Négociation

Les travailleurs de Eacom à Val d’Or signent un nouveau contrat de travail pour la réouverture prochaine de leur usine de sciage

Au terme d’une longue négociation ayant débuté en avril 2011, le Syndicat des travailleuses et travailleurs de scierie Val-d’Or-CSN a signé une convention collective avec l’employeur le 22 janvier dernier et a déposé celle-ci à la Commission des rela-tions du travail du Québec le 1er février 2012.

La durée du contrat de travail est de cinq ans, soit du 18 juin 2011 au 17 juin 2016. Ce contrat pourra cependant être prolongé pour une période de trois (3) ans dans la mesure où l’employeur effectuera un investissement de plusieurs millions à l’usine de sciage et rabotage de Val-d’Or. Si ce contrat est prolongé, il prendra fin le 17 juin 2019.

La scierie Eacom de Val-d’Or a cessé ses opérations en mai 2011, mettant à pied la quasi-totalité des travailleurs. Seul un petit groupe est demeuré à l’emploi durant quelques mois par la suite pour compléter des travaux liés à la fermeture de l’usine.

Pour le syndicat CSN représentant 90 salariés, il aura fallu beaucoup de persévérance et d’influence pour convaincre les dirigeants de Eacom de placer l’usine de Val-d’Or au premier chef des priorités d’investissements pour la relance de leur usine. La réouverture de la scierie, l’emploi demeurent les seules avenues pour les dirigeants du syndicat.

Le projet d’investissement, à une hauteur de plus de 10 millions, permettra de moderniser l’usine de sciage et de rabotage de fond en comble. Le réaménagement des usines et l’introduction de nouveaux équipements à la fine pointe de la technologie amélioreront la capacité d’usinage de près de 100 % au rabotage et stabilisera la production au sciage. Eacom, pour son usine de Val-d’Or, détient un des plus gros contrat en approvisionnement forestier de la région atteignant 640 000 m3. Avec ces investissements, il sera possible de consommer le volume annuel de bois, ce qui n’a jamais été atteint par le passé.

Des inquiétudes demeurent pour réaliser ce projet d’envergure. Eacom doit trouver le finance-ment nécessaire par le biais d’investisseurs.

L’impact sur l’emploi Environ dix emplois seront abolis par l’introduction des nouveaux équipements. Il est prévu de créer une équipe de production la fin de semaine, créant environ une dizaine d’emplois. De plus, en augmentant la capacité d’usinage au rabotage, cela permettra au deuxième quart d’opérer une année complète pour combler les besoins de production. Aussi, Eacom prévoit utiliser sa main-d’œuvre qualifiée pour le démantèlement et le réaménagement des usines, ce qui procurera du travail avant le démarrage des opérations.

La convention collective Le 18 décembre 2011, les 90 salariés avaient d’abord rejeté une première offre finale de l’employeur à 51 % pour se prononcer le 22 décembre à 75 % en faveur d’une entente de princi-pe. À compter du 22 décembre 2011, les salariés récupèrent 10 % de leur salaire, une concession faite en 2007 lors du début de la crise de l’industrie forestière. De 2012 à 2015, les syndiqués bénéficieront d’une augmentation générale des salaires de l’ordre de 2 %. L’employeur augmen-te sa contribution aux primes d’assurance collective de 10 %, dorénavant les syndiqués paieront 30 % du coût des primes, l’employeur 70 %.

En ce qui concerne les vacances annuelles, les syndiqués se voient accorder un pourcentage additionnel de 0. 5 % pour ceux qui ont 30 ans de service continu, ayant droit à cinq semaines. Au chapitre des assurances collectives, l’employeur accepte de défrayer le coût total des primes d’assurances pour les syndiqués, et ce depuis la mise à pied de mai 2011 jusqu’au rappel au travail en 2012. Les syndiqués obtiennent la semaine de travail sur quatre jours, 40 heures semai-ne. Le syndicat fait des gains en améliorant l’application des règles d’ancienneté.

Malgré les nombreuses demandes de concessions de l’employeur, aucun recul des conditions de travail n’est enregistré au terme de la négociation. Les syndiqués ont conservé la précieuse dispo-sition permettant à un travailleur âgé de 55 ans de bénéficier de l’indemnité de licenciement à raison d’une semaine de salaire pour chaque année de service. Des montants sont également prévus pour des mesures de transition à la retraite pour les travailleurs.

La durée de prolongation du contrat 2016 – 2019 Dans la mesure où Eacom aura procédé aux investissements, la convention collective sera pro-longée de trois ans. Les syndiqués se verraient alors accorder des augmentations générales des salaires de 2 % par année pour 2016, 2017 et 2018. Au terme du contrat, les salariés seront un des groupes les mieux payés de leur secteur atteignant un taux horaire qui varie entre 23.81 $ et 31.18 $. Pour le président du syndicat, M. Michel Paquin : « Les bonnes nouvelles dans l’industrie fores-tière se font rares. Celle-ci nous encourage à persévérer. Nous avons bon espoir cette fois de nous diriger vers la sortie de crise. Plusieurs de nos membres n’en sont pas à leur première bataille pour sauver notre usine. Les syndiqués ont encore une fois de plus favorisé les conditions pour une relance de l’usine. La balle est dans le camp de Eacom. Je suis fier de ce que nous avons accompli et surtout extrêmement fier de l’appui des membres du syndicat. »

Eacom a acheté de Domtar inc. le complexe de sciage de Val-d’Or en 2010, en pleine crise de l’industrie. En mai 2011, la compagnie a cessé ses opérations en raison des conditions de marché. Cette compagnie opère une usine de sciage à Matagami et l’usine de deuxième transformation à Val-d’Or.

Pour Gilbert Roussy, conseiller syndical à la Fédération de l’industrie manufacturière-CSN, la crise de l’industrie forestière fait très mal aux travailleurs, voire même des tragédies humaines pour leurs familles. « Il y aura encore des usines à restructurer, à rationaliser en Abitibi-Témiscamingue. Il faut de l’investissement, améliorer la productivité, développer de nouveaux marchés. Avec le projet d’investissement chez Eacom à Val-d’Or, il y a lieu de croire fermement en l’avenir de cette usine. »

Le syndicat CSN est accrédité depuis le 14 mai 1975. Depuis, les membres de ce syndicat ont connu plusieurs conflits de travail et fait face à des fermetures d’usine, entre autres en 1984. Les membres de ce syndicat CSN ont toujours lutté pour leurs conditions de travail et pour conserver leurs emplois. Ils possèdent une riche histoire syndicale.

Ce syndicat est affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM), au Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue-Nord-du-Québec, et à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) qui regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs provenant de tous les secteurs d’activités, tant public que privé.

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