Les négociateurs du gouvernement Legault tentent de faire taire les travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux

Huit grandes organisations syndicales de la santé et des services sociaux dénoncent une manœuvre pitoyable du gouvernement Legault visant à faire taire leurs membres qui participeront à des actions de visibilité ce mercredi 31 mars. Cette journée d’actions, déployée par l’ensemble des organisations syndicales du secteur public sous le thème « On sonne l’alarme », vise à souligner la situation critique qui prévaut dans les services publics, notamment dans le réseau de la santé et des services sociaux, alors que le personnel est sans convention collective depuis un an. Le gouvernement Legault, par l’entremise du Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux (CPNSSS), a demandé dimanche matin l’intervention du Tribunal administratif du travail (TAT) pour interdire ces moyens de visibilité, qui étaient pourtant déjà connus depuis plusieurs semaines. Il brandit un « préjudice ou une possibilité de préjudice à un service auquel le public a droit » ainsi qu’une menace aux « services de santé et services sociaux sécuritaires et continus auxquels a droit la population ».

Les parties ont été convoquées ce lundi pour une conciliation qui a échoué. L’audition aura lieu demain, mardi.

« C’est complètement ridicule! Nos membres ont toutes et tous à cœur le bien-être des personnes sous leur responsabilité et la dernière année l’a prouvé hors de tout doute. De présumer qu’ils et elles pourraient mettre en péril les soins offerts est insultant et démontre encore une fois le peu de considération de ce gouvernement pour les travailleuses et les travailleurs du réseau », ont lancé les leaders syndicaux.

Les organisations syndicales soulignent qu’il n’a jamais été question de perturber les services ni de nuire aux patients et usagers de quelque façon que ce soit. Pour elles, ce recours est une gifle au visage des travailleuses et travailleurs du réseau, qui ont sans cesse prouvé leur professionnalisme et leur attachement à la dignité des patients, avant et pendant la pandémie, et ce, malgré les compressions budgétaires, le manque d’équipement de protection, le manque de personnel, les conditions de travail pénibles, le manque chronique de reconnaissance et le manque de volonté de négocier du gouvernement.

« Depuis un an, le gouvernement Legault nous prive de vacances, réorganise notre travail sans notre accord, nous relocalise abusivement, suspend les droits de nos conventions collectives unilatéralement. Il nous méprise en nous offrant des augmentations salariales pitoyables. Mais ce n’était pas suffisant. Aujourd’hui, le gouvernement cherche à nous réduire au silence », d’ajouter les dirigeantes et dirigeants.

« Le gouvernement s’aventure sur une pente glissante en tentant d’empêcher des activités syndicales tout à fait légitimes et protégées par les chartes québécoise et canadienne. Nous trouvons lamentable de s’en prendre aux travailleuses et travailleurs qui sont sans contrat de travail depuis un an et qui veulent sonner l’alarme, alors que le problème, c’est le découragement qui mène aux démissions, c’est la mauvaise gestion de l’attraction-rétention, c’est le manque de reconnaissance et de respect du gouvernement qui dure depuis des années », de conclure les dirigeantes et dirigeants.

Les organisations syndicales en question sont l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS); la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ); la Fédération des professionnèles (FP-CSN); la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN); la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ); le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ); le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ); le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ).

Budget : Des investissements nettement insuffisants pour relever les services publics

Tôt ce matin, des travailleuses et des travailleurs des services publics, membres de la CSN, ont manifesté devant les bureaux du ministre des Finances, Éric Girard, à Montréal. Munis d’une grande bannière sur laquelle on pouvait lire « Les services publics s’écroulent. La CAQ doit agir! », les militantes et les militants présents en avaient long à dire sur le manque de courage politique du gouvernement pour régler la crise qui perdure dans les réseaux depuis des années.

« La situation est catastrophique dans les services publics. Le Québec tout entier en a pris conscience au cours de la dernière année. Comment le gouvernement peut-il toujours refuser de faire ce qu’il faut pour que la crise dans les réseaux se résorbe enfin? » a lancé Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Pour l’organisation syndicale, qui représente plus de 160 000 employé-es dans tous les secteurs des services publics, il est clair que les sommes prévues dans le budget du Québec pour financer les réseaux de la santé et des services sociaux et de l’éducation ne répondent pas aux besoins criants, qui vont bien au-delà la crise sanitaire. « À la question, a-t-on les moyens d’investir davantage, nous répondons a-t-on les moyens de ne pas le faire? C’est le manque d’investissement des dernières décennies qui nous a menés là où nous sommes, avec des services publics en piteux état. Les Québécoises et les Québécois méritent mieux », a ajouté Mme Senneville.

Les militantes et les militants de la CSN tenaient aussi à dénoncer l’hypocrisie du premier ministre et de son gouvernement qui portent un certain discours publiquement et un tout autre discours aux séances de négociation qui se tiennent depuis plus d’un an pour le renouvellement des conventions collectives des travailleuses et des travailleurs des services publics. « Devant les caméras, c’est toujours Merci, Merci, Vous êtes des héros, mais lorsque vient le temps de poser des gestes concrets pour améliorer significativement les conditions de travail et les salaires de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui prennent soin de la population du Québec, c’est silence radio aux tables de négociation. »

La vice-présidente de la CSN a tenu à conclure la manifestation par une mise en garde au gouvernement de la CAQ : « Nous luttons pour que les Québécoises et les Québécois aient accès à des services publics de qualité, des services auxquels ils ont droit. Les enjeux sont trop importants pour que nous baissions les bras. Nous n’avons pas dit notre dernier mot! »

La CSN réalise d’importantes avancées pour le droit de grève dans le réseau de la santé et des services sociaux

Le mardi 23 mars, le Tribunal administratif du travail (TAT) a rendu une décision importante qui modifie considérablement la manière dont les salarié-es pourraient dorénavant exercer la grève dans le réseau de la santé et des services sociaux. La Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui représente près de 110 000 travailleuses et travailleurs de ce réseau, accueille cette décision avec satisfaction, car elle permettra d’augmenter le rapport de force exercé par les salariés, s’ils devaient avoir recours à ce moyen ultime.

Par sa décision, la juge administrative Nancy St-Laurent concrétise les efforts déployés par la CSN depuis plus de cinq ans pour faire en sorte que les dispositions sur les services essentiels ne limitent pas indûment le droit de grève des salarié-es, un droit protégé par la Charte des droits et libertés de la personne. Selon ces nouveaux critères, une éventuelle grève dans le réseau de la santé permettrait aux salarié-es d’exercer un meilleur rapport de force afin d’améliorer leurs conditions de travail, tout en assurant la santé de la population et la sécurité publique.

« Pour les travailleuses et les travailleurs, c’est une victoire sans équivoque, se réjouit la vice-présidente de la CSN, Caroline Senneville. On ramène un meilleur équilibre dans les relations de travail du personnel du réseau de la santé et des services sociaux. »

La décision concerne présentement deux unités d’accréditation du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la santé et de services sociaux de l’Outaouais – CSN. La CSN ayant déjà déposé les mêmes listes pour la centaine d’autres unités d’accréditation affiliées à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) et à la Fédération des professionnèles (FPCSN), on peut s’attendre à ce que ces grands principes s’appliquent à tous les membres CSN du réseau.

Dans la décision de la juge St-Laurent, la CSN relève notamment deux avancées importantes.

Les cadres contribueront au maintien des services essentiels
Premièrement, la décision prévoit que le personnel-cadre qui était à l’emploi d’un établissement au début des négociations devra contribuer au maintien des services essentiels. Auparavant, cette responsabilité revenait exclusivement aux membres des syndicats, qui ne pouvaient compter sur le personnel-cadre pour contribuer au maintien des services essentiels.

Le niveau de services à maintenir en fonction des différentes réalités
Deuxièmement, le niveau de services à maintenir dans les différentes unités de travail a été établi à la suite d’un examen minutieux des enjeux réels en termes de santé et de sécurité publique. Auparavant, le niveau des services à maintenir était déterminé de façon uniforme par le Code du travail, en fonction de la mission d’un établissement, sans égard aux tâches réellement exercées au quotidien. Dorénavant, tout le personnel pourra exercer un temps de grève accru par rapport aux grèves précédentes. Seuls l’urgence et les soins intensifs verront leurs services maintenus entièrement. Dans toutes les autres unités de travail, les niveaux de services essentiels à maintenir varieront de 40 % à 90 %.

Enfin, en ce qui a trait à la pandémie actuelle, le TAT rappelle aux employeurs que, bien qu’ils puissent demander aux syndicats de fournir des effectifs supplémentaires pour répondre à la crise, ceci doit le moins possible porter atteinte au droit de grève des salarié-es.

« Les employeurs savent maintenant que s’ils laissent traîner les négociations en longueur, les salarié-es seront désormais en mesure d’exercer un rapport de force plus important », affirme Danny Roy, vice-président de la FPCSN. « On espère que cela amènera M. Legault à nous offrir plus que des mercis et du mépris et à enfin donner des mandats à ses négociateurs », ajoute Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSSCSN.

Une lutte de longue haleine
Cette décision du TAT découle d’une longue lutte menée par la CSN. En effet, en 2015, la CSN présentait un recours pour dénoncer les dispositions en vigueur sur les services essentiels, car elles enfreignaient le droit de grève des salarié-es, tout en maintenant que l’exercice de la grève ne devait jamais mettre en danger la santé et la sécurité de la population. C’est ainsi que le TAT déclarait, en 2017, « constitutionnellement inopérantes » les modalités prévues à l’article 111.10 du Code du travail. Le gouvernement a donc révisé le Code du travail et c’est la première fois que les nouvelles dispositions sont mises en application dans le réseau public de santé et de services sociaux.

Préparation de la grève
Cette décision arrive quelques jours après que la CSN ait annoncé que ses syndicats affiliés en santé et services sociaux, en éducation, dans les cégeps de même que dans les organismes gouvernementaux ont obtenu le mandat d’intensifier les moyens de pression et de planifier l’exercice de la grève, si nécessaire.

Opération visibilité « Je me souviens » des Syndicats unis d’Héma-Québec

Le 31 mars marquera la deuxième année sans convention collective des cinq Syndicats unis d’Héma-Québec, affiliés à Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–­CSN). « La négociation de notre dernière convention collective a duré quatre ans. Nos membres ne veulent pas jouer dans le même film. C’est pourquoi nous avons choisi de souligner cet anniversaire en déployant l’opération visibilité “2 ans sans convention. Je me souviens.” avec des autocollants et des affiches sur les lieux de travail jusqu’au 31 mars », déclare Simon Poulin, président du Syndicat des techniciens(nes) de laboratoire d’Héma-Québec et porte-parole des syndicats unis.

Les Syndicats unis d’Héma-Québec déplorent que la partie patronale ait mis autant de temps à s’asseoir à la table de négociation. « Ce n’est qu’après un rappel à l’ordre du Tribunal administratif du travail en octobre dernier que les représentants d’Héma-Québec ont accepté de s’asseoir avec nous, après plus d’un an sans convention collective. Maintenant que ces complications sont derrière nous et qu’un dialogue est amorcé, les négociations doivent s’accélérer », continue M. Poulin.

Mandats de grève obtenus
Voulant être prêts à toute éventualité, les membres des Syndicats unis d’Héma-Québec ont voté massivement en faveur de mandats de grève dans les derniers mois.

« On parle de votes autour de 94 % en moyenne! Comme nos syndicats représentent autour de 70 % du personnel syndiqué à la grandeur du Québec, ces votes sont un message très clair pour l’employeur. Nous méritons une convention collective à la hauteur de la qualité de notre travail et nous méritons aussi de ne pas attendre quatre ans avant l’entrée en vigueur de celle-ci », conclut M. Poulin.

Les Syndicats unis d’Héma-Québec regroupent le Syndicat des travailleuses et travailleurs de Héma-Québec (Montréal-CSN), le Syndicat des techniciens(nes) de laboratoire de Héma-Québec (CSN), le Syndicat des assistants (es) techniques de laboratoire de Héma-Québec (CSN), le Syndicat des travailleuses et travailleurs de Héma-Québec (QUÉBEC-CSN) et le Syndicat des infirmières et infirmières auxiliaires de Héma-Québec (QUÉBEC-CSN).

Masque N95 : le Tribunal administratif du travail rappelle à l’ordre la CNESST

La Fédération de la Santé et des services sociaux affiliée à la CSN se réjouit de la décision rendue aujourd’hui par le Tribunal administratif du travail (TAT). Ce dernier donne raison aux organisations syndicales qui demandent aux employeurs du réseau de la santé et à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) de prendre au sérieux la protection des travailleurs et travailleuses.

À partir de maintenant, les employeurs du réseau de la santé devront fournir à l’ensemble du personnel intervenant en zone tiède ou en zone chaude auprès d’un résident suspecté ou atteint de la COVID-19 un appareil de protection respiratoire de type N95.

« Il s’agit d’un gain majeur ! Jusqu’à maintenant, les employeurs et la CNESST refusaient d’appliquer le principe de précaution et de fournir les équipements de protection appropriés aux salarié-es », souligne Judith Huot, Vice-Présidente de la FSSS-CSN.

Dans sa décision, le Tribunal rappelle également l’obligation pour les employeurs de dispenser un test d’ajustement à toutes les personnes devant porter un masque de type N95 et l’obligation de créer des zones chaudes et tièdes avec des équipes dédiées à chacune de ces zones.

« Le TAT nous donne raison sur l’importance d’appliquer le principe de précaution, depuis le début de la pandémie c’est ce que nous demandons. On ne peut pas prendre de raccourcis quand il s’agit de la santé et de la sécurité des personnes qui œuvrent au front » se réjouit Jeff Begley, Président de la FSSS-CSN

« Nous espérons maintenant que l’ensemble des employeurs du réseau de la santé prendront acte de la décision et que celle-ci s’appliquera rapidement partout au Québec », ajoute Judith Huot, Vice-Présidente de la FSSS-CSN.

Il y a urgence d’agir pour la santé et la sécurité de tout le personnel du réseau de la santé et des services sociaux

En négociation pour le renouvellement de leur convention collective, les travailleuses et les travailleurs de la santé et des services sociaux ont installé une pente de neige devant l’entrée des bureaux montréalais de la Coalition avenir Québec (CAQ). L’inaction du gouvernement en ce qui a trait à la santé et à la sécurité au travail dans le réseau de la santé et des services sociaux constitue une pente glissante, tant pour l’intégrité physique et mentale des salarié-es que pour l’accessibilité de la population à des services de qualité.

Bien que la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) ait présenté ses revendications il y a près de 18 mois, en octobre 2019, le comité de négociation représentant les intérêts de plus de 100 000 travailleuses et travailleurs du réseau attend toujours un signal des employeurs indiquant qu’ils souhaitent s’attaquer aux problèmes les plus criants et mettre en place des solutions dès maintenant.

En négociation, la FSSS–CSN veut renforcer les dispositions des conventions collectives portant sur la prévention. La violence en milieu de travail, le harcèlement psychologique, la formation en intervention sécuritaire dans les cas d’urgence, les équipements de protection et le rôle des syndicats dans les programmes de prévention sont au nombre des voies de solutions prônées par la FSSS–CSN. Jusqu’à maintenant, les représentants patronaux n’ont démontré aucune ouverture à régler ces problèmes.

Pourtant, même avant la pandémie, au cours de laquelle plus de 30 000 salarié-es ont été infectés, la situation était alarmante. En effet, 18 % des accidents de travail et des lésions professionnelles au Québec proviennent du réseau de la santé et des services sociaux. En deux ans, le nombre d’actes de violence à l’encontre du personnel a augmenté de 82 %, les chutes de 45 % et les troubles musculo-squelettiques de 36 %. Un sondage réalisé par la FSSS–CSN, en novembre 2020, montrait que 75 % des travailleuses et des travailleurs étaient inquiets pour leur santé psychologique ou celle de leurs collègues. Pour la FSSS–CSN, en continuant d’ignorer ces enjeux, le gouvernement engage tout le réseau sur une pente glissante.

« Il faut faire plus de prévention. Il faut mieux protéger celles et ceux qui prennent soin des bénéficiaires, explique le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Jeff Begley. Les chiffres donnent le vertige. En tant que plus grand employeur au Québec, on attend du gouvernement qu’il donne l’exemple, qu’il ne fasse aucun compromis quant à la santé et à la sécurité des travailleuses et des travailleurs. Nous avons proposé une dizaine de pistes de solutions pour améliorer ce bilan désolant. Jusqu’ici, il semble bien que nous soyons les seuls à vouloir régler la situation actuelle. Continuer de travailler dans le réseau de la santé et des services sociaux à s’en rendre malade n’est certainement pas la solution. Le gouvernement doit agir maintenant! »

« Protéger la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs, ça a toujours été au cœur de notre mission comme organisation syndicale, enchaîne la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain, Dominique Daigneault. On ne peut pas accepter que le gouvernement reste les bras croisés. La situation s’est tellement aggravée que c’est devenu aujourd’hui une des causes principales des difficultés de main-d’œuvre des établissements. Il y a l’équivalent de plus de 13 000 postes à temps complet en assurance-salaire dans le réseau au Québec. Ça doit changer maintenant! »

Un livre blanc, vraiment ?

Éditorial de Jacques Létourneau, président de la CSN

On apprenait cette semaine que des 15 000 places en CPE annoncées par le ministre de la Famille il y a deux ans, seulement 2300 d’entre elles ont pu être créées. Pendant ce temps, 51 000 familles sont toujours en attente d’une place pour leur enfant.

Le financement ne serait donc pas la seule raison du problème, comme c’était le cas sous le règne des libéraux. Ceux-ci avaient profité de leurs quinze années au pouvoir pour favoriser le développement des garderies privées, dont le nombre de places a été multiplié par six de 2010 à 2018 au détriment du développement et de la consolidation des services de garde en CPE ou en milieu familial.

Plusieurs voix se sont fait entendre au cours des derniers jours pour dénoncer la rigidité et la lenteur des procédures d’octroi de subventions au ministère de la Famille. Alors que la construction d’une école s’effectue généralement en 18 mois, il en prend entre 3 et 4 ans pour la construction d’un CPE, un type d’établissement dont l’ampleur et la complexité sont pourtant bien moindres. Pas moins de 17 étapes d’approbation — 17 ! — doivent être traversées.

Qu’on veuille bien faire les choses, nous en sommes. Mais quand le zèle du ministère de la Famille vient brimer la possibilité pour des milliers de parents de bénéficier de milieux de garde subventionnés, c’est toute notre société qui en souffre.

Ce sont toutefois les écarts d’accessibilité énormes entre différents milieux que je trouve, personnellement, encore plus aberrants. Comment expliquer que les résidents de Westmount aient accès, toutes proportions gardées, à deux fois plus de places en CPE que ceux de Montréal-Nord ou de Parc-Extension ?

Les projets de construction de CPE doivent être soumis au gouvernement « par la communauté ». Soit. Mais se pourrait-il qu’une « communauté » comme celle de Westmount, plus que privilégiée sur les plans social et économique, soit plus outillée pour élaborer de tels projets que celles de milieux beaucoup plus défavorisés ?

Poser la question, c’est y répondre.

Il est pourtant de la responsabilité du gouvernement de veiller au développement et à la consolidation du réseau des CPE et d’en assurer un accès équitable à l’ensemble des familles du Québec. Plutôt que de multiplier les étapes d’approbation, les gestionnaires du ministère de la Famille devraient soutenir les communautés dans le développement de leurs projets.

Malheureusement, l’idéologie du « tout-au-privé » du précédent gouvernement semble avoir eu raison du savoir-faire qui existait au ministère de la Famille. Au début des années 2000, qu’on s’en rappelle, c’est entre 8000 et 9000 places en CPE qui étaient créées chaque année.

Lors de l’annonce de la création des maternelles 4 ans, nous avions avisé le gouvernement de notre opposition à une solution mur-à-mur. Nous souhaitions qu’il privilégie la complémentarité des différents réseaux et qu’il tienne pleinement compte des besoins particuliers de l’ensemble des communautés. Entêté et enorgueilli par cette promesse électorale, il a plutôt fait fi de nos mises en garde, avec les conséquences que l’on connaît : les services de garde en milieu familial ont écopé et des milliers d’entre eux ont fermé depuis.

Développement, consolidation et complémentarité des réseaux de services de garde subventionnés, voilà les objectifs qui devraient prévaloir au ministère de la Famille. Au quotidien, les communautés ont besoin d’un appui logistique dans l’élaboration de projets répondant à leurs besoins.

Avant de penser à révolutionner le monde avec un livre blanc, le ministre Mathieu Lacombe doit faire le ménage dans son propre ministère et y ramener l’expertise et le savoir-faire qui y prévalaient lors des premières années de la mise en place du réseau des CPE. En y réduisant la bureaucratie, il permettra aux fonctionnaires qui y œuvrent de consacrer à nouveau leurs énergies à l’appui des communautés — notamment celles qui sont plus vulnérables — dans l’élaboration de leurs projets.

Le ministre Lacombe devra également convaincre ses collègues des Finances et du Trésor de s’attaquer au problème de pénurie de main-d’œuvre reliés aux maigres salaires et aux mauvaises conditions de travail des éducatrices en petite enfance. S’il n’y voit pas rapidement, c’est le réseau des CPE tout entier, ce joyau tant envié par le reste du Canada, qui s’en trouvera grandement fragilisé. De tous les programmes techniques offerts dans nos cégeps, cette formation demeure parmi les moins « rentables », celles dont le salaire figure parmi les plus bas sur le marché du travail. Déjà, les CPE peinent à recruter, et ce problème est en croissance depuis des années. Au manque de places criant, s’ajoute malheureusement un inquiétant manque de personnel.

Encore ici, ce n’est pas le livre blanc annoncé par le ministre Lacombe qui viendra régler cette situation plus que préoccupante.

Accueil Bonneau : une décision antisyndicale qui nuit aux personnes itinérantes

Les travailleuses et les travailleurs de l’Accueil Bonneau ont manifesté aujourd’hui pour dénoncer la décision de la direction de l’Accueil Bonneau qui a aboli unilatéralement tous les postes des intervenantes et intervenants qui travaillaient en première ligne à la nouvelle halte-chaleur dans le Vieux-Port de Montréal. Le Syndicat des travailleuses et des travailleurs de l’Accueil Bonneau (CSN) estime qu’il s’agit d’une mauvaise décision, dont les motifs ne sont pas aussi clairs que le prétend l’organisation.

Cette décision de janvier dernier a en effet permis de décimer l’exécutif syndical à la veille du début des négociations pour un nouveau contrat de travail. De plus, le syndicat estime qu’il n’est pas du tout « innovant », comme le prétend la direction, de remplacer les intervenantes et intervenants de première ligne expérimentés et formés, par des agents de sécurité sous prétexte que la priorité est maintenant au logement (housing first).

« Tant qu’il y aura des itinérants dans la rue, il faudra les accompagner de façon humaine et les besoins demeureront importants, même pour ceux et celles qui auront la chance d’obtenir un logement », soutient Chloé Bourbiaux, porte-parole du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de l’Accueil Bonneau (CSN). « La tendance que l’on constate sur certains sites d’accueil de personnes itinérante d’embaucher des gardiens de sécurité pour faire le travail de première ligne n’est vraiment pas un pas dans la bonne direction. L’accueil devrait être plutôt axé sur l’humain et non pas concentré sur les seuls besoins de sécurité », affirme Katia Lelièvre, vice-présidente de la CSN.

Tendance au délaissement de la première ligne
La tendance actuelle à favoriser le logement d’abord (housing first), présente partout en Amérique du Nord et de plus en plus à Montréal, fait en sorte qu’elle canalise, dans certains ca, les subventions ou les dons du privé vers ces initiatives. « La course aux subventions associées à des projets et le désir de voir baisser les statistiques du nombre d’itinérants ne doit pas faire oublier qu’il y a encore des personnes dans la rue à Montréal, en plein hiver, en pleine pandémie et que leurs besoins comportent plusieurs dimensions », affirme Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN).

 Cette tendance touche également les autres grands refuges de Montréal qu’ils soient permanents ou temporaires. « Il est important de conserver une première ligne forte pour accompagner les itinérantes et les itinérants. Il faut des lits pour un accueil inconditionnel qui ne repose pas sur l’enrôlement dans un programme de travail ou de logement », ajoute Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). Ce dernier ajoute que la tendance au remplacement de la première ligne d’accueil des itinérants par des agents de sécurité n’est pas une politique innovante, bien au contraire.

Les travailleuses et travailleurs de la santé enfin mieux protégé-es face à la COVID-19

Comme le réclame la FSSS–CSN depuis le début de la pandémie, les travailleuses et travailleurs de la santé qui travaillent auprès des patients atteints de la COVID-19 pourront utiliser des appareils de protection respiratoire N-95 ou leur équivalent pour se protéger.

Rappelant que plus de 30 000 travailleuses et travailleurs de la santé ont contracté la COVID-19 et que certains y ont laissé leur vie, la FSSS–CSN se réjouit du fait que la CNESST affirme enfin et sans ambiguïté que les appareils de protection respiratoires constituent des moyens de prévention nécessaires pour réduire les risques d’exposition des travailleurs et travailleuses de la santé œuvrant en zone chaude.

Cette nouvelle directive vient calmer l’indignation que la récente décision du comité sur les infections nosocomiales (CINQ) de l’INSPQ avait provoquée au sein du personnel du réseau. En effet, tout en indiquant vouloir protéger le personnel de la santé et leur donner accès aux masques N-95, le CINQ recommandait de ne considérer offrir ces respirateurs N-95 que dans les cas d’éclosion non contrôlée et au terme d’une longue démarche bureaucratique, ainsi que d’une série de conditions restreignant considérablement leur accès au moment opportun.

« Ça fera bientôt un an que la pandémie est en cours. Il est plus que temps que la CNESST intervienne pour s’assurer que le personnel de la santé soit bien protégé. La CNESST doit s’imposer en matière de prévention en santé et de sécurité au travail. C’est son travail, et il était impératif d’intervenir en réponse aux directives du CINQ de l’INSPQ », affirme Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

La décision de la CNESST est l’aboutissement d’une longue lutte des organisations syndicales et de certains scientifiques et professionnels de la santé qui revendiquent ce droit depuis les débuts de la pandémie. Face à la flambée des cas au sein du personnel, mais aussi de la population, tout a été mis en œuvre pour obtenir ce changement d’orientation. Des recours juridiques ont été entrepris, des représentations constantes ont été faites auprès des organisations en cause, des documents ont été déposés et les médias alertés. Ces recours multiples ont finalement fait entendre la voix de la raison. Mieux vaut tard que jamais, surtout que nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux variants.

« Nous n’avons ménagé aucun effort et nous continuerons de le faire, de telle sorte à s’assurer que le personnel soit bien protégé au travail à l’avenir, mais aussi pour s’assurer qu’une telle situation, où pendant un an on met la santé et la sécurité du personnel à risque, ça ne puisse plus se reproduire », ajoute Judith Huot, première vice-présidente à la FSSS–CSN.

Cette victoire démontre, une fois de plus que la mobilisation et l’organisation sont les seuls garants de la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs et travailleuses.

La CNESST rappelle le CISSS de Laval à l’ordre

« C’est une décision importante sur la mobilité du personnel. En pandémie, on ne bouge personne », a commenté Marjolaine Aubé, présidente du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CISSS de Laval–CSN.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a en effet demandé au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval d’apporter rapidement des correctifs à l’urgence de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé. Il s’agit de diminuer le risque de propagation de la COVID-19 parmi les travailleuses et les travailleurs en limitant la mobilité.

L’inspecteur de la CNESST a notamment souligné que des dizaines de préposé-es aux bénéficiaires (PAB) se sont déplacés entre des patients atteints de la COVID-19 ou suspectés de l’être et des patients d’autres sections de l’urgence. La CNESST a donc demandé des mesures pour stabiliser le personnel qui se trouve en zones tièdes ou chaudes.

La plainte à la CNESST du syndicat de la CSN a été déposée le 7 décembre, une première rencontre à la CNESST a eu lieu le 13 janvier et le rapport de la Commission a été publié le 24 janvier. En date du 4 février, la majorité des correctifs ont été effectués. « Ce qui a été demandé est fait. On a encore un petit litige sur le plastique », précise Marjolaine Aubé. La direction a affirmé qu’elle n’utiliserait pas les lits entourés de toiles de plastiques déchirées si la volumétrie le permet. Autrement dit, ça pourrait encore arriver. Le syndicat souhaite toujours que l’on utilise des toiles de plastique en bon état et bien tendues ou encore des parois rigides pour bien séparer les patients potentiellement contagieux du reste.

Encore des risques pour les usagers
Marjolaine Aubé explique que la solution mise en place par le CISSS pour l’urgence de l’hôpital convient pour le personnel, mais estime qu’il y a encore un risque pour les usagers. Les modules de l’urgence (cardiologie, réanimation, psychiatrie, médecine générale et débordement) sont maintenant séparés entre zones vertes d’un côté et zones jaunes et rouges de l’autre. On évite donc le passage des PAB d’un module à l’autre sans tenir compte de la zone, comme c’était le cas avant.

La zone jaune contient les patients en attente du résultat d’un test COVID. Le personnel prend les mêmes précautions pour les zones jaunes que pour les zones rouges. Ce n’est pas le cas des usagers en zone verte qui se trouvent toujours à proximité de zones jaunes.

Vers une fin de la mobilité entre les établissements
Le STT du CISSS de Laval a progressivement obtenu la fin de la mobilité du personnel. Ce fut d’abord sur une base temporaire, dans la foulée de la crise des CHSLD de Laval. Les rehaussements de postes et les affichages permettent cependant depuis l’été de rendre permanent le fait de travailler dans un seul lieu. « On est encore en train de stabiliser le personnel des cuisines et de l’entretien », précise cependant Marjolaine Aubé. Ces travailleuses et travailleurs ont obtenu des postes en un seul lieu sur une base temporaire. Or, il y a eu des éclosions dans certaines cuisines. Le syndicat estime que les PAB ou les employé-es des cuisines ne doivent plus servir de « chair à canon » et doivent être protégés aussi bien que toutes les autres catégories d’emploi.

La santé des salarié-es fait encore les frais de l’incohérence du ministre Dubé

D’une voix commune, les présidentes et présidents des organisations syndicales du réseau de la santé et des services sociaux (APTS, FIQ, FIQP, FSQ-CSQ, FSSS-CSN, FP-CSN, SCFP, SQEES-FTQ) dénoncent haut et fort les directives du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) par lesquelles il refuse toujours l’accès au masque N-95 pour les salarié-es qui travaillent auprès des patient·e·s porteur·euse·s, ou suspecté·e·s de l’être, de la COVID-19, et ce, malgré le fait que l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ait reconnu, avec des mois de retard sur d’autres organisations sanitaires, que le virus se propageait par aérosol.

« Sur la place publique, le ministre Christian Dubé n’arrête pas de mentionner ses inquiétudes pour la santé physique et psychologique des personnes salariées du réseau, mais dans la réalité les directives soutenues par son ministère font plutôt grimper leur niveau d’anxiété quant à leur propre sécurité et celle de leurs proches. Le ministre doit faire preuve de cohérence et rappeler à l’ordre le ministère pour qu’il autorise le port du masque N-95 lorsque le personnel est en contact avec des usager·ère·s atteint·e·s de la COVID-19 ou suspecté·e·s de l’être », ont déclaré les chef·fe·s syndicaux·les.

Dans un avis publié plus tôt cette année, l’INSPQ a reconnu la propagation par aérosol de la COVID-19. Toutefois, faisant fi du principe de précaution et sapant toute mesure de prévention, il recommande le port du masque N-95 seulement lorsqu’une éclosion devient hors de contrôle. Plutôt que de suivre la procédure (algorithme décisionnel) complexe de l’INSPQ, les organisations syndicales proposent que les personnes salariées utilisent leur jugement professionnel pour décider du port du N-95.

« Comment peut-on promouvoir l’usage d’un équipement de protection uniquement après une éclosion hors de contrôle? Est-ce qu’un pompier attend que le feu soit hors de contrôle pour mettre son appareil respiratoire? Est-ce qu’une soldate part au front sans casque de protection? Et ce n’est pas une question de rareté du N-95, le ministre a indiqué plusieurs fois qu’on n’en manquait plus. Ajoutons que le MSSS vient d’accorder un contrat de gré à gré de 330 millions de dollars pour en assurer l’approvisionnement. Ce que l’on comprend des décisions du ministère, c’est que la santé de nos membres est le cadet de ses soucis. C’est odieux », ont ajouté les représentant·e·s des organisations syndicales.

Depuis le début de cette crise, le gouvernement fait appel à la collaboration des organisations syndicales pour passer au travers de la pandémie. Cette collaboration semble toutefois unidirectionnelle, car chaque fois que les représentant·e·s syndicaux·les tentent d’obtenir une amélioration des conditions de santé et de sécurité dans lesquelles travaillent leurs membres, ils et elles se voient opposer une fin de non-recevoir.

« Le ministre Dubé a l’occasion de prouver qu’il a vraiment à cœur la santé et la sécurité des salarié·e·s du réseau. Il doit faire preuve de leadership et respecter le principe de précaution en matière de prévention et de contrôle des infections. L’avis de l’INSPQ ne peut servir d’excuse à son inaction », ont conclu les personnes représentantes syndicales.

COVID-19 : La santé des travailleuses et travailleurs de la santé mise dangereusement à risque

Alors que l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) reconnaît maintenant le risque de transmission aérienne de la COVID-19 dans les milieux de travail, les nouvelles mesures de protection au travail annoncées par l’institut ne permettent pas de protéger adéquatement les travailleuses et les travailleurs de la santé.

L’INSPQ recommande aux établissements du réseau « d’envisager » (sic) offir une protection respiratoire à l’aide d’un appareil de protection de type N-95 ou l’équivalent que lorsqu’une éclosion de COVID-19 est hors contrôle dans un milieu de travail, et ce, malgré le respect rigoureux de l’ensemble des autres mesures de prévention et de contrôle des infections et à la suite d’une évaluation exhaustive de la situation.

Non seulement ces recommandations constituent la reconnaissance, par l’INSPQ, que les mesures actuelles sont susceptibles de ne pas être suffisantes pour protéger le personnel, mais elles sont aussi odieuses, puisqu’elles sont à l’effet d’être possiblement mises en œuvre seulement quand la situation est hors contrôle et donc, que des usagers et membres du personnel auront déjà été infectés. Or, cela est totalement contraire au principe de précaution, sans compter que cela nie le droit à un milieu de travail sécuritaire prévu par la Loi sur la santé et la sécurité au travail tout en mettant la population elle-même à risque.

« Ça fait des mois qu’on demande aux autorités de protéger le personnel adéquatement dans les milieux de travail et au lieu de répondre à l’appel, on expose le personnel à des dangers qui sont reconnus par ces mêmes autorités, jusqu’à ce que la situation soit hors contrôle. Ça n’a aucun sens, c’est carrément dangereux et le gouvernement doit intervenir immédiatement, d’autant plus que le MSSS affirme toujours qu’il n’y a pas de pénurie de respirateurs N-95 », explique Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

La FSSS–CSN rappelle aussi que c’est la CNESST est responsable de l’application de la loi et qu’elle doit intervenir en faveur de la protection des travailleuses et des travailleurs. « La CNESST doit intervenir dès maintenant et cesser immédiatement d’abdiquer son rôle au profit de l’INSPQ. Ce n’est pas l’INSPQ qui a le mandat d’appliquer la LSST, c’est la CNESST. Maintenant, ça suffit. », indique Judith Huot, première vice-présidente à la FSSS et responsable du dossier SST. « Le ministre du Travail, Jean Boulet, va-t-il accepter qu’on prive des travailleuses et des travailleurs d’équipements de protection qui sont pourtant disponibles et qui sont nécessaires pour les protéger d’un risque reconnu », questionne Jeff Begley?

« Celles et ceux qui font en sorte qu’on expose ainsi le personnel à de tels risques portent une lourde responsabilité. Déjà, plus de 30 000 travailleuses et travailleurs de la santé ont été infectés par la COVID-19. L’épidémie est toujours bien présente, et nous sommes aux prises avec des variants plus contagieux. La situation est intolérable », affirme Jeff Begley.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Projet de loi 59 : ne pas reproduire les erreurs de la réforme Barrette

La FSSS–CSN a rencontré le cabinet du ministre du Travail aujourd’hui afin d’insister sur la nécessité de modifier substantiellement le projet de loi 59 et que le nouveau régime puisse protéger les travailleuses et les travailleurs du secteur de la santé et des services sociaux et des services de garde éducatifs à l’enfance.

Complémentaires au mémoire présenté par la CSN et portant spécifiquement sur le volet prévention, les commentaires formulés par la FSSS–CSN et déposés lors de cette rencontre concernaient des problématiques spécifiques à ces deux secteurs.

La FSSS–CSN a rappelé qu’une importante crise de la santé et de la sécurité au travail a actuellement cours dans le secteur de la santé et des services sociaux qui représente 9,8 % des établissements, mais 18 % des lésions professionnelles au Québec! La situation s’aggrave d’année en année et la COVID n’a évidemment rien fait pour aider la situation. La réforme à venir doit pouvoir mettre un terme à cette crise en permettant d’améliorer rapidement l’efficacité de la prévention.

La FSSS–CSN a fait valoir que la réforme Barrette a créé des méga-établissements, qui opèrent maintenant sur d’immenses territoires. Cette hypercentralisation a eu pour effet de démanteler les structures de proximité en prévention, alors que l’on sait pourtant que la prévention doit être organisée de telle sorte qu’elle puisse tenir compte des particularités de chaque milieu pour être efficace. Or, la réforme proposée, au lieu de corriger la situation, perpétuerait l’erreur commise avec la réforme Barrette, en donnant aux employeurs la possibilité d’imposer une organisation de la prévention sur un modèle multi établissements. « C’est impossible de faire de la prévention en santé et sécurité au travail (SST) dans une mégastructure comme celle des CISSS et de CIUSSS et sur d’aussi vastes territoires. Il faut absolument prévoir une organisation décentralisée et paritaire pour s’assurer d’agir efficacement en prévention », explique Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

Un projet de loi qui pénalise les femmes

Le projet de loi 59 ne tient pas compte des conditions de travail des femmes et des risques particuliers dans les métiers du secteur de la santé, des services sociaux et des services de garde éducatifs à l’enfance. La FSSS constate un biais qui défavorise les femmes dans l’évaluation des niveaux de risque et un affaiblissement des mécanismes de prévention qui sont proposés pour les milieux à prédominance féminine. Rappelons également que le projet de loi 59 va compliquer le retrait préventif des femmes enceintes en faisant en sorte que l’avis du médecin traitant ne soit plus le seul qui soit considéré. De plus, il y a de quoi s’interroger quand on constate qu’au moment même où on s’apprête à déployer les mécanismes de prévention dans les secteurs à prédominance féminine, on réduit les moyens consentis pour faire fonctionner ces mécanismes tout en faisant reculer le paritarisme. « Si le gouvernement Legault voulait un projet de loi féministe, il reste du chemin à faire », insiste Judith Huot, vice-présidente de la FSSS–CSN.

Des établissements oubliés

Après 40 ans d’attente d’une réforme en SST, nous aurions espéré que tous les secteurs de la santé et des services sociaux soient encadrés par la Loi sur la santé et sécurité du travail (LSST). Or, des secteurs sont encore exclus comme les ressources de type familial (RI-RTF) et les responsables d’un service de garde en milieu familial (RSG). La FSSS–CSN estime qu’on ne doit pas prétexter que le statut de travailleurs et surtout de travailleuses autonomes empêche de bénéficier des dispositions de la LSST. Ces milieux de travail sont d’ailleurs encadrés par le réseau de la santé ou par des bureaux coordonnateurs qui devraient récupérer des responsabilités en prévention. 

Le gouvernement ne met pas en place les conditions gagnantes

Au cours des derniers jours, la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN (FSSS–CSN) reçoit des échos fort préoccupants des salarié-es de divers établissements quant à la campagne de vaccination en cours dans le réseau. En effet, plusieurs salarié-es souhaitant être vaccinés se voient forcés d’y renoncer à cause des conditions mises en place, notamment les coûts que cela engendrerait pour eux.

Selon les règles édictées par le gouvernement et les responsables patronaux des établissements, les travailleuses et les travailleurs du réseau peuvent recevoir le vaccin durant leur temps de travail et ne pas perdre de rémunération. Cependant, du même coup, ils offrent la possibilité aux employeurs de mettre en place divers autres scénarios et cela laisse place à des iniquités entre les membres du personnel d’un même établissement et entre les établissements. Par exemple, pour obtenir le vaccin, des personnes doivent, en plus de leur journée de travail, voyager plusieurs heures pour recevoir le vaccin à un point de service éloigné de leur lieu de travail habituel, sans aucune autre compensation, ni en temps, ni en frais de déplacement. Cela met en péril le succès de la campagne de vaccination.

La FSSS–CSN a interpellé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, à ce sujet de même que les représentantes et les représentants patronaux. La solution proposée est simple : dédommager pleinement les salarié-es qui doivent recevoir le vaccin, tant en ce qui a trait aux frais de déplacement qu’au temps requis pour recevoir le vaccin. Si l’on veut favoriser et faciliter la vaccination, il est important de mettre en place des conditions équitables pour toutes et tous.

« À la FSSS–CSN, nous souhaitons que cette campagne de vaccination fonctionne et que les salarié-es y adhèrent largement, si l’on veut se donner les meilleures chances de protéger rapidement les usagères et les usagers, la population et le personnel, explique le président de l’organisation, Jeff Begley. Depuis le début de cette crise, le gouvernement mise sur l’engagement, la passion et le professionnalisme du personnel pour qu’il tienne le fort dans des conditions inacceptables. Il refuse de verser des primes COVID à une écrasante majorité du personnel au front depuis le début de la crise. Il refuse également de rendre disponibles les équipements de protection individuels nécessaires. Il laisse traîner les négociations du secteur public tout en formulant des promesses en conférence de presse qui sont en complet décalage avec ce qu’il offre à la table de négociation. Il ne faut pas s’étonner ici que plusieurs salarié-es calculent que se faire vacciner leur coûterait beaucoup trop cher actuellement. »

COVID-19 : les experts du gouvernement ne recommandent toujours pas le N-95 !

Tout se passe comme si le gouvernement du Québec cherchait à gagner du temps pour couvrir son manque d’approvisionnement en masques N-95 pour les employé-es à risque du secteur de la santé.

Déposé le vendredi 8 janvier, le rapport du groupe d’experts concernant la ventilation et la transmission de la COVID-19 en milieu scolaire et en milieu de soins conclut pourtant que le virus « se transmet par des aérosols », principalement à moins de deux mètres d’une personne infectée. Les experts du gouvernement ne recommandent cependant toujours pas le port du masque nécessaire pour filtrer ces aérosols, le N-95 ou son équivalent, pour protéger le personnel dans les zones où se trouvent des patients atteints de la COVID-19. Timidement, le rapport propose plutôt de poursuivre les travaux pour « moduler les recommandations » sur l’utilisation des masques
N-95 dans des contextes autres que les interventions médicales déjà reconnues pour générer des aérosols (IMGA). Le rapport précise en plus que ces travaux porteront seulement sur des situations précises, restreintes et encadrées.

« Maintenant que l’Institut national de santé publique du Québec a enfin reconnu l’existence du risque de transmission par aérosols, minimalement sur une distance de moins de deux mètres, comment expliquer qu’on ne recommande pas dès maintenant que le matériel de protection requis soit fournit au personnel de la santé susceptible de se retrouver en pareilles conditions ? Et pourquoi ne procède-t-on pas à un examen systématique de la ventilation dans les milieux de soins ? Combien de dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs infectés cela prendra-t-il avant que le gouvernement n’applique le principe de précaution ? » s’interroge Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux. Ce dernier aurait par ailleurs souhaité que le ministre de la Santé et des Services sociaux soit présent lors du dévoilement du rapport vendredi et qu’il se prononce sur la question du masque N-95 ou de son équivalent.

Le rapport du groupe d’experts du gouvernement recommande néanmoins de mettre l’accent sur la qualité des masques de procédure utilisés à défaut des N-95. Rappelons que des milliers de masques non conformes aux normes canadiennes ont été en circulation dans les centres de la petite enfance du Québec.

Chicane d’experts

Récemment, un millier de médecins et d’experts britanniques ont demandé l’accès à l’équivalent des masques N-95 et une amélioration de la ventilation pour les travailleurs de la santé qui oeuvrent auprès des patients atteints de la COVID-19. Par ailleurs, quelque 363 experts et scientifiques canadiens recommandaient de « veiller à ce qu’aucun travailleur de la santé à haut risque ne se voit refuser l’accès à un appareil respiratoire (N95, élastomère ou équivalent) dont l’ajustement a été validé ». Puisque les aérosols peuvent transmettre la COVID-19, il s’agit d’une conclusion logique pour plusieurs experts.

Quand ni le coronavirus ni les employé-es ne prennent congé

« Le problème, c’est que l’employeur nous envoie chez nous sans nous payer », explique d’entrée de jeu Steve Houle, président du Syndicat des employé-es du groupe Olymel–CSN, en parlant de l’isolement requis pour minimiser la propagation de la COVID-19.

« Plusieurs travailleurs ont dit qu’ils rentreraient travailler même avec des symptômes légers. Ils ont besoin de leur paye », explique encore le président en évoquant la peur ressentie au sein des équipes de travail lorsqu’un des membres tousse ou se mouche. L’usine a connu 107 cas de COVID, dont deux hospitalisations. Lorsque les premiers cas sont apparus, l’employeur n’a pas voulu fermer boutique, pas même quelques jours. Les travailleurs et les travailleuses sont retournés sur le plancher avant d’avoir reçu le résultat de leurs tests. Plusieurs cas sont survenus par la suite.

CPE

Même son de cloche chez une majorité de directions de CPE qui refusent de payer pour l’isolement préventif des employé-es. Les membres du personnel doivent alors piger dans leur banque de congés de maladie ou dans leurs vacances. Le congé sans solde a également été utilisé.

« On dépose des griefs systématiquement dans ces cas-là », explique Nathalie Duperré, présidente du syndicat au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Dans cette région, 14 des 29 CPE ont été touchés par des éclosions de COVID. Le Saguenay–Lac-Saint-Jean est d’ailleurs la région qui compte, toute proportion gardée, le plus de cas au sein de la population.

« Plusieurs CPE ont pris une décision économique », affirme Nathalie Duperré en ajoutant que cette situation crée un stress supplémentaire pour les éducatrices qui craignaient déjà de ramener le virus à la maison. La présidente estime que des employeurs se cachent derrière la Santé publique ; lorsque cette dernière estime que l’employé-e n’a pas contracté la COVID au travail, le CPE n’est pas obligé de payer. Elle juge bien souvent que l’équipement de protection est un rempart impénétrable contre la COVID. « Il faudrait que la Santé publique accorde une banque de congés pour que les gens demeurent à la maison et évitent de contaminer leurs collègues. De cette façon, ils n’auraient pas à cacher leurs symptômes », estime Nathalie Duperré.

Une injustice parmi les paramédics

« Les paramédics de Montréal sont payés pour l’isolement préventif puisqu’ils travaillent pour Urgence santé et que cette organisation fait partie du décret gouvernemental pour couvrir le secteur public », explique Jean-Daniel Tremblay, le président au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Les secteurs publics de la santé et de l’éducation n’ont d’ailleurs pas à se battre pour des congés COVID payés.

Le représentant syndical trouve tout à fait incongru que des travailleuses et des travailleurs qui font exactement le même métier et qui transportent des patients atteints de la COVID ne soient pas traités de la même façon s’ils doivent s’absenter du travail pour le bien commun. Il ajoute que le programme offert par le gouvernement fédéral ne fait pas l’affaire, puisqu’il couvre 55 % du salaire pendant 10 jours maximum et que certaines conditions en compliquent l’admissibilité. Quelques paramédics qui ont des symptômes légers décident donc de rentrer au travail pour éviter l’insécurité financière.

Jean-Daniel Tremblay rapporte enfin qu’une trentaine de ses membres ont été atteints par la COVID sur un total de 170. « On sent que si rien ne change, il va y avoir une hausse du nombre de cas. La surcharge de travail fait en sorte qu’il y a un peu moins de désinfection », souligne le président. Ce dernier rappelle que le métier de paramédic est l’un des plus risqués en raison des visites quotidiennes dans les urgences, dans les CHSLD, dans les résidences privées pour aîné-es, etc. Il estime que la transmission peut aussi se faire entre collègues qui passent beaucoup plus de 15 minutes ensemble à moins de deux mètres l’un de l’autre dans les ambulances. « On est très régulièrement en contact avec la COVID au travail », résume le président en déplorant que, malgré cette situation, la Santé publique ne reconnaisse pas toujours le travail comme source probable d’une contamination à la COVID d’un ou d’une paramédic.

 

CHSLD : un rapport accablant

Le rapport de la Protectrice du citoyen sur la crise liée à la COVID-19 dans les CHSLD confirme, une fois de plus, de nombreuses préoccupations partagées par la CSN depuis le début de la pandémie, voire bien avant pour certaines d’entre elles. Malgré leur « immense dévouement » souligné par Marie Rinfret, les travailleuses et les travailleurs de ces établissements n’ont pas reçu le soutien nécessaire de la part du gouvernement du Québec, estime la CSN.

La CSN partage amplement la vision de la Protectrice du citoyen pour qui « la pénurie de personnel dans les CHSLD a été au cœur des ratés pour assurer la qualité des soins », tout comme le recours à des moyens incitatifs et financiers préconisés par cette dernière.

« Les équipes de travail fonctionnaient déjà au maximum de leur capacité, souligne le président de la CSN, Jacques Létourneau. Quand le recours aux heures supplémentaires obligatoires devient une norme de gestion, c’est qu’il y avait déjà un problème. La suite est malheureusement connue : du personnel épuisé, des milliers de salarié-es infectés et un accroissement de la mobilité des équipes de zones chaudes à zones froides, contribuant ainsi aux éclosions. »

Pour le président de la CSN, le gouvernement doit saisir l’occasion du renouvellement des conventions collectives du secteur public pour apporter dès maintenant des réponses concrètes aux priorités d’action ciblées par Marie Rinfret. « Le premier ministre a beau prétendre qu’il aurait dû améliorer les conditions salariales du personnel dès son arrivée au pouvoir, on attend toujours des réponses concrètes aux tables de négociations. Tout le monde s’entend : c’est avec de meilleurs salaires et une amélioration des conditions de travail que le réseau de la santé et des services sociaux parviendra à recruter le personnel nécessaire. »

Par ailleurs, rappelant qu’en date du 14 juin, 13 581 salarié-es avaient été atteints du virus, dont onze en sont décédés, la Protectrice du citoyen souligne à juste titre la distribution insuffisante, tardive et inégale des équipements de protection qui aurait pu amplifier les éclosions. « Encore aujourd’hui, le gouvernement refuse d’appliquer le plus élémentaire des principes de précaution en s’opposant à la distribution de masques N95 pour de larges pans du personnel des CHSLD. En ignorant les appels d’experts, le gouvernement met la santé et la sécurité de tous les intervenants et les bénéficiaires à risque », déplore fortement Jacques Létourneau.

Pour la CSN, la lecture de ce rapport soulève à nouveau les nombreux problèmes entraînés par la vision hospitalo-centriste qui prévaut depuis des années au sein du réseau de la santé et des services sociaux ainsi que les effets désastreux de la centralisation des pouvoirs entraînés par la réforme Barrette. Le gouvernement, estime la CSN, devra se pencher sur ces questions lors de la mise en œuvre des recommandations de la Protectrice du citoyen, estime la CSN.

Transport médical : Le gouvernement doit agir

Le gouvernement doit faire son devoir et octroyer les sommes nécessaires afin que le personnel œuvrant en transport médical bénéficie d’une prime COVID-19 de 4 $ l’heure. C’est le message lancé aujourd’hui par le Syndicat des employé-es de transport médical de la Capitale Nationale (SETMCN–CSN) et le Syndicat des employé-es de transport médical Cœur-du-Québec (SETMCDQ–CSN), qui représentent plus de 90 chauffeurs-accompagnateurs. Ceux-ci unissent leur voix à celle de leur employeur, Transport médical de la Capitale-Nationale, dont les demandes en ce sens au ministère de la Santé et des Services sociaux sont demeurées lettre morte. 

 « Le niveau de stress des chauffeurs-accompagnateurs, occasionné par la COVID-19, est de plus en plus élevé. Tous les jours, nos membres transportent des personnes vulnérables, qui subissent des traitements contre le cancer, d’hémodialyse ou des coronarographies, à titre d’exemple. Nous sommes en contact avec des résidents des centres d’hébergement privés, des usagers des hôpitaux et des CHSLD. Les risques de contracter le coronavirus sont très élevés », explique Pierre Labrecque, président du SETMCN–CSN.

 « Nous ne sommes pas seulement des chauffeurs, mais aussi des accompagnateurs qui doivent rassurer les patients à propos de leurs inquiétudes face à la pandémie et des dangers qui l’accompagnent », relate pour sa part le président du SETMCDQ–CSN, Michel Guillemette. « Nous ne sommes pas à l’emploi direct des différents CISSS et CIUSSS que nous desservons. C’est pourquoi, depuis mars 2020, nous exigeons une prime de 4 $ l’heure, car comme pour les paramédics, les primes versées aux travailleuses et aux travailleurs du secteur public ne s’appliquent pas à nous.  »

 Depuis maintenant neuf mois, le gouvernement se traîne les pieds dans ce dossier. « Alors que le Québec est frappé de plein fouet par une deuxième vague de COVID-19, le gouvernement doit y mettre du sien et reconnaître que les chauffeurs-accompagnateurs mettent leur santé en péril pour effectuer un travail qui est considéré comme un service essentiel par le gouvernement », concluent les deux présidents.

Le gouvernement doit soutenir le personnel des CPE

Pour la CSN, les travailleuses des CPE doivent pouvoir accéder à des absences payées lorsqu’elles sont en attente du résultat d’un test COVID. C’est loin d’être toujours le cas en ce moment et c’est pourquoi des manifestations se tiennent partout au Québec aujourd’hui.

Depuis le début de la crise, elles doivent piger dans leur banque personnelle de congés de maladie ou dans leurs journées de vacances lors de périodes d’isolement imposées par la Santé publique ou par l’employeur, lorsqu’il y a des symptômes, ou encore lorsqu’elles sont en attente du résultat d’un test COVID. Dans un sondage mené par la CSN auquel 5200 membres de CPE ont répondu en novembre dernier, près de 25 % des éducatrices avaient déjà été testées pour la COVID et près de 80 % de ces dernières ont utilisé leur banque personnelle ou ont dû prendre un congé sans solde durant l’attente du résultat.

Il y a donc un risque qu’une travailleuse choisisse de taire des symptômes bénins afin d’éviter les conséquences financières pour sa famille. Selon une étude de la Direction de la santé publique de Montréal sur les cas de COVID survenus du 26 août au 30 septembre, la présence de personnes symptomatiques dans les services de garde éducatifs était le deuxième plus important facteur de transmission.

« Il est inadmissible que le ministère de la Famille ne finance pas de congés rémunérés pour l’isolement préventif, car celui-ci sert à diminuer le risque de transmission dans les CPE », affirme Jacques Létourneau, président de la CSN.

« On prend un risque inutile en forçant des travailleuses à faire un choix déchirant lorsqu’elles n’ont plus de jours dans leur banque de congés de maladie ou dans leurs journées de vacances. Il n’est pas normal que le personnel des CPE doive en payer le prix pour le bien collectif », affirme Stéphanie Vachon, nouvelle responsable du secteur des CPE à la FSSS–CSN. Cette dernière rappelle que les membres du personnel du réseau de l’éducation peuvent compter sur le maintien de leur rémunération en cas d’isolement préventif lié à la COVID. « Le personnel des CPE est injustement traité », affirme Stéphanie Vachon.

On sait qu’il y a plusieurs cas de COVID dans les CPE du Québec. Contrairement aux écoles, il n’y a cependant pas de compilation officielle des cas dans les CPE, ce qui contribue à l’inquiétude du personnel. Un sondage de l’INSPQ montre d’ailleurs que les répondants dans les écoles primaires et les services de garde éducatifs sont plus anxieux et inquiets par rapport au coronavirus que la population en général.

Personnel épuisé et manque d’écoute
Alors que le personnel des CPE est déjà épuisé, la récente annonce de l’interdiction des réunions de famille pour les Fêtes a eu l’effet d’une nouvelle douche froide. Le gouvernement aurait pu prévoir la fin du service habituel en même temps que la fermeture hâtive des écoles. « Que ce soit au sujet des congés en raison de la COVID ou concernant d’autres aspects, l’imposition de décisions sans consultation contribue à miner le moral des travailleuses des CPE. Le ministre Lacombe doit absolument reprendre les rencontres courantes avec ses partenaires qui ont pris fin en août dernier », insiste Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS–CSN.

« Le gouvernement doit donner un coup de barre pour rassurer le personnel des CPE du Québec et envoyer un signal fort afin d’éviter que plus de travailleuses ne quittent nos CPE », conclut Lucie Longchamps.

On s’en va dans le mur, selon la vaste majorité du personnel du réseau de la santé

La vaste majorité du personnel du réseau de la santé et des services sociaux considère que les offres gouvernementales de la négociation ne permettront pas d’améliorer la situation. C’est ce qui ressort d’un sondage mené par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

Des offres gouvernementales qui ne règlent pas la crise

Le sondage électronique a été mené du 17 au 24 novembre 2020 et a permis de recueillir les réponses de 2350 répondantes et répondants. C’est 96 % des répondants au sondage de la FSSS–CSN qui considèrent que les offres gouvernementales pour la négociation du secteur public ne vont pas permettre d’attirer et de retenir le personnel dans le réseau. Pour les répondants, les offres gouvernementales sont loin d’améliorer les choses, principalement :

  • Parce que l’offre salariale est insuffisante;
  • Parce que l’offre gouvernementale ne permet pas d’améliorer la situation pour l’ensemble des titres d’emploi du réseau;
  • Parce que l’offre gouvernementale ne permet pas de réduire la charge de travail du personnel.

Par son attitude dans la négociation, le gouvernement Legault ne prend pas en compte l’ampleur de l’épuisement et de la surcharge de travail du personnel selon 95 % des répondants.

Les solutions du personnel sont ignorées par le gouvernement

Pourtant, des solutions existent et le personnel en identifie plusieurs qui sont portées par la FSSS–CSN à la table de négociation. Pour le personnel, pour parvenir à améliorer la situation dans le réseau, il faut notamment :

  • Avoir de meilleurs salaires;
  • Rendre les emplois plus attrayants pour la relève et plus intéressants pour les expérimentés, en reconnaissant mieux les responsabilités et les compétences et en améliorant les compensations pour inconvénients;
  • Diminuer la charge de travail;
  • Avoir une plus grande stabilité des postes.

« Les travailleuses et travailleurs qui sont au front depuis le début de la pandémie sont insatisfaits de l’attitude du gouvernement dans la négociation. Ils le disent clairement dans ce sondage. Pour sortir notre réseau de la crise, ça va prendre un changement à la table de négociation et ça presse! », lance Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

La parole au personnel

  • « L’offre gouvernementale ne règle pas les problèmes structurels du réseau : gestion intransigeante, travail en silo, charge de travail, absence totale de reconnaissance, absence de suivis dans la prestation de soins auprès des patientes et des patients, climat de travail malsain. »
  • « Le manque d’écoute criant envers la détresse des salarié-es et l’attitude de je-m’en-foutisme du gouvernement envers nous font mal à notre besoin de reconnaissance. »
  • « Il est temps que le gouvernement reconnaisse l’importance de nos emplois et que l’on soit payé à notre juste valeur. On ne se le cachera pas, le salaire est la première forme d’attraction dans le système de la santé. Il est temps de rééquilibrer les budgets, et que les professions occupées majoritairement par les femmes soient reconnues. »
  • « Il faut redorer les emplois du réseau de la santé en valorisant tous les titres d’emploi. Le salaire n’est pas tout. Il faut considérer et prendre soin des employé-es afin de les mobiliser et les garder motivés. Il y a une grande iniquité actuellement dans le réseau avec la pandémie et toutes les primes offertes. »