Santé Québec inc.

Cette nouvelle agence de gestion, pilotée de Québec, constituera l’ultime fusion de l’ensemble des établissements de santé et de services sociaux du Québec. Le projet de loi 15, parmi les plus massifs de l’histoire, n’apporte pourtant aucune réponse réelle aux enjeux de l’heure du système de santé, qu’il s’agisse du manque d’accessibilité, des pénuries de personnel ou de la privatisation croissante du réseau.

À terme, Santé Québec deviendra le plus gros employeur au Canada, avec ses 350 000 salarié-es. Il faut le dire : il s’agit là de l’aboutissement d’une logique de centralisation ayant guidé presque tous les ministres qui ont précédé Christian Dubé. Depuis 2005, tous les établissements ont vécu des fusions à plusieurs reprises pour former des ensembles toujours plus grands. Chaque vague a mené à des prises de décisions de plus en plus éloignées du terrain, à une déshumanisation des soins et à une dégradation des conditions de travail du personnel. Difficile de voir comment on pourra améliorer la façon de faire des relations de travail en poussant cette même logique à l’extrême !

Des « top guns »

Christian Dubé doit annoncer prochainement l’identité des personnes qui seront nommées à la tête de Santé Québec. Le ministre a déjà évoqué qu’il souhaitait pour cela recruter des « top guns », sans plus de détails. Les médias d’information nous ont appris que ces personnes bénéficieront effectivement de salaires de « top guns » semblables à ceux du secteur privé. On sait aussi que les 350 000 membres du personnel ne font pas partie de cette élite aux yeux du ministre, qui ne leur réserve à peu près aucune place au sein des instances décisionnelles.

Réforme dénoncée

La réforme Dubé est dénoncée de plus en plus fortement non seulement par le personnel et par les syndicats, mais également par les organismes communautaires, par de nombreux médecins et par plusieurs experts du milieu. Parmi les grandes préoccupations : la privatisation des soins et des services qui se généralise.

Plus les années passent, plus la marchandisation de la santé et des services sociaux se présente comme un fait accompli au Québec. Le ministre Dubé ne s’en cache pas : la CAQ entend élargir encore davantage les recours au secteur privé. Cela aggravera immanquablement les pénuries de personnel dans le secteur public, non seulement parce que les conditions de travail n’y sont pas aussi avantageuses, mais aussi parce que les cas plus lourds et plus compliqués seront toujours traités dans le secteur public. D’ailleurs, si une complication survient en clinique privée lors d’une opération « simple », ce sont toujours les hôpitaux du secteur public qui sont appelés à prendre la relève.

En asphyxiant les services publics au nom du néolibéralisme et de l’austérité budgétaire, les gouvernements ont stimulé la création d’un marché privé parallèle et par le fait même, d’un système à deux vitesses qui prend de l’ampleur. À présent, celles et ceux qui en ont les moyens se voient trop souvent offrir des soins et des services non médicalement requis pendant que d’autres sont forcés d’attendre leur tour, au prix d’une possible dégradation de leur état de santé.

La fausse solution du privé

La recette est connue… En laissant dépérir le secteur public, le privé finira par s’imposer comme une voie rendant inéluctable le développement de services à deux vitesses. N’est-ce pas exactement ce que prône le ministre Dubé ? Au lieu de tout mettre en œuvre pour que le secteur public remplisse entièrement sa mission, Christian Dubé déclarait en point de presse, le 9 décembre 2023 : « On s’est engagé dans le projet de loi no 15 à ce qu’une personne qui, par exemple, ne serait pas capable d’être servie ou soignée dans un délai raisonnable pour une chirurgie, [puisse être envoyée] ailleurs dans le réseau ou même au privé. »

En 2024, la CSN entend déployer tous ses efforts pour contrer ce glissement dangereux vers la privatisation, car le privé est déjà plus présent que jamais dans le réseau.

À l’heure actuelle, la première ligne – l’accès aux services – est largement contrôlée par l’entreprise privée, notamment par des médecins-entrepreneurs, voire par des entrepreneurs tout court. Bien qu’il soit couvert par l’assurance-maladie, le modèle des groupes de médecine familiale ne fonctionne pas. Malgré les réformes et les sommes investies depuis des décennies, trop de Québécoises et de Québécois n’ont toujours pas accès à un médecin de famille ni à des services d’urgence mineure les soirs, les nuits ou les fins de semaine. Sans compter qu’un nombre grandissant de médecins choisissent de se désaffilier complètement de l’assurance-maladie pour offrir leurs services uniquement à celles et à ceux qui ont les moyens de se les payer.

Cette situation contribue évidemment aux problèmes des urgences publiques sur lesquelles doivent se rabattre les citoyennes et les citoyens qui n’ont pas de solution de rechange, en soirée et durant la nuit. Ces urgences débordent et les hôpitaux manquent de capacité pour accueillir dignement les patientes et les patients. De nombreux lits y sont occupés par des personnes qui attendent de pouvoir être admises en hébergement de longue durée… parce qu’il manque aussi de places dans les CHSLD publics. Ces établissements doivent de surcroît composer avec des personnes nécessitant de plus en plus de temps de soins. Ils se trouvent d’autant plus sous pression que les services publics en soutien à domicile sont insuffisants. Pourtant, ils sont bien moins dispendieux que l’hébergement…

« Pour la CSN, la plus grande erreur des 40 dernières années a été de confier un rôle toujours plus grand au secteur privé. Pour un vrai changement en santé et dans les services sociaux, il faut mettre fin à cette logique du profit et concentrer tous les efforts à la reconstruction de services publics solides », insiste David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN.

Ce qu’en pense vraiment la population

Au cours de l’automne dernier, la Commissaire à la santé et au bien-être, qui devrait être le chien de garde du réseau public, tenait des groupes de discussion organisés par l’Institut du Nouveau Monde sur l’avenir du système de santé. La consultation doit mener à un rapport qui sera présenté au ministre Dubé. La marchandisation des soins et des services y était abordée sans aucun complexe. On demandait aux participantes et aux participants « d’investir » ni plus ni moins que de l’argent Monopoly dans les différentes priorités d’action afin de déterminer lesquelles sont les plus prometteuses.
Sans aucun doute, il sera très intéressant de consulter le rapport qui découlera de cette consultation, car pour une claire majorité de personnes, la trop grande place déjà occupée par l’entreprise privée dans le secteur fait partie du problème.

La présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent–CSN, Pauline Bélanger, a pris part à l’exercice, à titre de citoyenne. « J’espère que le ministre Dubé va être informé de ce qui s’est dit à Rimouski. J’entrais dans la salle un peu à reculons en m’attendant à y trouver des gens plutôt favorables à la privatisation. Or, ça m’a carrément redonné espoir ! Ce que la population veut vraiment n’a rien à voir avec ce que la CAQ dit qu’elle veut. Même les plus jeunes se montraient fortement attachés au réseau public. Le consensus qui s’est dégagé à Rimouski, c’était d’élargir la couverture publique aux soins dentaires et oculaires, de rendre les soins plus humains et d’améliorer les conditions de travail du personnel. »

Le président du conseil central de l’Outaouais, Alfonso Ibarra Ramirez, a pris part au même exercice, à Gatineau. « J’ai hâte de voir le rapport final. À quoi va-t-il servir ? Ça a été un bon exercice citoyen. Bien que la discussion se soit déroulée dans un cadre très défini basé sur des questions dirigées, à la fin des échanges, il était clair que les citoyennes et les citoyens de notre région ne souhaitent pas mettre la privatisation de l’avant. Au contraire, ce qui en est ressorti, c’est un fort attachement au système universel, accessible et gratuit ainsi que la nécessité d’élargir le rôle des CLSC publics et d’améliorer le financement des groupes communautaires. »

Vote de grève chez les Autobus Gil-Ber

Lors d’une assemblée générale extraordinaire tenue le 21 mars en soirée à Rawdon, les membres du Syndicat des travailleurs des Autobus Gil-Ber (CSN) (STAGB–CSN) ont adopté un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée à 98 %, par voie de scrutin secret.

« Comme tous les employeurs, le nôtre a reçu une importante bonification de ses contrats dont une partie doit servir à augmenter nos salaires pour régler les problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre. Actuellement, il refuse de s’engager à faire descendre cet argent dans nos poches prétextant des problèmes financiers. Or, nous lui avons demandé d’ouvrir ses livres afin que nous puissions constater ses problèmes financiers, ce qu’il a refusé, précise Josée Dubé, présidente du STAGB–CSN et du secteur transport scolaire. À cause des trop bas salaires, plusieurs routes ne sont pas complétées et ce sont les parents et leurs enfants qui en paient le prix. »

« Tous les employeurs ont reçu une bonification variant de 15 à 30 % de la valeur de leurs contrats et cet argent doit se rendre dans les poches de celles et ceux qui conduisent les autobus. Nous le savons, les contrats signés avec le Centre de services scolaire des Samares (CSSS) se chiffrent actuellement à environ 100 000 $ par route, incluant les nouvelles sommes obtenues depuis le réinvestissement de 2022-2023, ce qui signifie que l’employeur serait capable de verser un taux horaire de 28 $ à 30 $ l’heure », ajoute Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

« L’employeur doit reconnaître les nouvelles données salariales qui sont en vigueur dans le transport scolaire de Lanaudière. Chez Transco à Mascouche, les salarié-es ont obtenu des augmentations de 53 % sur six ans lors de leur dernier renouvellement, l’an dernier. Ces règlements reconnaissent enfin le difficile travail des conductrices et des conducteurs, insiste Patricia Rivest, présidente du Conseil central de Lanaudière–CSN. Et le CSSS devra aussi comprendre que si l’argent se rend dans les poches des chauffeurs et chauffeuses, les bris de service seront moins importants et surtout, moins fréquents. »

« Nous rappelons qu’au mois de février 2023, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, est lui-même intervenu sur la place publique afin d’appuyer les revendications du secteur du transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN en soulignant que les chauffeuses et chauffeurs doivent avoir leur juste part, précise Caroline Senneville, présidente de la CSN. Les salarié-es du syndicat font partie d’un mouvement de travailleuses et de travailleurs qui doivent recourir à la grève pour justement aller chercher leur juste part et nous allons être à leurs côtés jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent. »

Le STAGB–CSN regroupe 65 membres. La FEESP–CSN compte plus de 425 syndicats affiliés représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Le Conseil central de Lanaudière–CSN regroupe 81 syndicats représentant plus de 14 000 membres sur l’ensemble du territoire de Lanaudière.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Kruger Crabtree : mandat de grève obtenu à 100 %

Réunis lors de deux séances d’assemblées générales historiques tenues les 20 et 21 mars, près de 400 syndiqué-es ont adopté à l’unanimité (100 %) un mandat permettant au syndicat de déclencher au moment jugé opportun la grève sous toutes ses formes incluant la grève générale illimitée.

Rappelons qu’au cours des 20 dernières années, les renouvellements des conventions collectives des syndiqué-es de l’usine de Crabtree se sont réalisés de façon très rapide et ciblée sous promesse d’investissements et de consolidation des emplois. Pour cette ronde de négociation, les syndiqué-es se sont solidarisés unanimement autour d’un concept très simple. Ce sera « Nos demandes, notre négo ». Comme les aspects normatifs n’avaient pas été traités lors des dernières négociations, il devenait nécessaire d’entamer un processus de refonte approfondie de la convention collective afin de la moderniser et de la coller aux différentes pratiques en matière de relations et de conditions de travail. Cependant, ce n’est qu’une partie des négociations en cours puisque les syndiqué-es s’attendent à une amélioration de leurs salaires et avantages sociaux afin que leurs emplois demeurent attrayants et compétitifs.

Ce n’est pas la première fois de son histoire que le syndicat adopte un vote de grève. Cependant, c’est la première fois depuis 1953 que l’exercice réel de la grève est aussi probable à Crabtree.

« Nous saluons nos collègues de Bridgestone qui ont entériné leur nouvelle convention collective tout récemment. Aux prises, eux aussi, avec des enjeux de mise à jour et de refonte de leur convention collective, ils ont commencé, tout comme nous, à négocier de façon intensive en septembre 2023. La différence c’est que chez nous on ne ressent pas la volonté de la part de Kruger de négocier de façon à faire avancer rapidement la négociation. C’est à l’image de nos relations de travail des dernières années. Kruger étire trop souvent la sauce et ne règle rien de significatif à moins d’y être contraint. Nous avions atteint une bonne vitesse de croisière dans les pourparlers depuis le retour des fêtes jusqu’à ce qu’à nouveau Kruger se moque littéralement de nous », affirme monsieur Éric Sourdif, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des pâtes et papiers de Crabtree–CSN.

Depuis le début des négociations en septembre 2023, plus de 50 journées ont été dédiées à la négociation, 35 de celles-ci ont été des rencontres en vis-à-vis entre les parties.

« On n’est même pas proche de s’entendre pour conclure la négociation des éléments normatifs de la convention collective. Même que Kruger vient d’en ajouter une couche. Contraire à l’éthique des négociations l’employeur nous déposait encore récemment des nouvelles demandes alors que le processus est débuté depuis des mois. Trop souvent, lorsqu’on fait un pas en avant, Kruger nous ramène deux pas en arrière », ajoute Monsieur Sourdif.

Devant l’état de la situation et le ras-le-bol des syndiqué-es, le vote de grève s’imposait. Il permettra au syndicat à compter de ce jour de prendre tous les moyens nécessaires pour garder le plein contrôle de l’agenda de négociation et forcer Kruger à négocier de façon à permettre un règlement complet de la convention collective dans de meilleurs délais.

« Si Bridgestone a mis tout le sérieux nécessaire pour s’entendre avec ses syndiqués, mettre à jour l’ensemble de la convention collective et octroyer des gains monétaires significatifs en un peu plus de six mois, on ne voit pas pourquoi Kruger ne serait pas capable d’en faire autant. Alors se poser la question c’est y répondre », conclut Monsieur Sourdif.

Les discussions se poursuivront au cours des prochaines semaines. Avec un mandat de grève sans équivoque comme celui-là, le syndicat compte bien en faire bon usage à tous les moments qu’il jugera opportuns.

Prendre 200 enfants par la main

Une cuisine et une salle à manger de 39 pieds ; un vestibule meublé de casiers d’école ; des murs ornés de mosaïques de portraits. Dès nos premiers pas dans la demeure de Gabrielle Bellemare à Saint-Lin-Laurentides, on prend toute la mesure du dévouement et de l’abnégation de celle qui s’offre comme famille d’accueil depuis 20 ans.
« Je suis la troisième génération de famille d’accueil. Mes parents et mes grands-parents l’étaient aussi. Grandir dans une famille d’accueil m’a fait prendre conscience que d’autres enfants n’avaient pas autant de chance que moi. Ça m’a permis d’être empathique et de vouloir faire quelque chose pour les aider », raconte celle qui élève actuellement 13 enfants âgés de 13 à 20 ans.

Du groupe, quatre sont ses enfants biologiques, alors que les neuf autres – des adolescentes ou des filles en transition pour devenir des garçons – lui ont été confiées par la DPJ.

« J’ai arrêté de compter il y a quatre ou cinq ans et j’étais rendue à 150 enfants hébergés. Je dois donc en être maintenant à 200. Je suis restée en contact avec environ 90 % d’entre eux. Ça fait de gros partys de Noël ! »

Ça prend un village…

Gabrielle s’estime chanceuse de bénéficier de l’aide de ses parents qui, emménagés dans une annexe de sa maison, participent à la préparation des repas et vont reconduire les jeunes à l’école, chez le médecin, etc.

« Le système fonctionne avec des transports bénévoles qui sont remboursés au kilométrage. Maintenant, avec l’inflation et la Covid, il y en a beaucoup moins, donc on est obligés de faire le taxi plus qu’avant », explique-t-elle.

N’empêche qu’un petit coup de main supplémentaire ne serait pas de refus. « En ce moment, on reçoit 12,88 $ par jour par enfant pour les nourrir. Est-ce que je peux te dire qu’on n’y arrive pas si on veut leur offrir de bons repas et éviter de leur servir du Kraft Dinner tous les soirs ? En plus, l’allocation pour les dépenses personnelles de 5 $ par jour, par enfant, n’a pas augmenté depuis plus de 15 ans. »

Le temps n’arrange pas (toujours) les choses

La charge de travail s’est par ailleurs alourdie au fil des années. « Mes cas lourds d’il y a 20 ans sont maintenant mes cas légers. Les jeunes sont passés sous le radar et ont été barouettés. J’en ai qui ont fait sept ou huit familles d’accueil. Dans ce temps-là, l’attachement est difficile, en raison de la peur de devoir repartir. »

Malgré les embûches, Gabrielle ne songe pas à arrêter. « Être famille d’accueil me fait grandir et me permet de voir les jeunes se réaliser. Tu ne peux pas créer de tels liens en faisant un shift de huit heures. »

Le grand démantèlement d’Olymel

«Moi je vais avoir 67 ans, mais je n’étais pas prêt à arrêter de travailler tout de suite. J’aimais mon travail, j’aimais ce que je faisais, j’aurais continué. Ça me fâche de m’être fait sortir avant d’avoir pu moi-même décider de partir. » Richard Lessard a travaillé 50 ans chez Olymel Vallée-Jonction. Pour lui et pour le millier de travailleuses et de travailleurs de cet abattoir beauceron, la fermeture définitive, le 21 décembre dernier, fut tout un choc. Alain Nolet, le doyen de l’abattoir de Vallée-Jonction, cumulait 52 ans de service. « On avait pris l’habitude d’entendre parler de fermeture chaque fois qu’on négociait une convention collective. Mais là, on est restés bête. Ça m’a beaucoup surpris. J’ai passé ma vie là. » Son collègue, Paul-Émile Turmel, ne s’explique pas la décision d’Olymel. « Personne ne comprend pourquoi on a fermé l’abattoir de Vallée-Jonction. Jusqu’à la fin, la productivité de l’usine dépassait 90 % de sa capacité. »

L’usine de Vallée-Jonction faisait vivre toute une région. À cet effet, le président de la Fédération du commerce–CSN, Alexandre Laviolette, est éloquent : « Si une usine de la taille de celle de Vallée-Jonction avait fermé à Montréal, c’est comme s’il y avait eu 70 000 pertes d’emplois. » Pour François Proulx-Duperré, secrétaire général du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches–CSN, cette fermeture est une tragédie pour les syndiqué-es et leur famille, et pour toute la Beauce également. « On n’en voit plus, des fermetures de 1000 personnes, c’est énorme. »

Les 300 employé-es de l’usine Olymel de Princeville ont subi le même sort que leurs collègues de Vallée-Jonction : une fermeture précipitée, celle-là en novembre dernier. Ceux-ci craignaient cette fermeture en raison des mauvais investissements de l’entreprise, de la pénurie de main-d’œuvre et de l’effondrement du marché chinois qui absorbait tout le porc d’Olymel. Steve Houle est président du syndicat de l’usine. « Actuellement, 30 à 40 % des travailleurs de Princeville se sont replacés. Certains sont retournés aux études, mais les emplois disponibles, sur rotation sept jours sur sept, sont peu attrayants. Ce ne sont pas les mêmes conditions qu’on avait. »

La mauvaise réputation de l’entreprise n’est plus à faire. Au fil des ans, Olymel a multiplié les attaques pour réduire à néant les syndicats, multipliant les lock-out, imposant des réductions salariales et congédiant des officiers syndicaux. Pour Alexandre Laviolette, l’entreprise n’est pas seulement hostile aux travailleuses et aux travailleurs, mais elle est aussi mauvaise gestionnaire. « Dans un marché en dents de scie comme celui du porc, Olymel a toujours eu une stratégie d’acquisition trop agressive, notamment avec l’achat de toutes les autres usines qui lui ont coûté trop cher. Chaque nouvelle acquisition a mené à des fermetures par la suite. Cette fois-ci, l’élastique lui a pété en pleine face et ce sont les employé-es qui en subissent les conséquences. »

La CSN continue aujourd’hui d’appuyer toutes les personnes mises à pied, nous dit François Proulx-Duperré. « On va accompagner les gens jusqu’au bout, on ne veut laisser personne derrière, les activités du syndicat se poursuivent. On aide aussi les travailleurs étrangers temporaires et les choses avancent bien. » Même si le marché de l’emploi est encore favorable, bien des gens mis à pied devront redoubler d’efforts pour trouver des emplois avec des avantages et des salaires comparables.

L’histoire retiendra que ce sont les batailles acharnées des syndiqué-es CSN de Vallée-Jonction et de Princeville qui ont permis d’améliorer les conditions de travail de tous les employé-es d’Olymel et du secteur de la transformation des viandes au Québec.

Une entente majeure

Quand les quatre fédérations du secteur public de la CSN (FSSS–CSN, FEESP–CSN, FNEEQ–CSN et FP–CSN) entament la ronde de négociation au début 2022, elles viennent à peine de reprendre leur souffle de la négociation précédente. La convention collective en vigueur à ce moment-là, d’une durée de trois ans, arrivera à échéance en mars 2023. Il faut donc déjà entreprendre les travaux et l’idée de se regrouper est vite évoquée. Devant la popularité de la CAQ qui vogue vers une réélection facile, les avantages d’une alliance sont nombreux. À ce constat s’ajoute l’inflation importante qui sévit.

C’est dans cette conjoncture que le Front commun prend forme. Au printemps 2022, la CSN, la CSQ et la FTQ annoncent leur intention de négocier ensemble les matières de la table centrale. Quelques mois plus tard, l’APTS adhère au Front commun. Les organisations sont alors loin de se douter de l’ampleur que prendra la mobilisation des travailleuses et des travailleurs aux quatre coins du Québec et de l’impressionnante adhésion de la population au mouvement de grève.

C’est finalement le 28 décembre 2023 qu’une hypothèse d’entente à la table centrale se concrétise. Après des mois de négociation et de mobilisation historique, le Front commun juge l’entente assez intéressante pour la présenter aux membres, qui auront le dernier mot.

La tournée de consultation se tient du 15 janvier au 20 février 2024. Au terme de l’opération, l’entente est adoptée à hauteur de 74,8 % par les 170 000 membres du secteur public de la CSN. « Ce résultat démontre que cette entente est porteuse, bien que le gouvernement ne soit pas au bout de ses peines : nos services publics doivent encore être grandement améliorés », note le premier vice-président de la CSN et responsable de la négociation du secteur public, François Enault.

Que prévoit l’entente de la table centrale ?

Sur le plan salarial, les augmentations sont de 17,4 % sur cinq ans, dont une augmentation de 6 % dès la première année. Des augmentations de 2,8 %, 2,6 %, 2,5 % et 3,5 % sont prévues pour les années suivantes. Si on calcule l’effet composé, l’entente totalise 18,6 % d’augmentation salariale.
Pour une première fois depuis des décennies, les trois dernières années de la convention seront couvertes par une protection du pouvoir d’achat. Si l’inflation est plus élevée que les augmentations prévues, un ajout pouvant aller jusqu’à 1 % par année s’applique.

Autres gains

En plus des augmentations salariales, cette entente prévoit l’acquisition du droit à une cinquième semaine de vacances après 15 ans d’ancienneté plutôt que 17 ans, comme c’est le cas actuellement. Cette semaine se complètera à l’atteinte de 19 ans d’ancienneté au lieu de 25.

Des améliorations au régime de retraite sont aussi obtenues, dont la possibilité de prolonger l’entente de retraite progressive jusqu’à sept ans (le maximum permis est actuellement de cinq ans) et de participer au Régime de retraite du personnel employé du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) jusqu’à 71 ans. Le régime de droits parentaux est lui aussi bonifié, notamment par l’ajout d’une journée à la banque de congés spéciaux à l’occasion de la grossesse et de l’allaitement.

Concernant les assurances, une bonification des contributions conventionnées de l’employeur pour l’assurance maladie s’ajoute, soit 150 $ pour une protection individuelle et 300 $ pour une protection familiale ou monoparentale.

La prime d’attraction et de rétention pour contrer la pénurie d’ouvriers spécialisés est aussi bonifiée, passant de 10 % à 15 %, en plus de s’appliquer à deux titres d’emploi supplémentaires. Finalement, une majoration salariale de 10 % pour les psychologues de tous les réseaux est négociée.

Des attentes immenses

À la question : « Est-ce une bonne entente ? », le premier vice-président de la CSN répond sans la moindre hésitation : « Oui ».

« Nous avons défoncé des portes : l’intégration dans l’échelle salariale du montant forfaitaire qu’on nous offrait au départ, la protection du pouvoir d’achat que nous allons souhaiter pérenniser lors de la prochaine négociation et la cinquième semaine de vacances. Ces gains constituent des avancées majeures. Il va sans dire que nous continuerons à améliorer ces acquis lors des prochaines rondes », explique François Enault. « Cette entente nous positionne bien pour la négociation 2028. »

Le Front commun l’a répété souvent, les attentes des membres étaient immenses : les traumatismes de la pandémie, l’inflation, l’augmentation de 30 % du salaire des député-es, la grève historique et bien d’autres facteurs ont créé un contexte particulier, voire survolté. « On savait que des membres seraient peut-être déçus. Mais en regardant le résultat des votes d’assemblées générales, on voit que les travailleuses et les travailleurs ont saisi l’importance des gains que nous sommes allés chercher », note François Enault.

« Nous sommes aussi très fiers d’avoir terminé cette négociation en Front commun. On n’avait pas vu ça depuis longtemps. Alors que trop souvent, ce genre d’alliance s’étiole vers la fin, cette fois-ci, elle a tenu le coup. On ne sait pas comment se déroulera la ronde 2028, mais une chose est sûre : on va repartir la prochaine négociation sur des bases solides. »

Le CREW solidaire

Hiver 2023. L’insatisfaction gronde chez les auxiliaires d’enseignement et de recherche de l’Université Concordia. À la maîtrise et au doctorat pour la plupart, ces étudiantes et étudiants savent que le changement de centrale syndicale est nécessaire pour obtenir de meilleures conditions de travail.

« Nous travaillons d’une convention collective à l’autre avec une surcharge énorme et un salaire dérisoire, explique Mya Walmsley, responsable de la co-coordination de la campagne. Nous avons vraiment besoin d’améliorer nos conditions de travail, et pour ce faire, nous avions besoin d’un syndicat combatif et démocratique, à l’avant-garde des luttes menées dans nos milieux de travail et dans la rue. Nous savions que c’est en faisant le choix de la CSN que nous allions obtenir ce que nous voulions. »

Une grande campagne de maraudage

Le défi organisationnel n’est pas mince, car les 2500 membres à contacter sont dispersés aux quatre coins de l’université. Dès février, des centaines d’approches individuelles sont faites sur le campus, en porte-à-porte, par texto et par téléphone.

Alors qu’elle avait débuté en sous-marin, la campagne devient publique à la mi-mars et le comité exécutif du syndicat démissionne en bloc, pour appuyer le changement d’allégeance. Quelques semaines plus tard, à la suite du dépôt des signatures, le Concordia Research and Education Workers (CREW–CSN) obtient l’appui d’une grande majorité des membres. La victoire est cependant de courte durée, puisque le Tribunal administratif de travail (TAT) ordonne la tenue d’un vote à la suite d’une manœuvre juridique du syndicat maraudé.

« À ce stade, nous étions tellement investis dans la campagne que nous ne pouvions pas baisser les bras. La décision du TAT a été crève-cœur, mais la frustration que nous avons ressentie est devenue l’un des moteurs de notre implication », explique Mya Walmsley.

Les militantes et les militants se retrous­sent donc les manches et recommencent à faire campagne dès l’été 2023, cette fois-ci avec une stratégie très publique comprenant de l’affichage et une présence sur les réseaux sociaux. Le CREW–CSN met alors en place une structure militante robuste, à mi-chemin entre la machine de guerre et le safe space. En novembre, après un an de campagne et trois semaines de vote en ligne, le résultat tombe enfin : avec 71 % d’appui, il adhère à la CSN.

« Certaines personnes pensaient que le genre de campagne nécessaire pour gagner était impossible à réaliser. L’une de mes plus grandes fiertés a été de leur prouver qu’elles se trompaient. Les universités et l’État engagent de plus en plus de travailleuses et de travailleurs contractuels et précaires comme les membres du CREW. Nous ne pouvons pas les laisser tomber », conclut Mya.

L’indifférence caquiste

Même s’il s’est engagé à respecter la politique de la mobilité durable, le gouvernement Legault semble peu intéressé par ce concept. Les derniers mois ont été marqués par une crise du financement des transports collectifs. La CAQ justifie l’échec du développement de ce secteur en suivant une logique comptable au lieu de s’engager à long terme dans le financement du transport en commun. Ce désengagement a des conséquences sur le quotidien de bien des membres de la CSN, tous secteurs confondus.

« La CAQ doit investir dans l’offre de services et voir ça comme un pacte social. Pour atteindre une offre optimale, employeurs comme syndicats doivent se doter d’une culture de la mobilité durable ; ils doivent en faire la promotion et intégrer des solutions de rechange à l’auto solo dans les conventions collectives », explique Isabelle Ménard, conseillère syndicale au Service de santé-sécurité et d’environnement de la CSN.

L’accès au travail

Le transport constitue un besoin essentiel inclus dans le calcul de la Mesure du panier de consommation. Le seuil de pauvreté du pays est basé sur le coût total de ce panier. L’accès au transport en commun s’avère donc essentiel pour assurer l’inclusion sociale et pour lutter contre la pauvreté. D’ailleurs, les organismes qui militent en ce sens estiment que la difficulté à se déplacer représente un obstacle majeur à l’exercice de plusieurs droits, comme le droit à la santé, à l’éducation ou au travail.

En 2021, au Québec, 14 % des travailleuses et des travailleurs utilisaient le transport en commun pour leur déplacement domicile-travail, selon l’Institut de la statistique du Québec. Pour augmenter cet achalandage, l’offre de service doit être accrue. À cet effet, l’engagement de l’État s’impose pour réduire les inégalités sociales en matière de mobilité. L’investissement à long terme s’impose !

Or, pour Trajectoire Québec, une association qui fait la promotion des droits des citoyennes et des citoyens en matière de transport collectif, peu d’engagements gouvernementaux ont été respectés dans les dernières années en matière de financement du transport en commun. Plusieurs organismes collaborant avec Trajectoire Québec jugent que le gouvernement Legault présente jusqu’ici un « bilan catastrophique » en matière de mobilité durable.

« Sans plan crédible de mobilité durable, le Québec fonce droit dans le mur, déplore la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Dans un contexte de crise climatique, il est impératif que le gouvernement actuel développe une vision claire à ce sujet. C’est scandaleux d’être aussi décalé en 2024 ! »

Ces voix qu’on entendra moins

L’image est frappante. Tout juste avant de prendre part à la conférence de presse annonçant les mesures demandées au gouvernement afin de soutenir le secteur de l’information, Karine Tremblay, vice-présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), parcourt ses notes en longeant les corridors de la Tribune de la presse du Parlement de Québec. Derrière elle, les murs sont ornés de mosaïques photo. Sur les photos en question figurent, année après année, les membres de l’association centenaire qui regroupe, tous médias confondus, les journalistes ainsi que les techniciennes et les techniciens affectés à la colline parlementaire. De 110 membres en 2003, on en dénombrait… 54 l’an dernier.

Une dégringolade à l’image de celle subie par l’ensemble du secteur de l’information, fait remarquer Karine Tremblay. À La Tribune de Sherbrooke, où elle travaille comme journaliste depuis plus de 20 ans, tout comme dans les cinq autres quotidiens transformés en coopératives lors de la faillite du Groupe Capitales Médias, c’est près de 30 % du personnel qui a souscrit au programme de départ volontaire l’an dernier.

Les impacts sont particulièrement dévastateurs dans les régions du Québec, qui subissent encore les contrecoups de la fermeture de nombreux hebdos. Le groupe TVA, qui annonçait en novembre l’abolition de 547 postes, mettra fin à la production de ses bulletins de nouvelles en région – ceux-ci seront dorénavant tournés dans les studios de Québec. En plus de se départir de 45 stations de radio, dont 7 sont situées au Québec, Bell Média a aussi mis la hache dans ses salles de rédaction : c’est le cas à la station CFIX au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où la seule journaliste du groupe a vu son poste être aboli.

« Les salles de rédaction fondent à vue d’œil. Il y a de moins en moins de journalistes pour couvrir l’actualité régionale, municipale, culturelle et économique… C’est autant de voix citoyennes qu’on entend moins en raison du nombre de journalistes qui s’effrite », déplore Karine Tremblay.

Des mesures à la hauteur de la crise

Tout l’écosystème de production et de diffusion de l’information locale a été déstabilisé par l’arrivée dévastatrice des barbares du numérique. En 10 ans seulement, ceux-ci sont parvenus à aspirer les trois quarts des revenus publicitaires des médias d’information présents au Québec.

« Seuls les gouvernements du Québec et du Canada ont la capacité structurante nécessaire d’intervenir », estime la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Il en va de notre accès à l’information, de nos droits démocratiques et du rayonnement social, économique et culturel de nos communautés. »

Instauré il y a cinq ans à la suite de représentations effectuées par la CSN et la FNCC–CSN, le crédit d’impôt sur la masse salariale de la main-d’œuvre journalistique, qui s’applique seulement à la presse écrite, doit maintenant être élargi aux salles de rédaction radio et télé, considère la CSN.

La centrale syndicale demande également à Québec de mettre sur pied un fonds consacré au soutien de l’ensemble du secteur de l’information. Un tel fonds serait financé par l’instauration d’un infofrais de 2 % prélevé sur les achats d’appareils munis d’un écran (téléphones, tablettes, ordinateurs) et des services Internet et mobiles. À l’échelle du Québec, une telle redevance entraînerait des revenus de l’ordre de 200 millions par année.

Les paramètres de ce fonds de soutien à l’information doivent être établis par l’ensemble des acteurs du milieu, tout comme ses mécanismes de reddition de compte et les objectifs précis auxquels il devra s’atteler, fait remarquer la présidente de la FNCC–CSN, Annick Charette. « Il faut s’assurer de mettre en place des mesures qui garantiront le réinvestissement des sommes publiques directement dans la production de l’information », indique-t-elle.

Tout comme le gouvernement du Québec a une obligation d’assurer la découvrabilité1 des contenus culturels produits ici, il a aussi le devoir de garantir la continuité des opérations des salles de rédaction, estime Caroline Senneville.

« Le Québec a son histoire, sa langue, sa culture : notre identité collective ne demeurera assurée qu’en conservant notre capacité à produire de l’information sur nos différentes réalités », conclut la présidente de la CSN.

Aller plus loin en prévention

Les 2 et 3 novembre derniers, la CSN tenait deux journées pour souligner l’importance des groupes d’entraide en milieu de travail. Mélanie Dufour-Poirier, Ph.D. et professeure agrégée à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, y a participé. Voici le fruit de ses réflexions.

La professeure explique d’emblée : les réseaux d’entraide agissent en prévention tertiaire, quand les humains sont rendus à bout. Or, des processus de prévention primaire et secondaire doivent être investis syndicalement pour éviter que des gens ne tombent au combat. La création des réseaux d’entraide est essentielle dans les milieux de travail : il faut toutefois pouvoir aussi agir en amont des problèmes structurels qui poussent les gens vers le burnout ou vers des problèmes de consommation divers, entre autres écueils.

Au Québec, plus de 30 % des réclamations en invalidité auprès des assureurs renvoient à des enjeux liés à la santé mentale. C’est énorme.

Le problème doit être pris de front : les employeurs et les syndicats ont tous les deux un rôle à jouer dans les milieux de travail. « Je dis souvent qu’il nous faut guérir le travail et le repenser. S’il rend les gens malades et que les problématiques deviennent récurrentes, on ne peut pas simplement prétendre que ces enjeux sont d’ordre individuel. »
Comme c’est le cas pour la santé physique, les syndicats ont un devoir de représentation en santé mentale, poursuit Mélanie Dufour-Poirier. À leurs revendications classiques doivent s’ajouter des propositions de solutions aux problèmes structurels qui envoient des tonnes de personnes en dépression majeure et qui en conduisent vers le suicide, dans les cas les plus graves. Cette question en est une de société et ne se limite pas au milieu de travail. Car quand cette détresse se transforme en violence conjugale ou en rage au volant, par exemple, cela nous concerne toutes et tous.

Mobiliser les membres

Si, dans chaque milieu syndiqué, on explique bien les liens entre l’organisation du travail, la culture de gestion, les pratiques organisationnelles et la santé mentale, les membres comprendront qu’il s’agit d’enjeux de mobilisation et de négociation syndicales en bonne et due forme.
À cette fin, leur parole doit se libérer pour replacer les humains au centre de notre action syndicale et mettre des mots sur des maux, de manière à briser le silence et à politiser les enjeux de santé mentale.

FDP : Un outil unique pour des gains substantiels

Lors de la récente négociation du secteur public, quelque 420 000 membres du Front commun sont sortis dans la rue en même temps, du jamais-vu ! De plus, fait inédit dans l’histoire du Fonds de défense professionnelle (FDP), l’ensemble des
170 000 syndiqué-es de la CSN mem­bres du Front commun ont pu toucher des prestations pour leurs 11 jours de grève.

Depuis près de 75 ans, le FDP permet de soutenir financièrement la combativité des organisations affiliées à la CSN et de « tenir la minute de plus », comme le dit l’expression consacrée. Avec le FDP, les travailleuses et les travailleurs ont décidé, à l’époque, de se donner les moyens de leurs ambitions en matière de luttes syndicales.
« En 2023, nous avons écrit l’histoire de la CSN dans le secteur public », témoigne Micheline Charron, vice-présidente générale du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de la Montérégie Est–CSN, qui représente près de 8000 membres.

Contrairement aux négociations précédentes dans le secteur public, les employé-es de la catégorie 3 en santé (personnel de bureau, techniciennes et techniciens et professionnel-les de l’administration) devaient assumer beaucoup plus de temps de piquetage, et ce, en raison de la décision du Tribunal administratif du travail sur la contribution des gestionnaires aux services essentiels.

Ce jugement a entraîné d’énormes bénéfices pour l’exercice du rapport de force et a exercé un impact financier sans précédent pour ces salarié-es, qui devaient piqueter des journées complètes. « Le FDP a joué un rôle décisif dans la négociation. Sans lui, nous aurions eu de la difficulté à faire sortir notre monde, poursuit Mme Charron. Notre fonds local ne suffisait pas au remboursement de nos membres à 70 % de leur salaire brut. Ça coûtait entre 110 000 $ et 130 000 $ par jour de grève. »

Le FDP, que ce soit dans le secteur public ou dans le privé, c’est ce qui aide à mener une lutte jusqu’au bout, estime celle qui milite syndicalement depuis plus de 20 ans. « La CSN, c’est une grande famille. Le montant des per capita est peut-être moins élevé dans d’autres centrales, mais celles-ci n’ont pas les moyens de se constituer des fonds de grève comme le nôtre. »

La différence CSN

« Notre but, c’était que les gens soient bien et heureux sur la ligne de piquetage, explique pour sa part Pascale Boilard, présidente du syndicat des employé-es de soutien au centre de services scolaire Harricana en Abitibi-Témiscamingue. Le FDP nous a permis de louer des salles pour se réchauffer et des toilettes, de servir des repas et des breuvages. Tout ça a aidé à conserver notre monde sur la ligne de piquetage. Sur 300 membres, nous avions une moyenne de 205 personnes présentes. Comme membres du comité exécutif, on donne haut la main le crédit au FDP. Les professeur-es et les professionnel-les des autres organisations étaient jaloux de notre fonds de grève. Ils étaient d’ailleurs beaucoup moins nombreux sur les lignes de piquetage », ajoute-t-elle.

Le FDP a également permis aux syndicats d’organiser des activités avec leurs membres et de louer des autobus pour tenir des rassemblements régionaux. Lors de l’une de ces journées de mobilisation, près de 5000 travailleuses et travailleurs des quatre coins de l’Abitibi-Témiscamingue se sont réunis à Rouyn-Noranda. À l’échelle du Québec, cette mobilisation historique a permis aux employé-es du soutien scolaire de toucher, eux aussi, des prestations de grève. Une autre première dans l’histoire du FDP !

 

Faire pression pour vrai

Les slogans retentissent au son des crécelles et des nombreux klaxons devant la totalité des centres hospitaliers du Québec. Même si les travailleuses et les travailleurs en santé et services sociaux doivent maintenir des services essentiels durant les journées de grève, leur nombre sur les lignes de piquetage est impressionnant lorsqu’on le compare aux précédentes grèves dans ce secteur.

Les dispositions législatives encadrant les services essentiels ont été modifiées en 2019 grâce aux démarches entreprises par la CSN, alors que la Cour suprême du Canada reconnaissait la constitutionnalité du droit à la grève. Non seulement le temps de travail est abaissé pour la majorité des salarié-es, mais de nouvelles dispositions obligent tous les cadres à « descendre sur le plancher » pour prendre en charge des tâches essentielles. En résulte une augmentation marquée de la participation des membres à leur conflit de travail ; pour une première fois depuis longtemps, ces derniers ont l’occasion de faire de la grève un levier puissant.

Les effets de cette augmentation du temps de grève se font sentir sur tout le réseau de la santé et des services sociaux. Des rendez-vous sont annulés, des cliniques de consultation externe réduisent la cadence de leurs activités, les blocs opératoires reportent des chirurgies non urgentes et les visiteurs n’ont plus accès aux services alimentaires. La pression est considérable et pour les gestionnaires, elle débute avant même le déclenchement d’une journée de grève.

En effet, à la réception des avis de grève envoyés environ 10 jours avant le débrayage, les employeurs doivent se mettre à pied d’œuvre pour transmettre à la partie syndicale toutes les données afin que le temps de grève soit identifié pour chaque membre. L’affaire peut sembler simple, mais ce serait mal connaître le réseau. Les formats des horaires reçus par les syndicats ne sont pas toujours conformes et il faut intégrer rapidement les changements d’horaires qui surviennent souvent quelques heures à peine avant le déclenchement de la grève.

Derrière l’effervescence des lignes de piquetage, ce sont des dizaines de militantes et de militants qui redoublent d’ardeur, travaillant jour et nuit, souvent dans l’ombre, pour ajuster les heures de grève de milliers de membres et pour corriger les erreurs des directions, qui soumettent souvent des documents brouillons. Pire encore, des employeurs décident parfois de faire fi des décisions du Tribunal administratif du travail, obligeant les syndicats à prendre des mesures légales pour faire respecter leur droit de grève.

Ce sont toutes ces personnes qui ont permis de redonner à la grève ses effets souhaités dans un secteur rempli de contraintes.

Quand mobilisation rime avec victoire

Avec un taux d’appui qui oscille en moyenne autour de 81 % chez les syndicats du secteur public affiliés à la CSN, nos membres ont de quoi être fiers des gains réalisés lors de cette ronde de négociation qui est sur le point de se conclure avec la signature des différentes conventions collectives.

La mobilisation sans précédent dont ont fait preuve les syndicats, couplée à un appui massif de la population, aura finalement eu raison de l’entêtement obtus du gouvernement à limiter au minimum les concessions financières qu’il était prêt à consentir aux employé-es de l’État. Mais soyons clairs : le véritable enjeu de cette négociation était le redressement de nos services publics, et quoi qu’en dise aujourd’hui le premier ministre, il est évident que ce n’était pas son choix initial.

« Largement déficitaire »

Les votes dans le secteur de l’éducation étaient à peine terminés que François Legault, flanqué de la présidente du Conseil du trésor et du ministre de l’Éducation, est venu nous annoncer en conférence de presse que le budget déposé le 12 mars serait « largement déficitaire, beaucoup plus déficitaire qu’il l’était avant ces négociations ».

En voulant faire porter le fardeau du report du retour à l’équilibre budgétaire sur les augmentations consenties dans le secteur public, c’est dire toute la générosité et la grande magnanimité qui l’animaient dans sa volonté de redresser nos services publics…! Tout ça, bien sûr, sans qu’un seul mot ne soit prononcé à propos de l’envoi de chèques soi-disant « anti-inflation  » de 500 $ ou des baisses d’impôt qu’il a lui-même décrétées une année auparavant.

De toute façon, la turpitude du gou­ver­nement actuel en matière de négociation avec les syndicats n’est plus à démontrer : en à peine deux mois, le Tribunal administratif du travail l’a reconnu coupable deux fois plutôt qu’une d’entrave aux activités syndicales et de négociation de mauvaise foi, allant même jusqu’à qualifier l’attitude des négociateurs gouvernementaux de « délinquante ». Obstination, quand tu nous tiens…

Crise des médias

Il n’y a pas que le gouvernement Legault qui se comporte de manière délinquante dans notre société. Les géants du numérique, qui se sont accaparés au cours des 10 dernières années plus de 75 % des revenus publicitaires des médias d’information du Québec, agissent également comme s’ils étaient au-dessus des lois en faisant fi des règles fiscales pourtant en vigueur. Résultat : les fermetures et les pertes d’emplois ne cessent de s’accumuler au sein des salles de rédaction.

C’est pourquoi, devant l’ampleur de la crise, la CSN réclame d’élargir le crédit d’impôt à la masse salariale de la main-d’œuvre journalistique et la mise sur pied d’un fonds dédié au soutien de l’information. Car lorsque notre accès à une information locale, rigoureuse et diversifiée recule, c’est aussi notre démocratie qui est mise en péril. L’heure est donc à la mobilisation pour sauver nos médias d’information, tant nationaux que régionaux !

Vigilance

Sur la scène fédérale, il y a là aussi matière à se mobiliser : d’abord, pour rappeler au gou­vernement Trudeau de réformer l’assurance-emploi, tel qu’il l’avait promis en 2015. Près de 10 ans après avoir été élu et plus de 50 ans depuis la dernière réforme, il est plus que temps que le gouvernement revoit en profondeur les critères d’admissibilité à ces prestations afin que celles-ci puissent réellement bénéficier aux travailleuses et travailleurs qui en ont besoin. À l’heure actuelle, à peine 40 % des chômeuses et chômeurs peuvent se qualifier.

Enfin, que ce soit à Québec ou à Ottawa, nous devrons demeurer vigilants pour veiller aux intérêts des travailleuses et travailleurs dans le cadre des divers projets de loi et réformes en cours, notamment celle qui s’opère sous nos yeux en santé et services sociaux, et celle à venir dans l’industrie de la construction. Et c’est en nous mobilisant que nous y parviendrons, car quand les syndicats se battent, c’est l’ensemble de la société qui en bénéficie.

Mobilisés et ingénieux

Top 5

Crèche

crèche
L’année 2023 n’a pas fini en mouton avec la crèche de la « CAQ-tivité », une création de professeur-es du Cégep de Sherbrooke, membres de la CSN (Jean-Guillaume Blais, Noémie Darveau, Gino Dubé, François Théorêt, Sylvain Grand’Maison, Clovis Langlois-Boucher, Mathieu Poulin-Lamarre, Steve McKay et Josée Morais) ; la crèche s’est même déplacée à Québec lors des instances du Front commun. L’attention portée aux détails explique l’engouement pour cette œuvre. Il faut noter la présence du « bœuf » Pierre Fitzgibbon, de ses faisans, des rois mages portant leurs offrandes, soit : Benoit Charette et une batterie Northvolt, Geneviève Guilbault avec une bouteille de Labatt Bleue, ainsi qu’Éric Girard portant une coupe Stanley et l’écusson des Kings de Los Angeles. Sans oublier Bernard Drainville en âne, une référence à ses talents d’imitateur des Cowboys Fringants, de même que François « Joseph » Legault, Sonia « Marie » LeBel et l’arachide « enfant roi ». Amen !

Canards

À la piscine municipale de Cowansville, les petits canards jaunes ont fait beaucoup jaser. Lassés de la stagnation des pourparlers avec l’employeur, les membres du syndicat ont tenu à manifester leur mécontentement. Après plus d’un an de négociation, ces travailleuses et travailleurs, essentiels à la sécurité des citoyennes et des citoyens de Cowansville, ont finalement obtenu gain de cause avec une nouvelle convention.

Enterrement

enterrement
En 2023, les dirigeants de la compagnie Sollio en ont fait voir de toutes les couleurs aux employé-es, que ce soit ceux de la coopérative Novago dans Lanaudière ou des usines Olymel de Vallée-Jonction et de Princeville. Devant les coupes sauvages de la compagnie, les travailleuses et travailleurs de Novago avaient malheureusement vu juste en enterrant sa mission coopérative en octobre 2022.

Projection


Le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec–CSN a trouvé une façon originale de souligner le triste anniversaire de ses deux ans sans convention collective. Dans un geste symbolique, les membres du syndicat ont projeté leur mécontentement sur les murs de la Grande bibliothèque à Montréal. Ces travailleuses et travailleurs se battaient pour que le Conseil du trésor indexe une fois pour toutes les budgets de BAnQ afin que cette figure de proue de la culture cesse d’être le parent pauvre des institutions publiques.

Banderole

Quand mobilisation rime avec victoire
Les « drops de bannière », dans le jargon syndical, frappent toujours un grand coup. Le 6 septembre 2023 à Trois-Rivières, une « marée humaine » composée de militantes et de militants du Front commun a « perturbé le centre-ville », pour citer les journalistes qui ont couvert la manifestation. Une opération orchestrée de main de maître par l’équipe du soutien à la mobilisation de la CSN !

Ensemble pour Gaza et la Palestine

Face à la situation révoltante qui a lieu à Gaza et en Palestine, la CSN invite tous les travailleuses et les travailleurs à se joindre à la manifestation du 23 mars prochain à 14h, au carré Dorchester, à Montréal. 🇵🇸
La CSN et les membres de la Coalition du Québec URGENCE Palestine revendiquent:
  • Un cessez-le-feu immédiat et la libre circulation de l’aide humanitaire dans toute la bande de Gaza;
  • L’arrêt des exportations militaires canadiennes, directes et indirectes, vers Israël;
  • La levée du blocus de la bande de Gaza par Israël.
Pour confirmer votre présence ou pour avoir plus d’informations sur l’événement : https://www.facebook.com/events/1567337220732295

1600 auxiliaires d’enseignement de McGill pourraient être en grève pour la fin de session

En pleine négociation de leur convention collective, les 1600 auxiliaires d’enseignement de McGill viennent de voter à 87 %, avec un taux de participation record, une banque de huit semaines de grève qui pourrait affecter la fin de la session universitaire.

« Aujourd’hui, les membres du syndicat envoient un message clair à l’administration : si nous devons faire la grève, nous sommes prêts à aller jusque-là. Nous n’avons pas pris cette décision à la légère, c’est notre dernier recours dans la négociation. La balle est maintenant dans le camp de l’employeur pour que nous obtenions le contrat que nous méritons », explique Fanny Teissandier, auxiliaire d’enseignement.

En négociation pour le renouvellement de leur convention collective depuis septembre, le syndicat revendique notamment une hausse de salaire substantielle pour pallier la hausse du coût de la vie et rattraper le salaire moyen des auxiliaires d’enseignement dans le reste du U15, le Regroupement des universités de recherche du Canada, qui comprend notamment l’Université de Toronto, l’Université Queen’s, l’Université McMaster et l’Université de la Colombie-Britannique.

Les travailleuses et les travailleurs demandent également que les heures de contrats attribuées aux assistants d’enseignement soient indexées au nombre d’étudiantes et d’étudiants. Le syndicat craint que la diminution des heures constatée ces dernières années ne finisse par affecter la qualité de la formation à l’Université.

« McGill se vante d’offrir un enseignement de premier ordre. Comment l’Université pourra-t-elle assurer une formation de qualité si celle-ci diminue les ressources disponibles aux personnes étudiantes, par exemple en réduisant les heures octroyées aux auxiliaires d’enseignement pour faire leur travail ? », questionne Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec-CSN (FNEEQ-CSN).

« Les auxiliaires d’enseignement sont des étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs. Améliorer leurs conditions de travail, c’est aussi améliorer leurs conditions de recherche. Le syndicat pourra compter sur l’appui de la CSN tant et aussi longtemps qu’il en faudra à McGill pour se rendre à l’évidence », ajoute Chantal Ide, vice-présidente du Conseil central du Montréal métropolitain-CSN.

La CSN en marche pour recueillir des dons pour Leucan

Montréal, le 17 mars 2024 – Partout au Québec, plus de 400 personnes ont répondu à l’appel de la CSN pour participer à la deuxième édition du Marche-don, Cours-don. Cette activité sportive a permis de recueillir plus de 150 000 $ pour le Camp Vol d’été Leucan–CSN, un camp d’été familial destiné aux enfants atteints de cancer et à leur famille.

Rappelons que Le Camp Vol d’été Leucan–CSN a été mis sur pied en 1985 et a été renommé en 2001 le Camp Vol d’été Leucan–CSN, grâce au partenariat établi avec la CSN qui le finance par plusieurs activités de collecte de fonds.

« Pourquoi la CSN s’implique-t-elle pour Leucan ? Pour donner du répit aux enfants atteints de cancer et à leur famille. C’est une cause qui nous tient à cœur depuis plusieurs années. Comme organisation syndicale qui a la solidarité et l’entraide dans son ADN, cet engagement social est en droite ligne avec nos valeurs. C’est une manière pour notre mouvement de s’impliquer différemment dans la communauté », explique David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN.

À propos de la CSN

Fondée en 1921, la CSN est la première grande centrale syndicale québécoise. Composée de plus de 1 600 syndicats, elle défend près de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis dans huit fédérations ainsi que dans treize conseils centraux régionaux, principalement sur le territoire du Québec. La CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise.

Sonoco de Terrebonne: les membres adoptent l’entente de principe

Réunis en assemblée générale le 12 mars dernier à Terrebonne, les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses de Sonoco de Terrebonne–CSN (STTST–CSN) ont adopté une entente de principe à 94,5 %. Pour rappel, la convention collective actuelle devait se terminer le 30 avril prochain, mais les parties ont réussi à conclure avant son échéance.

Cette entente comprend des augmentations globales d’environ 23 % sur une durée de 5 ans. D’autre part, ayant déjà une clause de protection des salaires face à l’inflation dans leur convention collective, le syndicat a mandaté le comité de négociation afin de négocier une bonification de l’assurance collective, du régime de retraite et de l’horaire de travail.

L’entente de principe comprend une bonification substantielle en ce qui a trait à l’assurance collective, bonification entièrement payée par l’employeur. Cela comprend une hausse des différentes couvertures, notamment l’implantation de la télémédecine et d’un compte gestion santé de 500 $ par année. En ce qui concerne le REER, les contributions des salarié-es et de l’employeur passent de 5 % à 7 % durant la durée de vie de la convention collective. De plus, cette entente comprend des bonifications en ce qui concerne les primes de soir, de nuit et de formation. Pour ce qui est de l’horaire de travail, l’usine sera dorénavant fermée les dimanches lors des semaines où les membres devaient travailler sept jours consécutifs.

« Avec l’appui de nos membres, on a pu négocier rapidement le renouvellement de notre contrat de travail et réaliser l’essentiel de nos objectifs. Avec ce nouveau contrat, l’entreprise s’assure de demeurer attractive pour la main-d’œuvre » ajoute Michel Bélanger, président du STTST–CSN.