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Confusion et inquiétudes autour du déménagement du CUSM sur le site Glen

Manque de formation, directives contradictoires, informations incomplètes et improvisation : voilà le contexte dans lequel se déroulera sous peu le déménagement du personnel et des patients du Centre universitaire de santé McGill dans le nouvel hôpital situé sur le site Glen, selon les élu-es du plus grand syndicat du CUSM.

Lors d’une manifestation qui s’est tenue devant l’Hôpital Royal Victoria, aujourd’hui à midi, le président du Syndicat des employé-es du CUSM-CSN, Paul Thomas, a demandé une collaboration plus étroite entre les différents paliers d’administration de cet important établissement de la communauté anglophone afin d’assurer une transition harmonieuse. La première étape s’effectuera le 26 avril.

« Il faut qu’on réussisse, a commenté monsieur Thomas. Toutefois, on s’est aperçu que la haute administration nous transmet des messages différents de ceux qu’on reçoit des autres paliers d’administration. Nous sommes continuellement bombardés par des informations contradictoires et incomplètes. »

Le président du syndicat, qui représente quelque 5000 travailleuses et travailleurs au sein du CUSM, donne comme exemple les horaires de travail, qui sont constamment modifiés. Il dénonce les superviseurs qui leur disent « qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent avec leurs horaires, et cela, malgré des ententes négociées ».

Le transport des aliments est un autre problème épineux, soutient la secrétaire générale du SECUSM-CSN, Mary Ann Davis. Actuellement, le plan consiste à transporter par camion des repas de l’Hôpital général de Montréal vers l’Institut et hôpital neurologiques (qui demeure dans son édifice actuel). Mais les employés-es attendent toujours une formation pour utiliser adéquatement les nouveaux équipements avec lesquels ils devront dorénavant travailler. En plus, les cuisines perdront un cuisinier, même si l’on anticipe un accroissement de la demande.

« Les membres du personnel des cuisines vivent une grande anxiété, les gens sont de plus en plus inquiets par rapport à l’avenir », a affirmé Mary Ann Davis.

Les employé-es de bureau, pour leur part, n’ont toujours pas reçu de directives claires pour l’organisation du travail sur le nouveau site. Les patients sont frustrés devant l’incapacité des travailleurs à répondre aux nombreuses questions qui leur sont posées.

« À quel étage trouve-t-on le département de radiographie? Où sont les équipements? Où trouve-t-on le photocopieur? Telles sont les questions de base auxquelles les salarié-es ne peuvent pas répondre. Ils ne savent même pas avec quel médecin ils travailleront », déplore madame Davis.

Paul Thomas observe que « la majorité du personnel a déjà reçu des informations générales sur le nouveau complexe du CUSM, mais qu’il reste néanmoins plusieurs questions cruciales auxquelles les gestionnaires de département n’ont toujours pas répondu. Il y en a qui ne se sont toujours pas engagés dans le processus. Mais il faut que nous sachions comment ça fonctionnera avant qu’il ne soit trop tard. Les enjeux sont trop importants ! »

 

Un profond problème de gouvernance, croit la CSN

Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), les dérapages budgétaires, le gaspillage de fonds publics et la mauvaise gestion au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) s’expliquent principalement par la culture du secret en vigueur dans l’établissement et par des pratiques de gestion désuètes.

« La nomination d’un “accompagnateur” nous semble malheureusement un passage obligé, réagit le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Il y a toutefois un risque réel que le retour accéléré à l’équilibre budgétaire se fasse sur le dos du personnel de l’établissement. Nous le mettons en garde : des compressions supplémentaires dans les services à la population, qu’il s’agisse de soins médicaux comme de l’entretien des bâtiments, seraient d’autant plus scandaleuses qu’on sait fort bien que les problèmes financiers du CUSM sont dus à de mauvaises décisions de gestion et à du gaspillage ».

De son côté, le président du Syndicat des employé-es du CUSM (CSN) représentant quelque 5000 travailleuses et travailleurs de l’établissement, tient à souligner qu’aucun des membres de son syndicat ne perd son temps ! Au contraire les employé-es du CUSM comme pour la plupart des établissements du réseau sont à bout de souffle. Les quelque 800 000 heures de travail non budgétées dont fait état le rapport Baron sont d’abord et avant tout la conséquence d’une gestion déficiente et opaque. « Un des problèmes les plus importants au CUSM c’est l’absence totale de leadership de la direction tant en ce qui a trait à la gestion des opérations au quotidien qu’aux relations de travail et à l’organisation du travail, explique Paul Thomas. Combien de fois nous sommes intervenus, comme syndicat, pour dénoncer cette culture du secret en vigueur au CUSM ? Ce qui est révélé aujourd’hui, nous l’appréhendions depuis longtemps ». Le syndicat veut bien croire qu’on fera enfin un véritable ménage et qu’on assurera plus de transparence, mais il ne partage pas l’optimisme du ministre Réjean Hébert : l’équipe de gestionnaire reste sensiblement la même, particulièrement aux finances où les responsables ayant fermé les yeux sur ces dérapages sont encore les mêmes.

Le vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Guy Laurion estime que ce projet en partenariat public-privé est une catastrophe annoncée. « N’oublions pas que ceux qui ont négocié le contrat et piloté la réalisation du nouveau CUSM en PPP sont les mêmes personnes qui sont responsables des dérapages qu’on constate aujourd’hui. Les PPP, ce sont des contrats secrets qui prévoient qu’une partie des fonds publics vont à la colonne des profits du partenaire privé. Il faut mettre fin immédiatement à ces aventures et clarifier dès maintenant la teneur de tous les projets en PPP dans le réseau de la santé et des services sociaux. Ce n’est qu’une démonstration supplémentaire, aujourd’hui, que le public peut faire mieux et à moindre de coût que le privé parce que le public dispose de toute l’expertise et qu’il est essentiel de la conserver, parce qu’il peut se financer sur les marchés à un coût moindre que le secteur privé et enfin parce que le secteur public n’a pas à dégager en plus une marge de profits. Quant au mythe de la prétendue « meilleure gestion » par le privé, j’espère qu’on ne l’entendra plus après un tel échec ! »

Des pistes de solutions

Au fil des ans, le syndicat a proposé plusieurs changements qui permettraient au CUSM d’améliorer ses pratiques. Malheureusement, la direction de l’établissement fait la sourde oreille. Par exemple, le syndicat réclame depuis longtemps :

• Une gestion plus transparente des activités quotidiennes. Actuellement, les audiences du conseil d’administration se tiennent à huis clos et les syndicats n’y ont aucune place. Le syndicat souhaite que le CUSM agissent de façon proactive afin que ces séances soient ouvertes au public à l’avenir.

• Que tous les contrats en PPP soient rendus publics avant qu’il ne soit trop tard pour éviter des catastrophes financières. En outre le syndicat du CUSM réclame des mécanismes d’échange d’information avec la direction du CUSM : avec plus d’acteurs bien informés pour surveiller les processus, on pourra davantage détecter les risques de dérapages avant qu’ils ne se produisent. Plusieurs années après la conclusion du premier contrat en partenariat public-privé, le syndicat se voit toujours refusé l’accès aux contrats tenus secrets et il n’obtient pas plus de réponse à ses questions. Ainsi, les signataires des contrats sont les seuls au Québec à savoir exactement quels services seront offerts à l’interne, lesquels seront privatisés et où ils seront localisés. Tout ce que le syndicat est en mesure de constater c’est que les locaux nécessaires pour offrir plusieurs de ces services auxiliaires et administratifs ne sont pas prévus aux plans du nouvel hôpital. Si ceux-ci devaient être privatisés, cela aurait un impact encore plus important sur le déficit de l’établissement, mais on ne peut pas le savoir…

• Une meilleure planification des ressources humaines est primordiale. Il faut que la direction assume davantage de leadership. Non seulement l’établissement ne veut pas associer le syndicat à des travaux d’organisation du travail mais les problèmes s’accumulent comme en témoignent quelque 3000 griefs toujours en litige. De plus, le syndicat considère qu’il y a trop de cadres au CUSM et que cela alourdit inutilement les processus. Enfin, le syndicat n’a toujours pas de réponse à savoir comment le CUSM compte redéployer les services administratifs compte tenu qu’il n’y a pas de place pour les accueillir dans le nouvel établissement.

• Le rapatriement à l’interne des services alimentaires. Les coûts liés au contrat avec la firme Sodexo sont plus élevés que dans tous les autres établissements montréalais, surtout ceux où les services alimentaires sont assurés à l’interne. Cela sans parler de l’amélioration que cela entraînerait pour la qualité et la salubrité des aliments.

• La recherche de solutions publiques en ce qui a trait à l’approvisionnement. Privatiser ces services ouvrirait la voie à d’autres dérapages semblables.

• La modernisation du système informatique de gestion des ressources humaines, qui date, au minimum, de la fin des années 80. La vétusté du système fait en sorte qu’on peut douter fortement de l’exactitude des données et cela cause certainement des erreurs. Le syndicat a d’ailleurs été témoin de plusieurs exemples de problèmes évidents avec ce système. Le syndicat et le CUSM ont même convenu d’une lettre d’entente sur ce sujet, en 2007, mais les résultats concrets ne sont toujours pas palpables. Dans plusieurs services du super hôpital universitaire les horaires sont encore écrit à la main !

Consulter le rapport de Michel Baron, mandaté par le MSSS pour examiner les finances du CUSM.