Déménagement de La Joute de Riopelle

Le Musée d’art contemporain sur la sellette

Le Musée d’art contemporain de Montréal sera interpellé crûment, au cours des prochains mois, en raison de la négligence dont il fait preuve, depuis 1976, à l’endroit de la fontaine-sculpture de Riopelle, “La Joute”, et de l’autorisation de s’en emparer qu’il a donnée au Quartier international des affaires.

Telle est l’accusation grave portée par plusieurs participants à l’assemblée publique tenue par le Comité SOS “La Joute”, le dimanche 24 novembre, au Zest, dans Hochelaga-Maisonneuve. Après avoir, avec la complicité de la Régie des installations olympiques (RIO), réduit l’accessibilité à l’oeuvre, le Musée se fait aujourd’hui déménageur en prétextant la méconnaissance populaire de l’oeuvre, fruit de sa propre ineptie! Du coup, le Musée accepte que “La Joute” soit retirée du Parc olympique, dont l’ensemble architectural s’en trouvera défiguré. Il accepte que, dès lors vidée de son poids historique, elle devienne la proie des prédateurs du Quartier international des affaires qui la ravaleront au rang de simple décoration. Le tout à nos frais sans que naisse la moindre oeuvre nouvelle si ce n’est un trou béant dans le Parc olympique! Avec la bénédiction de la classe politique!

C’est un “gâchis et une injure et il faudra en faire un enjeu électoral majeur!…”, s’est exclamé une participante de l’assemblée animée par le dramaturge Jean-Claude Germain, entouré par la comédienne Angèle Coutu, le sculpteur Armand Vaillancourt, les présidentes de la CDEST, Thérèse Sainte- Marie et de Pro-EST, Diane St-Germain, Pierre Samson de l’UNEQ, l’historienne de l’art Danièle Doucet, du groupe international Docomomo (documentation et conservation de l’architecture du mouvement moderne), de la représentante de la CSN et du Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN, Mireille Bénard.

Au cours des prochaines semaines, SOS “La Joute” entend réclamer à nouveau l’arrêt du projet de déménagement, continuer et accroître sa mobilisation, exiger la mise en valeur de “La Joute” au Parc olympique et dénoncer le projet de sa relocalisation entre les deux éléphants blancs que sont le nouveau Palais des congrès et la Caisse de dépôt, au coeur du nouveau Quartier des affaires actuellement en voie de “disney-worldisation”, selon les mots du directeur du Centre de design de l’UQAM, le professeur Marc H. Choko.

L’UNEQ ET LE CLSC EMBARQUENT!

Entre-temps, les appuis au Comité SOS “La Joute” se multiplient: l’Union des écrivain-es du Québec (UNEQ), représentée, à l’assemblée de dimanche dernier, par le romancier Pierre Samson, fils de Hochelaga-Maisonneuve, et le conseil d’administration du CLSC Hochelaga-Maisonneuve ont pris fermement position en faveur du maintien et de la mise en valeur de “La Joute” là où elle a toujours été, au Parc olympique. Ces organismes rejoignent plusieurs opposants de taille dont le RAAV (Regroupement des artistes en art visuel), la CSN, le Conseil de la culture, le RCAAQ (Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec), une trentaine de groupes de Hochelaga-Maisonneuve, les artistes les plus respectés et crédibles du Québec, etc.

(Renseignements: Jacques Keable, (514) 254-4281; André Piché, (514) 255-2317)