Faire reculer la privatisation sur  tous les fronts !

(Bulletin Vraiment public no 6) La CSN poursuit sa campagne en 2024 pour un réseau Vraiment public. L’objectif principal des prochains mois sera de faire reculer la privatisation du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS). Le printemps sera consacré à la recherche-action afin de recueillir des informations et des récits sur les différentes formes de privatisation qui ont cours et des conséquences qu’elles entraînent sur nos membres et la population. Il faut aussi mettre en lumière les liens unissant les milieux d’affaires et les élu-es avec l’accélération de la privatisation du RSSS.

Le 15 mars 2024, lors du conseil confédéral, l’instance démocratique de la CSN entre les congrès, les délégué-es ont adopté une résolution plaçant la lutte contre la privatisation au sommet des priorités de la CSN. Pour les travailleuses et les travailleurs de tous les secteurs, la défense de l’accès universel à des services publics de qualité est une nécessité.

Par ailleurs, l’amélioration de la situation exige qu’on remette en cause le rôle de plus en plus prépondérant des entreprises privées. Par exemple, en 2024, force est de constater que la première ligne, la porte d’entrée du réseau, est presque entièrement contrôlée par des entreprises privées. Est-ce à des entrepreneurs de décider où et quand doivent être offerts des services sociaux ou de santé ? Est-ce souhaitable que la possibilité d’accumuler des actes facturables oriente l’offre de services ? Est-ce équitable que la rémunération des médecins constitue 20 % du budget total en santé et services sociaux ?

Le mantra des chambres de commerce voulant que le secteur privé fasse toujours mieux que le secteur public est tout simplement faux. L’offre de la première ligne en est un exemple patent. En effet, la création des Groupes de médecine de famille (GMF), des entités privées, a lamentablement échoué dans sa mission à améliorer l’accès à un médecin de famille et à désengorger les urgences. Le statu quo n’est plus possible. Le vrai changement aujourd’hui, c’est de reprendre en main collectivement, dans le secteur public, les services de première ligne.

La CSN entend militer en ce sens au cours des prochains mois. Les tenantes et les tenants de la privatisation trouveront sur leur chemin une CSN résolue à exiger un changement de cap. Il ne suffit plus de stopper la privatisation, il faut la faire reculer. Il faut déprivatiser le système en faveur d’un réseau Vraiment public.

Le privé en santé – Pas une erreur de parcours

Le conseil confédéral de mars recevait la chercheuse Anne Plourde de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques(IRIS), pour nous amener à réfléchir aux raisons qui poussent les gouvernements à refaire toujours les mêmes erreurs, d’une réforme à l’autre. Pour Anne Plourde, ce n’est pas par incompétence. « En fait, nous dit-elle, bien que les citoyennes et les citoyens constatent l’échec de nos élu-es à améliorer les choses, il y a, dans notre société, certains milieux pour qui ces réformes sont, au contraire, un véritable succès ! »

En réalité, il faut remonter à la création du réseau public au début des années 70 pour trouver la dernière grande victoire des travailleuses et des travailleurs : la mise en place de l’assurance maladie. À l’époque, les milieux d’affaires ont farouchement résisté. La raison de leur opposition était simple : l’existence d’un système public qui fonctionne bien est incompatible avec la génération de profits. De plus, le système québécois se voulait au départ des plus démocratique et décentralisé. Chaque hôpital, chaque CLSC et chaque CHSLD comptait un conseil d’administration indépendant formé par des citoyennes et des citoyens. Rappelons que l’approche était résolument avant-gardiste : le système public québécois a dès le départ intégré la dimension de la médecine communautaire, en plus des CLSC, qui se voulaient la porte d’entrée idéale pour la population.

Pour Anne Plourde, le capitalisme a de tout temps été bien mauvais pour la santé. Par exemple, lorsque la recherche de profits conditionne l’offre de service en santé, plus la population est malade, meilleures sont les perspectives de profits pour le privé. À l’inverse, la prévention et l’absence de maladie entraînent une contraction pour le marché privé. Pour offrir des services à moindre coût, les entreprises privées doivent soit rogner sur les conditions de travail des employé-es, soit rogner sur la qualité des services. Et que dire du fait qu’en pleine période de pénurie de personnel, un médecin, qui n’est plus rémunéré par la RAMQ, limite l’accès universel et gratuit à ses soins pour les prodiguer plutôt à une clientèle aisée qui a statistiquement moins de problèmes de santé ?

Opposés dès le jour un
Suivant cette grande victoire des travailleuses et des travailleurs au début des années 70, l’opposition à la création d’un régime entièrement public n’a jamais baissé les bras. C’est ainsi qu’on a assisté à des vagues successives de privatisation. De leur côté, la plupart des médecins ont toujours résisté à intégrer le système public, s’inscrivant davantage comme des travailleurs autonomes et des entrepreneurs indépendants, alliés naturels, en quelque sorte, des élites économiques. De cette manière, les cliniques privées se sont multipliées et l’on voit aujourd’hui apparaître des chaînes de cliniques où les médecins-entrepreneurs sont propriétaires aux côtés d’autres entreprises à but lucratif. Loin d’être source d’efficacité, au contraire, le capitalisme en santé et en services sociaux est la principale cause du manque d’accès au réseau pour la population.
C’est pourquoi il faut absolument sortir la logique marchande de notre réseau public, au nom de la santé globale de la population et de l’intérêt public. Le défi est de taille, car le gouvernement de la CAQ poursuit la voie empruntée par tous ses prédécesseurs depuis 30 ans, à toute vapeur.

À lire
Les deux derniers ouvrages d’Anne Plourde, Santé inc. – Mythes et faillites du privé en santé et Le capitalisme, c’est mauvais pour la santé, sont disponibles chez PôleDoc, Service de documentation de la CSN.
https://csn.inlibro.net/

Santé-Québec, OÙ en sommes-nous ?

Suivant l’adoption sous bâillon du projet de loi 15, en décembre 2023, la nouvelle agence de gestion Santé Québec se met graduellement en place. Malgré l’adoption de la loi, la CSN demeure résolue à revendiquer un changement d’approche de la part du gouvernement. Nous sommes loin de baisser les bras pour contrer cette réforme néfaste ! Toutefois, nous avons l’obligation de nous préparer en vue de la création d’un employeur unique pour l’ensemble du réseau public de la santé et des services sociaux. Notons que la date exacte d’un éventuel vote d’allégeance syndicale n’est toujours pas connue. Nous vous tiendrons informés dès que nous en saurons davantage.

À terme, tous les salarié-es du réseau public devront voter afin de choisir l’organisation syndicale qui les représentera à l’avenir. En bref, l’ensemble des accréditations syndicales existantes, qu’il s’agisse des CISSS et des CIUSSS ou des établissements n’ayant pas été fusionnés lors des réformes précédentes, seront fusionnées pour former six grandes unités nationales. Ces six unités sont issues d’un certain redécoupage des quatre catégories de personnel du réseau, existant depuis la réforme Couillard de 2005. La CSN représente actuellement des membres dans chacune des six nouvelles catégories.

Personnel en soins infirmiers

Les salarié-es dont la pratique est régie par la Loi sur les infirmières et les infirmiers, les salarié-es membres de l’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires ainsi que les salarié-es qui ont pour fonction d’assurer la qualité des soins infirmiers.
Ex. : Infirmière auxiliaire, conseillère
en soins infirmiers, infirmière.

Personnel de soutien opérationnel et de métiers

Les salarié-es des services auxiliaires de type manuel ainsi que les métiers spécialisés ou non spécialisés pouvant requérir un certificat de qualification.
Ex. : Salubrité, cuisine, ouvrière ou ouvrier.

Personnel d’assistance aux soins cliniques

Les salarié-es dont l’emploi est caractérisé par l’exécution de tâches semi-spécialisées pour apporter un soutien fonctionnel à des professionnel-les ou à des techniciennes et techniciens de la santé et des services sociaux.
Ex. : Préposé-es aux bénéficiaires, agentes et agents d’intervention.

Personnel de soutien de nature administrative

Les salarié-es dont l’emploi est caractérisé par l’exécution de travaux administratifs,
professionnels, techniques.
Ex. : Acheteuse, agente administrative, magasinière.

Techniciennes, techniciens et  professionnel-les de la santé  et des services sociaux

Les salarié-es dont l’emploi est caractérisé par la dispensation de services de santé et de services sociaux aux usagères et aux usagers par des techniciennes et techniciens et des professionnel-les pour des travaux de nature professionnelle ou technique exécutés dans le cadre des services de santé et des services sociaux.
Ex. : Éducatrice et éducateur, psychothérapeute, psychologue.

Techniciennes, techniciens et professionnel-les de soutien spécialisé et en soins cardiorespiratoires

Les salarié-es dont l’emploi est caractérisé par un soutien aux soins dans les secteurs spécialisés et dans le domaine des soins cardiorespiratoires par des techniciennes
et techniciens et des professionnel-les.
Ex. : Technologiste médical, inhalothérapeute.

La liste complète des titres d’emploi par catégorie se retrouvera en annexe de la loi qui n’est pas encore disponible sur le Web. La création de l’employeur unique annonce une centralisation inédite des relations de travail. À la CSN, nous entendons continuer d’offrir des services de proximité aux travailleuses et aux travailleurs, à leur donner une voix démocratique forte et à les soutenir dans leurs luttes au quotidien.

les 5 catégories

 

 

 

 

 

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Mandat de grève chez Autobus B. Dion et déclenchement de grève dans cinq syndicats de l’Estrie

Réunis en assemblée générale ce 3 avril au soir, les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus B. Dion–CSN (STTABD–CSN) ont adopté à 95 %, par voie de scrutin secret, un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée, à déclencher au moment jugé opportun. Par ce vote, le syndicat rejoint le mouvement de grève d’une journée qui sera déclenchée le 18 avril prochain.

« Ce n’est jamais de gaieté de cœur que les chauffeuses et chauffeurs décident d’envisager la grève comme moyen de pression ultime. Or, tous les transporteurs du Québec, incluant leur employeur, ont reçu du gouvernement une bonification importante de leurs contrats, dont une partie doit servir à verser de meilleurs salaires. Nous espérons donc que les offres salariales de l’employeur considèreront dorénavant l’argent qu’il a reçu à cette fin. Par ce vote, le syndicat se joint au mouvement des autres syndicats en Estrie qui sont déterminés à aller chercher leur dû et à obtenir un règlement rapide », déclare Josée Dubé, présidente du secteur transport scolaire.

« La nouvelle réalité salariale dans le secteur du transport scolaire ne peut pas être ignorée par les transporteurs. Tous les employeurs doivent bonifier les salaires s’ils désirent attirer et retenir la main-d’œuvre dans le contexte actuel de pénurie, qui laisse chaque matin des routes sans chauffeuses ni chauffeurs. Nous revendiquons cette bonification importante des salaires afin que l’argent versé par le gouvernement se rende dans les poches de celles et ceux qui conduisent les véhicules scolaires », ajoute Denis Beaudin, président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN.

« En février 2023, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, est lui-même intervenu sur la place publique afin d’appuyer les revendications du secteur du transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN) en soulignant que “les chauffeuses et chauffeurs doivent avoir leur juste part”, précise Stéphanie Gratton, vice-présidente de la FEESP–CSN. Les salarié-es du syndicat font partie d’un mouvement de travailleuses et de travailleurs qui doivent malheureusement recourir à la grève pour aller chercher cette juste part et nous allons être à leurs côtés jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent. »

Grève le 18 avril prochain
Ce 4 avril au matin, cinq avis de grève, dont un pour le STTABD–CSN, ont été envoyés au ministère du Travail. Les quatre autres syndicats suivants ont également envoyé leur avis respectif : le Syndicat des travailleuses et travailleurs du transport scolaire des Autobus des Cantons–CSN, le Syndicat des travailleuses et travailleurs d’Autobus Coaticook–CSN, le Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus de l’Estrie–CSN et le Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus La Sapinière–CSN.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus B. Dion–CSN rassemble environ 30 membres et est affilié à la FEESP–CSN, qui compte plus de 425 syndicats affiliés représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Le Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN regroupe quelque 12 500 membres issus de tous les secteurs d’activité, privés et publics, réunis au sein de 120 syndicats sur une base régionale.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Mandat de grève chez Autobus Coaticook

Réunis en assemblée générale ce 28 mars au soir, les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs d’Autobus Coaticook–CSN ont adopté à 95 %, par voie de scrutin secret, un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée, à déclencher au moment jugé opportun.

« La négociation traîne et ce n’est pas à l’avantage des chauffeuses et chauffeurs, bien au contraire. Tous les contrats des transporteurs ont été majorés de 15 à 30 % à l’automne 2022 et une partie des sommes doit servir à augmenter les salaires. Pour le moment, cet argent s’en va directement dans les poches de l’employeur. En refusant de négocier rapidement, celui-ci indique qu’il préfère augmenter ses profits plutôt que d’offrir de meilleurs salaires qui garantissent le service à la population. Par ce vote, le syndicat lui démontre toute sa détermination à aller chercher son dû et à en arriver à un règlement rapide », déclare Josée Dubé, présidente du secteur transport scolaire.

« La nouvelle réalité salariale dans le secteur du transport scolaire ne peut pas être ignorée par les transporteurs. Tous les employeurs doivent bonifier les salaires s’ils désirent attirer et retenir la main-d’œuvre dans le contexte actuel de pénurie, qui laisse chaque matin des routes sans chauffeuses ni chauffeurs. Nous revendiquons cette bonification importante des salaires afin que l’argent versé par le gouvernement se rende dans les poches de celles et de ceux qui conduisent les véhicules scolaires », ajoute Denis Beaudin, président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN.

« En février 2023, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, est lui-même intervenu sur la place publique afin d’appuyer les revendications du secteur du transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN) en soulignant que “les chauffeuses et chauffeurs doivent avoir leur juste part”, précise Stéphanie Gratton, vice-présidente de la FEESP–CSN. Les salarié-es du syndicat font partie d’un mouvement de travailleuses et de travailleurs qui doivent malheureusement recourir à la grève pour aller chercher cette juste part et nous allons être à leurs côtés jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent. »

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs d’Autobus Coaticook–CSN rassemble environ 30 membres et est affilié à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN). La FEESP–CSN compte plus de 425 syndicats affiliés représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Le Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN regroupe quelque 12 500 membres issus de tous les secteurs d’activité, privés et publics, réunis au sein de 120 syndicats sur une base régionale.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Une centaine de postes abolis dans un CIUSSS de Montréal

La Fédération de la santé et des services sociaux–CSN (FSSS–CSN), la plus grande organisation syndicale en santé et services sociaux, déplore l’abolition de 117 postes au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, dont 86 préposé-es aux bénéficiaires travaillant dans des CHSLD, en pleine pénurie de personnel.

« Alors qu’une crise secoue le réseau de la santé et des services sociaux, supprimer des postes, c’est assurément réduire les services à la population, déplore le président de la FSSS–CSN, Réjean Leclerc. La population doit comprendre que ce n’est que le début. La CAQ a fait le choix de sous-financer la santé, comme au temps des libéraux… Revoici l’austérité, à la sauce caquiste ! »

« Puisque la CAQ n’a pas compensé la hausse normale des coûts du réseau dans son dernier budget, les fameux coûts de système, il va forcément y avoir d’autres coupes. Et avec ce qui a été annoncé pour les prochaines années, ça va devenir bien pire », ajouter le président de la FSSS–CSN.

« Avant de financer à grands frais des entreprises largement profitables », fait valoir Réjean Leclerc, « l’État devrait aller chercher les revenus nécessaires dans la poche des plus riches et des compagnies – qui ne contribuent pas leur juste part – pour financer adéquatement la santé et les services sociaux. »

Surcharge de travail

Pensons aussi aux travailleuses et aux travailleurs touchés. Celles et ceux qui perdent leur emploi. Mais aussi les personnes qui resteront dans les établissements. On peut déjà prévoir une surcharge de travail pour les équipes.

« La CAQ fait vraiment des choix étranges. D’un côté, le gouvernement offre des formations accélérées et donne des bourses d’études pour attirer du monde dans le réseau. De l’autre, il abolit des postes, dont un grand nombre de préposé-es aux bénéficiaires. »

« Ça sent l’improvisation, c’est brouillon, inefficace et contre-productif. Serions-nous carrément dans de la mauvaise gestion de fonds publics ? C’est surprenant, pour un parti et un ministre “gestionnaire”. Peut-être qu’on est dû pour passer d’une approche de gestionnaire à une de visionnaire », évalue Réjean Leclerc.

Notez que Réjean Leclerc, président de la FSSS–CSN, est disponible pour répondre à vos questions.

Les employés municipaux de Saint-Georges demandent à la ville de faire preuve de souplesse

Les représentants du Syndicat des travailleuses et travailleurs municipaux de la Ville de Saint-Georges–CSN souhaitent faire une mise au point à la suite de certaines déclarations de M. Claude Morin, maire de Saint-Georges, en pleine séance du conseil municipal lundi soir.

« Il est vrai que le syndicat a reçu une hypothèse de travail de la conciliatrice du ministère du Travail, » explique Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN), « mais il est faux de prétendre que nous l’avons rejeté du revers de la main sans même en prendre connaissance. »

Les discussions entre la partie syndicale et la conciliatrice, qui est au dossier depuis le 15 décembre à la demande du syndicat, faut-il le rappeler, sont régulières. « Nous avons analysé la proposition de la conciliatrice, » explique Mario Boissé, président du syndicat, « mais ça ne nous semblait pas être une bonne base de travail. »

La Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) estime que la partie syndicale a constamment fait preuve de souplesse depuis le début des négociations. « Écoutez, la partie syndicale a baissé sa demande salariale, nous demandions à l’origine l’IPC et un rattrapage salarial alors que maintenant notre demande se situe en deçà de l’IPC pour une convention de cinq ans, » révèle Simon-Mathieu Malenfant, vice-président trésorier de la FEESP–CSN, « en plus nous avons abandonné des demandes monétaires, notamment l’ajout d’une semaine de vacances et de congés mobiles, pour créer de l’espace et permettre à la Ville de bonifier son offre salariale. »

Malheureusement, la partie patronale reste campée sur ses positions. « La Ville n’a jamais vraiment bougée sur son offre de départ, ils l’ont à peine bonifié de quelques sous, » rappelle Simon-Mathieu Malenfant, « d’ailleurs, la dernière offre patronale remonte au 25 février, soit bien avant le déclenchement de la grève générale illimitée. Dans ce contexte c’est un peu surprenant de se faire dire que la partie patronale est en attente d’un retour syndical. »

Concrètement, l’écart entre les positions syndicales et patronales sur la question des salaires est d’environ 3 % sur cinq ans. « Hier soir, le maire de Saint-Georges m’a déclaré qu’il aurait préféré qu’il n’y ait pas de grève, » conclut Barbara Poirier, « nous aussi ! Personne ne fait la grève pour le plaisir. En fait, si vous voulez le fond de ma pensée, je trouve ça indécent qu’on en soit là, que nos membres soient en grève et que la population soit privée de services. »

La partie syndicale estime que la balle est dans le camp de la Ville de Saint-Georges et que le conseil municipal doit rapidement donner les mandats nécessaires pour permettre d’en arriver à une entente satisfaisante pour les deux parties.

Les partenaires s’inquiètent pour le marché du travail québécois

Chaque jour, au Québec, de petites et moyennes entreprises se font refuser des services nécessaires à leur croissance, alors que des personnes en emploi ou à la recherche d’un travail voient leur demande pour une formation qualifiante rejetée, malgré un besoin démontré et un niveau de précarité élevé dans plusieurs cas.

À trois semaines du dépôt du budget fédéral, les acteurs du marché du travail québécois joignent leur voix aujourd’hui afin de signaler une situation critique en matière de développement de la main-d’œuvre au Québec.

Un manque à gagner financier

La fin possible des bonifications des ententes de transferts sur le marché du travail (ETMT) en provenance du gouvernement canadien représente un manque à gagner de quelque 140 millions de dollars (M$) pour le Québec en 2024-2025, soit 100,7 M$ pour l’Entente sur le développement du marché du travail (EDMT) et 44,4 M$ pour l’Entente sur le développement de la main-d’œuvre (EDMO). À cela s’ajoutent d’autres coupures de financement, tant du fédéral que du provincial, qui totalisent près de 145 M$ additionnels.

Des impacts réels sur le terrain

Déjà, les entreprises, les travailleuses et travailleurs ainsi que les personnes en recherche d’emploi sont touchées par des contractions importantes dans le financement des services aux entreprises, des mesures de formation et des services publics d’emploi destinés aux individus. À titre d’exemple, le financement des services aux entreprises et des mesures de formation a chuté de près de 50 % entre 2022-2023 et 2023-2024, ce qui occasionne des bris de services dans certaines régions ou encore de longues listes d’attente.

Se préparer pour l’avenir

Le marché du travail a été fortement chamboulé par la pandémie de COVID-19, de même que par de nombreuses transitions démographiques, environnementales et technologiques. En ce sens, il demeure encore très volatil et inégal. De nombreux experts et économistes prévoient également un ralentissement économique pour les prochaines années, ce qui pourrait entraîner plusieurs pertes d’emploi et une hausse du taux de chômage.

Dans ce contexte, il nous apparaît donc primordial de bonifier rapidement les ententes de transferts sur le marché du travail avec Ottawa, afin de maintenir l’offre, la qualité et d’assurer la prévisibilité à long terme des services destinés aux personnes à la recherche d’un emploi, aux travailleuses et travailleurs ainsi qu’aux entreprises québécoises.

Signataires

Nathalie Arguin, secrétaire générale – Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Christian Blanchette, recteur – Université du Québec à Trois-Rivières – Représentant du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI)

Denis Bolduc, secrétaire général – Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)

Karl Blackburn, président et chef de la direction – Conseil du patronat du Québec (CPQ)

Paul Doyon, premier vice-président général – Union des producteurs agricoles (UPA)

Caroline Dupré, présidente-directrice générale – Fédération des centres de services scolaires du Québec (FCSSQ)

Éric Gingras, président – Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Pierre Graff, président-directeur général – Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ)

Richard Gravel, vice-président – Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre (COCDMO)

Charles Milliard, président-directeur général – Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ)

Véronique Proulx, présidente-directrice générale – Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ)

Martine Roy, vice-présidente – Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec (RCJEQ)

Valérie Roy, directrice générale – AXTRA, Alliance des centres-conseils en emploi

Bernard Tremblay, président-directeur général – Fédération des cégeps

Luc Vachon, président – Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Mandat de grève chez Autobus des Cantons

Réunis en assemblée générale ce 25 mars au soir, les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs du transport scolaire des Autobus des Cantons–CSN ont adopté à l’unanimité, par voie de scrutin secret, un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée, à déclencher au moment jugé opportun.

« Nous savons que tous les transporteurs du Québec, incluant leur employeur, ont reçu du gouvernement une bonification importante de leurs contrats, dont une partie doit servir à verser de meilleurs salaires. Nous espérons donc que les offres salariales de l’employeur considèreront dorénavant l’argent qu’il a reçu à cette fin. Par ce vote, le syndicat lui démontre toute sa détermination à aller chercher son dû et à arriver à un règlement rapide », déclare Josée Dubé, présidente du secteur transport scolaire.

« La nouvelle réalité salariale dans le secteur du transport scolaire ne peut pas être ignorée par les transporteurs. Tous les employeurs doivent bonifier les salaires s’ils désirent attirer et retenir la main-d’œuvre dans le contexte actuel de pénurie, qui laisse chaque matin des routes sans chauffeuses ni chauffeurs. Nous revendiquons cette bonification importante des salaires afin que l’argent versé par le gouvernement se rende dans les poches de celles et ceux qui conduisent les véhicules scolaires », ajoute Denis P. Beaudin, président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN.

« En février 2023, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, est lui-même intervenu sur la place publique afin d’appuyer les revendications du secteur du transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN) en soulignant que “les chauffeuses et chauffeurs doivent avoir leur juste part”, précise Stéphanie Gratton, vice-présidente de la FEESP–CSN. Les salarié-es du syndicat font partie d’un mouvement de travailleuses et de travailleurs qui doivent malheureusement recourir à la grève pour aller chercher cette juste part et nous allons être à leurs côtés jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent. »

« Tous les contrats des transporteurs ont été majorés de 15 à 30 % à l’automne 2022 et une partie de ces sommes devait servir à augmenter les salaires de celles et ceux qui conduisent les véhicules scolaires. Ce que les transporteurs nous indiquent en refusant actuellement de verser ces sommes à leurs salarié-es, c’est qu’ils préfèrent augmenter leurs profits plutôt que de garantir ce service à la population, ce qui est totalement inacceptable », conclut Caroline Senneville, présidente de la CSN.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs du transport scolaire des Autobus des Cantons–CSN rassemble environ 50 membres et est affilié à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN). La FEESP–CSN compte plus de 425 syndicats affiliés représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Le Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN regroupe quelque 12 500 membres issus de tous les secteurs d’activité, privés et publics, réunis au sein de 120 syndicats sur une base régionale.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

1600 auxiliaires d’enseignement de McGill en grève dès lundi

N’ayant toujours pas reçu d’offre satisfaisante de la part de l’Université McGill, les 1600 assistantes et assistants d’enseignement de l’institution entameront une grève de huit semaines ce lundi, mettant en péril la fin de la session universitaire.

« Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour négocier de bonne foi, mais il semble que McGill ne soit pas disposée à y mettre du sien pour que l’on parvienne à une entente. Nous n’avons pas d’autre choix que d’exécuter notre mandat de grève », explique Fanny Teissandier, une assistante d’enseignement qui espère que l’Université ne fera pas traîner le conflit de travail jusqu’à la fin de la session. « McGill fonctionne parce que nous travaillons ! », ajoute-t-elle. 

La semaine dernière, les auxiliaires d’enseignement de l’Université ont voté à 87,5 % en faveur du mandat de grève. Ces derniers sont en négociation depuis septembre pour assurer le renouvellement de leur convention collective. Le syndicat réclame une augmentation de salaire substantielle pour pallier la hausse du coût de la vie et rattraper le salaire moyen des auxiliaires d’enseignement d’autres grandes universités canadiennes telles que l’Université de Toronto, l’Université Queen’s, l’Université McMaster et l’Université de la Colombie-Britannique. 

Les travailleuses et les travailleurs demandent également que les heures de cours qui leur sont attribuées soient indexées par rapport au nombre d’étudiantes et d’étudiants. Le syndicat craint que la baisse des heures constatée ces dernières années n’affecte la qualité de la formation à l’Université. 

« Les auxiliaires d’enseignement jouent un rôle essentiel dans la qualité de l’éducation à McGill. En ce moment, leur apport est mis en péril par l’attitude de l’administration. McGill est-elle vraiment prête à laisser les personnes étudiantes terminer leur session sans les auxiliaires ? La balle est dans le camp de l’Université », déclare Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats nationaux.

« La négociation a été décevante pour le syndicat, car le comité de négociation a fait preuve de flexibilité et il a reçu très peu d’ouverture en échange de la part de l’Université. Le mandat de grève est fort et nos membres ne reculeront pas avant d’avoir obtenu une offre salariale respectueuse », affirme Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec-CSN (FNEEQ-CSN). 

« En pleine crise du coût de la vie, la lutte des auxiliaires de McGill est une lutte pour le respect et pour des conditions de travail décentes. Les travailleuses et les travailleurs peuvent compter sur la CSN pour être à leurs côtés jusqu’au bout de leur lutte », ajoute Chantal Ide, vice-présidente du Conseil central du Montréal métropolitain-CSN. 

Syndicat des travailleuses et travailleurs des autobus Gaudreault–CSN

À la suite du dépôt de sa requête en accréditation le 1er février dernier, le Syndicat des travailleuses et travailleurs des autobus Gaudreault–CSN a été accrédité pour représenter :

« Tous les salariés au sens du Code du travail à l’exclusion des employés de bureau, superviseurs, du conducteur/mécanicien/superviseur, et de tous ceux normalement exclus par la loi. »

Les travailleuses et travailleurs des autobus Gaudreault ont décidé majoritairement de se joindre à la CSN, n’ayant pas eu de services avec les TUAC local 501 depuis plusieurs années. Ils ont opté pour une organisation plus combative et surtout qui a à coeur la reconnaissance dans leur domaine.

Ce nouveau syndicat sera affilié à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), au Conseil central de Lanaudière et, bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Santé Québec inc.

Cette nouvelle agence de gestion, pilotée de Québec, constituera l’ultime fusion de l’ensemble des établissements de santé et de services sociaux du Québec. Le projet de loi 15, parmi les plus massifs de l’histoire, n’apporte pourtant aucune réponse réelle aux enjeux de l’heure du système de santé, qu’il s’agisse du manque d’accessibilité, des pénuries de personnel ou de la privatisation croissante du réseau.

À terme, Santé Québec deviendra le plus gros employeur au Canada, avec ses 350 000 salarié-es. Il faut le dire : il s’agit là de l’aboutissement d’une logique de centralisation ayant guidé presque tous les ministres qui ont précédé Christian Dubé. Depuis 2005, tous les établissements ont vécu des fusions à plusieurs reprises pour former des ensembles toujours plus grands. Chaque vague a mené à des prises de décisions de plus en plus éloignées du terrain, à une déshumanisation des soins et à une dégradation des conditions de travail du personnel. Difficile de voir comment on pourra améliorer la façon de faire des relations de travail en poussant cette même logique à l’extrême !

Des « top guns »

Christian Dubé doit annoncer prochainement l’identité des personnes qui seront nommées à la tête de Santé Québec. Le ministre a déjà évoqué qu’il souhaitait pour cela recruter des « top guns », sans plus de détails. Les médias d’information nous ont appris que ces personnes bénéficieront effectivement de salaires de « top guns » semblables à ceux du secteur privé. On sait aussi que les 350 000 membres du personnel ne font pas partie de cette élite aux yeux du ministre, qui ne leur réserve à peu près aucune place au sein des instances décisionnelles.

Réforme dénoncée

La réforme Dubé est dénoncée de plus en plus fortement non seulement par le personnel et par les syndicats, mais également par les organismes communautaires, par de nombreux médecins et par plusieurs experts du milieu. Parmi les grandes préoccupations : la privatisation des soins et des services qui se généralise.

Plus les années passent, plus la marchandisation de la santé et des services sociaux se présente comme un fait accompli au Québec. Le ministre Dubé ne s’en cache pas : la CAQ entend élargir encore davantage les recours au secteur privé. Cela aggravera immanquablement les pénuries de personnel dans le secteur public, non seulement parce que les conditions de travail n’y sont pas aussi avantageuses, mais aussi parce que les cas plus lourds et plus compliqués seront toujours traités dans le secteur public. D’ailleurs, si une complication survient en clinique privée lors d’une opération « simple », ce sont toujours les hôpitaux du secteur public qui sont appelés à prendre la relève.

En asphyxiant les services publics au nom du néolibéralisme et de l’austérité budgétaire, les gouvernements ont stimulé la création d’un marché privé parallèle et par le fait même, d’un système à deux vitesses qui prend de l’ampleur. À présent, celles et ceux qui en ont les moyens se voient trop souvent offrir des soins et des services non médicalement requis pendant que d’autres sont forcés d’attendre leur tour, au prix d’une possible dégradation de leur état de santé.

La fausse solution du privé

La recette est connue… En laissant dépérir le secteur public, le privé finira par s’imposer comme une voie rendant inéluctable le développement de services à deux vitesses. N’est-ce pas exactement ce que prône le ministre Dubé ? Au lieu de tout mettre en œuvre pour que le secteur public remplisse entièrement sa mission, Christian Dubé déclarait en point de presse, le 9 décembre 2023 : « On s’est engagé dans le projet de loi no 15 à ce qu’une personne qui, par exemple, ne serait pas capable d’être servie ou soignée dans un délai raisonnable pour une chirurgie, [puisse être envoyée] ailleurs dans le réseau ou même au privé. »

En 2024, la CSN entend déployer tous ses efforts pour contrer ce glissement dangereux vers la privatisation, car le privé est déjà plus présent que jamais dans le réseau.

À l’heure actuelle, la première ligne – l’accès aux services – est largement contrôlée par l’entreprise privée, notamment par des médecins-entrepreneurs, voire par des entrepreneurs tout court. Bien qu’il soit couvert par l’assurance-maladie, le modèle des groupes de médecine familiale ne fonctionne pas. Malgré les réformes et les sommes investies depuis des décennies, trop de Québécoises et de Québécois n’ont toujours pas accès à un médecin de famille ni à des services d’urgence mineure les soirs, les nuits ou les fins de semaine. Sans compter qu’un nombre grandissant de médecins choisissent de se désaffilier complètement de l’assurance-maladie pour offrir leurs services uniquement à celles et à ceux qui ont les moyens de se les payer.

Cette situation contribue évidemment aux problèmes des urgences publiques sur lesquelles doivent se rabattre les citoyennes et les citoyens qui n’ont pas de solution de rechange, en soirée et durant la nuit. Ces urgences débordent et les hôpitaux manquent de capacité pour accueillir dignement les patientes et les patients. De nombreux lits y sont occupés par des personnes qui attendent de pouvoir être admises en hébergement de longue durée… parce qu’il manque aussi de places dans les CHSLD publics. Ces établissements doivent de surcroît composer avec des personnes nécessitant de plus en plus de temps de soins. Ils se trouvent d’autant plus sous pression que les services publics en soutien à domicile sont insuffisants. Pourtant, ils sont bien moins dispendieux que l’hébergement…

« Pour la CSN, la plus grande erreur des 40 dernières années a été de confier un rôle toujours plus grand au secteur privé. Pour un vrai changement en santé et dans les services sociaux, il faut mettre fin à cette logique du profit et concentrer tous les efforts à la reconstruction de services publics solides », insiste David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN.

Ce qu’en pense vraiment la population

Au cours de l’automne dernier, la Commissaire à la santé et au bien-être, qui devrait être le chien de garde du réseau public, tenait des groupes de discussion organisés par l’Institut du Nouveau Monde sur l’avenir du système de santé. La consultation doit mener à un rapport qui sera présenté au ministre Dubé. La marchandisation des soins et des services y était abordée sans aucun complexe. On demandait aux participantes et aux participants « d’investir » ni plus ni moins que de l’argent Monopoly dans les différentes priorités d’action afin de déterminer lesquelles sont les plus prometteuses.
Sans aucun doute, il sera très intéressant de consulter le rapport qui découlera de cette consultation, car pour une claire majorité de personnes, la trop grande place déjà occupée par l’entreprise privée dans le secteur fait partie du problème.

La présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent–CSN, Pauline Bélanger, a pris part à l’exercice, à titre de citoyenne. « J’espère que le ministre Dubé va être informé de ce qui s’est dit à Rimouski. J’entrais dans la salle un peu à reculons en m’attendant à y trouver des gens plutôt favorables à la privatisation. Or, ça m’a carrément redonné espoir ! Ce que la population veut vraiment n’a rien à voir avec ce que la CAQ dit qu’elle veut. Même les plus jeunes se montraient fortement attachés au réseau public. Le consensus qui s’est dégagé à Rimouski, c’était d’élargir la couverture publique aux soins dentaires et oculaires, de rendre les soins plus humains et d’améliorer les conditions de travail du personnel. »

Le président du conseil central de l’Outaouais, Alfonso Ibarra Ramirez, a pris part au même exercice, à Gatineau. « J’ai hâte de voir le rapport final. À quoi va-t-il servir ? Ça a été un bon exercice citoyen. Bien que la discussion se soit déroulée dans un cadre très défini basé sur des questions dirigées, à la fin des échanges, il était clair que les citoyennes et les citoyens de notre région ne souhaitent pas mettre la privatisation de l’avant. Au contraire, ce qui en est ressorti, c’est un fort attachement au système universel, accessible et gratuit ainsi que la nécessité d’élargir le rôle des CLSC publics et d’améliorer le financement des groupes communautaires. »

Vote de grève chez les Autobus Gil-Ber

Lors d’une assemblée générale extraordinaire tenue le 21 mars en soirée à Rawdon, les membres du Syndicat des travailleurs des Autobus Gil-Ber (CSN) (STAGB–CSN) ont adopté un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée à 98 %, par voie de scrutin secret.

« Comme tous les employeurs, le nôtre a reçu une importante bonification de ses contrats dont une partie doit servir à augmenter nos salaires pour régler les problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre. Actuellement, il refuse de s’engager à faire descendre cet argent dans nos poches prétextant des problèmes financiers. Or, nous lui avons demandé d’ouvrir ses livres afin que nous puissions constater ses problèmes financiers, ce qu’il a refusé, précise Josée Dubé, présidente du STAGB–CSN et du secteur transport scolaire. À cause des trop bas salaires, plusieurs routes ne sont pas complétées et ce sont les parents et leurs enfants qui en paient le prix. »

« Tous les employeurs ont reçu une bonification variant de 15 à 30 % de la valeur de leurs contrats et cet argent doit se rendre dans les poches de celles et ceux qui conduisent les autobus. Nous le savons, les contrats signés avec le Centre de services scolaire des Samares (CSSS) se chiffrent actuellement à environ 100 000 $ par route, incluant les nouvelles sommes obtenues depuis le réinvestissement de 2022-2023, ce qui signifie que l’employeur serait capable de verser un taux horaire de 28 $ à 30 $ l’heure », ajoute Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

« L’employeur doit reconnaître les nouvelles données salariales qui sont en vigueur dans le transport scolaire de Lanaudière. Chez Transco à Mascouche, les salarié-es ont obtenu des augmentations de 53 % sur six ans lors de leur dernier renouvellement, l’an dernier. Ces règlements reconnaissent enfin le difficile travail des conductrices et des conducteurs, insiste Patricia Rivest, présidente du Conseil central de Lanaudière–CSN. Et le CSSS devra aussi comprendre que si l’argent se rend dans les poches des chauffeurs et chauffeuses, les bris de service seront moins importants et surtout, moins fréquents. »

« Nous rappelons qu’au mois de février 2023, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, est lui-même intervenu sur la place publique afin d’appuyer les revendications du secteur du transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN en soulignant que les chauffeuses et chauffeurs doivent avoir leur juste part, précise Caroline Senneville, présidente de la CSN. Les salarié-es du syndicat font partie d’un mouvement de travailleuses et de travailleurs qui doivent recourir à la grève pour justement aller chercher leur juste part et nous allons être à leurs côtés jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent. »

Le STAGB–CSN regroupe 65 membres. La FEESP–CSN compte plus de 425 syndicats affiliés représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Le Conseil central de Lanaudière–CSN regroupe 81 syndicats représentant plus de 14 000 membres sur l’ensemble du territoire de Lanaudière.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Kruger Crabtree : mandat de grève obtenu à 100 %

Réunis lors de deux séances d’assemblées générales historiques tenues les 20 et 21 mars, près de 400 syndiqué-es ont adopté à l’unanimité (100 %) un mandat permettant au syndicat de déclencher au moment jugé opportun la grève sous toutes ses formes incluant la grève générale illimitée.

Rappelons qu’au cours des 20 dernières années, les renouvellements des conventions collectives des syndiqué-es de l’usine de Crabtree se sont réalisés de façon très rapide et ciblée sous promesse d’investissements et de consolidation des emplois. Pour cette ronde de négociation, les syndiqué-es se sont solidarisés unanimement autour d’un concept très simple. Ce sera « Nos demandes, notre négo ». Comme les aspects normatifs n’avaient pas été traités lors des dernières négociations, il devenait nécessaire d’entamer un processus de refonte approfondie de la convention collective afin de la moderniser et de la coller aux différentes pratiques en matière de relations et de conditions de travail. Cependant, ce n’est qu’une partie des négociations en cours puisque les syndiqué-es s’attendent à une amélioration de leurs salaires et avantages sociaux afin que leurs emplois demeurent attrayants et compétitifs.

Ce n’est pas la première fois de son histoire que le syndicat adopte un vote de grève. Cependant, c’est la première fois depuis 1953 que l’exercice réel de la grève est aussi probable à Crabtree.

« Nous saluons nos collègues de Bridgestone qui ont entériné leur nouvelle convention collective tout récemment. Aux prises, eux aussi, avec des enjeux de mise à jour et de refonte de leur convention collective, ils ont commencé, tout comme nous, à négocier de façon intensive en septembre 2023. La différence c’est que chez nous on ne ressent pas la volonté de la part de Kruger de négocier de façon à faire avancer rapidement la négociation. C’est à l’image de nos relations de travail des dernières années. Kruger étire trop souvent la sauce et ne règle rien de significatif à moins d’y être contraint. Nous avions atteint une bonne vitesse de croisière dans les pourparlers depuis le retour des fêtes jusqu’à ce qu’à nouveau Kruger se moque littéralement de nous », affirme monsieur Éric Sourdif, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des pâtes et papiers de Crabtree–CSN.

Depuis le début des négociations en septembre 2023, plus de 50 journées ont été dédiées à la négociation, 35 de celles-ci ont été des rencontres en vis-à-vis entre les parties.

« On n’est même pas proche de s’entendre pour conclure la négociation des éléments normatifs de la convention collective. Même que Kruger vient d’en ajouter une couche. Contraire à l’éthique des négociations l’employeur nous déposait encore récemment des nouvelles demandes alors que le processus est débuté depuis des mois. Trop souvent, lorsqu’on fait un pas en avant, Kruger nous ramène deux pas en arrière », ajoute Monsieur Sourdif.

Devant l’état de la situation et le ras-le-bol des syndiqué-es, le vote de grève s’imposait. Il permettra au syndicat à compter de ce jour de prendre tous les moyens nécessaires pour garder le plein contrôle de l’agenda de négociation et forcer Kruger à négocier de façon à permettre un règlement complet de la convention collective dans de meilleurs délais.

« Si Bridgestone a mis tout le sérieux nécessaire pour s’entendre avec ses syndiqués, mettre à jour l’ensemble de la convention collective et octroyer des gains monétaires significatifs en un peu plus de six mois, on ne voit pas pourquoi Kruger ne serait pas capable d’en faire autant. Alors se poser la question c’est y répondre », conclut Monsieur Sourdif.

Les discussions se poursuivront au cours des prochaines semaines. Avec un mandat de grève sans équivoque comme celui-là, le syndicat compte bien en faire bon usage à tous les moments qu’il jugera opportuns.

Prendre 200 enfants par la main

Une cuisine et une salle à manger de 39 pieds ; un vestibule meublé de casiers d’école ; des murs ornés de mosaïques de portraits. Dès nos premiers pas dans la demeure de Gabrielle Bellemare à Saint-Lin-Laurentides, on prend toute la mesure du dévouement et de l’abnégation de celle qui s’offre comme famille d’accueil depuis 20 ans.
« Je suis la troisième génération de famille d’accueil. Mes parents et mes grands-parents l’étaient aussi. Grandir dans une famille d’accueil m’a fait prendre conscience que d’autres enfants n’avaient pas autant de chance que moi. Ça m’a permis d’être empathique et de vouloir faire quelque chose pour les aider », raconte celle qui élève actuellement 13 enfants âgés de 13 à 20 ans.

Du groupe, quatre sont ses enfants biologiques, alors que les neuf autres – des adolescentes ou des filles en transition pour devenir des garçons – lui ont été confiées par la DPJ.

« J’ai arrêté de compter il y a quatre ou cinq ans et j’étais rendue à 150 enfants hébergés. Je dois donc en être maintenant à 200. Je suis restée en contact avec environ 90 % d’entre eux. Ça fait de gros partys de Noël ! »

Ça prend un village…

Gabrielle s’estime chanceuse de bénéficier de l’aide de ses parents qui, emménagés dans une annexe de sa maison, participent à la préparation des repas et vont reconduire les jeunes à l’école, chez le médecin, etc.

« Le système fonctionne avec des transports bénévoles qui sont remboursés au kilométrage. Maintenant, avec l’inflation et la Covid, il y en a beaucoup moins, donc on est obligés de faire le taxi plus qu’avant », explique-t-elle.

N’empêche qu’un petit coup de main supplémentaire ne serait pas de refus. « En ce moment, on reçoit 12,88 $ par jour par enfant pour les nourrir. Est-ce que je peux te dire qu’on n’y arrive pas si on veut leur offrir de bons repas et éviter de leur servir du Kraft Dinner tous les soirs ? En plus, l’allocation pour les dépenses personnelles de 5 $ par jour, par enfant, n’a pas augmenté depuis plus de 15 ans. »

Le temps n’arrange pas (toujours) les choses

La charge de travail s’est par ailleurs alourdie au fil des années. « Mes cas lourds d’il y a 20 ans sont maintenant mes cas légers. Les jeunes sont passés sous le radar et ont été barouettés. J’en ai qui ont fait sept ou huit familles d’accueil. Dans ce temps-là, l’attachement est difficile, en raison de la peur de devoir repartir. »

Malgré les embûches, Gabrielle ne songe pas à arrêter. « Être famille d’accueil me fait grandir et me permet de voir les jeunes se réaliser. Tu ne peux pas créer de tels liens en faisant un shift de huit heures. »

Le grand démantèlement d’Olymel

«Moi je vais avoir 67 ans, mais je n’étais pas prêt à arrêter de travailler tout de suite. J’aimais mon travail, j’aimais ce que je faisais, j’aurais continué. Ça me fâche de m’être fait sortir avant d’avoir pu moi-même décider de partir. » Richard Lessard a travaillé 50 ans chez Olymel Vallée-Jonction. Pour lui et pour le millier de travailleuses et de travailleurs de cet abattoir beauceron, la fermeture définitive, le 21 décembre dernier, fut tout un choc. Alain Nolet, le doyen de l’abattoir de Vallée-Jonction, cumulait 52 ans de service. « On avait pris l’habitude d’entendre parler de fermeture chaque fois qu’on négociait une convention collective. Mais là, on est restés bête. Ça m’a beaucoup surpris. J’ai passé ma vie là. » Son collègue, Paul-Émile Turmel, ne s’explique pas la décision d’Olymel. « Personne ne comprend pourquoi on a fermé l’abattoir de Vallée-Jonction. Jusqu’à la fin, la productivité de l’usine dépassait 90 % de sa capacité. »

L’usine de Vallée-Jonction faisait vivre toute une région. À cet effet, le président de la Fédération du commerce–CSN, Alexandre Laviolette, est éloquent : « Si une usine de la taille de celle de Vallée-Jonction avait fermé à Montréal, c’est comme s’il y avait eu 70 000 pertes d’emplois. » Pour François Proulx-Duperré, secrétaire général du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches–CSN, cette fermeture est une tragédie pour les syndiqué-es et leur famille, et pour toute la Beauce également. « On n’en voit plus, des fermetures de 1000 personnes, c’est énorme. »

Les 300 employé-es de l’usine Olymel de Princeville ont subi le même sort que leurs collègues de Vallée-Jonction : une fermeture précipitée, celle-là en novembre dernier. Ceux-ci craignaient cette fermeture en raison des mauvais investissements de l’entreprise, de la pénurie de main-d’œuvre et de l’effondrement du marché chinois qui absorbait tout le porc d’Olymel. Steve Houle est président du syndicat de l’usine. « Actuellement, 30 à 40 % des travailleurs de Princeville se sont replacés. Certains sont retournés aux études, mais les emplois disponibles, sur rotation sept jours sur sept, sont peu attrayants. Ce ne sont pas les mêmes conditions qu’on avait. »

La mauvaise réputation de l’entreprise n’est plus à faire. Au fil des ans, Olymel a multiplié les attaques pour réduire à néant les syndicats, multipliant les lock-out, imposant des réductions salariales et congédiant des officiers syndicaux. Pour Alexandre Laviolette, l’entreprise n’est pas seulement hostile aux travailleuses et aux travailleurs, mais elle est aussi mauvaise gestionnaire. « Dans un marché en dents de scie comme celui du porc, Olymel a toujours eu une stratégie d’acquisition trop agressive, notamment avec l’achat de toutes les autres usines qui lui ont coûté trop cher. Chaque nouvelle acquisition a mené à des fermetures par la suite. Cette fois-ci, l’élastique lui a pété en pleine face et ce sont les employé-es qui en subissent les conséquences. »

La CSN continue aujourd’hui d’appuyer toutes les personnes mises à pied, nous dit François Proulx-Duperré. « On va accompagner les gens jusqu’au bout, on ne veut laisser personne derrière, les activités du syndicat se poursuivent. On aide aussi les travailleurs étrangers temporaires et les choses avancent bien. » Même si le marché de l’emploi est encore favorable, bien des gens mis à pied devront redoubler d’efforts pour trouver des emplois avec des avantages et des salaires comparables.

L’histoire retiendra que ce sont les batailles acharnées des syndiqué-es CSN de Vallée-Jonction et de Princeville qui ont permis d’améliorer les conditions de travail de tous les employé-es d’Olymel et du secteur de la transformation des viandes au Québec.

Une entente majeure

Quand les quatre fédérations du secteur public de la CSN (FSSS–CSN, FEESP–CSN, FNEEQ–CSN et FP–CSN) entament la ronde de négociation au début 2022, elles viennent à peine de reprendre leur souffle de la négociation précédente. La convention collective en vigueur à ce moment-là, d’une durée de trois ans, arrivera à échéance en mars 2023. Il faut donc déjà entreprendre les travaux et l’idée de se regrouper est vite évoquée. Devant la popularité de la CAQ qui vogue vers une réélection facile, les avantages d’une alliance sont nombreux. À ce constat s’ajoute l’inflation importante qui sévit.

C’est dans cette conjoncture que le Front commun prend forme. Au printemps 2022, la CSN, la CSQ et la FTQ annoncent leur intention de négocier ensemble les matières de la table centrale. Quelques mois plus tard, l’APTS adhère au Front commun. Les organisations sont alors loin de se douter de l’ampleur que prendra la mobilisation des travailleuses et des travailleurs aux quatre coins du Québec et de l’impressionnante adhésion de la population au mouvement de grève.

C’est finalement le 28 décembre 2023 qu’une hypothèse d’entente à la table centrale se concrétise. Après des mois de négociation et de mobilisation historique, le Front commun juge l’entente assez intéressante pour la présenter aux membres, qui auront le dernier mot.

La tournée de consultation se tient du 15 janvier au 20 février 2024. Au terme de l’opération, l’entente est adoptée à hauteur de 74,8 % par les 170 000 membres du secteur public de la CSN. « Ce résultat démontre que cette entente est porteuse, bien que le gouvernement ne soit pas au bout de ses peines : nos services publics doivent encore être grandement améliorés », note le premier vice-président de la CSN et responsable de la négociation du secteur public, François Enault.

Que prévoit l’entente de la table centrale ?

Sur le plan salarial, les augmentations sont de 17,4 % sur cinq ans, dont une augmentation de 6 % dès la première année. Des augmentations de 2,8 %, 2,6 %, 2,5 % et 3,5 % sont prévues pour les années suivantes. Si on calcule l’effet composé, l’entente totalise 18,6 % d’augmentation salariale.
Pour une première fois depuis des décennies, les trois dernières années de la convention seront couvertes par une protection du pouvoir d’achat. Si l’inflation est plus élevée que les augmentations prévues, un ajout pouvant aller jusqu’à 1 % par année s’applique.

Autres gains

En plus des augmentations salariales, cette entente prévoit l’acquisition du droit à une cinquième semaine de vacances après 15 ans d’ancienneté plutôt que 17 ans, comme c’est le cas actuellement. Cette semaine se complètera à l’atteinte de 19 ans d’ancienneté au lieu de 25.

Des améliorations au régime de retraite sont aussi obtenues, dont la possibilité de prolonger l’entente de retraite progressive jusqu’à sept ans (le maximum permis est actuellement de cinq ans) et de participer au Régime de retraite du personnel employé du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) jusqu’à 71 ans. Le régime de droits parentaux est lui aussi bonifié, notamment par l’ajout d’une journée à la banque de congés spéciaux à l’occasion de la grossesse et de l’allaitement.

Concernant les assurances, une bonification des contributions conventionnées de l’employeur pour l’assurance maladie s’ajoute, soit 150 $ pour une protection individuelle et 300 $ pour une protection familiale ou monoparentale.

La prime d’attraction et de rétention pour contrer la pénurie d’ouvriers spécialisés est aussi bonifiée, passant de 10 % à 15 %, en plus de s’appliquer à deux titres d’emploi supplémentaires. Finalement, une majoration salariale de 10 % pour les psychologues de tous les réseaux est négociée.

Des attentes immenses

À la question : « Est-ce une bonne entente ? », le premier vice-président de la CSN répond sans la moindre hésitation : « Oui ».

« Nous avons défoncé des portes : l’intégration dans l’échelle salariale du montant forfaitaire qu’on nous offrait au départ, la protection du pouvoir d’achat que nous allons souhaiter pérenniser lors de la prochaine négociation et la cinquième semaine de vacances. Ces gains constituent des avancées majeures. Il va sans dire que nous continuerons à améliorer ces acquis lors des prochaines rondes », explique François Enault. « Cette entente nous positionne bien pour la négociation 2028. »

Le Front commun l’a répété souvent, les attentes des membres étaient immenses : les traumatismes de la pandémie, l’inflation, l’augmentation de 30 % du salaire des député-es, la grève historique et bien d’autres facteurs ont créé un contexte particulier, voire survolté. « On savait que des membres seraient peut-être déçus. Mais en regardant le résultat des votes d’assemblées générales, on voit que les travailleuses et les travailleurs ont saisi l’importance des gains que nous sommes allés chercher », note François Enault.

« Nous sommes aussi très fiers d’avoir terminé cette négociation en Front commun. On n’avait pas vu ça depuis longtemps. Alors que trop souvent, ce genre d’alliance s’étiole vers la fin, cette fois-ci, elle a tenu le coup. On ne sait pas comment se déroulera la ronde 2028, mais une chose est sûre : on va repartir la prochaine négociation sur des bases solides. »

Le CREW solidaire

Hiver 2023. L’insatisfaction gronde chez les auxiliaires d’enseignement et de recherche de l’Université Concordia. À la maîtrise et au doctorat pour la plupart, ces étudiantes et étudiants savent que le changement de centrale syndicale est nécessaire pour obtenir de meilleures conditions de travail.

« Nous travaillons d’une convention collective à l’autre avec une surcharge énorme et un salaire dérisoire, explique Mya Walmsley, responsable de la co-coordination de la campagne. Nous avons vraiment besoin d’améliorer nos conditions de travail, et pour ce faire, nous avions besoin d’un syndicat combatif et démocratique, à l’avant-garde des luttes menées dans nos milieux de travail et dans la rue. Nous savions que c’est en faisant le choix de la CSN que nous allions obtenir ce que nous voulions. »

Une grande campagne de maraudage

Le défi organisationnel n’est pas mince, car les 2500 membres à contacter sont dispersés aux quatre coins de l’université. Dès février, des centaines d’approches individuelles sont faites sur le campus, en porte-à-porte, par texto et par téléphone.

Alors qu’elle avait débuté en sous-marin, la campagne devient publique à la mi-mars et le comité exécutif du syndicat démissionne en bloc, pour appuyer le changement d’allégeance. Quelques semaines plus tard, à la suite du dépôt des signatures, le Concordia Research and Education Workers (CREW–CSN) obtient l’appui d’une grande majorité des membres. La victoire est cependant de courte durée, puisque le Tribunal administratif de travail (TAT) ordonne la tenue d’un vote à la suite d’une manœuvre juridique du syndicat maraudé.

« À ce stade, nous étions tellement investis dans la campagne que nous ne pouvions pas baisser les bras. La décision du TAT a été crève-cœur, mais la frustration que nous avons ressentie est devenue l’un des moteurs de notre implication », explique Mya Walmsley.

Les militantes et les militants se retrous­sent donc les manches et recommencent à faire campagne dès l’été 2023, cette fois-ci avec une stratégie très publique comprenant de l’affichage et une présence sur les réseaux sociaux. Le CREW–CSN met alors en place une structure militante robuste, à mi-chemin entre la machine de guerre et le safe space. En novembre, après un an de campagne et trois semaines de vote en ligne, le résultat tombe enfin : avec 71 % d’appui, il adhère à la CSN.

« Certaines personnes pensaient que le genre de campagne nécessaire pour gagner était impossible à réaliser. L’une de mes plus grandes fiertés a été de leur prouver qu’elles se trompaient. Les universités et l’État engagent de plus en plus de travailleuses et de travailleurs contractuels et précaires comme les membres du CREW. Nous ne pouvons pas les laisser tomber », conclut Mya.

L’indifférence caquiste

Même s’il s’est engagé à respecter la politique de la mobilité durable, le gouvernement Legault semble peu intéressé par ce concept. Les derniers mois ont été marqués par une crise du financement des transports collectifs. La CAQ justifie l’échec du développement de ce secteur en suivant une logique comptable au lieu de s’engager à long terme dans le financement du transport en commun. Ce désengagement a des conséquences sur le quotidien de bien des membres de la CSN, tous secteurs confondus.

« La CAQ doit investir dans l’offre de services et voir ça comme un pacte social. Pour atteindre une offre optimale, employeurs comme syndicats doivent se doter d’une culture de la mobilité durable ; ils doivent en faire la promotion et intégrer des solutions de rechange à l’auto solo dans les conventions collectives », explique Isabelle Ménard, conseillère syndicale au Service de santé-sécurité et d’environnement de la CSN.

L’accès au travail

Le transport constitue un besoin essentiel inclus dans le calcul de la Mesure du panier de consommation. Le seuil de pauvreté du pays est basé sur le coût total de ce panier. L’accès au transport en commun s’avère donc essentiel pour assurer l’inclusion sociale et pour lutter contre la pauvreté. D’ailleurs, les organismes qui militent en ce sens estiment que la difficulté à se déplacer représente un obstacle majeur à l’exercice de plusieurs droits, comme le droit à la santé, à l’éducation ou au travail.

En 2021, au Québec, 14 % des travailleuses et des travailleurs utilisaient le transport en commun pour leur déplacement domicile-travail, selon l’Institut de la statistique du Québec. Pour augmenter cet achalandage, l’offre de service doit être accrue. À cet effet, l’engagement de l’État s’impose pour réduire les inégalités sociales en matière de mobilité. L’investissement à long terme s’impose !

Or, pour Trajectoire Québec, une association qui fait la promotion des droits des citoyennes et des citoyens en matière de transport collectif, peu d’engagements gouvernementaux ont été respectés dans les dernières années en matière de financement du transport en commun. Plusieurs organismes collaborant avec Trajectoire Québec jugent que le gouvernement Legault présente jusqu’ici un « bilan catastrophique » en matière de mobilité durable.

« Sans plan crédible de mobilité durable, le Québec fonce droit dans le mur, déplore la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Dans un contexte de crise climatique, il est impératif que le gouvernement actuel développe une vision claire à ce sujet. C’est scandaleux d’être aussi décalé en 2024 ! »

Ces voix qu’on entendra moins

L’image est frappante. Tout juste avant de prendre part à la conférence de presse annonçant les mesures demandées au gouvernement afin de soutenir le secteur de l’information, Karine Tremblay, vice-présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), parcourt ses notes en longeant les corridors de la Tribune de la presse du Parlement de Québec. Derrière elle, les murs sont ornés de mosaïques photo. Sur les photos en question figurent, année après année, les membres de l’association centenaire qui regroupe, tous médias confondus, les journalistes ainsi que les techniciennes et les techniciens affectés à la colline parlementaire. De 110 membres en 2003, on en dénombrait… 54 l’an dernier.

Une dégringolade à l’image de celle subie par l’ensemble du secteur de l’information, fait remarquer Karine Tremblay. À La Tribune de Sherbrooke, où elle travaille comme journaliste depuis plus de 20 ans, tout comme dans les cinq autres quotidiens transformés en coopératives lors de la faillite du Groupe Capitales Médias, c’est près de 30 % du personnel qui a souscrit au programme de départ volontaire l’an dernier.

Les impacts sont particulièrement dévastateurs dans les régions du Québec, qui subissent encore les contrecoups de la fermeture de nombreux hebdos. Le groupe TVA, qui annonçait en novembre l’abolition de 547 postes, mettra fin à la production de ses bulletins de nouvelles en région – ceux-ci seront dorénavant tournés dans les studios de Québec. En plus de se départir de 45 stations de radio, dont 7 sont situées au Québec, Bell Média a aussi mis la hache dans ses salles de rédaction : c’est le cas à la station CFIX au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où la seule journaliste du groupe a vu son poste être aboli.

« Les salles de rédaction fondent à vue d’œil. Il y a de moins en moins de journalistes pour couvrir l’actualité régionale, municipale, culturelle et économique… C’est autant de voix citoyennes qu’on entend moins en raison du nombre de journalistes qui s’effrite », déplore Karine Tremblay.

Des mesures à la hauteur de la crise

Tout l’écosystème de production et de diffusion de l’information locale a été déstabilisé par l’arrivée dévastatrice des barbares du numérique. En 10 ans seulement, ceux-ci sont parvenus à aspirer les trois quarts des revenus publicitaires des médias d’information présents au Québec.

« Seuls les gouvernements du Québec et du Canada ont la capacité structurante nécessaire d’intervenir », estime la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Il en va de notre accès à l’information, de nos droits démocratiques et du rayonnement social, économique et culturel de nos communautés. »

Instauré il y a cinq ans à la suite de représentations effectuées par la CSN et la FNCC–CSN, le crédit d’impôt sur la masse salariale de la main-d’œuvre journalistique, qui s’applique seulement à la presse écrite, doit maintenant être élargi aux salles de rédaction radio et télé, considère la CSN.

La centrale syndicale demande également à Québec de mettre sur pied un fonds consacré au soutien de l’ensemble du secteur de l’information. Un tel fonds serait financé par l’instauration d’un infofrais de 2 % prélevé sur les achats d’appareils munis d’un écran (téléphones, tablettes, ordinateurs) et des services Internet et mobiles. À l’échelle du Québec, une telle redevance entraînerait des revenus de l’ordre de 200 millions par année.

Les paramètres de ce fonds de soutien à l’information doivent être établis par l’ensemble des acteurs du milieu, tout comme ses mécanismes de reddition de compte et les objectifs précis auxquels il devra s’atteler, fait remarquer la présidente de la FNCC–CSN, Annick Charette. « Il faut s’assurer de mettre en place des mesures qui garantiront le réinvestissement des sommes publiques directement dans la production de l’information », indique-t-elle.

Tout comme le gouvernement du Québec a une obligation d’assurer la découvrabilité1 des contenus culturels produits ici, il a aussi le devoir de garantir la continuité des opérations des salles de rédaction, estime Caroline Senneville.

« Le Québec a son histoire, sa langue, sa culture : notre identité collective ne demeurera assurée qu’en conservant notre capacité à produire de l’information sur nos différentes réalités », conclut la présidente de la CSN.

Aller plus loin en prévention

Les 2 et 3 novembre derniers, la CSN tenait deux journées pour souligner l’importance des groupes d’entraide en milieu de travail. Mélanie Dufour-Poirier, Ph.D. et professeure agrégée à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, y a participé. Voici le fruit de ses réflexions.

La professeure explique d’emblée : les réseaux d’entraide agissent en prévention tertiaire, quand les humains sont rendus à bout. Or, des processus de prévention primaire et secondaire doivent être investis syndicalement pour éviter que des gens ne tombent au combat. La création des réseaux d’entraide est essentielle dans les milieux de travail : il faut toutefois pouvoir aussi agir en amont des problèmes structurels qui poussent les gens vers le burnout ou vers des problèmes de consommation divers, entre autres écueils.

Au Québec, plus de 30 % des réclamations en invalidité auprès des assureurs renvoient à des enjeux liés à la santé mentale. C’est énorme.

Le problème doit être pris de front : les employeurs et les syndicats ont tous les deux un rôle à jouer dans les milieux de travail. « Je dis souvent qu’il nous faut guérir le travail et le repenser. S’il rend les gens malades et que les problématiques deviennent récurrentes, on ne peut pas simplement prétendre que ces enjeux sont d’ordre individuel. »
Comme c’est le cas pour la santé physique, les syndicats ont un devoir de représentation en santé mentale, poursuit Mélanie Dufour-Poirier. À leurs revendications classiques doivent s’ajouter des propositions de solutions aux problèmes structurels qui envoient des tonnes de personnes en dépression majeure et qui en conduisent vers le suicide, dans les cas les plus graves. Cette question en est une de société et ne se limite pas au milieu de travail. Car quand cette détresse se transforme en violence conjugale ou en rage au volant, par exemple, cela nous concerne toutes et tous.

Mobiliser les membres

Si, dans chaque milieu syndiqué, on explique bien les liens entre l’organisation du travail, la culture de gestion, les pratiques organisationnelles et la santé mentale, les membres comprendront qu’il s’agit d’enjeux de mobilisation et de négociation syndicales en bonne et due forme.
À cette fin, leur parole doit se libérer pour replacer les humains au centre de notre action syndicale et mettre des mots sur des maux, de manière à briser le silence et à politiser les enjeux de santé mentale.