Le gouvernement déconnecté des milieux de travail

La CSN déplore que le gouvernement ait choisi de réduire le seuil d’immigration permanente pour les quatre prochaines années tout en maintenant un nombre élevé de travailleuses et travailleurs étrangers temporaires.

Les milieux de travail ont besoin de prévisibilité à long terme et ça passe par de la main-d’œuvre permanente. Et par respect pour les travailleurs étrangers temporaires présents sur le territoire québécois, à qui les recruteurs ont fait miroiter la possibilité de s’installer durablement, nous leur devons cette prévisibilité-là. Le gouvernement a choisi de maintenir dans la précarité des milliers de gens.

« Nous sommes d’accord avec la diminution de l’immigration temporaire, mais réduire ce nombre n’a de sens que si l’on hausse le seuil et facilite l’accès à l’immigration permanente, pour permettre aux travailleurs qui sont déjà ici de rester. Or, le gouvernement baisse le nombre de personnes admises à la résidence permanente et élimine le Programme de l’expérience québécoise », dénonce la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

« De plus, nos syndicats, qui comptent des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires dans leurs rangs, sont très inquiets de ce que cela signifie pour la surcharge des autres membres et pour l’avenir de leurs emplois », affirme Caroline Senneville.

« Si ce ne sont que des chiffres pour le gouvernement, ce sont les projets personnels d’un bon nombre d’êtres humains qui s’arrêtent ici. À Laval et Montréal, le gouvernement du Québec refuse de prolonger les permis des travailleurs étrangers à bas salaire, même dans des secteurs essentiels. Et ailleurs au Québec, ce ne sont pas tous les travailleurs étrangers temporaires qui désirent demeurer ici qui pourront prolonger leur permis », ajoute-t-elle.

Tout ça, sans compter les 142 000 personnes déjà sélectionnées qui ne pourront pas obtenir la résidence permanente dans un avenir prévisible, vu la forte réduction des admissions permanentes. Enfin, alors qu’il promet de la prévisibilité aux personnes immigrantes et aux employeurs, le gouvernement du Québec se réserve la possibilité d’ajuster avant le terme de la présente planification pluriannuelle les seuils d’immigration permanente.

Fondée en 1921, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) regroupe 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada.

Des baisses d’impôts qui plombent le premier budget Carney

C’est avec beaucoup de réserve que la Confédération des syndicats nationaux (CSN) accueille le premier budget du gouvernement Carney. La centrale syndicale salue d’une part l’accroissement de l’investissement public en réponse à la guerre commerciale qui ébranle l’économie canadienne. Elle considère néanmoins que certains choix budgétaires, tels que des baisses d’impôts et une augmentation démesurée du budget alloué à la défense, minent la capacité du gouvernement à appuyer des secteurs stratégiques et à améliorer les conditions de vie de la population.

Si certains programmes fédéraux comme Maisons Canada ou l’appui à l’industrie du bois ou de l’acier ont toute leur raison d’être, la CSN déplore que le gouvernement se prive de revenus importants en abaissant d’un point le premier palier d’impôt sur le revenu des particuliers et en faisant une croix sur la hausse d’imposition sur les gains en capital, tout en abandonnant la taxe sur les services numériques. Au total, ces trois mesures auraient renfloué les coffres publics d’environ 10 milliards par année, selon les chiffres publiés par le Directeur parlementaire du budget. Et ce, sans compter les 300 millions en réduction fiscale additionnelle accordée aux entreprises par l’entremise de la superdéduction à la productivité.

Des compressions injustifiées

« À la lumière de l’ampleur de ce manque à gagner, les compressions demandées aux ministères et aux organismes publics – de 15 % sur trois ans – nous apparaissent totalement injustifiées », affirme la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

La dirigeante syndicale pointe en particulier les compressions apportées au financement de Services correctionnels Canada. « Ces coupes ne peuvent qu’exacerber une situation déjà tendue dans les pénitenciers fédéraux, aux prises avec un problème de surpopulation et de manque d’effectifs », fait-elle remarquer.

La CSN se réjouit toutefois que Radio-Canada ait été épargnée par les mesures d’austérité du gouvernement Carney : son budget sera bonifié de 150 M$ cette année.

Alors que les transferts fédéraux en matière de formation de la main-d’œuvre sont augmentés dans le présent budget, la CSN rappelle qu’ils ne compensent toujours pas les coupes effectuées l’an dernier. « De nombreux travailleurs et travailleurs subissent déjà les effets de cette guerre commerciale. Plusieurs d’entre eux auront besoin d’appui pour se réorienter professionnellement. Le minimum aurait été de compenser entièrement ces compressions budgétaires en matière de formation de la main-d’œuvre », soutient Caroline Senneville.

Dans un tel contexte d’incertitude, la bonification du programme d’assurance-emploi aurait été des plus pertinentes : pourtant, si certaines mesures ont été prolongées, le gouvernement Carney continue d’ignorer la réalité des travailleuses et travailleurs saisonniers, particulièrement dans le secteur forestier.

Enfin, la CSN déplore que, sans objectifs précis, la nouvelle stratégie de compétitivité climatique du Canada ne fasse qu’accroître l’incertitude quant à l’atteinte de cibles de réduction d’émission de gaz à effet de serre. « Les impacts du réchauffement climatique sont déjà ressentis par la population canadienne. La guerre commerciale actuelle ne peut servir de prétexte pour renoncer aux balises environnementales dont le Canada s’est doté », de conclure la présidente de la CSN.

Fondée en 1921, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) regroupe 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada.

Le Syndicat du personnel technique et professionnel en grève à compter de jeudi

Quelque 500 professionnel-les, techniciennes et techniciens de la SAQ déclencheront une grève de sept jours, à compter du jeudi 6 novembre, à moins qu’une entente de principe ne soit conclue d’ici là. Rappelons que le syndicat dispose d’un mandat de 15 journées de grève, voté à plus de 99 %, par scrutin secret, le 7 octobre 2025.

La grève aura des impacts importants sur les opérations de la SAQ au quotidien, car ces travailleuses et ces travailleurs œuvrent, entre autres, à l’évolution constante du site transactionnel SAQ.com et des outils informatiques, à l’approvisionnement et à l’aménagement des magasins, à la commercialisation des produits, au contrôle de la qualité, aux communications, au marketing, à la paie et aux finances.

Parmi les sujets en litige, notamment la volonté du syndicat de protéger le pouvoir d’achat des salarié-es et l’introduction du télétravail à la convention collective.

« Les offres salariales de la SAQ sont encore loin du compte, déplore le président du syndicat, Steve D’Agostino. Juste pour les cinq dernières années, chaque travailleur a perdu plusieurs milliers de dollars parce que les augmentations de salaire n’ont pas suivi l’inflation ni les conditions offertes aux autres employé-es de la SAQ. Notre syndicat n’a jamais fait la grève en 50 ans d’existence. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous la faisons : la SAQ ne nous laisse pas d’autre choix ! »

À la Fédération des professionnèles (FP–CSN), on rappelle que les demandes du personnel technique et professionnel sont raisonnables et légitimes. « Ces travailleuses et travailleurs font un travail crucial pour la mission de la SAQ, chaque jour. Il est grand temps que la SAQ reconnaisse pleinement la valeur de leur travail et réponde davantage à leurs besoins », évoque la vice-présidente de la FP–CSN Kathrin Peter. Elle appelle la SAQ à revoir son offre pour assurer la pleine protection du pouvoir d’achat des salarié-es et à accepter d’introduire le télétravail à la convention collective.

Quant au président du Conseil central du Montréal métropolitain, Bertrand Guibord, il a réitéré le soutien sans équivoque de tous les syndicats CSN : « Déclencher une grève est un geste courageux, qui commande le respect. C’est un moment historique pour le SPTP-SAQ-CSN, qui démontre bien la détermination de ses membres. Elles et ils refusent d’accepter de continuer à s’appauvrir. Le CCMM-CSN et ses syndicats affiliés sont avec eux de même que toute la CSN ! »

Attaquer les travailleuses et travailleurs pour masquer l’échec d’un gouvernement périmé

La CSN déplore que le gouvernement Legault crée une diversion en s’attaquant aux droits des travailleuses et des travailleurs plutôt que de répondre aux préoccupations de la population. Cette ingérence dans les affaires syndicales vise à faire oublier l’inaction gouvernementale sur des priorités comme l’accès aux services publics et la crise du logement.

Une nouvelle attaque aux droits des travailleuses et des travailleurs

Le gouvernement Legault dépose aujourd’hui la Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail. Au plus bas dans les intentions de vote, le gouvernement espère qu’une bonne chicane avec les syndicats lui permette de se relancer. Pour la CSN, ce projet de loi montre à quel point le gouvernement est désespéré.

« S’il y a bien quelqu’un qui ne peut pas faire de leçon de transparence et de bonne gestion, c’est ce gouvernement. Après les scandales comme SAAQclic et Northvolt, c’est fort en café de nous faire croire que l’urgence est de venir jouer dans la gestion des affaires syndicales. Ce que les gens veulent savoir, c’est quand ils vont avoir accès à un médecin de famille et comment arriver à la fin du mois. Le gouvernement a décidé qu’il va passer à l’histoire comme celui qui s’attaque aux droits des travailleuses et des travailleurs plutôt que comme celui qui améliore le quotidien des gens », lance la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Caroline Senneville.

Un projet de loi écrit sur le coin d’une table

Le projet de loi du gouvernement est mal ficelé et entrainerait plus de problèmes qu’il n’en règlerait. La CSN rappelle d’ailleurs que ses états financiers sont disponibles et que les budgets des syndicats sont déjà adoptés par les membres en assemblée générale. Alors que le gouvernement prétend vouloir couper dans la bureaucratie, il en rajoute une couche inutile avec ce projet de loi.

« Notre mission, c’est de défendre les droits et les intérêts de nos membres et c’est ce que nous faisons avec les cotisations syndicales. Les conditions de vie ont aussi un impact sur le quotidien des travailleuses et des travailleurs. Qu’est-ce qui est obligatoire et qu’est-ce qui est facultatif ? Ce départage ne fait aucun sens. Avec tous les millions de dollars gaspillés par sa mauvaise gestion des fonds publics, le gouvernement devrait faire le ménage dans sa maison avant de regarder ce qui se passe chez le voisin », poursuit Caroline Senneville.

Des lois qui favorisent les grands patrons

Ce projet de loi fera une fois de plus plaisir au milieu patronal. Après la restriction du droit de grève, le gouvernement se fait encore le porte-voix des intérêts patronaux, ce qui ne fera que déséquilibrer davantage les relations de travail au Québec.

« Quand est-ce que le gouvernement va nous annoncer un projet de loi pour freiner le lobbyisme des grandes entreprises privées ? Quand est-ce qu’il va agir pour que la rémunération des grands patrons arrête d’exploser pendant que le salaire de la majorité des gens stagne ? Et où est-il le projet de loi pour réduire le recours aux briseurs de grève ? Poser la question, c’est y répondre » de conclure Caroline Senneville.

Faire front pour le Québec

La CSN mène la campagne Faire front pour le Québec pour inviter la population à se mobiliser face au bilan désastreux du gouvernement Legault. La CSN fait front pour un Québec qui agit pour un meilleur partage de la richesse, pour des services publics qui permettent de s’occuper de la population et pour enclencher la transition juste.

À propos de la CSN

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Le gouvernement confirme l’instauration d’un régime à deux vitesses en santé et sécurité du travail

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) condamne fermement l’adoption du projet de loi 101 par le gouvernement du Québec, qui instaure par le fait même un régime à deux vitesses en santé et sécurité du travail.

« Tout juste après avoir mis en vigueur les pleins mécanismes de participation en santé et sécurité du travail dans l’ensemble des milieux de travail, le gouvernement Legault change les règles du jeu. Avec l’adoption aujourd’hui de son projet de loi 101, il ampute ces mécanismes de fonctions vitales et prévoit également qu’ils ne seront que partiellement mis en place dans le réseau public de santé, de services sociaux et d’éducation. Le personnel de ces réseaux est composé à plus de 75 % de femmes et leur employeur est le gouvernement. Et celui-ci décide de jouer avec leur santé et leur sécurité au travail. C’est aberrant ! », dénonce la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

L’adoption de ce projet de loi arrive au moment où la CSN tient sa Semaine nationale de la santé et de la sécurité du travail. À l’occasion de cette semaine de sensibilisation, les syndicats affiliés à la CSN se mobilisent partout au Québec afin de rappeler aux employeurs l’importance de la prévention. « Et au même moment, le plus grand employeur de la province lance un bien mauvais message aux autres employeurs. Sans compter que ce régime à deux vitesses s’ajoute à toutes les attaques contre les travailleuses et les travailleurs auxquelles s’adonne le gouvernement depuis quelques mois. C’est déplorable ! », termine Mme Senneville.

Le SAPSCQ–CSN manifeste à Québec

En marge de leur congrès tenu cette semaine au Mont-Saint-Anne, les élu-es, les délégué-es et les membres du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ–CSN) ont manifesté à Québec aux bureaux du ministre de la Sécurité publique, Ian Lafrenière, aux bureaux du Secrétariat du Conseil du trésor (SCT), puis aux abords de l’Assemblée nationale.

« Jeudi dernier, nous avons reçu le résultat du vote de mandat de moyens de pression lourds, à déclencher au moment jugé opportun, et c’est à hauteur de 88,5 % que les membres ont appuyé ce mandat, souligne le président national du syndicat, Mathieu Lavoie. Nous avons donc débuté nos nouveaux moyens de pression hier et, selon nous, le règlement de notre négociation doit obligatoirement passer par une nouvelle entente de principe bonifiée et qui respecte les paramètres déjà déposés à l’employeur et au SCT. Celui-ci doit donc revoir ses mandats pour que notre négociation aboutisse. Puisque le gouvernement de la CAQ se targue d’être le parti de la loi et l’ordre, il devra être conséquent et offrir enfin les conditions de travail à la hauteur du travail effectué par les agents en services correctionnels du Québec ».

Rappelons qu’à la suite d’une tournée provinciale de présentation de l’entente de principe intervenue en mai dernier, les membres des 17 établissements de détention du SAPSCQ–CSN se sont prononcés contre à 68 %.

À propos

Le SAPSCQ–CSN est un syndicat autonome affilié à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN de la Confédération des syndicats nationaux depuis 2006. Il représente plus de 2800 agentes et agents de la paix en services correctionnels, répartis dans 17 établissements de détention partout au Québec.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

La SAQ entend-elle finalement raison ?

À la suite de la diffusion publique de nombreuses préoccupations et des actions menées par la société civile et le Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN), la Société des alcools du Québec (SAQ) a annoncé à l’interne la semaine dernière qu’elle prenait un pas de recul quant à l’ouverture d’environ une centaine d’agences privées en milieu urbain.

« Pour appuyer son pas de recul, la SAQ évoque trois préoccupations : 1) la volonté d’une amorce de discussion visant à déterminer des paramètres acceptables avec la Direction de la santé publique ; 2) assurer l’adéquation entre le service offert à la clientèle et son offre de service et ; 3) éviter une cannibalisation des succursales déjà existantes, souligne Martin Lachance, président du syndicat. Depuis l’annonce de ce projet en mars dernier, le syndicat a signifié ses préoccupations sur plusieurs plateformes, en contactant diverses organisations de la société civile. Notre syndicat salue la prise de conscience de la SAQ après qu’elle ait minimisé le lien entre l’ouverture de nouveaux points de vente privés et les questions de santé et de sécurité publiques ».

L’annonce des ouvertures de ces nouvelles agences privées se déroulait au même moment où la SAQ procédait à la plus grande vague de fermetures de succursales de son histoire récente. La SAQ et le gouvernement du Québec ont un rôle à jouer dans le développement des communautés et le SEMB–SAQ souhaite la mise en place rapide d’une politique de responsabilité sur le territoire québécois.

Depuis plusieurs mois, le syndicat est préoccupé de l’orientation prise par la SAQ et le gouvernement du Québec. Pour le SEMB–SAQ, la vente responsable des produits de l’alcool, un produit sensible aux multiples conséquences sur la santé, doit passer par un réseau public. En ce sens, les employé-es de la SAQ qui sont formés et qui disposent des outils propices pour accomplir leur travail sont les mieux placés pour respecter cette responsabilité.

« Nous rappelons que nous souhaitons travailler avec la SAQ, le gouvernement du Québec et tous les autres acteurs afin d’assurer une vente responsable pour l’ensemble de la population de 18 ans et plus. Nous invitons le gouvernement à reconsidérer la mission de la société d’État pour y inclure des aspects de santé et de sécurité publique, tout en respectant le développement économique et social du territoire », conclut le président du syndicat.

Le Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN) représente les 5000 employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ, partout au Québec. Il est affilié à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), qui compte plus de 425 syndicats affiliés représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Forte de 330 000 membres, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) est présente dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada.

La FEESP–CSN dévoile des données alarmantes concernant la violence subie par le personnel de soutien scolaire et les risques psychosociaux encourus

Réunissant plus d’une centaine de délégué-es à l’occasion d’un colloque sur la santé et la sécurité au travail, la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) dévoile les résultats d’un sondage qui démontrent qu’un nombre particulièrement inquiétant de travailleuses et travailleurs du soutien scolaire au Québec sont exposés à des conditions de travail qui mettent leur santé physique et psychologique en péril.

C’est ce que nous apprend ce sondage mené par la FEESP–CSN auprès de 6 129 membres du secteur, dont 89 % sont des femmes. Les répondantes et les répondants, majoritairement âgés de 36 et 55 ans, occupent pour la plupart des postes permanents à temps partiel ou complet (80 %) et cumulent souvent moins de cinq ans d’ancienneté (34 %). Le sondage visait à mesurer la présence de risques psychosociaux, les formes de violence au travail et les indicateurs de santé mentale. Ces données sont complémentaires à celles d’une enquête similaire menée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) en 2022.

Les résultats concernant la violence au travail sont extrêmement troublants. Plus de la moitié des répondants ont été victimes de menaces de violence physique (56 %) ou de violence physique directe (52 %), des taux largement supérieurs à ceux observés en 2022 dans l’enquête INSPQ (27 % et 37 % respectivement). Ces agressions proviennent principalement des élèves (54 % pour les menaces, 52 % pour les violences physiques), mais aussi, dans de plus faibles proportions, de parents, de collègues et de membres de la direction.

Les types d’agressions vécues sont variés et souvent graves : cris avec colère (61 %, dont 29 % chaque semaine), langage grossier (62 %), menaces de mort (14 %), attaques avec objets (24 %), et même des conduites déplacées à caractère sexuel (propos 18 %, gestes 9 %), incluant des attouchements (5 %). Pour bien illustrer l’ampleur du problème, cela signifie que, parmi les répondantes et les répondants : 735 personnes ont témoigné avoir été menacées de mort, dont 122 au moins une fois par semaine ; 247 personnes ont avoué s’être fait toucher les parties intimes. Des situations qui ne devraient se produire dans aucun milieu de travail.

Les risques psychosociaux sont également très présents. Une forte proportion des répondants rapporte une demande psychologique élevée (65 %), un faible soutien de leurs supérieurs (35 %), une faible reconnaissance (47 %) et une faible latitude décisionnelle (55 %). Ces facteurs contribuent à une détresse psychologique importante : 48 % des personnes sondées présentent un niveau élevé de détresse psychologique, dont 13 % à un niveau très élevé.

De plus, 90 % des répondantes et des répondants relient leurs symptômes à leur travail. Le phénomène de présentéisme est aussi préoccupant : 62 % ont affirmé avoir travaillé malgré des problèmes de santé. Enfin, 26 % des répondants songent à quitter leur emploi, un taux supérieur à celui observé dans l’enquête de 2022 de l’INSPQ (19 %).

Ces résultats témoignent de la situation alarmante des conditions de travail dans le secteur du soutien scolaire. Dans le contexte, il est particulièrement troublant que le gouvernement du Québec tente de soustraire le secteur de l’éducation de certaines dispositions de son projet de loi n° 101 (PL101), Loi visant l’amélioration de certaines lois du travail. Cette décision entrainerait une diminution de la protection en santé et sécurité au travail pour les employé-es de ce secteur par rapport aux autres travailleuses et travailleurs du Québec. La FEESP–CSN demande que le gouvernement de la CAQ recule et mette en œuvre les mécanismes de prévention en milieu de travail prévus au PL101 pour l’ensemble du secteur de l’éducation. La FEESP–CSN réclame aussi une intervention urgente du ministère de l’Éducation et des centres de services scolaires pour mettre en place des mesures concrètes visant à protéger la santé et la sécurité du personnel de soutien. Finalement, nous demandons que le gouvernement reconnaisse pleinement le rôle fondamental du personnel de soutien dans le système éducatif québécois

À propos

La Fédération des employées et employés de services publics représente près de 70 000 membres dans 425 syndicats, dont 36 000 travailleuses et travailleurs de soutien dans le réseau scolaire dans 37 syndicats regroupés au sein de notre Secteur soutien scolaire, ce qui fait de la FEESP–CSN l’organisation représentant la vaste majorité du personnel de soutien au Québec.

 

 

Le gouvernement ne met pas son énergie au bon endroit selon la population

Depuis que le gouvernement a indiqué son intention de diriger une nouvelle attaque aux droits des travailleuses et des travailleurs en s’ingérant dans la gestion des syndicats, nous disons qu’il tente de faire diversion. C’est ce que confirme le sondage SOM-La Presse de ce matin. Le gouvernement ne met pas son énergie au bon endroit selon la population. Elle s’attend à des actions fortes en santé, en logement et en éducation. Avec le peu de temps qu’il lui reste, c’est là-dessus que le gouvernement devrait se concentrer.

Le gouvernement conçoit la santé et la sécurité du travail comme un jeu auquel il peut tricher

La Semaine nationale de la santé et de la sécurité du travail de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) se déroule cette année sous le thème « La santé et la sécurité du travail, ce n’est pas un jeu ». « Malheureusement, le gouvernement Legault considère que c’est un jeu et on pourrait même dire qu’il y triche », déclare Caroline Senneville, présidente de la centrale syndicale.

En effet, tout juste après avoir imposé des comités paritaires en santé et sécurité du travail à l’ensemble des milieux de travail, ce que revendiquait le milieu syndical depuis des années, le ministre du Travail veut changer les règles du jeu avec son projet de loi 101. Le projet de loi renonce finalement à la mise en place de ces comités dans le réseau public de santé, de services sociaux et d’éducation, dont le personnel, faut-il le rappeler, est composé à plus de 75 % de femmes. « En agissant ainsi, le gouvernement Legault prévoit contourner sa propre loi et instaurer un régime sexiste et dangereux en santé et sécurité du travail pour ces centaines de milliers de travailleuses. Aux cartes, on appelle ça tricher », continue la présidente.

À l’occasion de cette semaine de sensibilisation, les syndicats affiliés à la CSN se mobiliseront partout au Québec afin de rappeler aux employeurs l’importance de la prévention. « Trop souvent, les problèmes vécus par les travailleuses et les travailleurs découlent d’une organisation déficiente du travail, d’un milieu de travail inadéquat ou d’un manque de considération des gestionnaires. Et depuis déjà trop longtemps, les gouvernements et les employeurs privilégient les économies à court terme en se concentrant sur le volet indemnisation, plutôt que de miser sur la prévention, pensant qu’il suffit de payer pour réparer les lésions professionnelles. Nous ne cesserons donc pas d’insister sur l’importance fondamentale des mécanismes de prévention. Et cela inclut le secteur public », conclut Madame Senneville.

 

La CSN fait front pour une réelle égalité

Des centaines de travailleuses et de travailleurs affiliés à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) provenant de toutes les régions convergent aujourd’hui vers Québec pour le grand rassemblement de la Marche mondiale des femmes (MMF).  

 « Il est évident que la CSN est présente à Québec. Car malheureusement, encore aujourd’hui, les inégalités entre les femmes et les hommes persistent et les acquis se voient de plus en plus remis en question. Mais nous ne cesserons pas de faire front », déclare la secrétaire générale de la CSN, Nathalie Arguin.  

Madame Arguin rappelle que les femmes demeurent plus pauvres que les hommes en 2025. « Le gouvernement Legault semble l’avoir oublié ou bien il ne s’en préoccupe pas, car plusieurs des décisions prises contribuent à accentuer l’écart entre les riches et les pauvres. Et quand on sait que l’écart salarial entre les femmes et les hommes diminue quand les femmes sont syndiquées, on mesure bien à quel point les attaques du gouvernement Legault envers les syndicats peuvent avoir des impacts concrets sur l’autonomie économique des femmes », continue-t-elle.

Autre décision qui affecte davantage les femmes : les abolitions de postes imposées à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, pour ne nommer que celles-là. « Ces compressions affecteront en premier lieu les femmes qui réclament l’équité salariale et celles victimes de violences. Et parlant de violence, quinze femmes ont été assassinées depuis le début de l’année. C’est horrifiant ! », enchaîne Mélanie Pelletier, vice-présidente à la condition féminine du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches, lequel est au cœur de l’organisation de ce grand rassemblement.  

Nathalie Arguin souligne que l’inaction de la CAQ devant la crise environnementale ajoute de l’huile sur le feu des inégalités. « Chaque été, ici, on voit les feux de forêt se multiplier. En ce moment, plusieurs réservoirs d’eau à travers la province sont à sec en raison du manque de précipitations. Avec l’accélération de ces catastrophes climatiques, ce sont majoritairement les femmes qui verront leur charge mentale et leur insécurité économique s’accroître, car ce sont elles qui, de manière générale, prennent soin de leurs proches », ajoute-t-elle.

En conclusion, Mélanie Pelletier rappelle que depuis plusieurs années, des groupes anti-choix se rassemblent devant des établissements de santé qui dispensent des services d’avortement ou bien devant l’Assemblée nationale pour dénoncer la liberté des femmes à disposer de leur corps. « Nous sommes présents à ces moments-là pour nous opposer à toutes ces tentatives de restreindre les droits des femmes. Aujourd’hui, nous marchons. Mais le combat contre les rétrogrades qui souhaitent voir les droits des femmes reculer est quotidien. Et la CSN le prend de front », termine la vice-présidente.  

Vers un autre projet de loi contre les travailleuses et les travailleurs

Le gouvernement Legault confirme son intention d’attaquer une fois de plus les droits des travailleuses et des travailleurs avec le dépôt prochain d’un projet de loi, notamment sur la question des cotisations syndicales. En ciblant des boucs émissaires comme les organisations syndicales et leurs membres, le gouvernement tente de faire oublier son bilan désastreux dans la gestion de l’État. La CSN a récemment lancé la campagne Faire front pour le Québec pour appeler à la mobilisation pour un Québec qui mise sur les travailleuses et les travailleurs, améliore nos services publics et passe à l’action face à la crise climatique.

« Ce gouvernement s’entête à s’attaquer aux droits des travailleuses et des travailleurs plutôt que de régler les problèmes qui préoccupent les gens. Il a échoué à freiner la crise du logement et à améliorer l’état de nos services publics. Il traine un bilan lamentable qu’il tente de faire oublier par tous les moyens. Ce qui demeure, c’est que des milliers de travailleuses et de travailleurs ont de la misère à joindre les deux bouts. Le gouvernement ne trouve rien de mieux que de s’attaquer aux organisations qui permettent d’améliorer leur sort et de veiller à la redistribution de la richesse dans notre société. Le gouvernement se préoccupe des cotisations syndicales, alors que son bilan en matière de gestion des investissements publics est désastreux : SAAQclic, Northvolt, troisième lien, autant d’exemples de gaspillage de fonds publics. Ce gouvernement n’a pas de leçon à donner à personne », Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Le procès d’Amazon se poursuit aujourd’hui

Quelles sont les véritables raisons qui ont mené Amazon à fermer ses sept entrepôts situés au Québec ? Sur la base de quelles analyses financières cette décision a-t-elle été prise, pourtant en pleine contradiction avec les plans d’expansion poursuivis par la multinationale américaine au cours des dernières années ?

C’est notamment à ces questions que devra répondre le président d’Amazon Canada Fulfillment Services (ACFS), Jasmin Begagic, dont le témoignage se poursuit aujourd’hui devant le Tribunal administratif du travail (TAT) dans le cadre de la poursuite intentée par la CSN.

Lors d’une première journée d’audience, le 26 septembre dernier, Jasmin Begagic avait répété à de nombreuses reprises qu’à titre de président d’ACFS, il n’était qu’un exécutant appelé à signer chèques et documents corporatifs qu’on lui demande de signer. Les avocates de la CSN tenteront aujourd’hui d’éclaircir les liens entre la multinationale Amazon et sa filiale canadienne afin de mieux comprendre les motifs ayant mené à la fermeture des entrepôts et à la perte de 4500 emplois.


Un « vaste subterfuge »

Pour la CSN, cette décision constitue un « vaste subterfuge » visant à se soustraire de ses obligations prévues à la loi et à éradiquer toute présence syndicale au sein de l’entreprise, soutient la centrale syndicale dans sa plainte déposée le 20 février dernier. « La multinationale ne cesse pas ses activités de vente en ligne sur le territoire. Elle choisit de réorganiser ses activités dans le but d’éluder ses obligations d’employeur en vertu du Code du travail », précise la requête déposée en vertu des articles 12, 13, 14 et 53 du Code du travail.

« Il est clair pour nous que la fermeture des entrepôts d’Amazon visait principalement à freiner la campagne de syndicalisation en cours et la conclusion d’une première convention collective en Amérique du Nord », affirme la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

« Illégale à plusieurs égards », la décision d’Amazon doit être infirmée par le tribunal, demande la CSN au nom de nombreux plaignants.

Puisque « les agissements d’Amazon s’attaquent à l’ordre juridique québécois [et] parce que cet employeur n’hésite pas à licencier des milliers de personnes afin de donner l’exemple », la CSN demande au tribunal d’ordonner la reprise des activités aux sept entrepôts visés par la plainte. Elle demande également que chaque employé-e reçoive plus d’un an de salaire en guise d’indemnité, en plus de dommages moraux et exemplaires.

La plainte fait valoir que la décision de fermer ses entrepôts québécois est en contradiction directe avec le plan d’affaires mis de l’avant par la multinationale au cours des dernières années. Les quatre derniers centres de livraison au Québec, dont l’entrepôt syndiqué DXT4 à Laval, n’ont été établis que depuis trois ans, rappelle la CSN, à l’image des investissements massifs de la compagnie dans la stratégie du « dernier mile ».

Ces entrepôts de proximité, nécessaires à la livraison en un jour, « ne constituent pas seulement la façon la plus rapide de livrer les produits aux consommateurs, mais aussi la façon la plus économique de le faire », déclarait en octobre dernier le PDG d’Amazon, Andrew Jassy, après avoir annoncé un an plus tôt son intention de doubler le nombre de stations capables de livrer les colis le jour même.

« Rien ne laissait présager qu’Amazon choisirait, à peine trois mois plus tard, de retourner à un modèle de livraison par des tiers », affirme la CSN dans sa requête. Pour la centrale syndicale, « Amazon n’hésite pas à avoir recours aux mesures les plus extrêmes et à sacrifier sa rentabilité afin d’éviter l’imposition d’une première convention collective », véritable objectif d’une décision aussi draconienne.


À propos

Le 19 avril dernier, la CSN déposait une requête auprès du TAT pour représenter les
230 salarié-es de l’entrepôt DXT4 d’Amazon, rue Ernest-Cormier à Laval. Au cours des semaines précédentes, un grand nombre de salarié-es avaient rallié leur syndicat. Le 10 mai, le TAT accréditait officiellement le syndicat, reconnaissant qu’une majorité d’employé-es y avaient adhéré.

La négociation en vue d’établir une première convention collective a débuté en juillet. Le 22 janvier dernier, Amazon annonçait son intention de fermer ses sept entrepôts au Québec et de céder l’ensemble de ses opérations à la sous-traitance. 

Rappelons qu’Amazon a été condamnée par le TAT pour ingérence et entraves antisyndicales à l’entrepôt YUL2 à Lachine et qu’elle subit présentement un procès du même type pour des actions similaires menées à l’entrepôt DXT4 de Laval.

Fondée en 1921, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) regroupe 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada.

Faire front pour le Québec

Malmené dans les sondages, le gouvernement Legault a fait son lit : il embrasse une vision conservatrice en pointant des coupables plutôt qu’en trouvant des solutions aux problèmes qui préoccupent la population.

Les citoyennes et les citoyens ont perdu confiance envers les troupes de François Legault. La crise du logement continue de faire rage et des milliers de travailleuses et de travailleurs ont du mal à joindre les deux bouts. L’attente est toujours aussi longue dans le réseau de la santé et des services sociaux et l’état des écoles fait trop souvent pitié. Que propose de faire le gouvernement ? Bruit de criquets. Il n’en a que pour ces boucs émissaires préférés, les personnes issues de l’immigration et les syndicats. La restriction du droit de grève n’était pas suffisante, la CAQ veut maintenant s’en prendre aux cotisations syndicales. La droite souffle fort et les droits des travailleuses et des travailleurs sont dans la mire.

La CSN n’entend pas rester silencieuse face à ces attaques. C’est pourquoi nous lançons la campagne Faire front pour le Québec. Nous entendons déjà les ténors de la CAQ en rajouter une couche en dénonçant le fait que nous serons visibles dans l’espace public pour défendre cette campagne, notamment avec de la publicité. Nous n’avons pas de leçon à recevoir quand on sait que la CAQ vient de mettre des centaines de milliers de dollars dans une campagne publicitaire télévisuelle qui vante ses mérites et qui s’attaque une fois de plus aux organisations syndicales.

Si le gouvernement ne propose rien de moins que de casser le modèle syndical, il faut croire que nous avons bien joué notre rôle dans les dernières années, soit mettre en lumière ses mauvaises décisions comme la privatisation du réseau de santé et de services sociaux et les compressions budgétaires dans les services publics. La CAQ n’a toujours pas digéré que des milliers de travailleuses et de travailleurs remportent des victoires syndicales majeures récemment, notamment celle, importante, du personnel du secteur public. La CAQ ne fait rien non plus pour les travailleurs et les travailleuses de bien des secteurs d’activité, notamment celui de la forêt. Face à la guerre commerciale que nous subissons, nous aurions tout intérêt à faire front pour une économie résiliente. Il faut croire que le gouvernement en entend autrement.

Disons-le clairement : ce que le gouvernement veut faire avec les organisations syndicales, c’est l’équivalent des poursuites-bâillons menées par des multinationales. À quelques mois de la fin de son mandat, le gouvernement veut faire plaisir aux grands patrons. Pendant qu’il attaque les travailleuses et les travailleurs et leurs syndicats, il n’a rien à proposer pour freiner les excès du patronat. Que propose le gouvernement pour serrer la vis aux patrons qui utilisent des briseurs de grève ? Rien. Que propose-t-il pour freiner les écarts de salaire entre les salarié-es et les grands dirigeants ? Rien non plus. Et quand agira-t-il pour baliser le lobby de certains milieux patronaux ? Visiblement jamais.

Ce gouvernement a fait son temps. Le Québec peut faire mieux. Le Québec doit faire mieux. Car le Québec de l’avenir doit donner les moyens aux travailleuses et aux travailleurs de bien vivre en plus de consolider les services publics et bâtir une économie verte qui crée des emplois durables. C’est pourquoi la CSN va faire front dans les prochaines semaines en invitant toute la population à participer au grand rassemblement qui se tiendra le 29 novembre prochain à Montréal.

 

Attaque de la CAQ: faire front

Depuis plusieurs mois déjà, le gouvernement de François Legault multiplie les attaques à l’endroit des travailleuses et des travailleurs : projet de loi 89, devenu la Loi 14, projet de loi 101, toujours à l’étude, et d’autres belles surprises à venir au menu législatif des prochains mois. Sous couvert d’une prétendue « modernisation du régime syndical », il prépare le terrain pour affaiblir les organisations qui, depuis des décennies, portent la voix des travailleuses et des travailleurs du Québec. Ses nouvelles cibles de prédilection : l’utilisation des cotisations syndicales et les règles démocratiques entourant le vote de grève. Cette obsession de vouloir limiter l’autonomie syndicale n’est rien d’autre qu’une tentative d’affaiblir le contre-pouvoir.

Or, au lieu de s’attaquer aux véritables enjeux qui préoccupent la population – la crise du logement, l’effritement des services publics, la précarisation des emplois, l’urgence climatique –, le premier ministre choisit la confrontation idéologique. Il dresse les syndicats en boucs émissaires, tout comme les personnes issues de l’immigration, dans l’espoir de détourner l’attention quant à ses propres échecs.

À droite toute !

Le remaniement ministériel effectué le 10 septembre dernier n’a fait que confirmer cette tendance. Ce coup de théâtre politique s’est avéré un véritable coup d’épée dans l’eau, en plus de démontrer un virage nettement plus marqué à droite sur l’échiquier politique.

La nomination à la présidence du Conseil du trésor de France-Élaine Duranceau, rebaptisée « Cruella » par le premier ministre lui-même, en dit d’ailleurs assez long sur ce « nouvel élan » que tente de donner M. Legault à son gouvernement en déroute. Ainsi, le mandat confié à Mme Duranceau sera d’opérer un « traite­ment choc » pour « faire le ménage » qui s’impose dans la fonction publique. En d’autres mots, c’est le retour à l’austérité dans tous les ministères.

 


À consulter


 

Quant aux autres priorités édictées par M. Legault, elles révèlent un gouvernement complètement déconnecté de la réalité des travailleuses et des travailleurs, tout autant que de la population en général. Alors que les familles peinent à se loger, que les hôpitaux débordent, que le coût de la vie explose et que les changements climatiques frappent de plein fouet nos communautés, voilà que le premier ministre brandit à nouveau les épouvantails de la laïcité et de la sécurité publique en tentant de faire porter l’odieux de son piètre bilan politique sur les plus vulnérables et les personnes issues de l’immigration. Pitoyable !

Dans ce contexte pour le moins préoccupant, la CSN ne restera pas les bras croisés. Cet automne, nous lançons une vaste campagne sous le thème « Faire front ». Parce que oui, il faudra faire front contre les attaques répétées envers les droits des travailleurs, contre l’inaction gouvernementale en matière d’environnement, mais il faudra aussi faire front pour préserver notre État social.

L’objectif de cette campagne est clair : amplifier l’influence de la CSN comme agent de changement social au Québec, en portant nos revendications dans l’espace public et dans l’arène politique. Nous voulons rappeler que les syndicats ne défendent pas seulement leurs membres : ils défendent un modèle de société plus juste et plus solidaire qui bénéficie à l’ensemble de la population.

Un premier grand rassemblement est déjà prévu le 29 novembre à Montréal, à la veille de l’entrée en vigueur de la Loi 14 qui vient brimer le droit de grève. C’est un rendez-vous incontournable auquel toutes les forces vives de notre société sont conviées pour manifester haut et fort notre ras-le-bol devant l’attitude méprisante et combien déconcertante du gouvernement actuel. Ce ras-le-bol, il nous faut le transformer en mouvement social puissant, porteur d’espoir et de changement.

Les prochains mois seront donc cruciaux en matière de mobilisation si nous souhaitons que notre message porte. Nous comptons donc sur le plus grand nombre à joindre le mouvement pour faire front, parce qu’on doit faire mieux pour le Québec !

Un métier pas ordinaire

Le Point syndical s’est entretenu avec Sabrina Tremblay, qui nous plonge au cœur d’une journée typique pour le personnel du centre de prévention.

Il est 7 h 45 quand Sabrina arrive au Centre de prévention du suicide de Québec. En parcourant Limoilou, elle a resserré son manteau autour d’elle, l’air frais de l’automne se fait de plus en plus sentir.

Certains de ses collègues s’occupent du service de clavardage en ligne. De l’autre côté du clavier, beaucoup d’hommes en haut de quarante ans. « Une tranche de la population qui parle moins facilement de ses émotions », explique l’intervenante.

Ceci expliquant peut-être cela, les hommes de 50 à 64 ans présentent le taux de suicide le plus élevé au Québec. De façon générale, les hommes se suicident trois fois plus que les femmes. Sabrina, elle, travaille au centre d’appels. Elle en recevra entre 10 et 20  dans la journée, mais heureusement, ils ne viendront pas tous d’un individu en crise. Souvent, au bout du fil se trouve une personne inquiète pour un membre de son entourage, quelqu’un qui vit un deuil ou encore des intervenants en quête de ressources.

Mais ce matin-là, pas le temps d’arriver tranquillement au bureau. Le premier appel de Sabrina est celui d’une personne avec des idées noires. Dans ces cas, le protocole est clair : d’abord, accueillir la crise, puis évaluer les besoins de la personne. « L’objectif est de la guider vers un retour à la normale, explique Sabrina. Ce n’est donc pas le moment de creuser les bobos de jeunesse. On n’ouvre pas de portes qu’on ne peut fermer. »

En pleine crise, quiconque peut être enclin à tout voir en noir. L’objectif principal de l’intervenante ou de l’intervenant est de démontrer que certaines choses ont encore du sens. On souligne alors les forces de la personne en détresse, sans toutefois invalider ses difficultés.

Le travail d’équipe est très courant dans la journée de Sabrina. Comme le cas qu’elle traite est lourd, elle a l’obligation de consulter son équipe et d’établir le plan de match avec elle. Si le personnel du centre n’est pas à l’abri de trauma par procuration ou de la fatigue de compassion, les interventions lourdes ne sont toutefois pas monnaie courante.

Le syndicat du Centre de prévention du suicide de Québec et sa vingtaine de membres a récemment grossi ses rangs avec les salarié-es de la fondation du même nom. Œuvrant davantage dans la formation du personnel du réseau public ou communautaire, ils se sont joints à leurs camarades pour contrer les décisions arbitraires de leur employeur.

Station de ski: les changements climatiques perturbent l’industrie

Les changements bousculent la réalité des stations de ski. Les saisons sont de plus en plus petites et la pluie empêche les salarié-es de travailler tout l’hiver. « Ça diminue la possibilité des membres de se qualifier pour l’assurance-emploi », affirme Michel Valiquette, trésorier à la Fédération du commerce–CSN.

Les entreprises doivent investir de plus en plus dans la technologie et dans la neige artificielle qui coûte très cher. « Autrefois, on ne voyait pas ça, des orages en plein hiver. Il faut maintenant se tenir prêt et assurer la sécurité de tous dans ce genre de situation », ajoute-t-il.

Les syndicats revoient en conséquence leurs priorités de négociation. Les enjeux de santé et de sécurité changent parce que les dangers sont différents. Au Massif de Charlevoix, le syndicat négocie actuellement de meilleurs équipements, une protection d’emploi accrue et des horaires qui maximisent le nombre d’heures offertes au personnel.

« Le Massif est une entreprise touristique. Les employé-es sont donc à la merci de la température et de l’achalandage. Comme il n’y a pas de garantie d’heures, plusieurs détenteurs de poste à temps plein finissent avec 20, 25 heures par semaine », souligne Annick Simard, présidente du syndicat du Massif Petite-Rivière-Saint-François.

Une industrie en transformation

Devant cette menace, plusieurs stations de ski cherchent à se renouveler en offrant des activités tout au long de l’année. Glissades d’eau, vélo de montagne et randonnée pédestre sont à l’honneur.

Cette optimisation permet aux salarié-es de travailler plusieurs mois par année. Parce que c’est une « job extraordinaire », selon le vice-président de la Fédération du commerce et membre du syndicat de la station Mont-Tremblant, Alexandre Filiatrault. « On travaille dehors, auprès de gens qui cherchent à se faire plaisir. Ça permet de rentabiliser notre passion du plein air. C’est une vie exceptionnelle ! »

Lutter contre la sous-traitance

D’un côté, l’intransigeance de la STM qui veut à tout prix ouvrir la porte à la sous-traitance doit être dénoncée. De l’autre, le sous-financement gouvernemental mêlé à un grand désintérêt de la CAQ mène le transport en commun dans un cul-de-sac. Au cœur des négociations, ce qui se joue, c’est la protection du transport collectif réellement public.

D’entrée de jeu, le syndicat savait que la négociation serait difficile. Le manque d’intérêt de la CAQ pour le transport collectif se sent à des milles à la ronde, alors que les préposé-es d’entretien vivent des moments tendus face à une vague de violence sans précédent dans le métro et les autobus.

La mobilisation devient un passage obligé pour faire avancer la négociation, mais rien n’est gagné d’avance. Des injonctions tombent et limitent la capacité des membres à se faire entendre sur les lieux de travail. Le syndicat ne reste pas les bras croisés et prépare la suite. En mai 2025, il organisait un grand rassemblement populaire pour exiger un transport public bien financé.

Devant le peu de mouvement à la table de négo, une première séquence de grève, qui marquera les esprits dans la métropole, s’est tenue du 9 au 17 juin 2025. Face à l’inflexibilité de la STM, une deuxième séquence de grève a débuté le 22 septembre suivant.

« Nous étions rendus à exercer la grève. Après plus d’un an de pourparlers et face à des reculs majeurs exigés par la STM, il fallait répliquer. Nous devions nous faire entendre et montrer à l’employeur à quel point les employé-es tiennent à avoir de bonnes conditions de travail pour continuer d’offrir des services de qualité », indique le président du syndicat, Bruno Jeannotte.

S’en prendre à la grève

Le débrayage est fortement critiqué : les médias et plusieurs élu-es s’en donnent à cœur joie. Pourtant, la grève est encadrée par les services essentiels et le niveau de services est entériné par le tribunal. Si le conflit de travail est un désagrément évident, il ne met pas en danger la santé ni la sécurité de la population.

« L’administration municipale et le gouvernement ont directement attaqué ce recours à la grève. Quand une négociation tourne en rond, quelle est l’alternative à la grève ? Quand ton employeur veut envoyer ta job au privé, c’est normal de débrayer. Ça dérange, c’est certain. Mais le rapport de force est nécessaire pour améliorer les conditions de travail. Le seul moment où l’on a entendu les caquistes se préoccuper du transport collectif, c’est lors des récentes grèves. Le reste du temps, il vit très bien avec le sous-financement qu’il impose », explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Sous-traitance, quand tu nous tiens

La STM veut transférer des emplois vers le privé. Pris dans un contexte budgétaire serré en raison du sous-financement gouvernemental, la société de transport veut économiser. Elle avait une belle occasion de donner l’exemple, mais elle a préféré augmenter de 6,5 % le salaire de sa PDG. À 474 000 $ par année, elle gagne plus que François Legault.

La STM se tourne donc vers la sous-traitance pour sauver des coûts. Pourtant, transférer des emplois vers le privé vient avec une facture plus élevée. Sans compter les risques de collusion et de corruption.

« Pour offrir à la population des services de qualité supérieure et relever le défi climatique, il est impératif de miser sur un personnel formé et stable. Notre mobilisation est le reflet de cette conviction profonde : nous nous battons pour l’avenir du transport collectif et pour de bonnes conditions de travail », explique le président du secteur transport à la FEESP–CSN, Kevin McLean.

Le gouvernement coupe les ailes à la classe étudiante

Les bonzes de la CAQ, le premier ministre en tête, répètent sur toutes les tribunes que ces coupes n’ont pas d’effet sur les services aux personnes étudiantes et que l’éducation est « LA » priorité des priorités. Alors, les sourcils des trois collègues se froncent, les regards s’assombrissent et les mots durs se bousculent : « C’est un mensonge éhonté, même pas subtil. C’est aussi simple que ça ! »

Le premier à s’indigner est Yves Hallé, président du Syndicat du personnel de soutien du Cégep de Lévis. Il devient intarissable tellement les exemples de bris de services se multiplient et tant la surcharge de travail s’intensifie pour les membres de son syndicat. Un exemple ? La veille de la rencontre avec Le Point syndical, le réseau informatique d’une salle de laboratoire s’est interrompu à deux reprises, compromettant les cours. Dans les faits, il manque un électricien depuis le mois de juin dernier dans ce collège vieillissant de la Rive-Sud de Québec. Il faut prendre les bouchées doubles ou se rabattre sur la sous-traitance plus onéreuse et moins rapide – parce que pas toujours disponible –, au lieu de pourvoir le poste. Même si les cégeps avaient l’autorisation d’embaucher, un électricien qui accepterait de travailler dans le réseau public à un salaire non concurrentiel, ça ne court pas les rues.

Aux services socioculturels du Cégep, les étudiantes et les étudiants se heurtaient à une porte close en début de trimestre. Plus personne ne répondait selon Marie-Anne Lehouillier, présidente du Syndicat des professionnel-les du Cégep de Lévis. Sans qu’elle soit remplacée, une première conseillère à la vie étudiante profitait en toute légitimité de son congé de maternité. Sa collègue a ensuite quitté, à son tour, pour une raison similaire. Un technicien s’est retrouvé à porter le service sur ses seules épaules. Ce travailleur a démissionné. Bris de service. Écriteau « FERMÉ » à la porte. Au mois d’août, les services socioculturels se sont retrouvés, en quelque sorte, décimés.

Autre aberration, au moment d’écrire ces lignes, les personnes étudiantes en situation de handicap devaient attendre plus d’un mois afin de fixer une date de première rencontre avec une conseillère ou un conseiller des services adaptés. Cette population étudiante augmente d’une année à l’autre à Lévis comme ailleurs au Québec (elles représentent près du tiers de la population étudiante du réseau collégial). L’équipe des services adaptés a beau être débordée, le plafond des heures rémunérées empêche l’embauche de ressources additionnelles. Ces spécialistes mettent pourtant en place d’indispensables plans d’intervention personnalisés pour favoriser la réussite éducative. Ces plans peuvent, notamment, prévoir du temps additionnel lors d’évaluations et planifier l’utilisation de logiciels spécialisés propres aux handicaps ou aux différentes limitations.

Les personnes conseillères des services adaptés sollicitent souvent l’appui d’autres spécialistes du collège comme des psychologues, eux aussi surchargés et victimes de la pénurie de main-d’œuvre. Quiconque travaille dans les cégeps constate que les troubles d’apprentissage, les troubles déficitaires de l’attention ou les troubles de santé mentale se multiplient pourtant au sein d’une population étudiante plus souffrante que jamais. Une première rencontre à la mi-octobre, c’est bien tard pour répondre aux besoins criants, sachant que les évaluations de mi-session arrivent vite.

Moins d’argent, plus d’inscriptions

On ne connaîtra le bilan financier de l’année en cours au Cégep de Lévis que dans quelques mois. Reste que les syndicats savent que le financement provenant du ministère de l’Enseignement supérieur a diminué de 2,4 millions de dollars au collège (excluant l’enveloppe « E » réservée aux salaires des personnes enseignantes). Il faut aussi considérer les effets du gel d’embauche chez le personnel de soutien et chez les professionnel-les. Enfin, chaque établissement doit respecter un maximum d’heures rémunérées. L’excédent d’heures effectué par les uns doit forcément être coupé chez les autres.

Ironiquement, ces coupes draconiennes surviennent au moment où la population étudiante explose. En effet, selon les syndicats, elles étaient 2993 personnes à étudier au Cégep de Lévis en septembre, l’année dernière. Durant l’actuelle rentrée, elles sont 3374, une augmentation de 11 %. Ce boom rafraichissant devrait encourager toute l’équipe à célébrer. Ce n’est pourtant pas l’enthousiasme partagé dans l’établissement. Notons que les budgets des collèges sont établis en fonction de la fréquentation de l’année précédente, non de l’année en cours.

Pour le corps professoral, l’impact s’avère moins direct, quoique bien réel. « Par exemple, les jeunes en situation de handicap, entassés dans nos classes, ont besoin d’endroits et de surveillance lorsqu’ils font leurs examens. Puisqu’il manque de place, en raison des moyens financiers qu’on n’a pas, on demande aux professeur-es d’évaluer les mêmes compétences en moins de temps, occasionnant un surcroit de travail », constate le président du Syndicat des professeur-es du collège d’enseignement général et professionnel de Lévis, Patrick Bourget.

Tout le personnel se serre les coudes afin d’éviter d’épuiser les collègues et de tuer la flamme. « Le plus difficile, c’est la pression que ça exerce. Si tu t’absentes, tu sais que c’est ta collègue qui va écoper », s’attriste Marie-Anne Lehouillier.

La nouvelle ministre Martine Biron doit changer de cap

Dans un contexte aussi précaire où les équipes sont à bout de souffle, changer la ministre de l’Enseignement supérieur sans changer de direction est assurément voué à l’échec.

Aucune larme n’a été versée dans le réseau lors du récent remaniement ministériel qui a provoqué la mutation de l’ancienne ministre Pascale Déry. Celle qui n’a jamais vraiment compris son rôle avait réussi à faire l’unanimité contre elle. La CSN a été la première à réclamer sa démission alors qu’elle n’a jamais su défendre son ministère à la table du Conseil des ministres, appliquant bêtement l’austérité caquiste. Plusieurs directions de collèges et même la fédération qui les représente ont déploré les « choix douloureux à venir » et les « compressions sans précédent » imposées aux cégeps. Pascale Déry a aussi excellé dans la microgestion, intervenant directement pour des motifs personnels dans le contenu de cours aux collèges Vanier et Dawson, déclenchant même une enquête aux résultats peu convaincants, au mépris de la liberté académique, si fondamentale au cégep et à l’université.

La nouvelle titulaire du portefeuille de l’Enseignement supérieur, Martine Biron, doit donc s’inscrire immédiatement en rupture avec celle qui l’a précédée afin de prioriser l’enseignement supérieur au Québec, au lieu d’en faire un simple slogan électoraliste. Le virage à 180 degrés doit se matérialiser concrètement par l’annulation des compressions de 151 millions qui minent la pérennité du réseau collégial. Le coup de barre doit permettre de lever la directive paralysante du gel d’embauche dans les établissements. La ministre Biron doit protéger le réseau collégial de l’ingérence politique en étendant aux collèges la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire. Surtout, elle doit parvenir à rétablir le lien de confiance brisé entre le réseau et le ministère.

Ces demandes formulées par les trois fédérations de l’éducation de la CSN, qui représentent la vaste majorité des travailleuses et des travailleurs du réseau collégial, trouvent écho chez les trois présidences du Cégep de Lévis. Si elles pouvaient rencontrer Martine Biron, elles lui demanderaient de sortir de sa tour. « Venez donc vous asseoir avec nous, venez jaser, puis arrêtez de voir les syndicats comme des opposants. Prenez-les comme des gens avec qui vous pouvez travailler, puis trouver des solutions. »

Du même souffle, les trois ne se bercent pas d’illusions. La ministre de l’Enseignement supérieur exécute les commandes du premier ministre Legault et de sa coalition qui se radicalise vers la droite. « La CAQ, ça sent le conservatisme et les restrictions budgétaires. Ça ne sent pas l’engouement, la vision ou le renouveau », tranche Patrick Bourget qui se sent malgré tout porté par les yeux allumés des jeunes qui suivent ses cours. « Moi, c’est pour eux que je travaille », conclut-il.

Petit guide de survie à un lock-out

Si l’on souhaite toujours une résolution rapide à un lock-out, il est possible qu’il dure des semaines ou des mois. Et contrairement à une grève, c’est davantage l’employeur qui a le contrôle quant au moment du retour au travail. Dans ce cas, mieux vaut moduler son énergie pour passer à travers le conflit, sur le long terme. Le syndicat du Zoo de Granby a donc minutieusement choisi où il mettait son énergie : au profit des besoins ponctuels de la table de négociation. Un nœud particulier à défaire ? Comptez sur les membres pour se faire entendre.

Entrevue avec la présidente du syndicat du Zoo de Granby, Camille De Rome.

Préparation d’un marathon

Chaque semaine de piquetage au zoo comptait en moyenne :

  • Deux journées de piquetage traditionnels. Comme la ligne devient un refuge, les membres doivent cultiver l’espace, se l’approprier et s’assurer qu’il permet de faire face aux intempéries météo, canicule comme blizzard.
  • Deux jours d’actions dérangeantes. Ces actions offrent la possibilité de rencontrer des gens et de gagner en visibilité. Pensez à une manifestation ou à une visite surprise chez un partenaire de l’employeur.
  • Deux journées où l’on prévoit des activités ludiques. Parfaites pour favoriser la santé relationnelle des membres, elles contribuent à relâcher la pression. Cours de yoga sur la ligne de piquetage, randonnée, cuisine collective, jeux de société, tous les moyens sont bons pour maintenir de forts liens de solidarité.

Pour survivre à cette véritable guerre psychologique contre l’employeur, il faut travailler sa résilience. Camille conseille de se concentrer sur le court terme et de mettre l’accent sur les petites victoires. C’est le moment d’entretenir des liens de confiance avec les camarades et avec le comité de négociation. Pour la présidente, le meilleur moyen de gagner du contrôle sur son quotidien a été de devenir responsable de la mobilisation. Parce que si les contemplations anxieuses de l’avenir peuvent devenir toxiques, avoir les deux mains sur le volant de l’action est un remède à toute épreuve.