Les gens vivent plus vieux grâce à nous

C’est ce que croit fermement Cécile Simba Vembo, auxiliaire en santé et services sociaux (ASSS) depuis 15 ans au CLSC Saint-Laurent à Montréal.

« Je suis la seule personne significative dans la vie de gens qui n’ont pas de famille. Ceux-ci me connaissent et me font confiance. Ils se sentent accompagnés. Les services qu’offrent les ASSS leur permettent de rester dans leur milieu de vie. Dans un environnement connu, leur santé se maintient, mais si on les déplace dans un nouveau milieu, souvent, leur condition se dégrade, beaucoup dépérissent et meurent plus tôt.

Nous sommes bien plus que des « donneuses de bain ». On peut, par exemple, déceler des signes de changement dans l’état de santé de la personne. Mais surtout, au-delà des services qu’on donne, on offre du soutien à des gens qui ont du vécu, qui ont contribué à la société et qui maintenant ont besoin d’aide. Le métier d’ASSS, c’est quelque part leur montrer la reconnaissance qu’on a pour eux. C’est un devoir envers nos aîné-es, envers la société. C’est un métier noble. On change la vie des gens.

On donne aussi du temps et du soutien aux proches aidants qui sont souvent isolés et en détresse. Des membres de la famille nous remercient, parfois je sors de là avec les larmes aux yeux. On est en contact avec le cœur des gens. C’est un métier profondément humain. Malheureusement, de plus en plus, on veut nous ôter ça en calculant le temps alloué pour chaque service. Mais les gens ne sont pas des numéros !

J’apprends chaque jour que nous devons profiter du temps que l’on a ensemble, car on ne sait pas ce qu’il peut arriver demain. Quand on est jeune et en santé, on oublie que la maladie peut frapper tout le monde. Il ne faut rien tenir pour acquis, et surtout, il faut apprécier l’énergie que nous avons et l’utiliser pour aider les autres.

Mon souhait le plus ardent, c’est que ce métier soit mieux connu et reconnu. »

La CSN contre la privatisation

Sur le point de commencer, le rassemblement est l’aboutissement de plusieurs mois de travail dans un seul objectif : faire une démonstration de force contre la privatisation en santé.

Jeux de lumière, musique, c’est parti ! La comédienne engagée Eve Landry assure l’animation de l’événement et cède rapidement la parole à Caroline Senneville, présidente de la confédération. Cette dernière met la table, avec la foule rassemblée aujourd’hui, il sera difficile pour le gouvernement d’ignorer le message que porte la CSN : Pas de profit sur la maladie !

De la programmation de l’événement au réel défi logistique que représente la distribution de plusieurs milliers de repas, tout est rodé au quart de tour. Plus d’une centaine de salarié-es de la CSN contribuent au service d’ordre. La salle, habillée aux couleurs de la campagne, est en montage depuis trois jours.

« Je trouve ça sensationnel de pouvoir remplir un aréna de cette façon, ça me fait penser aux images du Front commun dans les années 1970 », explique avec enthousiasme un travailleur rencontré pendant l’événement.

« Enfin, les gens commencent à se réveiller. Quand on a créé le régime d’assurance maladie, c’était le fruit d’un mouvement populaire. C’est pas le gouvernement qui nous l’a donné, on est allés le chercher. On doit le préserver ! », ajoute une travailleuse.

L’événement mêle les performances musicales de la rappeuse Sarahmée et du groupe Valaire ainsi que l’humour de Christian Vanasse aux conférences de la chercheuse Anne Plourde et de la Dre Elise Girouard-Chantal de Médecins Québécois pour un régime public (MQRP). Dans la deuxième moitié de l’événement, les leaders de Québec solidaire et du Parti québécois s’adressent également à la foule. Gabriel Nadeau-Dubois et Paul St-Pierre-Plamondon s’engagent à protéger le réseau public de la santé et des services sociaux.

 

Un plan d’urgence

David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN et responsable du dossier santé, clôt l’événement en lançant un défi au gouvernement : d’ici le 1er mai, ce dernier doit mettre en œuvre un plan d’urgence pour régler la crise d’accès aux soins de santé.

Tout d’abord, la CSN demande au ministre de la Santé de freiner l’exode des médecins vers le secteur privé, une fois pour toutes. Pour y arriver, le ministre pourrait tout simplement signer un arrêté ministériel lors du prochain conseil des ministres.

La CSN demande aussi au gouvernement de cesser d’octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif dès maintenant. Pour la centrale, rien ne justifie la propagation d’entreprises dont le seul objectif est de profiter de la maladie des gens.

Finalement, la CSN invite aussi le gouvernement à instaurer un moratoire sur tous les types de privatisation du travail et des tâches présentement accomplies au public. On parle d’agences de placement, de buanderies, de l’entretien des bâtiments, du transport de patients, etc.

L’objectif de ce plan est de faire reculer le privé en santé à court terme sans mettre de côté les revendications historiques de la CSN, comme des CLSC en tant que véritable structure de première ligne.

Et à quoi le gouvernement peut-il s’attendre s’il refuse de mettre en place le plan proposé ? Les militantes et les militants feront ce qu’ils font de mieux : faire monter la pression. Une chose est certaine, la journée internationale des travailleuses et des travailleurs de 2025 sera chaude !

Ils attendent que le gouvernement se déniaise

Ces salarié-es proviennent d’orga­nis­mes gouvernementaux, de services de garde éducatifs, de la santé et de la sécurité du public. S’ils ont leurs enjeux propres, ils sont pris dans des négociations qui s’étirent en longueur face à un gouvernement qui n’est pas pressé de régler. Dans certains cas, la convention collective est échue depuis plus d’un an et demi.

 

Blocages

Malgré leur bonne volonté, ces personnes font face à des blocages, autant du côté des employeurs que du gouvernement. Souvent, les employeurs disent devoir obtenir les mandats du gouvernement. S’ensuivent des retards et une déconnexion par rapport aux enjeux vécus sur le terrain par les membres. « On a parfois l’impression que l’employeur est réceptif, mais quand ses représentants reviennent vers nous, les positions changent. C’est toujours difficile de comprendre d’où vient le blocage », explique Éliane Bouchard-Genesse, présidente du Syndicat général des employé-es de Télé-Québec–CSN.

Amaili Jetté, présidente du Regroupement Les sages-femmes du Québec, déplore : « Les sages-femmes ne se sentent pas appuyées par le gouvernement quand elles voient à quel point la négociation traîne. » La mise sur pied de Santé Québec chamboule aussi leur négociation, ce qui risque de prolonger les choses et de créer bien de l’incertitude pour elles.

 

Et les services écopent

Pendant que l’on peine à s’entendre, les problèmes sociaux s’accumulent. Des milliers de familles attendent une place dans un CPE ou dans un milieu familial régi et subventionné. Les temps d’attente des ambulances continuent de préoccuper la population. L’accès à la justice reste ardu pour bien des personnes en situation précaire.

Parlez-en à Chantal Racicot, représentante du secteur des Responsables de service de garde éducatif en milieu familial (RSGE) de la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN. « Bien des services de garde éducatifs en milieu familial ont fermé ces dernières années. Nous, on propose des solutions afin de maintenir les services aux familles. À la table, le ministère de la Famille nous dit qu’il faut faire plus avec moins. On n’a pas eu le choix d’aller se chercher un mandat de moyens de pression. »

« Dans tous ces secteurs qui négocient, il faut améliorer les conditions de travail et les salaires pour assurer le personnel nécessaire afin de donner les services à la population. Ce n’est pas qu’une question de négociation, c’est aussi une question de société », rappelle François Enault, 1er vice-président de la CSN.

Le nouveau mantra gouvernemental

Le gouvernement brouille les cartes en voulant imposer de la flexibilité aux syndicats. Dans une récente déclaration publique, Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, laisse entendre que les récentes augmentations salariales obtenues par le Front commun l’ont été en échange de contreparties sur la flexibilité. Ce terme, martelé par le gouvernement depuis des mois, est au cœur de son exercice de relations publiques pour faire mal paraître les syndicats.

Le gouvernement tient tellement à la flexi­bi­lité qu’il choisit de ne pas respecter les clauses de parité (clauses remorque) de plusieurs conventions collectives. « Notre première convention négociée inclut une clause remorque qui ne souffre pas d’interprétation. Le Conseil du trésor a fait partie des échanges lors de la négociation. Cette clause a été acceptée et maintenant, on nous exige des concessions », explique Éric Guay, président du Syndicat des enseignantes et enseignants de l’ITHQ–CSN.

La situation pose aussi problème au Parc olympique, où les sept syndicats de la CSN négocient à une seule table. Ceux-ci ont obtenu, en juillet dernier, une entente sur les clauses normatives, soit les conditions de travail. « Nos négociations devaient être relancées sur l’aspect financier afin d’obtenir les mêmes gains que le secteur public, mais le gouvernement nous demande de rétropédaler pour renégocier sur le normatif », s’étonne Yanick Martineau, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de métiers et de services de la RIO–CSN.

Comme le dit Éliane Bouchard-Genesse de Télé-Québec, « les travailleuses et les travailleurs doivent toujours faire plus avec moins. De la flexibilité, ils n’en manquent pas, mais on leur demande d’en avoir encore plus en ce qui concerne leurs conditions de travail. »

Le grand retour de l’austérité

«Il faut s’en tenir aux dépenses vraiment nécessaires » en procédant à des « analyses chirurgicales ». « Il n’y a aucune com­mande de réduction budgétaire », juste des « gestionnaires qui se sont aperçus qu’ils étaient en dépassement de budget. » Tel est le discours tenu tout l’été par les ministres de la CAQ, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, en tête.

Le dernier budget, déposé il y a six mois à peine, prévoyait tout un chapitre sur « l’optimisation de l’action de l’État et l’examen des dépenses gouvernementales » assorti de prévisions couvrant à peine l’augmentation des besoins. Déjà, la CSN notait que ce budget mettrait à mal les services publics, le gouvernement ayant choisi de se priver de plus de 2 milliards $ l’année précédente en offrant des baisses d’impôt qui ont surtout profité aux mieux nantis.

Or, loin des tapis feutrés de l’Assemblée nationale et des salles de presse, les conséquences de l’austérité frappent déjà. Depuis la fin de l’été, on découvre chaque jour une nouvelle coupe ou une nouvelle politique de restrictions dans nos services publics.

Le 24 octobre, Sonia LeBel a annoncé un gel de recrutement dans les ministères et dans plusieurs sociétés d’État, dont les services correctionnels et les organismes gouvernementaux. Dans les réseaux publics de la santé et des services sociaux, de l’éducation et de l’enseignement supérieur, cette politique vise le personnel administratif.

Dans les écoles primaires et secondaires, 400 millions $ ont été retranchés cette année du budget d’entretien, et ce, dans un contexte où de nombreux établissements nécessitent des travaux importants. Les programmes de francisation ont aussi subi le couperet gouvernemental, certains centres n’acceptant plus d’inscriptions cet automne.

Dans les cégeps, nombre de projets de rénovation et d’agrandissement ont été mis en suspens. La situation est si alarmante que les présidentes et les présidents des conseils d’administration des cégeps ont publié une lettre ouverte conjointe le 19 novembre pour exprimer leur inquiétude sur la mission même des cégeps, qui est en péril.

En novembre, la nouvelle PDG de Santé Québec tenait une tournée médiatique pour expliquer la toute première mission que lui a confiée le gouvernement : couper plus de 1,5 milliard $ cette année !

En Abitibi-Témiscamingue, le chat était sorti du sac en septembre lors du conseil d’administration du CISSS. La réunion aurait dû se dérouler à huis clos, mais des jour­nalistes ont pu y assister par erreur. Les coupes à venir ont été évoquées ainsi que la possible révision des services dans la région. Le déficit atteindrait 110 millions $. Officiellement, les gestionnaires se veulent rassurants : les soins et les services à la population seront préservés…

Le président du Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec–CSN, Félix-Antoine Lafleur, en doute. « La population active de la région, c’est environ 100 000 personnes. Ça fait 1000 $ par personne de déficit. Comment croire qu’il n’y aura pas d’impact ? »

Parmi les pistes de solution proposées par le syndicat, notons la fin du recours aux agences privées de placement de personnel. Le CISSS a payé 145 millions $ à ces agences l’an dernier, soit 27 % de plus que l’année précédente. C’est plus que le déficit au complet !

 

Recruter, dans le public

Les syndiqué-es du réseau public demandent d’ailleurs depuis longtemps que cesse l’utilisation de ces agences privées pour investir plutôt dans le réseau public. Et ce n’est pas qu’une question de bonne gestion financière : ça concerne aussi la qualité des soins et des services à la population. À cet effet, les employé-es des CHSLD, en nombre insuffisant et déjà essoufflés, constatent que la qualité de vie des résidentes et des résidents se dégrade. Les employé-es d’agence peuvent être compétents, néanmoins, ils sont dépêchés pour de très courtes périodes dans les établissements. L’époque où le personnel des CHSLD pouvait créer de vrais liens humains avec les bénéficiaires est décidément révolue.

 

4000 en moins

Pour réduire son déficit, le CISSS a retranché 4000 heures de soins par mois au CHSLD Pie-XII, à Rouyn-Noranda. C’est intenable pour les employé-es, qui peinent à assurer aux aîné-es dans ces milieux de vie les soins dont ils ont besoin. Le 17 octobre, après avoir proposé d’autres solutions aux gestionnaires, le syndicat local affilié à la CSN, la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN et le conseil central ont dénoncé cette mauvaise décision et ont alerté la population de la région sur les répercussions de l’austérité caquiste.

 

Des coupes partout

Cette nouvelle période d’austérité se confirme à une vitesse folle en santé et dans les services sociaux. Au CHUM, 26 postes de préposé-es aux bénéficiaires et 7 postes d’agentes administratives ont été supprimés. D’autres coupes et des postes non remplacés ont aussi été dévoilés dans les médias depuis, notamment au CISSS de Laval et au CIUSSS du Centre-Sud de l’Île-de-Montréal. On doit s’attendre à ce que pas mal tous les établissements procèdent éventuellement à de telles annonces, qui découlent directement des choix politiques de la CAQ.

Quand la CSN se mobilise, c’est tout le Québec qui gagne !

Nous étions près de 4000 personnes des quatre coins du Québec à avoir convergé à Trois-Rivières le 23 novembre dernier. Alors que nous tournons à peine la page sur ce rassemblement historique, les émotions que nous y avons vécues collectivement demeurent vives.

Ce n’est pas tous les jours que le mouvement CSN, toutes régions et tous secteurs d’activité confondus, se mobilise pour tirer la sonnette d’alarme afin de protéger et de défendre notre réseau public de santé et de services sociaux. Ce réseau qui, à coup de réformes plus centralisatrices les unes que les autres, continue d’être mis à mal depuis plus de 20 ans, au détriment des soins à la population.

La dernière réforme en lice, opé­rée par le ministre de la Santé, Christian Dubé, est l’abou­­tissement de cette logique selon laquelle la fusion des établissements au sein d’une seule et même agence, comme c’est prévu le 1er décembre, inversera la tendance pour améliorer l’accès aux soins.

Le tout, bien sûr, en misant sur la généreuse participation d’un concurrent direct du réseau public toujours plus féroce et impitoyable : le privé.

 

Le loup dans la bergerie

Soyons clairs – même paré de ses plus beaux atours et camouflé derrière une carte-soleil, le privé en santé demeurera toujours un obstacle direct à la préservation et au renforcement de notre réseau public. C’est vrai sur le plan de l’accessibilité aux soins, c’est vrai sur le plan des coûts des services, mais c’est surtout vrai pour ce qu’on a de plus précieux dans notre réseau public : les personnes qui y travaillent.

Nous devons à tout prix stopper cette hémorragie et freiner cet inquiétant exode vers le privé. Face à notre mobilisation des dernières semaines et à notre coup de force du 23 novembre, le ministre a commencé à bouger. Mais le combat est loin d’être terminé pour sauver notre réseau, surtout à l’aune des récentes annonces à saveur d’austérité qui touchent directement le personnel du réseau.

 

Une austérité qui ne dit pas son nom

D’ailleurs, difficile de ne pas froncer les sourcils lorsqu’on entend un autre ministre, celui des Finances du Québec, Eric Girard, dire que l’austérité n’est pas de retour au Québec alors qu’il présentait, il y a quelques jours à peine, sa mise à jour économique.

Le ministre a beau arguer que les dépenses de l’État sont en croissance et que sa gestion des deniers publics demeure rigoureuse et responsable, les annonces visant à « optimiser les dépenses gouvernementales » confirment que nous sommes au début d’un nouveau cycle d’austérité.

Gel d’embauche de personnel administratif en éducation, dans les organismes gouvernementaux, la santé et les services sociaux, coupes en francisation, frein aux projets d’infrastructures et compressions dans les cégeps : la recette du gouvernement Legault s’apparente dangereusement à celle de l’ancien premier ministre, Philippe Couillard. Et on en connaît les conséquences…

 

La montée inquiétante du conservatisme populiste

Face à cette menace à peine voilée s’ajoute celle de la montée du conservatisme et du populisme consacrée par l’élection de Donald Trump à la tête de la Maison-Blanche. De ce côté-ci de la frontière, nous ne sommes pas en reste, avec un Pierre Poilievre donné favori dans les sondages.

Certes, des nuances s’imposent pour distinguer les deux hommes, mais un retour à une ère politique conservatrice, sous fond de tensions sociales et de polarisation à outrance, n’augure rien de bon pour le mouvement syndical et les centaines de milliers de membres que nous représentons.

Dans les circonstances, il faudra nous retrousser les manches et continuer à lutter, car finalement – on vient d’en faire l’éloquente démonstration – quand la CSN se mobilise, c’est tout le Québec qui gagne !

Le profit à tout prix cause les bris de service

Les bris de service dans le transport scolaire au Québec ont atteint des sommets ces dernières années, révèle une étude de l’IRIS dévoilée en septembre. La pénurie de personnel et les conflits de travail y sont pour quelque chose.

En 2024, 30 syndicats dans le transport scolaire se sont dotés d’un mandat de grève, sur 32 négociations dans le secteur. Parmi les 30 syndicats, 19 ont exercé la grève. Ce sont 200 bris par jour qui ont été enregistrés en moyenne en 2022-2023 et 137 en 2023-2024, touchant respectivement quelque 8000 et 5500 élèves.

 

Le profit avant les enfants

À l’automne 2022, le gouvernement a allongé 130 millions afin, entre autres, de bonifier les salaires du secteur. En ne rattachant aucune somme à cet objectif, il a laissé le champ libre aux transporteurs pour accroître leurs profits. Dès les premières négociations, les membres de la CSN ont fait face à des employeurs qui ne voulaient pas partager cet argent.

 

Les grands transporteurs au cœur du problème

Le fonctionnement même de Transco, de Transdev ou de Sogesco, trois gros joueurs qui contrôlent en partie le secteur au Québec, va à l’encontre de l’intérêt public. Deloitte, qui n’est pas un allié naturel des syndicats, estime qu’un rendement moyen de 8 % avant impôt est tout à fait raisonnable dans ce secteur. Or, Sogesco, qui possède une trentaine de filiales au Québec, affiche un rendement moyen de 15,5 % de 2014 à 2023, soit près du double. Pour arriver à cette forte rentabilité, cet employeur offre les pires conditions salariales. Résultat : Sogesco est la championne des conflits de travail et des bris de service, le tout financé à 100 % par de l’argent public, sans aucun risque pour elle.

 

La gestion publique : un contrepoison ?

En 2011, le Vérificateur général du Québec estimait que 10 entreprises contrôlaient 35 % du transport scolaire. Cette concentration atteint maintenant 40 % du marché et inquiète l’IRIS.

Alors que moins de 1 % du transport sco­laire est sous gestion publique au Québec, dans le reste du Canada, il est bien souvent public, en tout ou en partie. Pour contrer la concentration de l’industrie et lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, l’État québécois devrait augmenter la proportion de véhicules scolaires qu’il gère.

À cet égard, un projet pilote de transport scolaire public mené par le Centre de services scolaire des Affluents, dans Lanaudière, a permis de réduire de 95 % les bris de service entre les années scolaires 2022-2023 et 2023-2024. Selon l’IRIS, cette piste de solution serait prometteuse pour garantir le service aux parents et à leurs enfants.

Le prix Pierre-Vadeboncoeur est remis aux chercheures Julia Posca et Anne Plourde

Le jury du prix Pierre-Vadeboncoeur a décerné le prix de l’édition 2024 à deux chercheures, mesdames Julia Posca et Anne Plourde, qui abordent dans leurs essais des questions qui sont en phase avec les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs de même que les risques courus par le régime public en santé.

Créé en 2011 et décerné par la Confédération des syndicats nationaux (CSN), ce prix est doté d’une bourse de 5000 $, une somme que chacune des autrices recevra. La centrale syndicale québécoise a voulu ainsi rendre hommage à Pierre Vadeboncoeur, qui y a milité durant 25 ans et qui est considéré comme l’un des plus importants essayistes québécois. Les lauréates reçoivent leurs prix à l’occasion du Conseil confédéral qui se réunira à Rivière-du-Loup le 4 décembre. C’est la secrétaire générale Nathalie Arguin qui remettra les prix aux lauréates. Le conseil rassemble environ 200 délégué-es des fédérations et des conseils centraux affiliés à la CSN

Ce prix souligne la qualité d’un essai produit par une autrice ou un auteur québécois et édité par une maison d’édition québécoise. Une quinzaine de maisons ont soumis plus d’une cinquantaine d’essais cette année.

Le jury, composé de l’ex-présidente de la CSN Claudette Carbonneau, de Catherine Ladouceur, professeure de littérature française au Cégep de Sherbrooke et de Dahlia Namian, professeure à l’Université d’Ottawa et lauréate de l’édition 2023, a voulu de la sorte récompenser les autrices dont les œuvres se révèleront très utiles pour l’action syndicale et la défense du modèle québécois en santé.

Dans son essai Travailler moins ne suffit pas, madame Julia Posca soulève avec une grande clarté un ensemble de questions touchant le monde du travail : temps supplémentaire, cumul d’emplois, conciliation travail-famille. Elle pose finalement le constat suivant : il ne suffit pas de travailler moins pour retrouver un équilibre de vie. C’est, en quelque sorte, toute l’organisation du travail qui est remise en cause.

De son côté, madame Anne Plourde, dans son essai Santé inc., déconstruit de façon magistrale tous les mythes sur lesquels on construit l’idée que le privé, même à titre complémentaire, serait une option acceptable pour offrir des soins à la population. Il est urgent, à son avis, de déprivatiser le système de santé. La CSN a justement lancé cet automne une vaste campagne de mobilisation sur le thème Pas de profit sur la maladie. Plusieurs milliers de militantes et de militants se sont d’ailleurs réunis à Trois-Rivières pour appuyer ce mouvement.

Ces deux essais ont été publiés chez Écosociété.

Une mention spéciale a été accordée à Ordures ! Journal d’un vidangeur, de Simon Paré-Poupart paru chez Lux éditeur.

Depuis sa création, le prix Pierre-Vadeboncoeur a été décerné à huit essais écrits par des autrices et à sept essais écrits par des auteurs.

Fusion des accréditations annulée en santé et services sociaux – Une bonne nouvelle pour le réseau et son personnel

La CSN se réjouit de l’annonce de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, indiquant que le gouvernement renonce à la fusion des accréditations dans le réseau de la santé et des services sociaux et qu’il reverra la Loi sur le régime de négociation des conventions collectives dans le secteur public et parapublic (loi 37). « Il s’agit d’une excellente nouvelle d’abord pour les travailleuses et les travailleurs du réseau et pour le mouvement syndical en général », note d’entrée de jeu la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Alors que Santé Québec vient centraliser l’ensemble du réseau sur le plan administratif, les structures syndicales existantes, elles, demeureront intactes. « L’arrivée de l’employeur unique, jumelée à d’importantes compressions budgétaires, n’augure rien de bon. La fusion des accréditations qui était prévue dans le projet de loi no 15 aurait créé encore plus d’instabilité dans un réseau déjà fragilisé. Pour une fois, le gouvernement a résisté à la volonté d’aller vers davantage de centralisation et nous nous en réjouissons. »

Depuis l’annonce de la réforme Dubé, la CSN a multiplié les démarches afin de limiter les impacts de cette énième transformation du réseau sur les travailleuses et les travailleurs et sur la centrale. « Nous sommes heureux d’avoir été entendus, le gouvernement a fait le bon choix. »

 

Révision de la loi 37

Réclamée depuis longtemps par la CSN, la décision du gouvernement de revoir la loi 37 constitue aussi une bonne nouvelle, puisque le régime actuel prive les organisations syndicales de leur droit à négocier certaines matières. « La CSN est déjà aux premières loges pour prendre part aux échanges afin d’améliorer la loi. Nous contribuerons avec enthousiasme aux débats, mais resterons vigilants; les travailleuses et les travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux et du réseau de l’éducation pourront compter sur nous pour faire les représentations nécessaires afin de veiller à leurs intérêts », précise Mme Senneville.

Quand protégerons-nous vraiment les travailleuses et les travailleurs québécois ?

Le gouvernement de la CAQ a fait adopter une importante réforme en santé et sécurité du travail en 2021. Cette réforme prévoyait un délai ferme se terminant le 6 octobre 2024 afin que la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) adopte un règlement sur les mécanismes de prévention et de participation pour mieux protéger les travailleuses et les travailleurs et améliorer le bilan lésionnel. Rappelons que ce bilan est loin de s’améliorer, d’où la nécessité de ces mécanismes.

Également au cœur des travaux, des changements à la gouvernance de la CNESST dans l’objectif de répondre aux critiques soulevées à plusieurs reprises par le Vérificateur général du Québec[1]. Celui-ci révélait que la CNESST ne joue pas son rôle d’agent de changement dans l’actualisation du régime de santé, ce qui impose un retard en matière de prévention des risques et des dangers dans les milieux de travail au Québec.

Les modifications apportées à cette gouvernance ont permis au conseil d’administration paritaire de la CNESST, composé de sept membres patronaux et de sept membres syndicaux, d’infléchir cette tendance en ce qui a trait à son rôle comme agent de changement. Ainsi, le 19 septembre 2024, le conseil d’administration de la CNESST a adopté à l’unanimité la version finale du Règlement sur les mécanismes de prévention et de participation en établissement, et ce, dans le délai qui lui était imparti par la loi.

Or, depuis plus de deux mois, à notre grande surprise vu le consensus obtenu, nous attendons que le Conseil des ministres entérine ce règlement.

Que se passe-t-il ? La CNESST s’est engagée dans de vastes travaux afin d’améliorer la santé et la sécurité du travail de façon concrète. En ce sens, un règlement a été adopté unanimement par les acteurs représentatifs du domaine du travail qui avaient été nommés par le gouvernement. Pour nous, la mission est accomplie. Nous nous expliquons mal cette attente, puisque nous considérons que la protection des travailleuses et des travailleurs a déjà assez attendu.

 

[1]   Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2015-2016, mai 2015, Vérification de l’optimisation des ressources Printemps 2015, chapitre 4 ; Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2019-2020, mai 2019, Rapport du commissaire au développement durable, chapitre 3

Les membres du syndicat des professeur-es enseignants de l’UQAM affiliés à la CSN se dotent d’un mandat de grève à 86 %

Une centaine de membres du Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l’UQAM (SPPEUQAM–CSN), réunis en assemblée générale lundi après-midi, ont adopté à 86 % une proposition mandatant leur comité exécutif de déclencher des séquences de grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée, et ce, en tenant compte de la conjoncture de la négociation. Le syndicat dont les membres donnent près de 60 % des cours à l’UQAM peut déclencher la grève à compter du 22 décembre.

Le comité de négociation a expliqué aux membres que les pourparlers stagnent sur les principales revendications en rapport avec les conditions d’enseignement en ligne. Ces revendications portent sur la reconnaissance et la rémunération du travail additionnel qu’exige l’adaptation des cours virtuels ; l’établissement de balises pour le développement de ces cours afin qu’ils ne se fassent pas au détriment des cours en présence et l’assurance que les groupes-cours demeurent à taille humaine. La direction souhaite plutôt pérenniser les pouvoirs qu’elle s’est arrogés durant la pandémie alors que les chargé-es de cours étaient contraints d’enseigner en visioconférence, en refusant maintenant d’en négocier les conditions de travail.

Les deux parties vont se rencontrer à trois reprises d’ici le moment où le syndicat va acquérir le droit de grève. « Avec un vote qui s’élève à 86 %, les membres ont envoyé un message fort et nous espérons que la partie patronale va le comprendre et va arriver à la table de négociation avec de nouvelles avancées pour dénouer l’impasse », a affirmé le président du syndicat, Olivier Aubry.

L’ensemble des syndicats membres de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), réunis la semaine dernière en conseil fédéral, a donné son appui aux chargé-es de cours de l’UQAM. « Ils peuvent compter sur leurs collègues de tous les collèges, cégeps et universités du Québec », a soutenu le président de la FNEEQ–CSN, Benoit Lacoursière, présent à l’assemblée générale.

« Les membres du syndicat ont bien raison de se doter de ce mandat de grève. Les revendications qu’elles et ils portent sont déterminantes pour l’avenir. Nous sommes solidaires de leur lutte à 100% », ajoute Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN).

Un enjeu qui dépasse l’UQAM

« Le SPPEUQAM–CSN négocie sur un enjeu unique qui touche l’ensemble de la profession d’enseignantes, d’enseignants et de professeur-es. La CSN estime que les demandes du syndicat sont justes et raisonnables. Ce n’est pas parce qu’une activité se passe en ligne que les règles normales et des conditions de travail adéquates devraient cesser de s’appliquer », affirme Caroline Senneville, présidente de la CSN. Cette dernière espère que la nouvelle chancelière de l’UQAM, Pauline Marois, saura voir en cette négociation l’occasion de tracer la voie qui servira à mettre la technologie au service de l’humain et non l’inverse.

À propos

Fondée en 1921, la CSN est la première grande centrale syndicale québécoise et elle compte près de 80 000 membres dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur qui sont répartis dans trois fédérations.

 La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) parle au nom de 80 % des chargé-es de cours des universités québécoises (11 000 membres). Elle regroupe quelque 35 000 membres dans 46 cégeps, 43 établissements privés et 12 universités.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le vrai changement demande du courage politique

Dès la naissance de Santé Québec, sa PDG, Geneviève Biron, prend bien soin de diminuer les attentes. Ce n’est pas demain, dit-elle, que les patientes et les patients verront un changement concret dans leur capacité à obtenir les soins et les services dont ils ont besoin.

Cela ne doit pas nous étonner. Des rebrassages de structures en santé et services sociaux, on en vit chaque fois qu’un nouveau gouvernement est élu depuis 25 ans. Fusionner les services et centraliser les décisions n’a rien d’une idée neuve. On nous dira qu’on ne perd rien à essayer… Pourtant, les travailleuses et les travailleurs du réseau qui subissent sans cesse ces réformes n’ont vu qu’une détérioration de la situation. D’autant plus que ces réformes, tout comme celle menant à la création de Santé Québec, étaient accompagnées d’une commande politique néfaste d’austérité. Ils attendent encore un vrai changement.

Ce vrai changement, c’est de miser à 100 % sur notre réseau public une bonne fois pour toutes et de fermer pour de bon la porte à la privatisation. Depuis 25 ans, nos gouvernements n’ont cessé de privatiser le réseau au point où le Québec est aujourd’hui l’endroit au Canada où le privé joue le plus grand rôle dans le système. Est-ce que cela a amélioré la situation ? Bref, si le privé faisait partie de la solution, on le saurait !

Au contraire, ce qu’on est forcés de constater, c’est que les gens ont de moins en moins accès aux soins et aux services requis par leur état de santé. Loin d’être complémentaire au public, le privé s’érige en concurrent du réseau public et en vampirise les ressources. Au bout du compte, même si de plus en plus de services offerts au privé sont couverts par l’assurance maladie, cela nous coûte collectivement très cher. Pensons aux agences privées de placement de personnel qui exigent un profit chaque fois qu’un établissement fait appel à elles pour pallier les problèmes de main-d’œuvre… des problèmes créés précisément par ces agences qui s’arrachent ce personnel.

Pour nous, la seule manière de changer les choses pour toutes les Québécoises et tous les Québécois est de revaloriser d’urgence le réseau public. À cet effet, nous proposons trois mesures qui permettront de stopper la privatisation en cours :

  • Mettre fin à l’exode des médecins vers le secteur privé ;
  • Cesser d’octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif ;
  • Décréter un moratoire sur tous les projets de privatisation du travail et des tâches effectués par le personnel du réseau public.

Ces mesures peuvent être mises en place très rapidement. Tout ce dont le gouvernement a besoin, c’est de courage politique.

Drame inacceptable à l’établissement de détention de Sorel-Tracy: le SAPSCQ-CSN, la FEESP-CSN et la CSN témoignent leur soutien et exigent des actions immédiates

À la lumière de l’agression violente survenue à l’établissement de détention de Sorel-Tracy, Mathieu Lavoie, pour le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ-CSN), Stéphanie Gratton, 1ère vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN) et Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) tiennent à exprimer leur solidarité envers l’agent blessé, ses collègues et ses proches, tout en dénonçant vigoureusement l’inaction qui a menée à cette tragédie.

« C’est avec une grande colère que nous avons appris que l’un de nos membres a été sauvagement agressé, a déclaré Mathieu Lavoie, président du SAPSCQ-CSN. Nos pensées vont d’abord à lui, à ses proches, et à ses collègues qui subissent les répercussions de cet événement bouleversant. Personne ne devrait avoir à affronter une telle violence dans le cadre de son travail. »

M. Lavoie a rappelé que ce drame met en lumière une réalité dénoncée par le syndicat depuis des années : « Le manque flagrant de personnel dans nos établissements est une bombe à retardement. À plusieurs reprises, nous avons averti les gens concernés que cette situation critique mènerait à des accidents incidents. Malheureusement, aujourd’hui cela s’est produit. »

Il a également souligné l’urgence d’agir pour assurer la sécurité des agents correctionnels : « Nous exigeons que le gouvernement comble les postes vacants et mette fin à cette surcharge insupportable. Il faut aussi fournir des ressources adaptées pour gérer les crises et soutenir les agents qui subissent des traumatismes au quotidien. La santé psychologique, tout comme la sécurité physique, doit être une priorité. Nous sommes à 100 % aux côtés de notre collègue blessé. Il ne traversera pas cette épreuve seul. »

Stéphanie Gratton, 1ère vice-présidente de la FEESP-CSN, a ajouté : « C’est avec une immense tristesse et beaucoup d’empathie que nous témoignons notre solidarité envers cet agent correctionnel qui a vécu l’horreur au travail. Nous souhaitons de tout cœur qu’il se rétablisse rapidement et qu’il ait accès à toutes les ressources nécessaires pour surmonter ce traumatisme. »

Mme Gratton a dénoncé l’inaction prolongée du ministère de la Sécurité publique : « Cela fait trop longtemps que cette situation perdure dans nos établissements correctionnels provinciaux. L’inaction est honteuse, et ce drame illustre de manière brutale les conséquences de leur immobilisme. Nous exigeons des actions immédiates et concrètes pour garantir la sécurité des membres et éviter d’autres tragédies. »

Caroline Senneville, présidente de la CSN, a également exprimé son soutien et insisté sur les enjeux plus larges de la violence en milieu de travail : « Je suis profondément émue et bouleversée par ce drame. À cet agent blessé, à ses proches et à ses collègues, je veux témoigner de tout mon soutien et leur dire qu’ils ne sont pas seuls dans cette épreuve. »

Mme Senneville a rappelé l’urgence d’une mobilisation collective : « Aucun travailleur ne devrait craindre pour sa vie en se rendant au travail. La violence sous toutes ses formes est inacceptable dans une société qui aspire à la justice et à l’équité. La CSN renouvelle son engagement à se battre pour la sécurité et la dignité de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs. Nous sommes solidaires et déterminés à faire en sorte que personne n’ait à revivre un tel drame. »

N.B. Les organisations syndicales ne commenteront pas sur les détails de la situation ou sur l’état de santé de l’agent correctionnel.

 

Santé Québec: un chaos annoncé

À quelques jours du 1er décembre, date à laquelle Santé Québec deviendra l’employeur unique des salarié-es du réseau public de la santé et des services sociaux, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) constate que la naissance de l’agence de gestion s’accompagne d’un nuage d’incertitude, d’improvisation… et de coupes budgétaires imposées par le gouvernement.

« Il n’y a personne, que ce soit parmi le personnel, les organismes communautaires, les chercheurs ou les représentants des patients, qui croit vraiment que cette réforme-là va améliorer les services ou le réseau », explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Les Québécoises et les Québécois non plus ne le pensent pas, en grande majorité. Cette réforme, comme celles qui l’ont précédée, c’est plus de centralisation et plus de privatisation. La CAQ ne fait que répéter les erreurs du passé. »

De plus, le tout se déroule alors que le gouvernement impose une cure d’austérité aux soins de santé et aux services sociaux. Sans aucune transparence, des objectifs de coupes totalisant au moins 1,5 milliard $ ont déjà été identifiés.

Comme les autres réformes hyper centralisatrices imposées ces 20 dernières années, celle-ci s’accompagne d’une ronde de compressions budgétaires, avec pour conséquence assurée un secteur public encore plus mal en point. Par le fait même, le privé poursuivra son essor pour occuper l’espace laissé vacant par le secteur public.

Centralisation, privatisation, austérité… voilà les ingrédients d’un vieux remède maintes fois servi au réseau public et n’ayant jamais amélioré son état !

 

Des choix politiques de la CAQ

Dès lundi, Santé Québec devra jongler avec les nombreux cadeaux empoisonnés que lui lègue le gouvernement. Des commandes d’austérité aux retards de paiements de l’équité salariale en passant par le gel d’embauche, c’est bien le gouvernement de la CAQ qui a fait tous ces choix politiques. Pour la CSN, agence ou pas, le gouvernement devra répondre de ses choix.

« Depuis que le ministre a annoncé sa réforme centralisatrice, nous avons soulevé les problèmes qui nous attendent et nous avons des pistes de solutions. Or, le ministre fonce sans nous écouter et sans nous parler, déplore le président de la Fédération de la santé et des services sociaux, Réjean Leclerc. Présentement, Santé Québec nage dans l’improvisation complète et l’employeur n’a pas de réponse à nos questions. Il y a 350 000 personnes qui se demandent ce qui va changer ou pas pour elles à compter de lundi et elles n’ont aucune réponse. Leurs gestionnaires eux-mêmes n’en savent souvent rien. C’est inadmissible. »

 

Responsabilité gouvernementale

« Le gouvernement joue un jeu dangereux », renchérit la vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Jessica Goldschleger. « Notre réseau public de la santé et des services sociaux n’est pas un jouet qu’on peut s’amuser à démolir et à rebâtir. Les conséquences de cette improvisation peuvent être désastreuses, non seulement sur le plan financier, mais également sur le plan humain. Le gouvernement aura beau tenter de refiler la responsabilité de cet échec aux dirigeants de Santé Québec, le personnel du réseau et la population québécoise ne sont pas dupes. Nous savons très bien que c’est lui qui en est véritablement responsable. »

 

Pour un réseau vraiment public

Rappelons que la CSN propose un plan d’urgence pour stopper l’hémorragie vers le privé :

  • en mettant fin à l’exode des médecins vers le secteur privé ;
  • en cessant d’octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif ;
  • en décrétant un moratoire sur tous les projets de privatisation du travail et des tâches effectués par le personnel du réseau public.

« À la CSN, nous continuerons de travailler sans relâche pour assurer des emplois et des services de qualité dans le secteur public », conclut Caroline Senneville. « Pour nous, c’est très clair : Pas de profit sur la maladie ! »

 

À propos

Fondée en 1921, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) regroupe 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada. En santé et services sociaux, la CSN, c’est plus de 125 000 travailleuses et travailleurs de toutes les catégories de personnel réunis au sein de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et de la Fédération des professionnèles (FP–CSN)

 

L’entente du Front commun a permis de diminuer l’écart de rémunération

Les données présentées par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) confirment que le règlement conclu entre le Front commun et le gouvernement a permis de réduire l’écart salarial et l’écart de la rémunération globale entre les travailleuses et les travailleurs des services publics et les autres salariés du Québec.

« Grâce à la lutte des 420 000 travailleuses et travailleurs réunis en Front commun, l’écart de rémunération a globalement diminué, et ce, malgré différentes ententes survenues dans d’autres secteurs sur lesquels se basent les comparatifs de l’ISQ. C’est un pas dans la bonne direction, mais nous avons encore du chemin à parcourir! », de faire valoir les porte-parole du Front commun, François Enault, 1er vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ, et Robert Comeau, président de l’APTS.

« Nous l’avons dit dès le départ, si cette entente n’est pas parfaite, elle constitue tout de même une base solide pour amorcer un rattrapage avec les autres secteurs. Si les écarts de rémunération diminuent, c’est bon pour l’attractivité de nos réseaux, mais encore faut-il pouvoir retenir les travailleuses et les travailleurs! Les membres nous ont clairement indiqué qu’il reste beaucoup de travail à faire sur les conditions de travail et d’exercice dans nos réseaux publics. On doit continuer la lutte et on peut y travailler sans attendre la prochaine convention collective. Ce n’est certainement pas avec des gels d’embauches et le non-renouvellement des contrats temporaires qu’on permet aux effectifs de reprendre leur souffle. »

Sur le plan de la rémunération globale (qui tient compte à la fois des salaires, des avantages sociaux de la semaine normale de travail et des congés), le retard des travailleuses et des travailleurs des services publics comparativement aux autres salariés du Québec est de 2,1 %. Le retard des salaires est quant à lui de 11,4 % comparativement à 16,6 % en 2023.

L’enquête de l’ISQ démontre par ailleurs, de manière indirecte, que le gouvernement peine à conserver les travailleuses et les travailleurs d’expérience. En effet, lorsqu’on compare le taux de progression, on constate que la force vive du secteur public se retrouve plus bas dans les échelles salariales, ce qui traduit une main-d’œuvre moins expérimentée par rapport aux autres secteurs.

Les chiffres mis de l’avant par l’ISQ concernent l’ensemble des salariés québécois. Ainsi, on constate que les travailleuses et les travailleurs des services publics accusent du retard avec l’administration municipale (28,2 %), les entreprises publiques (11,9 %) et l’administration fédérale (12,2 %). Chez les ouvriers spécialisés (menuisiers, électriciens, plombiers et autres), le retard est passé de 32,6 % à 24,4 %.

En bref

  • Retard salarial avec les autres salariés québécois : 11,4 %;
  • Retard de rémunération globale avec les autres salariés québécois : 2,1 %;
  • Pourcentage de femmes parmi les membres représentés par le Front commun : 78 %.

Rappelons que le Front commun a négocié une convention collective qui prévoyait des augmentations de 6 % rétroactives au 1er avril 2023 et de 2,8 % en 2024. Pour les trois dernières années de la convention, les augmentations prévues sont de 8,6 % et sont bonifiées par une clause de protection du pouvoir d’achat pouvant aller jusqu’à 1 % de plus par année.

À propos du Front commun

Ensemble, la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur.

Mobilisation des syndicats de l’enseignement contre l’austérité caquiste

Les personnes déléguées syndicales de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) manifestent dans les rues du centre-ville de Montréal ce midi pour dénoncer l’austérité caquiste qui est imposée aux réseaux de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Le cortège de quelque deux cents personnes en provenance des quatre coins de la province demande au gouvernement de changer de cap afin d’assurer la pérennité d’une formation de qualité pour la population québécoise jeune et moins jeune. Les manifestantes et manifestants portent d’ailleurs le carré bleu, symbole d’opposition aux compressions et de soutien à celles et ceux qui tiennent les réseaux à bout de bras.

« L’austérité – parce qu’il faut bien la nommer – frappe partout actuellement. Quand on gèle les embauches, quand on stoppe des projets d’infrastructures alors que des bâtiments tombent en ruines, quand on cesse d’acheter des livres et quand on refuse des inscriptions faute d’espace ou de laboratoires, c’est de l’austérité qui évoque, hélas, les années Couillard », rappelle Benoît Lacoursière, président de la FNEEQ–CSN.

Le vrai coût des baisses d’impôt
Maintenant que le gouvernement écrit son budget à l’encre rouge, comme le confirme la dernière mise à jour économique, il impose une révision majeure des programmes destinés à répondre vraiment aux besoins de la population.

« Lorsque le gouvernement Legault a accordé plus de trois milliards de dollars en chèques-cadeaux aux contribuables avant les élections, il a caché l’impact dévastateur de cette mesure fiscale sur les services publics, qui profitent pourtant grandement à ce même électorat. Lorsqu’il fait des choix politiques douteux, comme dépenser plus d’un milliard dans l’entreprise étrangère Northvolt, ou qu’il s’engage dans un “irréversible” troisième lien Québec/Lévis scientifiquement et financièrement irresponsable, ce sont de très importantes sommes d’argent qui échappent à nos écoles, nos cégeps et nos universités », analyse Benoît Lacoursière.     

Ces décisions de la CAQ paraissent insensées et incohérentes dans un contexte de vétusté des bâtiments, de pénurie de ressources et de croissance de la population étudiante. En effet, faut-il rappeler l’avis de la Vérificatrice générale du Québec déplorant que les deux tiers des bâtiments des cégeps soient en mauvais état ? Faut-il marteler l’importance de bien intégrer les nouvelles et nouveaux arrivantes, alors que le gouvernement ferme les classes de francisation ? Faut-il expliquer qu’un établissement d’enseignement ne peut remplir son mandat sans les personnels de soutien et professionnel ?

« Au plus bas dans les sondages, ce gouvernement a perdu toute crédibilité, conclut Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN). D’ici la fin de son mandat, il doit s’assurer que les deniers de l’État financent les services publics et non les intérêts d’une clique fortunée qui n’a que faire du bien-être collectif. »

À propos

Fondée en 1969, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) parle au nom de 85 % des profs de cégep et de 80 % du personnel chargé de cours des universités québécoises. Elle regroupe quelque 40 000 membres dans 46 cégeps, 47 établissements privés et 12 universités. Elle est l’organisation syndicale la plus représentative de l’enseignement supérieur au Québec et constitue l’une des huit fédérations affiliées à la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

Le Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN) regroupe plus de 100 000 membres issus de tous les secteurs d’activité, répartis au sein de quelque 400 syndicats à Montréal, à Laval, à Eeyou Istchee Baie James et au Nunavik. 

L’Outaouais a besoin de services de santé publics financés adéquatement

Avec la mise en place de Santé Québec le 1er décembre 2024, la nouvelle Coalition solidarité Outaouais lève le drapeau rouge face aux coupes annoncées de 90 millions de dollars dans la santé en Outaouais, laissant la porte grande ouverte à une privatisation accrue de notre système de santé et une perte de gouvernance démocratique au profit d’une hypercentralisation. L’Outaouais a assez souffert : il faut des services de santé résolument publics et financés adéquatement.

À propos
La Coalition solidarité Outaouais rassemble des organisations de la société civile, dont des syndicats et organismes communautaires autonomes, qui souhaitent promouvoir la solidarité, la justice, l’équité et le bien commun en Outaouais.

« Sous-financement, privatisation et centralisation : la même vieille recette qui a conduit aux problèmes d’accessibilité et de qualité des services de santé en Outaouais. Pour répondre aux besoins urbains et ruraux dans la région, il faut un réinvestissement public, mais aussi redonner une voix aux citoyennes et citoyens et au personnel soignant », déclare Mathieu Charbonneau, directeur d’Action santé Outaouais.

« Les coupes annoncées pour l’Outaouais ne nous inspirent pas confiance étant donné le sous-financement chronique et l’état lamentable du système de santé dans notre région. Les dernières années furent marquées par des ruptures et des quasi ruptures de services en obstétrique, dans les urgences et en imagerie médicale. Il est impossible de couper dans le financement public sans affecter l’accessibilité aux services et les conditions de travail du personnel », explique Geneviève Tremblay-Racette, coordonnatrice de la Table ronde des organismes volontaires d’éducation populaire de l’Outaouais.

« La CAQ vient-elle de donner les clés au loup pour ouvrir les portes de la bergerie? Quelles assurances pouvons-nous avoir que les « tops guns » du privé ne détruiront pas notre réseau de la santé de l’intérieur? C’est pourquoi le 23 novembre dernier à Trois-Riivières, plus de 4 000 militantes et militants de la CSN et ses allié-es ont dénoncé avec force la privatisation croissante du réseau de la santé, exigeant du gouvernement qu’il freine l’exode des médecins vers le privé, cesse d’octroyer des permis aux cliniques à but lucratif et impose un moratoire sur la sous-traitance, sous peine d’intensifier la pression avant le 1er mai 2025.», déclare Alfonso Ibarra Ramirez, président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Outaouais–CSN.

« Les nouvelles conventions collectives sont encore toutes chaudes et pourtant le gouvernement, en imposant des coupes drastiques de 90 millions d’ici le mois de mars en Outaouais, sabre dans ses propres demandes pour l’accessibilité aux services, notamment en santé mentale, en refusant le rehaussement à 37.5 heures par semaine. Le CISSSO y va même en tentant de sabrer dans les ententes de rehaussement déjà conclues. C’est la clientèle vulnérable qui n’aura pas l’accès escompté. Nous constatons l’incohérence du gouvernement », conclut Guylaine Laroche, présidente de l’APTS Outaouais.

Nouvelle vague de coupes pour l’Outaouais, qui souffre d’un sous-financement de 200 millions de dollars : Il est impossible de couper dans le financement public de la santé sans affecter l’accessibilité et la qualité des services de santé et les conditions de travail du personnel. Face à cette austérité, l’Outaouais sera doublement perdante : depuis des décennies, le sous-financement a conduit à une dégradation du système de santé en Outaouais et à un exode des professionnel-les de la santé vers la province voisine. Le gouvernement du Québec doit réinvestir et améliorer les conditions de travail.

Aller de l’avant avec la privatisation de la santé et de ses effets néfastes dans notre région : Payer les soins de santé avec une carte de crédit ou une assurance privée ; des cliniques et des services contrôlés par des actionnaires : c’est ça la privatisation de la santé. Le privé en santé est moins efficace, plus couteux et inéquitable. La privatisation détourne des ressources et du personnel du système public. Pendant ce temps, l’accessibilité aux services diminue et les listes d’attente s’allongent en Outaouais.

Des décisions qui s’éloignent des besoins particuliers de l’Outaouais : Avec Santé Québec, le gouvernement centralise la gestion de la santé et fait reculer la gouvernance régionale et démocratique de la santé. Comment répondre aux besoins particuliers de l’Outaouais et garantir une voix au personnel soignant dans la gestion des services alors que Santé Québec deviendra l’unique employeur du système de santé?

Mont-Tremblant: grève confirmée dans les services municipaux le 25 novembre

Le syndicat représentant les cols blancs, les cols bleus et les employé-es des installations sportives a multiplié les efforts pour parvenir à une entente. Cependant, les revendications des employé-es, jugées essentielles pour améliorer leurs conditions de travail, demeurent malheureusement sans réponse satisfaisante de la part de la partie patronale.

Un dialogue qui stagne malgré les démarches

Lors de l’assemblée du conseil municipal tenue le 11 novembre dernier, Kuang Selao, président du syndicat, a interpellé les dirigeants municipaux en rappelant l’importance d’une ouverture pour éviter une escalade. Malheureusement, la rencontre de négociation du 13 novembre, malgré la présence d’un conciliateur, n’a pas permis d’aboutir à une avancée.

« Les discussions achoppent principalement sur des enjeux monétaires que nous considérons pleinement justifiés, notamment pour compenser les pertes de pouvoir d’achat depuis la dernière convention collective et obtenir la parité avec les cadres en matière de fonds de retraite, explique Kuang Selao. Nous avons déposé une contre-offre réaliste, mais l’employeur semble campé sur ses positions. »

Une solidarité régionale et nationale

« Les travailleuses et les travailleurs de Mont-Tremblant ont tout notre appui, souligne Chantal Maillé, présidente du Conseil central des syndicats nationaux des Laurentides (CCSNL–CSN). Ils ont fait preuve de patience et de bonne foi tout au long du processus. Maintenant, c’est à l’employeur de démontrer sa volonté de régler ce conflit de manière équitable. »

Josée Dubé, vice-présidente de la Fédération des employées et employés des services publics (FEESP–CSN), ajoute : « Mont-Tremblant, troisième ville touristique du Québec, doit refléter son succès dans les conditions de travail des employé-es qui contribuent à sa réputation. Les revendications syndicales ne sont ni excessives ni déraisonnables. »

Maintien des services essentiels

Conformément à la loi, un plan de maintien des services essentiels a été mis en place pour assurer la sécurité du public. Le Syndicat a fait parvenir au ministère du Travail un avis de grève officielle, qui sera exercée le 25 novembre 2024. Ce débrayage, soutenu par un mandat de grève de 5 jours voté à 94 %, témoigne de la détermination des membres à obtenir une entente juste et équitable. Le syndicat annoncera d’autres journées de grève ultérieurement.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs de la Ville de Mont-Tremblant–CSN représente plus de 180 cols blancs, cols bleus et employés aux installations sportives à Mont-Tremblant. Il est affilié au Conseil central des syndicats nationaux des Laurentides (CCSNL–CSN), à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), ainsi qu’à la Confédération des syndicats nationaux.

Plusieurs milliers de personnes réunies contre le privé en santé

Sous le thème Pas de profit sur la maladie, le rassemblement contre la privatisation du réseau de la santé et des services sociaux a réuni plusieurs milliers de militantes et militants de la CSN au Colisée de Trois-Rivières, ce samedi.

« C’est une véritable démonstration de force qu’on a réalisée. Que le gouvernement se le tienne pour dit : les Québécoises et les Québécois ont à cœur leur réseau public et sont prêts à se mobiliser pour le défendre », s’est exclamée la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Lors de l’événement animé par la comédienne Eve Landry, on a pu voir la rappeuse Sarahmée, le groupe Valaire et l’humoriste Christian Vanasse sur scène, en plus de la chercheuse Anne Plourde et de la Dre Élise Girouard-Chantal de Médecins Québécois pour un régime public (MQRP), qui se sont adressés à la foule. Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire et Paul St-Pierre-Plamondon, chef du parti Québécois se sont également joints à l’événement.

Un plan d’urgence
Durant cette journée électrisante, trois revendications politiques ont également été rendues publiques afin de répondre rapidement à la crise d’accès aux soins de santé. Tout d’abord, la CSN demande au ministre de la Santé de freiner l’exode des médecins vers le secteur privé, une fois pour toutes. Pour y arriver, le ministre pourrait tout simplement signer un arrêté ministériel, comme il l’a récemment fait pour les optométristes.

La CSN demande aussi au gouvernement de cesser d’octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif dès maintenant. Pour la centrale, rien ne justifie la propagation d’entreprises dont le seul objectif est de profiter de la maladie des gens. Finalement, la CSN demande au gouvernement d’instaurer un moratoire sur tous les types de privatisation du travail et des tâches présentement accomplies au public. On parle d’agences de placement, de buanderies, de l’entretien des bâtiments, du transport de patients, etc. La centrale demande au gouvernement de mettre en place ses trois revendications d’ici le 1er mai prochain, sinon elle promet de faire monter la pression.

Un réseau gratuit, universel et public

Récemment, les Québécoises et les Québécois ont entendu plusieurs ténors de la privatisation du réseau de la santé vanter les mérites de cette privatisation pour améliorer l’accès aux soins de santé. Souvent, le mouvement syndical était pointé du doigt comme étant un acteur d’immobilisme qui refuse de voir la solution pour rendre enfin notre réseau plus efficace.

La CSN réfute cette perspective. Accuser les syndicats, c’est faire porter aux travailleuses et aux travailleurs le poids de l’immobilisme alors que l’ensemble des gouvernements successifs n’ont toujours qu’un message à répéter : il nous faut l’aide du privé. L’immobilisme, c’est eux.

Car le privé est loin d’être une solution miracle aux problèmes d’engorgement du réseau. Les Québécoises et les Québécois sont bien placés pour le savoir, puisque le privé occupe une place croissante dans leur réseau depuis 40 ans. En fait, la première ligne est presque entièrement privée avec la mise en place des Groupes de médecine familiale, les GMF, qui peinent à répondre à la demande. Parallèlement, le gouvernement ne cesse de transférer des opérations vers des cliniques médicales privées. Pourtant, voyons-nous les listes d’attente considérablement diminuer ? Non, et ce transfert coûte cher : L’IRIS dévoilait que les chirurgies coûtent jusqu’à 150 % plus cher lorsqu’elles sont effectuées au privé. Plus efficace, vous dites ?

Prenons le cas de l’Institut économique de Montréal (IEDM). Il va jusqu’à prétendre que le privé pourrait être un moyen d’atteindre l’idéal d’universalité visé par le réseau de la santé. De quelle universalité parle-t-on ? De la clinique médicale privée qui exige un abonnement de 3000 $ par année ou de 200 $ la visite ? Pouvons-nous vraiment croire que le gouvernement, en pleine réintroduction de mesures d’austérité dans le réseau, incluant des gels d’embauches et des abolitions de postes, a les moyens de garantir des marges de profits allant jusqu’à 15 % pour des entreprises privées ? L’austérité et l’utilisation d’entreprises à but lucratif payées à même les impôts risquent davantage de nous mener vers la réduction des services que vers l’universalité.

On dit même que la Suède et la France auraient laissé entrer le privé dans leurs réseaux respectifs au bénéfice de la population. Ce que la statistique ne dit pas, c’est que ces pays ont aussi des proportions de médecins beaucoup plus grandes qu’au Québec, qui détient par ailleurs le plus faible taux de médecin par personne dans les pays de l’OCDE.

Le réseau de la santé public, gratuit et universel, est plus qu’un modèle d’affaires. C’est un projet de société. C’est l’un des legs les plus précieux de la Révolution tranquille. À la base, c’est un modèle qui, notamment grâce aux CLSC, permet de prévenir plutôt que de guérir. Mais soigner à grands frais, c’est beaucoup plus rentable pour les entrepreneurs de la santé.

On essaiera de vous faire croire que le privé est plus flexible, plus compétitif. Ne tombez pas dans le panneau. Le privé est un modèle d’affaires qui vise à réaliser du profit sur la maladie des autres et ça, ça n’a pas sa place au Québec.