Baisses d’impôts, remboursement de la dette, ouverture au privé dans la santé…
Un budget clairement à droite
La CSN est extrêmement déçue du budget présenté par la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget. « Il s’agit d’un budget à forte saveur adéquiste qui permet au gouvernement libéral de donner un grand coup d’accélérateur à droite. La situation précaire du PQ et l’arrivée de l’ADQ comme opposition officielle permettent une accélération des réformes que le gouvernement libéral aurait souhaité réaliser dans son premier mandat », de constater la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.
« Modernisation de l’État et privatisation d’actifs, ouverture au privé dans la santé, remboursement de la dette, élimination tous azimuts de la taxe sur le capital ; le PLQ et l’ADQ ont des visées communes dans bien des secteurs, bien que l’ADQ annonce qu’elle votera contre ce budget », observe la leader syndicale.
Le budget de toutes les contradictions
La CSN dénonce vertement les baisses d’impôts de 950 millions de dollars. « L’argent du déséquilibre fiscal sert essentiellement à financer cette mesure. Ce faisant, on vient de fermer la négociation avec Ottawa. On choisit d’avantager la classe moyenne élevée, alors que des patients sont refoulés sur des listes d’attente pour des chirurgies urgentes. C’est inadmissible. D’autres besoins criants ne sont toujours pas comblés. Qu’on pense aux soins à domicile, à la santé mentale et au sous-investissement en éducation et en matière de développement économique et d’environnement. »
Le privé en santé
La principale catastrophe de ce budget, c’est la mise en place d’un groupe de travail présidé par Claude Castonguay, un partisan du système privé, et ce, en vue de trouver des solutions pour assurer la pérennité du système de santé public québécois. Après avoir ouvert une consultation sur le financement du système de santé, le ministre Philippe Couillard a fait une première volte-face en soutenant que le financement ne posait pas de problème.
« La population québécoise a été outrageusement trompée quand on lui disait, en campagne électorale, qu’elle n’avait pas à s’inquiéter de la place du privé en santé puisque le financement demeurerait entièrement public. Quelques semaines après les élections, on annonce la formation d’un comité qui doit examiner la contribution du privé au financement de ce secteur ! Le gouvernement va jusqu’à lui donner le mandat de revoir la Loi canadienne sur la santé. La porte est grande ouverte pour le privé avec un grand P. C’est le monde à l’envers. M. Castonguay doit livrer un rapport dès l’automne 2007. Or, on connaît déjà les positions qu’il mettra au jeu. Elles sont explicitement identifiées dans son mandat. Contrairement à ce que prétend la ministre des Finances, il ne s’agit pas d’un comité non partisan et apolitique », de s’inquiéter madame Carbonneau.
Les étudiants paient le prix
En matière d’éducation, c’est la consternation. Alors que le gouvernement vient de donner le feu vert au dégel des droits de scolarité, il n’annonce pas de réinvestissement significatif dans les cégeps et les universités. « Ce sont les étudiantes et les étudiants qui paient la note, alors que le gouvernement fédéral est loin d’avoir versé le 1,2 milliard exigé pour régler la question des paiements de transfert en éducation supérieure », rappelle Claudette Carbonneau.
Stagnation en matière de politique familiale
La présidente de la CSN se dit également très déçue quant à la stagnation concernant les mesures visant la famille. Rien sur les 20 000 places qui devaient être créées en CPE, rien pour consolider le programme de congés parentaux québécois.
Emploi : des mesures insuffisantes
En matière de développement économique, les mesures prévues ne sont pas à la hauteur des défis. La présidente de la CSN reconnaît que le Québec a un problème d’investissement et de modernisation, mais s’inquiète du fait que l’abolition de la taxe sur le capital constitue la principale mesure pour venir en aide au secteur manufacturier en crise. « Il est dangereux d’abolir une telle taxe sans rechercher de véritables garanties de réinvestissement des entreprises dans le parc d’équipements et de machineries. Les secteurs pétrolier et financier, qui enregistrent des profits plantureux, auraient dû être exclus. Ici encore, il y a une contradiction : les entreprises qui ne réinvestiront pas bénéficieront de l’abolition de la taxe sur le capital, alors que cette mesure coûte 900 millions de dollars au Trésor québécois. » La CSN déplore, en outre, que le gouvernement n’annonce aucun soutien à la formation continue, alors qu’il s’agit là d’un élément essentiel à l’amélioration de la productivité.
Quelques bons coups
La CSN souligne le virage du gouvernement en matière de rénovation des infrastructures, même si un examen plus serré des annonces à venir doit être fait. Les 1000 places en CHSLD, bien qu’insuffisantes, constituent un premier signal intéressant dans un secteur où le désinvestissement est criant et insoutenable. L’aide aux élèves en difficulté est également bienvenue.
La Confédération des syndicats nationaux représente plus de 300 000 travailleuses et travailleurs uvrant dans toutes les sphères d’activité et provenant de toutes les régions du Québec.
Source : CSN -24 mai 2007
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