Mai 2003 – La CSN – Construction satisfaite de la nomination d’un enquêteur sur les agissements du Conseil conjoint — À la suite d’événements survenus au chantier Alouette, à Sept – Îles

Droit au travail et pluralisme syndical dans la construction

La CSN-Construction satisfaite de la nomination d’un enquêteur sur les agissements du Conseil conjoint — À la suite d’événements survenus au chantier Alouette, à Sept-Îles

La CSN-Construction est satisfaite de la décision prise, en fin d’après-midi hier, par le nouveau ministre du Travail du Québec, M. Michel Després, de confier à Me Bernard Lefebvre le mandat d’enquêter sur les agissements du Conseil conjoint, une association syndicale formée de la FTQ-Construction et du Conseil provincial des métiers de la construction (Internationaux).

La CSN-Construction s’est adressée hier au ministre Després pour lui demander d’ordonner une enquête publique portant sur le Conseil conjoint. « La nomination d’un enquêteur est satisfaisante. Nous acceptons cette décision et nous pensons que l’enquête permettra de découvrir un ensemble de situations qui amènera peut-être le gouvernement à aller plus loin dans son analyse et son évaluation de l’industrie de la construction. Nous croyons essentiel d’instaurer l’exercice d’un véritable pluralisme syndical dans notre secteur », a affirmé aujourd’hui le président de la CSN-Construction, Ted McLaren, en conférence de presse dans les locaux de la CSN, à Sept-Îles.

« Les récentes actions du Conseil conjoint et de ses représentants au chantier de l’aluminerie Alouette, à Sept-Îles, ainsi que ses pratiques nous ont obligés à exiger une enquête publique sur cette association syndicale. Celle-ci met en cause le droit au travail de nombreux syndiqués de la construction, ainsi que la démocratie et le pluralisme syndical dans notre secteur. C’est contraire à ce que prévoit la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction, la loi R-20. Cette loi reconnaît le droit d’association et le droit fondamental pour les travailleuses et les travailleurs de choisir leur association syndicale », a ajouté le président de la CSN-Construction.

Le trésorier de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Michel Lessard, a participé à la rencontre avec la presse en appui « entier » à la lutte entreprise par la CSN-Construction. « La présente période de maraudage dans la construction est un moment important de démocratie syndicale ; et dans ce contexte, les travailleurs doivent être informés des choix qui s’offrent à eux et de leurs droits en matière de changement d’allégeance syndicale », a-t-il dit.

Le président du Conseil central du Nord-Est (CSN), Gilles Belzile, a aussi joint sa voix à celle de ses camarades pour dénoncer les pratiques du Conseil conjoint.

Les faits

À la fin de la journée de mardi, une cinquantaine de membres du Conseil conjoint se sont massés à l’entrée du chantier Alouette. Ils ont empêché un membre de la CSD-Construction et un membre de la CSN-Construction provenant du Saguenay d’y entrer et d’y travailler. « Cependant, les représentants du Conseil conjoint ont laissé entrer et travailler deux de leurs confrères qui provenaient eux aussi du Saguenay. C’est de la discrimination envers nos membres et ceux de la CSD-Construction ; et c’est contraire à la loi R-20 », de dire le président de la CSN-Construction.

« Des représentants du Conseil conjoint ont aussi obligé plus d’une demi-douzaine travailleurs membres de la CSN-Construction à porter des chapeaux de sécurité aux couleurs du Conseil conjoint et à promettre qu’ils voteront pour le conseil les 5, 6 et 7 juin lors de la période de changement d’allégeance syndicale dans la construction, de rappeler », Ted McLaren.

« Le Conseil conjoint et ses représentants disent aussi à nos membres qu’ils vont perdre leur emploi le 9 juin, s’ils ne votent pas pour le Conseil conjoint, nous a-t-on rapporté », a expliqué le leader de la CSN-Construction.

Les rencontres effectuées la semaine dernière par la CSN-Construction auprès d’entrepreneurs du Saguenay présents sur le chantier de Sept-Îles lui ont permis d’apprendre que les représentants du Conseil conjoint intervenaient auprès d’eux pour qu’ils embauchent uniquement leurs membres. Les représentations de la CSN-Construction auprès de ces mêmes entrepreneurs, conformément à la loi R-20, ont fait en sorte qu’il s’en est trouvé pour faire appel à ses membres.

Monopole vs pluralisme

« Ce genre d’action du Conseil conjoint n’est pas nouveau », a soutenu le porte-parole de la CSN-Construction. « Sur le chantier de rénovation de Ciment Québec, à la Cimenterie de Saint-Basile-de-Portneuf en 2002, le Conseil conjoint a agi pour que les entrepreneurs embauchent seulement ses membres. C’était, répétons-le, contraire à la loi ; et après nos interventions, les employeurs ont remboursé nos membres qui n’avaient pu travailler », a rappelé Ted McLaren.

« Régulièrement, les représentants du Conseil conjoint se rendent aussi en groupe de dix ou de vingt représentants pour rencontrer les travailleurs des autres associations dans le but de les obliger à changer d’organisation syndicale », a raconté le porte-parole de la CSN-Construction.

« Le message que le Conseil conjoint tente de faire passer, c’est le suivant : si vous n’êtes pas membre du Conseil conjoint, vous ne pourrez pas travailler. Qu’il y ait une recrudescence de ce genre d’action, qui ressemble à de l’intimidation durant cette période-ci, n’est pas un hasard. Le Conseil conjoint tente de recruter nos membres et ceux des autres associations syndicales dans le but d’obtenir le monopole syndical », a soutenu Ted McLaren.

« Cet objectif de monopole syndical, s’il devait se réaliser, pourrait ouvrir la porte au retour de pratiques passées qui étaient loin d’être syndicales et avec lesquelles la Commission Cliche avait permis de rompre, en 1975 », s’est inquiété Michel Lessard.

« L’exercice de la liberté syndicale sur les chantiers de construction est bien établi. Avec le pluralisme syndical, les travailleuses et les travailleurs de la construction ont le droit de se regrouper et ont libre choix d’adhérer à l’une ou l’autre des associations déjà existantes, C’est un droit fondamental pour lequel nous allons continuer de nous battre. Le pluralisme syndical est un gage de démocratie et de vivacité syndicale. À l’opposé, le monopole syndical mettrait en danger la démocratie syndicale et le droit fondamental qu’ont les travailleurs de choisir leur organisation syndicale », a conclu le président de la CSN-Construction.

Source : CSN — 29-05-2003 Renseignements : Michel Crête – CSN-Information (514) 598-2454.

   


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