Le PDG de Couche-Tard n'a pas à décider à la place de ses employé-es

Se syndiquer : un droit inaliénable

Il n’appartient pas au PDG de Couche-Tard de décider à la place de ses employé-es

Se syndiquer : un droit inaliénable

Dans sa première interview aux médias, publiée le 1 ermai, le dirigeant de Couche-Tard s’attaque à la CSN et à la « campagne » de syndicalisation qui a cours présentement.

Je lui annonce que OUI, la CSN a bien compris le modèle d’affaires de Couche-Tard. C’est celui de payer ses employés au salaire minimum même si plusieurs y travaillent depuis des années; celui de faire le plus d’argent possible pour se hisser dans le « top 100 » des Canadiens les plus riches; c’est d’être un employeur délinquant, qui génère énormément de plaintes à la CSST et à la Commission des normes du travail. Dans ce dernier cas, plus que Wal-Mart, même si celui-ci compte deux fois plus d’employés au Québec que Couche-Tard…

Que dire d’un employeur qui fait signer des documents où il demande à un futur employé, lors d’une entrevue d’embauche, de renoncer à son droit de se syndiquer (deux démarches illégales en passant…) ? Ce droit est inaliénable; il n’appartient certainement pas à monsieur Bouchard de décider pour ces travailleurs !

À la CSN, nous saluons le succès des entreprises québécoises, ici et à l’étranger. Mais pas quand ce succès se fait sur le dos de leurs travailleuses et de leurs travailleurs. Dans un tableau publié dans La Pressedu 21 avril 2012, il est indiqué que la rémunération des dirigeants de Couche-Tard a augmenté de 49 % en un an. Alain Bouchard se hisse au 86 erang parmi les hommes les plus riches du Canada. Une p’tite gêne peut-être ? Et un peu de considération, svp, pour vos employés !

Une première victoire

Pour la première fois au Québec, deux Couche-Tard auront, dans quelques mois, une convention collective et pourront ainsi améliorer leurs conditions de travail. Les syndiqués ont obtenu que la ministre du Travail nomme un arbitre pour la succursale de Saint-Liboire et pour celle du boulevard Édouard à Saint-Hubert. C’est une grande victoire.

Leurs demandes sont raisonnables : augmentation du salaire jusqu’à 12,50 $ l’heure après quatre ans, des journées de maladie, alors qu’ils n’en ont aucune présentement, le respect des normes du travail, du soutien psychologique et des congés après une agression armée, le respect de l’ancienneté pour le choix des vacances et des horaires, la flexibilité de pouvoir échanger leurs quarts de travail entre eux. Plusieurs travaillent pour Couche-Tard depuis deux, six, dix ans. Ils connaissent leur réalité quotidienne. Ils aiment leur travail, leurs clients, mais ils n’aiment pas leurs conditions de travail.

Les plus précaires

La Confédération des syndicats nationaux continue la syndicalisation parce que ce sont les travailleuses et les travailleurs eux-mêmes qui la réclament. Contrairement aux prétentions de monsieur Bouchard, la CSN ne fait pas d’argent avec cette syndicalisation. Eh non, ce n’est pas payant ! Mais c’est le rôle essentiel des organisations syndicales que de défendre les plus précaires, les plus mal payés de notre société, comme elle le fait depuis quelques mois à la Commission des relations du travail pour faire reconnaître les droits de ces employés.

L’achat de Statoil en Europe

Pour la gouverne d’Alain Bouchard, précisons d’abord que le taux de syndicalisation est d’environ 25 % en Europe. Certains commerces sont syndiqués, d’autres ne le sont pas. Monsieur Bouchard affirme qu’il peut vivre avec des dépanneurs syndiqués dans la nouvelle entreprise, la Statoil, que Couche-Tard acquiert pour 2 milliards 700 millions de dollars américains.

Si tel est le cas, il pourrait bien appliquer cette même idéologie ici et arrêter de s’acharner contre le désir légitime des travailleurs de se syndiquer. Au Québec, le commerce de détail vit grâce au service à la clientèle qui est assumé par des employés dévoués. Ces personnes méritent le respect et ont droit de se syndiquer comme tous les autres travailleurs du Québec.

On peut toujours dire que la CSN ne comprend pas le plan d’affaires d’une entreprise. Si au moins c’était dit par un employeur qui n’exploite pas honteusement ceux qui font sa fortune, nous pourrions peut-être y accorder une certaine attention…

Louis Roy

Président de la CSN

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