Livre vert sur la politique bioalimentaire

Le gouvernement doit démontrer plus de leadership

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) croit que la réussite des importants objectifs du livre vert pour une politique bioalimentaire Donner le goût du Québec ne pourra être atteinte qu’à certaines conditions, dont un leadership assuré par le gouvernement.

Les buts que s’est fixé le gouvernement du Québec sont trop axés sur les seuls consommateurs, les forces du marché et les initiatives privées. Ces buts doivent être élargis à une vision bioalimentaire qui dépasse les seuls enjeux mercantiles.

En déposant le mémoire de la centrale syndicale, aujourd’hui, devant la commission chargée d’étudier le projet élaboré par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), le secrétaire général de la CSN, Jean Lortie, a insisté sur la nécessité que personne ne soit mis sur la touche. « Tous les maillons de la chaîne doivent participer à ce projet de société. » Il a rappelé l’importance de certains d’entre eux, qui semblent dans l’angle mort du livre vert.

Il a cité, par exemple, les travailleuses et les travailleurs de l’industrie de la transformation et de la distribution alimentaire, qui en sont les artisans, les personnes migrantes temporaires, qui vivent des situations intolérables de discrimination reconnues par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse , les institutions publiques, qui constituent un levier important dont l’État dispose pour faire fleurir le monde bioalimentaire dans les régions du Québec, ainsi que les personnes des classes défavorisées qui sont les premières à faire les frais d’une consommation alimentaire à deux niveaux.

Mesures concrètes réclamées Le secrétaire général de la CSN est par ailleurs d’avis que la politique bioalimentaire québécoise doit impérativement identifier des mesures beaucoup plus concrètes que celles proposées dans le livre vert, particulièrement en ce qui concerne le rôle de l’État. Il considère que ces mesures doivent être assorties d’engagements budgétaires démontrant la ferme volonté politique du gouvernement d’aller de l’avant avec un leadership accru.

La CSN estime que l’État doit : – soutenir un développement sain de tous les secteurs bioalimentaires, notamment en appuyant les plans de développement de la main-d’œuvre ; – optimiser le levier étatique par une politique publique d’achat responsable, entre autres pour le développement durable, la réduction des transports et le respect du cycle de vie des produits ; – protéger les travailleuses et les travailleurs les plus vulnérables (sous le joug des agences de placement, ceux du milieu agricole privés du droit d’association, migrants) ; – assurer une alimentation pour tous, qui soit saine, de qualité et abordable ; – exercer les droits que confère la souveraineté alimentaire ; – garantir l’innocuité des produits alimentaires (salubrité, puis droit et devoir d’alerte des travailleurs) ; – développer l’approche préventive en matière environnementale.

Résolue à être partie prenante de la mise en œuvre de la future politique, si elle s’imprègne des valeurs et des principes défendus dans son mémoire, la CSN souhaite que celle-ci concerne non seulement le MAPAQ, mais l’ensemble de l’appareil gouvernemental québécois. Elle estime, en effet, que les enjeux liés à la main-d’œuvre, au travail migrant, au développement économique et régional, puis à l’achat institutionnel touchent un ensemble de ministères et d’organismes à mobiliser pour l’occasion.

Les travailleurs doivent être écoutés Jean Lortie insiste sur l’importance de la place des travailleuses et des travailleurs au sein de l’industrie : « Ces acteurs de première ligne sont parmi les mieux placés pour assurer le développement du secteur bioalimentaire, bonifier la productivité, innover sur les produits, sur la production ainsi que sur l’organisation du travail et de l’entreprise en général, voire du secteur. En conséquence, ils doivent être présents sur les tribunes où se discutent les problèmes et où se trouvent les solutions, dans l’entreprise et au-delà. C’est l’approche filière. »

Il rappelle, d’autre part, que leurs conditions de travail demeurent préoccupantes et que leur contribution au secteur dépend largement de la façon dont les problèmes de main-d’œuvre sont abordés. Jean Lortie est d’avis que l’industrie doit assurer son développement et sa capacité concurrentielle sur la base d’une main-d’œuvre bien formée et valorisée, ainsi que sur de saines pratiques de gestion des ressources humaines et des relations de travail.

La CSN représente plus de 16 000 travailleuses et travailleurs du secteur bioalimentaire œuvrant du grain au magasin, regroupés au sein de la Fédération du commerce. À la Fédération des employées et employés de services publics, elle regroupe la majorité des travailleuses et des travailleurs de l’UPA, en plus de milliers d’autres qui besognent au sein de services alimentaires dans nos écoles, dans nos institutions de santé et dans d’autres organismes gouvernementaux. Tous ces gens sont interpellés par l’avenir du secteur bioalimentaire. C’est leur gagne-pain et leur fierté.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) est une organisation syndicale composée de près de 2000 syndicats qui regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Partager cette page sur Facebook Twitter LinkedIn Reddit Pinterest

Articles récents

Caroline Senneville sur la syndicalisation d'un entrepôt AMAZON à Laval
Partager cette nouvelle

Le Point syndical  automne 2023