Journées d’action mondiale pour la défense des droits syndicaux au Mexique

La solidarité à la mexicaine

La solidarité syndicale internationale est devenue incontournable pour les travailleuses et les travailleurs mexicains. C’est le message porté par Napoleón Gómez Urrutia, le président exilé de « los mineros » depuis sa demeure temporaire de Vancouver, via Skype, aux participantes et aux participants d’un midi-conférence, à Montréal, lançant les Journées d’action mondiale pour la défense des droits syndicaux au Mexique.

M. Gómez dirige un syndicat indépendant des structures de l’État, le Syndicat des mines, métallurgies et travailleurs unis du Mexique. Ce fait et sa recherche de justice pour 65 mineurs tués, un cas célèbre d’« homicide industriel », lui ont attiré l’attention des forces répressives du gouvernement mexicain. Il vit à Vancouver depuis 2006, mais il a été réélu comme président de son syndicat pour un mandat de six ans, en 2008.

Dans son message, il a parlé d’une « impunité gouvernementale » concernant les attaques dirigées contre lui et d’autres leaders de son syndicat. La solidarité des syndicats québécois et canadiens, a-t-il dit, est primordiale afin de développer un syndicalisme libre et démocratique au Mexique.

Semaine d’action mondiale Le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) a organisé ce fort intéressant midi-conférence sur la situation actuelle au pays de notre partenaire de l’ALENA. Les journées d’action mondiale, du 18 au 24 février, soulignent l’anniversaire de l’accident de Pasta de Conchos, survenu le 19 février 2006. Le refus du gouvernement mexicain de retrouver les cadavres est perçu comme une tentative pour cacher les causes de l’incident, a observé Michèle Asselin, coordinatrice du CISO. « C’est un acte de complicité du gouvernement avec l’industrie minière, qui enfreint les droits les plus fondamentaux des travailleurs. »

Christian Lévesque, professeur titulaire aux HEC de Montréal et codirecteur du Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT), et Thomas Collombat, professeur au Département des sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais, ont partagé leur analyse du cadre général des relations de travail dans la conjoncture mexicaine et de l’importance de l’action syndicale internationale.

Corporatisme étroit Thomas Collambat a dressé l’histoire du mouvement syndical mexicain et de son encadrement dans un corporatisme étroit avec l’État mexicain et le Partido Revolucionario Institucional (PRI) à la suite de la révolution des années 1930. Ce système corporatiste a évolué lors des années 1950 avec l’installation par le PRI de « charros », des dirigeants corrompus.

Le syndicat des « mineros » était, jusqu’au début d’un mouvement de démocratisation, fortement influencé par des syndicalistes québécois, a ajouté Christian Lévesque. Aujourd’hui, « los mineros » sont reconnus comme étant farouchement indépendants de l’État, contrairement aux syndicats jaunes qui sont à la solde du gouvernement et des employeurs.

Lettre au consulat Après ce midi-conférence, la présidente du CISO, Michèle Boisclair, a remis une lettre au consulat du Mexique, adressée au président du pays, Enrique Peña Nieto, afin de protester contre les attaques envers les droits des travailleuses et des travailleurs mexicains.

Signée par les présidentes et les présidents de quatre grandes centrales syndicales du Québec, la FTQ, la CSN, la CSQ et la FIQ, la lettre demande entre autres l’annulation des réformes antisyndicales, le droit de retour au Mexique de Napoleón Gómez et la reconnaissance officielle de tous les syndicats représentatifs au Mexique.

« Nous déplorons particulièrement les réformes de la législation du travail, approuvées récemment par le congrès mexicain, qui violent de façon flagrante les droits constitutionnels des Mexicaines et des Mexicains de même que les conventions statutaires de l’Organisation internationale du travail en matière de liberté syndicale », ont déploré madame Boisclair et les dirigeants syndicaux du Québec.

Notons aussi la présence au Mexique, cette semaine, d’une délégation de la CSN afin d’appuyer leurs camarades mexicains. Elle était composée de Dominique Daigneault, secrétaire générale du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM), de David Bergeron-Cyr, vice-président de la Fédération du commerce, de Josette Côté, conseillère au Service de la syndicalisation, et d’Annie Deschesne, une militante du CCMM.

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