités de ce type de négociation. C’est ingrat comme travail parce que si tu atteins tes objectifs, le monde est heureux, mais si tu échoues, c’est toi qui te retrouves sur la sellette.

Les liens durables qu’on a créés avec les autres syndiqué-es sont là pour rester. Plusieurs collègues s’inquiétaient pour les hôtels en conflit comme l’Hôtel Pur, qui a réglé depuis, et l’Hôtel Classique. Nos membres s’informaient régulièrement de leur situation. Et je peux vous dire que les employeurs veulent se débarrasser de la négociation coordonnée parce que justement, grâce à cette solidarité exemplaire, on obtient d’excellents résultats à la table de négociation.

Puisque la mobilisation au Hilton Québec a été exceptionnelle et qu’elle a donné la force qu’il fallait au comité de négociation, l’employeur a vite compris qu’il lui fallait régler. La négociation s’est très bien déroulée, nous avons été très bien conseillés pour la mener à terme et tous les membres du syndicat sont satisfaits. »


L’expérience d’une première négociation

Josée Latulippe est présidente du STT Ritz Carlton (CSN). Préposée aux chambres depuis 2002, elle travaillait auparavant à titre de pâtissière, depuis 1990.

Photo : Michel Giroux

« Je me suis impliquée environ deux ans en 2004-2005 et je suis revenue à la réouverture de l’hôtel, il y a quatre ans. Au tout début de la négociation, les rapports étaient cordiaux à la table, mais nous n’avancions pas très rapidement. Les échanges ont commencé à porter leurs fruits lorsque nous avons enclenché les moyens de pression.

Nous avons réussi à nous entendre in extremis avec l’employeur dans la nuit du 8 au 9 septembre alors que nous étions en conciliation, juste avant la tenue du débrayage massif de 24 heures adopté par les syndicats de la région montréalaise.

Malgré des relations de travail cordiales avec notre employeur, il avait déposé une série de demandes de reculs, finalement tombés par la suite. Nous avons obtenu les quatre éléments de la plateforme de négociation et tous les membres sont contents.

uisque je venais tout juste d’être élue, c’était ma première expérience de négociation à titre de présidente et je dois avouer que j’ai trouvé ça difficile, mais motivant et instructif. Quand tu es au centre de la négociation, tu as l’impression que ta tête est sur le billot. Les membres comptent sur toi pour atteindre les objectifs et disons que ça met de la pression sur le travail de négociation qui est déjà assez exigeant. Mais avec le recul, en observant les résultats que nous avons obtenus et la satisfaction des membres, je vois que tout s’est quand même bien déroulé. »


Le travail de l’ombre vers la lumière

D’origine portugaise, Aida Gonçalves est une militante de grande expérience.

Photo : Michel Giroux
« J’ai commencé à travailler au Marriott Château Champlain en avril 1989. Je m’implique dans mon syndicat depuis environ 25 ans et j’ai vécu presque toutes les négociations coordonnées. Je suis secrétaire depuis le tout début parce que j’aime travailler dans l’ombre.

À l’époque, on n’avait pas de congés fixes et nos horaires obligatoires changeaient tout le temps. Un jour, j’avais pris rendez-vous chez le médecin deux mois d’avance et la boss m’a dit que je n’avais pas le droit de prendre ce rendez-vous sans savoir si je travaillais ce jour-là. J’ai chialé contre ça. On était presque des esclaves à cette époque.

J’ai donc tout appris sur le terrain parce que dans le temps, nous étions avec les TCA [aujourd’hui Unifor], et ils ne sont pas très forts sur la formation. En 2003, on a décidé de joindre la CSN parce qu’on avait entendu parler de la négociation coordonnée.

Cette année, l’employeur a mis beaucoup de pression sur les membres du personnel de la réception pour qu’ils enlèvent leur foulard aux couleurs de la négociation coordonnée, mais tout le monde a résisté. L’hôtel était plein, on attendait des banquets de 500 personnes et la menace de la grève de 24 heures du 9 septembre a été l’élément qui a poussé l’employeur à régler au matin du 7 septembre.

En plus de la plateforme, nous avons réglé des problèmes qui duraient depuis plusieurs années. À titre d’exemple, le nombre de chambres qu’on doit faire chaque jour sur les étages où l’on ne retrouve que des lits à deux places a été réduit. On a aussi inclus dans la convention collective des rencontres du comité de relations de travail en présence du conciliateur pour discuter de la surcharge de travail dans les départements où il y avait de graves problèmes. Ce sont des gains locaux que nos membres sont très heureux d’avoir obtenus. »


On savait pourquoi on voulait se syndiquer

Sophie Lareau travaille à l’Hôtel Quality de Sherbrooke depuis près de 20 ans. Elle est présidente du STT de l’Hôtel Quality–CSN depuis qu’elle y travaille.

Photo : Michel Giroux
« Lorsque je suis arrivée ici, on gagnait 7 $ l’heure et on voulait être mieux payées. On savait pourquoi on voulait se syndiquer et, depuis ce temps, on a vraiment amélioré nos conditions de travail et la négociation coordonnée nous a beaucoup aidées. Même si notre réalité est différente des grands hôtels, regroupé avec les autres établissements, on bénéficie d’un excellent rapport de force.

La négociation s’est vraiment bien passée et, malgré le fait que la plateforme ne s’applique pas à tout le monde, on est allé chercher ce qu’on voulait. On est un petit hôtel et l’employeur nous connaît bien : quand on dit qu’on va agir, la mobilisation est là et on finit par obtenir ce qu’on veut. »


Au moment d’écrire ces lignes, une entente était intervenue à l’Hôtel Pur et à l’Hôtel Classique de Québec, mettant ainsi fin aux deux conflits de travail, et l’Hôtel des Gouverneurs de Montréal avait mis ses employé-es en lock-out, le 14 décembre 2016.

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