En lock-out depuis plus de quatre mois

Les lock-outés du Journal de Montréal manifestent à Sherbrooke

Plus de 200 membres du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (STIJM–CSN) se sont rassemblés devant les bureaux du Journal de Sherbrooke Hier. Cette manifestation s’inscrivait dans le cadre de la campagne qu’ils mènent pour inviter la population à ne plus lire ni acheter un journal fait sans ses artisans. Le président du Conseil central de l’Estrie (CSN), Jean Lacharité, a assuré les lock-outés de l’appui des 11 000 membres que comptent la CSN dans la région. « Depuis le 24 janvier, au moment où Pierre Karl Péladeau nous a jetés sur le trottoir, le Journal de Montréal continue d’être publié par, nous dit-on, 25 cadres et des chroniqueurs, a indiqué le président du STIJM Raynald Leblanc. Tout le monde sait bien qu’une telle chose est impossible. Un quotidien de l’envergure du Journal de Montréal, avec une centaine de pages, dont son contenu est normalement alimenté par plus de 80 journalistes, des chefs de secteurs, des chefs de pupitre, 15 photographes et 1 caricaturiste, ne peut être publié sans l’apport de scabs. » Le syndicat a d’ailleurs déposé une plainte à la Commission des relations du travail pour le démontrer. Le STIJM demande à la population de cesser de lire le quotidien de la rue Frontenac pour exercer une pression économique sur l’empire des communications. C’est pourquoi ses membres multiplient les actions devant toutes les tentacules de Quebecor pour faire connaître les enjeux de cette négociation et pour ramener l’employeur à la table de négociation. Jusqu’à maintenant, toutes les demandes du syndicat pour reprendre les discussions ont été rejetées par Quebecor. Les représentants patronaux du Journal de Montréal ont mis abruptement fin aux pourparlers le 22 janvier, lorsqu’ils ont rejeté une contre-proposition syndicale qui aurait pu éviter le conflit et relancer la négociation. Deux jours plus tard, c’était le lock-out, soit le tout premier conflit de travail en 40 ans impliquant le personnel de la rédaction et celui du bureau. « Mais depuis l’arrivée de Pierre Karl Péladeau à la direction de Quebecor, il s’agit d’un 14e conflit de travail en 14 ans, a déclaré Jean Lacharité. Une telle arrogance démontre le peu de respect qu’a l’héritier de ses employé-es, de ses lecteurs et de ses annonceurs. » En fait, la façon de négocier de Quebecor est simple : étirer le conflit pour forcer les travailleuses et les travailleurs à accepter des reculs. Depuis le début des discussions, en octobre, la direction de Quebecor n’a jamais bronché de son plan d’affaires de charcuter dans la convention collective, malgré toutes les ouvertures syndicales. Il a déposé un projet de quelque 230 demandes qui visent notamment à

  • éliminer une centaine de postes, occupés par une majorité de femmes dont plusieurs comptent plus de 30 ans d’ancienneté, en favorisant la sous-traitance ;
  • réduire de 20 % les avantages sociaux ;
  • diminuer les clauses professionnelles de la convention collective qui assurent la qualité de l’information et le respect de règles d’éthique journalistique.

L’entreprise se comporte comme si elle était près de la faillite. « Au contraire, explique le président du STIJM, nous estimons que le Journal de Montréal a engrangé plus de 50 millions de dollars de profits sur un chiffre d’affaires de 200 millions, l’an dernier. Le Journal fait vraiment beaucoup d’argent. » Le syndicat invite la population à s’informer plutôt en consultant le média sur le Web qu’il a lancé, ruefrontenac.com, où on retrouve de vrais professionnels de l’information, dont les chroniqueurs chevronnés, qui ont fait du Journal de Montréal le quotidien numéro 1 au Québec. « Mais ça, c’était avant le 24 janvier 2009 », a conclu Raynald Leblanc.

Partager cette page sur Facebook Twitter LinkedIn Reddit Pinterest

Articles récents

Caroline Senneville sur la syndicalisation d'un entrepôt AMAZON à Laval
Partager cette nouvelle

Le Point syndical  automne 2023